À propos de : Markus Messling, L’universel après l’universalisme : des littératures francophones du contemporain, Puf
Clés : universalisme , littérature , francophonie
La littérature offre une perspective singulière afin d’envisager l’universel à l’époque contemporaine : elle en restitue la complexité par le prisme d’expériences personnelles et sensibles qui éclairent les enjeux collectifs et futurs de l’universel au cœur d’un monde en pleine mutation.
...
Conne par La newsletter reçue par mel
103 k abonnés - 194+ - 2 412 vues - 114 commentaires
Les défis de l'universalisme : créolisation, décivilisation, Tout-Monde | conférence AMFIS 2023
(Re)Découvrez la conférence "Les défis de l'universalisme : créolisation, décivilisation, Tout-Monde" , tournée aux Amfis 2023, avec :
- Younous Omarjee, député européen LFI-NUPES
- Abdourahman Waberi, écrivain
- Mireille Fanon-Mendès-France, militante, présidente de la Fondation Frantz Fanon internationale
- Sylvie Sema Glissant, directrice de l’Institut du Tout-Monde, membre du conseil scientifique de l’Institut La Boétie
- Catherine Couturier, députée LFI-NUPES
Tr: ... Institut du Tout-Monde, un lieu commun créé en 2006 à la demande de Glissant ... la mondialité, conscience d'un monde en relations, lieux nomades qui apparaissent, lieux frontières, lieux de résistance ... répression contre les veilleurs, entrer en résistance, prendre de nouvelles routes, humanité mise sous tutelle ... Tout-Monde, c'est nous, tous des hommes ... la France est déjà diverse, se battre contre le racisme ... égalité, absence de hiérarchie, universalité des besoins, accueil ... les blancs se définissent des créoles ... créolisation est trop porteur des béqués ... Haïti ... l'antibabel ... la diaspora de l'océan indien se retrouve en difficultés ... Glissant relativise un peu la violence ... le mélange en france ou dans une terre dominée, c'est pas la même chose ... faire de la politique à partir de concepts philosophiques ...
Marche contre l'antisémitisme, 19 novembre 2023, Paris. ©AFP - Xose Bouzas / Hans Lucas
À chaque fois, le mécanisme est le même. D’abord, le trauma. Charlie Hebdo, en janvier 2015. Samuel Paty, en octobre 2020. L’émotion est immense et sincère.
Le coup de projecteur donné sur la majorité silencieuse rassure. On pense assister à un sursaut. En vérité, à l’échelle individuelle, la terreur accomplit son travail. À l’échelle individuelle, la trouille s’installe, et on l’appelle résilience. Depuis Charlie, soyons lucides, le droit au blasphème n’existe plus qu’en théorie. Et depuis Paty, de plus en plus de professeurs disent s’être auto-censurés : jusqu’à 64% des profs d’histoire-géo selon l’IFOP. Personne ne veut s’effacer, mais personne ne veut se faire traiter injustement d’« islamophobe ». Ni subir des menaces. Et personne – croyez-moi – ne veut passer des nuits à se demander : « à partir de quand faut-il que je m’inquiète » ? C’est ainsi qu’à chaque trauma collectif, la peur progresse. Et je crains que nous soyons encore en train de vivre un de ces moments.
Un effacement de beaucoup de Français juifs
La flambée inédite d’actes antisémites que nous vivons depuis le 7 octobre est en train d’entraîner un effacement de beaucoup de Français juifs : ils cachent tout ce qui pourrait leur attirer des menaces, des coups, voire pire. Et je ne vous parle pas seulement de signes d’appartenance religieuse, non : ils retirent jusqu’à leur nom de famille des boîtes aux lettres, ou des applications commerçantes. Écoutez cette info que nous avons publiée dans L’Express : chez Grasset, une rescapée des camps de la mort a fait retirer le mot « juive » du titre de son livre à paraître. Elle était trop terrorisée pour associer son nom et sa photo à ce qualificatif.
J’espère me tromper, mais je pense que cet effacement restera, en grande partie. À chaque fois que la peur se diffuse, elle ne repart pas. Et c’est ainsi que la norme des plus belliqueux progresse. Car tous les combats culturels sont des combats normatifs. Les minorités vindicatives font l’histoire, non par la force du nombre, mais par l’intimidation qu’elles exercent sur les plus nombreux.
Parler aux jeunes
Que faire face à cela ? D’abord, être chaque fois plus à faire entendre la voix de la majorité. Sur ce point, l’optimisme est permis. Politiques, professeurs, citoyens… la société rompt de plus en plus le silence. Ensuite, et c’est peut-être le point le plus important : il faut parler aux enfants ; aux ados. Il faut leur apprendre nos lois, nos principes et nos mœurs. Il faut leur expliquer la laïcité et l’universalisme sans s’excuser, sans avoir honte, et sans se reposer uniquement sur l’école. Nous, les adultes, nous avons la responsabilité d’éduquer. Cela paraît peut-être un truisme dit comme ça, mais j’ai l’impression que ça ne coule plus toujours de source. Les enfants sont notre avenir. Ne le gâchons pas.
Clés : Politique Vie citoyenne Antisémitisme
Le DJ Fanaya, dont la participation a finalement été annulée, a tenu des propos controversés sur les personnes blanches lors d'une précédente soirée.
Le bal des migrants, organise sur la place Stalingrad a Paris, est en pleine tourmente. (photo d'illustration a la Fete de la musique, a Paris).
Source AFP
...
L'union syndicale Solidaires et les élus EELV de Paris ont apporté leur soutien au Bureau d'accueil et d'accompagnement des migrants (BAAM). Cette association organisatrice du bal serait victime, selon les écologistes, « d'une violente campagne de cyber-harcèlement et de dénigrement » depuis vendredi, quand le député LREM François Jolivet a dénoncé sur Twitter la participation du DJ. Pour Fanaya, le dancefloor est « un espace politique où les relations de pouvoir se reproduisent aussi ». Le DJ a imposé aux blancs « d'aller derrière » et aux autres, « surtout les personnes noires », « d'occuper la place et tout l'espace qui (leur) revient de droit ». « Durant mon set, les personnes noires et non-blanches sont prioritaires », avait insisté l'artiste.
...
Connu / https://twitter.com/corinnelepage/status/1414696700485246982
"
Corinne Lepage @corinnelepage · 5h
Pour ceux qui ne savent pas ce qu’universalisme veut dire .;;;
0 - 2 - 3
"
intègre https://www.youtube.com/watch?v=kP97Ngw3cWw
"
33 826 vues - 3,6 k - 57 - 519 k abonnés
Dans ce 136e numéro de la Revue de la semaine tourné depuis La Paz, en Bolivie, Jean-Luc Mélenchon revient sur son déplacement sur le lac Titicaca où se posent de nombreux problèmes de pollution liés à la gestion de l'eau : urbanisation, absence de traitement des eaux usées, fonte des glaciers qui paradoxalement vont diminuer la quantité d'eau du lac et augmenter la concentration en toxines, développement d'algues et de cyanophycées... Il fait le récit de sa rencontre avec une équipe de chercheurs franco-boliviens qui étudient le lac Titicaca et les leçons qu'on peut en tirer.
Plus largement, Jean-Luc Mélenchon explique comment le changement climatique rend plus compliqué la prise de décisions politiques et la planification compte tenu de l'incertitude qu'il occasionne sur le temps long, une situation connue pouvant changer très rapidement et dérégler de nombreux paramètres de la prise de décision initiale. Il affirme donc la nécessité de se doter d'outils de mesure puissants pour connaître les changements de manière très fine.
Enfin, Jean-Luc Mélenchon détaille pourquoi ces changements invitent à penser l'unité du peuple humain devant les défis liés au changement climatique. Il appelle à penser une diplomatie universaliste au service du peuple humain.
910 commentaires
"
#France 42 534 vues - 2,4 k - 86 - 108 k abonnés
Quel rôle pour la #France dans le monde ? Quelle(s) recomposition(s) géopolitique(s) dans le monde post-Covid ? Face aux multiples défis de la raréfaction de l'eau, des pandémies, de la fracturation des frontières, de la conflictualité croissante, du creusement des inégalités, des enjeux climatiques, de la maîtrise de l'espace et de la mer, mais également face à la Chine, aux Etats-Unis, à la Russie et avec l'Europe et les pays du Maghreb, @JEAN-LUC MÉLENCHON expose dans cet entretien sa vision du rôle spécifique que la France doit jouer dans le monde, en tant que "puissance universelle".
Pour aller plus loin : 📚
• 50 idées reçues sur l'état du monde : https://bit.ly/2K8GWRn
• RIS 120 : un duel Chine / États-Unis : https://bit.ly/3btRlSV
• Atlas du monde global : https://bit.ly/3i7TR2u
• Année stratégique 2021 : https://bit.ly/2XxWLUR 🎥
• Prospective géopolitique 2021: https://bit.ly/3nASIlf 🎧
• CLM S4#18 – "Le monde en 2021 selon Jean-Pierre Raffarin" : bit.ly/2YlBU7z
516 commentaires
JEAN-LUC MÉLENCHON il y a 1 semaine
Merci pour cette interview. Pouvoir aborder des sujets de fond qui sont ceux qui intéressent les Français, c'est rare !
Humeurs
Guylain Chevrier, docteur en histoire, formateur, enseignant, consultant et ancien membre de la mission laïcité du Haut conseil à l'intégration, revient sur les propos racistes dont a été victime Rokhaya Diallo et sur sa responsabilité concernant la racialisation du débat public.
...
Madame Rokhaya Diallo est l’une des chefs de file d’un retour de la « race » dans le débat public, que l’on croyait rayé de l’histoire depuis la victoire sur le nazisme. Elle participe d’un courant qui entend rabattre sur la question des discriminations toute analyse, traitant comme des races les couleurs de la peau, la différence des sexes, l’orientation sexuelle, l’origine géographique, telle ou telle filiation culturelle… C’est le propre d’un discours indigéniste, racialiste ou décolonial, qui s’est imposé à la faveur de médias complaisants et mêmes d’institutions officielles, mettant en accusation la France comme raciste. On justifie cette accusation par le fait qu’être « blanc » serait être l’héritier d’une domination coloniale qui perdurerait dans les rapports sociaux par des privilèges, ayant pour pendant la discrimination des autres. Les blancs seraient ainsi consciemment ou inconsciemment des racistes. Certains opposent ainsi aujourd’hui à la « lutte des classes » ce qui serait le seul vrai combat, celui de la lutte des « races ».
...
cette généralisation d’un « privilège blanc » n’a aucun fondement, à moins de tirer un trait sur l’existence de classes sociales qui reste la réalité structurante des inégalités dans les sociétés développées, dont la France. Rappelons ici que selon l’Observatoire des inégalités, à classe sociale égale les enfants d’immigrés et de non-immigrés réussissent aussi bien. Ceci indiquant combien ce sont les classes sociales qui demeurent le critère essentiel en matière d’inégalités.
On peut être discriminé pour sa condition sociale, son sexe, le fait d’être en surpoids, d’être handicapé, d’être âgé, d’être syndicaliste, et qu’on soit « blanc » ou pas, il n’y a là à attendre aucun privilège.
...
En montant les uns contre les autres, on cherche à instaurer des fractures poussant au renoncement à l’égalité républicaine, pour justifier le passage au multiculturalisme et à la discrimination positive !
L’essentialisation du blanc, un renversement de l’antiracisme en son contraire
...
La communauté scientifique s’accorde sur le fait qu’il n’y a qu’une race humaine, tous les êtres humains appartenant à une seule et même espèce, tous naissant égaux car avec les mêmes propriétés. Les sociétés ensuite leurs donnent des destins différents susceptibles d’évolutions. On voit ce que représente de recul le racialisme, au regard de cette vision universelle de l’Homme, au sens de ses droits naturels, affirmés par la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen, repris dans les principes et valeurs fondamentaux de la République. C’est une voie sans issue, incendiaire et fratricide.
.... rendre l'universalisme laïque et républicain attrayant ...
À la suite de l’université d’été 2019 de La France Insoumise (LFI), l’UFAL avait apporté publiquement son soutien à Henri Pena-Ruiz, objet d’un lynchage politico-religieux pour des propos parfaitement républicains tenus à cette occasion sur la notion piège « d’islamophobie ».
Or cette année, aux « Amfis d’été » de LFI, un atelier consacré à « un nouvel antiracisme populaire » sera animé notamment par le nommé Taha Bouhafs, celui-là même qui s’était illustré l’an dernier comme l’un des meneurs de la cabale contre Henri Pena-Ruiz. Ce personnage a par ailleurs joué un rôle actif dans la marche « contre l’islamophobie » du 10 novembre 2019 qui a vu défiler derrière des militants islamistes et fréristes, et sur leurs slogans, certaines personnalités politiques ou syndicales précédemment étiquetées « progressistes » — dont des dirigeants de LFI.
Outre qu’on voit mal en quoi l’antiracisme devrait être « nouveau », ni surtout ce que cache l’épithète « populaire » (1), l’atelier prévu aux Amfis d’été de LFI donnera également la parole à quelques activistes du racialisme, du postcolonialisme, de l’indigénisme, et à d’autres intervenants connus pour leur refus de la laïcité et de l’universalisme républicain.
Certes, un atelier laïcité sera animé aux mêmes Amfis d’été par un responsable de LFI dont on ne peut critiquer les positions. Certes, le programme de LFI comporte un chapitre laïcité plutôt sympathique. Au demeurant, l’UFAL a été auditionnée à plusieurs reprises par LFI sur le sujet. Mais comment les militants se retrouveront-ils dans ce grand écart avec le supposé « nouvel antiracisme populaire » et ses promoteurs anti-laïques ? On ne peut servir deux maîtres. En se laissant aller au courant anti-universaliste à la mode, on s’expose à toutes les dérives.
...
La complaisance envers les islamistes, indigénistes, ou autres racialistes n’apportera aucun avantage à ses auteurs, et ne se fera qu’au détriment de l’universalisme et de la laïcité.
- ↑ Par exemple, le droit de qualifier Jean Castex « d’homme blanc » ?
Ndlr : au final, y a-t-il, y a-t-il eu "complaisance, ou non ? ACT
=> visionner la conf ACT
Reconstruire l’internationalisme - Publié le 14 juillet 2020 par piketty – Le blog de Thomas Piketty
Peut-on redonner un sens positif à l’internationalisme ? Oui, mais à condition de tourner le dos à l’idéologie du libre-échange absolu qui a jusqu’ici guidé la mondialisation, et d’adopter un nouveau modèle de développement fondé sur des principes explicites de justice économique et climatique. Ce modèle doit être internationaliste dans ses objectifs ultimes mais souverainiste dans ses modalités pratiques, au sens où chaque pays, chaque communauté politique doit pouvoir fixer des conditions à la poursuite des échanges avec le reste du monde, sans attendre l’accord unanime de ses partenaires. La tâche ne sera pas simple, et ce souverainisme à vocation universaliste ne sera pas toujours facile à distinguer du souverainisme de type nationaliste. Il est d’autant plus urgent de préciser les différences.
...
les traités sur la libre circulation absolue des biens et des capitaux sont tellement sophistiqués et contraignants, notamment au niveau européen, qu’un pays s’engageant dans cette voie risque fort d’être condamné par les instances européennes ou internationales (Cour de justice de l’UE, OMC). Si tel est le cas, il faudra assumer et sortir unilatéralement des traités en question, tout en en proposant de nouveaux.
...
proposer aux autres pays un modèle de développement coopératif, fondé sur des valeurs universelles : justice sociale, réduction des inégalités, préservation de la planète. Il faut également décrire précisément les assemblées transnationales (comme l’Assemblée franco-allemande créée l’an dernier, mais avec de réels pouvoirs) qui idéalement devraient être chargées des biens publics globaux et des politiques communes de justice fiscale et climatique.
...
L’objectif des sanctions est d’inciter les autres pays à sortir du dumping fiscal et climatique, et non d’installer un protectionnisme permanent.
...
Prétendre qu’une telle voie est facile à suivre et bien balisée serait absurde : tout reste à inventer. Mais l’expérience historique montre que le nationalisme ne peut conduire qu’à exacerber les tensions inégalitaires et climatiques, et que le libre-échange absolu n’a pas d’avenir. Raison de plus pour réfléchir dès à présent aux conditions d’un nouvel internationalisme.
Note. Pour une première estimation du montant des possibles sanctions anti-dumping, voir Ana Seco Justo, « Profit Allocation and Corporate Taxing Rights: Global and Unilateral Perspectives« , PSE 2020.
Connu / https://twitter.com/PikettyLeMonde/status/1282947944770162688
"
Thomas Piketty
@PikettyLeMonde
Reconstruire l'internationalisme. Peut-on redonner un sens positif à l’internationalisme ? Oui, mais à condition de tourner le dos à l’idéologie du libre-échange absolu qui a jusqu’ici guidé la mondialisation.
192 Ko - 10:00 AM · 14 juil. 2020·- 84 Retweets avec un commentaire 233 J'aime
...
https://twitter.com/tapeno/status/1283041358907879430
bourouffala @tapeno · 14 juil. En réponse
A la lecture de votre article dans le monde, je découvre avec satisfaction que vous suggérez une sortie provisoire de traités en l'absence d'accord trouvé et en cas de péril écologique et social. Comme dans le plan B de l'avenir en commun en somme !? Mieux vaut tard que jamais. 😉
"
Ndlr : se rapproche-t-il du "protectiionnisme solidaire" de LFI ? bourouffala le pense ACT
PAUVRETÉ Entretien 3 commentaires
En s’attachant à comprendre comment ont été menées les politiques publiques en direction des pauvres depuis l’après-guerre, le sociologue Frédéric Viguier éclaire d’un regard nouveau la transformation de notre État social. Il rappelle que sans lutte franche contre les inégalités, la pauvreté continue de tisser sa toile.
Mots-clés ATD Quart Monde Frédéric Viguier pauvreté sécurité sociale social
...
Revenant sur les débuts du père Wresinski dans le bidonville de Noisy-le-Grand, la volonté jamais démentie de « faire avec » les populations concernées, l’internationalisme, l’étanchéité idéologique avec la gauche travailliste, cette monographie foisonnante permet de comprendre la difficile position des acteurs associatifs aujourd’hui : incontournables pour leur rôle de pare-feu, radicaux dans leurs critiques, mais impuissants à inverser le rapport de force.
...
clivage entre artisans de la cause des pauvres et artisans de celles des travailleurs ou des salariés ... La cause des pauvres est avant tout défendue par des associations regroupant des gens de classe moyenne, éduqués. Celle des travailleurs par eux-mêmes. Il s’agit donc dans le premier cas d’une forme de délégation, que les associations s’efforcent, ATD Quart monde la première, d’effacer, en impliquant au maximum les concernés.
Par ailleurs, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, il y a un fort attachement du monde ouvrier à sa dignité sociale, au pouvoir de la lutte dans le monde du travail. Au fond, existe un rejet de toute vision un peu misérabiliste sur ce que l’on considère comme étant en deçà de la condition ouvrière. Et notamment ces plus pauvres qui continuent d’exister car ils n’ont pas accès au salariat, qui vivent dans des conditions déplorables, que les organismes représentatifs du monde ouvrier n’ont pas envie de voir ou de prendre en compte. Pour eux, il s’agit juste de la forme la plus extrême du dénuement de la classe ouvrière, pas un groupe qui nécessite un combat spécifique.
Enfin, ce sont des habitus politiques qui se cristallisent autour de ces causes. La cause des pauvres est davantage dans l’attention « ici et maintenant » à l’autre, dans un style de revendications moins inscrites dans un registre de confrontation, dans un système d’alliance dans lequel ne se reconnaît pas la nébuleuse communiste ou travailliste. Inversement du côté des associations, il s’agit de la mouvance de la gauche chrétienne, qui a le souci de trouver du pragmatisme, dans la négociation avec l’État, pour des résultats immédiats.
...
La dimension assurantielle de la Sécurité sociale en a fait la chose des salariés : ils y contribuent par des cotisations sur leurs salaires, cela leur donne des droits, ce n’est pas de la charité. Et ils ont donc même le droit d’en déterminer la direction. La Sécurité sociale est une institution du salariat, sauf qu’une partie des classes populaires n’a pas accès au salariat, y compris pendant les vingt ou trente années de grande croissance économique après la Seconde Guerre mondiale. Cette affirmation doit être nuancée, bien sûr. Ce n’est pas une assurance entendue au sens strict ; la Sécurité sociale a aménagé des formes d’intégration du non-salariat, pour les indépendants, pour les ayants droit, à l’époque les femmes et les enfants des travailleurs salariés, par exemple.
Mais il reste néanmoins que les marges du salariat n’avaient pas accès à la protection sociale de tous. C’est donc bel et bien un vice initial dont les fondateurs avaient conscience et qu’ils espéraient résorber. Jusqu’aux années 1970, la salarisation a progressé, l’intégration des non-salariés dans le régime de Sécurité sociale aussi. Et puis, le mouvement s’est inversé et les marges du salariat se sont élargies. La Sécurité sociale a donc couvert de moins en moins de gens et n’a pas su penser ces marges et ces trous de la couverture sociale. L’une des raisons centrales à cet échec, c’est que le chômage n’a pas reçu dans la Sécurité sociale de l’après-guerre le traitement qu’il aurait mérité. Or il s’agissait d’une grosse menace sur l’avenir des institutions du salariat. In fine, le traitement du chômage, d’autres que moi l’ont écrit, est toujours resté réservé à des salariés stables et n’a pas su ou pas voulu donner une vraie sécurité aux précaires et aux salariés atypiques.
ATD Quart monde, une assocation radicalement démocratique
Un péché originel, qui s’est répété dans la construction de l’assurance-chômage, voire amplifié ces dernières années ?
Absolument. On est de plus en plus dans une logique assurantielle où les droits à indemnisation sont liés à des cotisations préalables, même s’il y a des nuances, des hauts et des bas, des efforts, comme dans les années 1980, pour intégrer le précariat, offrir des droits nouveaux. Mais in fine, l’assurance-chômage s’est scindée en deux, d’une part une espèce d’assurance dont bénéficient très largement les salariés les plus indemnisés, avec des taux parfois très généreux au vu des comparaisons internationales, et un filet très minimal et des contrôles de plus en plus tatillons pour les classes populaires (lire à ce sujet ces travaux http://www.ires.fr/index.php/etudes-recherches-ouvrages/etudes-des-organisations-syndicales/item/6177-quelle-evolution-des-droits-a-l-assurance-chomage-1979-2020).
...
Pierre Laroque effectivement, le « père » de la Sécurité sociale, René Lenoir, le père de l’action sociale et l’inventeur de l’exclusion, et Martin Hirsch, l’homme du RSA. La comparaison entre eux renseigne sur la manière dont l’État social s’est transformé.
...
il y a une telle file d’attente devant l’emploi… Le RSA déplace ainsi la question structurelle de l’absence de travail pour tous à celle de la responsabilité individuelle.
...
Nicole Questiaux, conseillère d’État, entrée en politique chez les socialistes, et qui a écrit avec Jacques Fournier un Traité du social https://www.cairn.info/revue-vie-sociale-et-traitements-2005-3-page-26.htm. En le lisant, trente ans plus tard, j’étais stupéfait par leur niveau de connaissances sociologiques, philosophiques, leur capacité de penser la société, d’avoir des utopies, leur forte volonté de régulation.
...
intéressant de comparer ATD au Secours populaire français, qui a adopté une forme de timidité politique, décrite par Axelle Brodiez dans un beau livre. Le SPF a fini par considérer que son rôle était d’apporter un sparadrap utile mais que la lutte devait être structurelle et politique et que seuls le parti ou les syndicats pouvaient la conduire.
ATD est tout à fait à l’opposé et a promu une parole associative libre. Mais pour le coup, c’est une parole qui est à la fois très attentive, présente, radicale mais qui n’est pas associée à une pensée et à une pratique des rapports de force et des rapports de classe. Et donc mon regard extérieur, c’est que les associations comme ATD, si politiques soient-elles, sont un peu orphelines d’autres mouvements sociaux à même de changer les rapports de force. Il y a des liens et des efforts, ce n’est pas de l’indifférence, mais ces associations sont parfois esseulées.
...
L’exclusion est une catégorie d’État, inventé par René Lenoir, qui est le premier à l’utiliser dans un livre devenu une référence, Les Exclus, un Français sur dix. Il s’agissait de commencer à penser ensemble des catégories hétéroclites, les handicapés, les immigrés, les personnes âgées, etc., qui avaient en commun de ne pas entrer dans la protection sociale. Dans les années 1980, on commence à y attacher des vertus morales : on pense alors « l’exclusion des pauvres » comme on pense l’exclusion des personnes racisées : c’est une affaire de préjugés à combattre.
Je pense que ce qui se passe avec ce genre d’évolution sémantique, c’est que l’on glisse d’une vision structurelle, politique des rapports sociaux et des inégalités qui produisent de la pauvreté, à une vision plus moralisatrice, où il s’agit de combattre les préjugés contre les pauvres. Et donc s’installe une espèce de glissement qui empêche de penser le caractère systémique de la pauvreté, qui n’est que la pointe extrême des autres inégalités.
...
on n’a pas besoin d’une théorie spécifique de l’exclusion. On a besoin d’une protection sociale universelle, y compris l’indemnisation du chômage, et d’une théorie intersectionnelle des inégalités, attentive aux différentes manières dont s’exercent les rapports de pouvoir, en fonction de l’âge, du sexe, de la classe et de la race.
La Cause des pauvres, Frédéric Viguier, Les Presses de Sciences-Po, 2020, 362 pages.
94 009 vues - 10 k - 67
152 k abonnés #Agepivot #Blackrock
Catégorie Actualités et politique 764 commentaires
AGORA Philosophie
Alors qu'ils offraient l'image d'un patrimoine culturel consensuel, incarné par Voltaire et Rousseau, les philosophes des Lumières sont aujourd'hui accusés d'être à la racine de tous nos maux. Deux ouvrages les réhabilitent :
- L'héritage des Lumières, d'Antoine Lilti, Seuil, 416p. 25€
- Les Droits de l'homme rendent-ils idiots ?, de Justine Lacroix et Jean-Yves Pranchère, Seuil, 112 p. 11,8€
...représentation caricaturale ... impossible de réduire les Lumières à une doctrine cohérente, tant ces dernières sont traversées par des tensions profondes. À l'image de la critique rousseauiste de la "civilisation industrielle", ces ambivalences révèlent l'angousse que soulève l'entrée dans la modernité. ... contradictions ... ambivalence entre affirmation d'une singularité européenne et un discours universaliste. ... rendre aux Lumières leur actualité critique plutôt qu'à ériger en dogme une pensée artificiellement homogène.
...
les droits de l'homme représentent la condition nécessaire mais non suffisante d'un monde vivable par tous. Ils aiguisent notre responsabilité politique en y intégrant l'exigence de l'égalité des droits. A la réflexion, laissons encore un peu les Lumières allumées.
Le 7 octobre 2019, l’Assemblée nationale débattait d’immigration. Jean-Luc Mélenchon a pris la parole pour défendre la vision de la France insoumise sur le sujet. Il a plaidé pour régler les causes du départ des migrants et leur permettre de «vivre et travailler au pays». Il a expliqué qu’il fallait traiter les vrais problèmes auxquels l’humanité est confrontée, à commencer par le défi du changement climatique. Il a, enfin, parlé des apports de l’immigration pour notre pays et défendu une conception républicaine de la nation, appelant à «Faire France de tout bois».
Voici la retranscription complète de son intervention...
Visible aussi à https://www.youtube.com/watch?v=AKkp_H5dnLA
"
11 494 vues - 1,6 k - 39 - 413 k abonnés
Le 7 octobre 2019, l'Assemblée nationale débattait d'immigration. Jean-Luc Mélenchon a pris la parole pour défendre la vision de la France insoumise sur le sujet. Il a plaidé pour régler les causes du départ des migrants et leur permettre de «vivre et travailler au pays». Il a expliqué qu'il fallait traiter les vrais problèmes auxquels l'humanité est confrontée, à commencer par le défi du changement climatique. Il a, enfin, parlé des apports de l'immigration pour notre pays et défendu une conception républicaine de la nation, appelant à «Faire France de tout bois».
Retrouvez le texte complet de son intervention sur :
https://melenchon.fr/2019/10/07/en-direct-intervention-dans-le-debat-sur-limmigration-debatimmigration/
Catégorie Actualités et politique 175 commentaires
Claude Xhenseval il y a 1 heure
Je fais miennes chacune des paroles que vous avez prononcées Mr Melanchon, c'est le discours le plus emprunt d'humanité qu'il m'ait été donné d'entendre, le monde a besoin d'hommes politiques d'envergure et vous en êtes un, assurément