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J’étais jeudi dernier à l’usine Eurostamp, qui a vu ses factures d’électricité multipliées par dix, vendredi avec les pompiers et les gendarmes à Flixecourt, samedi matin avec un livreur du Courrier qui se fait virer en fin d’année, ce lundi avec les employés du textile, demain avec les ouvriers de Carelide… Voilà pour qui on se bat. Ma bataille, notre bataille à gauche, avec les insoumis, les écolos, les communistes, les socialistes, ça doit rester pour les Français, pour leurs salaires, pour leurs enfants. Pour qu’ils puissent vivre de leur travail, payer leurs factures. Pour leurs retraites, surtout, maintenant, avec une contre-réforme qui arrive, qui réclame un front syndical et une gauche unie pour défendre les caristes, les auxiliaires de vie, les ouvriers. Voilà où je mets mon énergie : pour le pays. »
Puisque vous êtes venus ici attirés par le miel des ragots, vous ne repartirez pas sans une dose de costaude, de vraie politique.
« Avant, chez Zara, chaque employée avait son métier. Maintenant, c’est ‘polyvalence’ : il faut courir de la caisse aux cabines d’essayage, faire du merch’, du merchandising, entre les ‘zones froides’ et les ‘zones chaudes’, de l’approvisionnement, les livraisons… Les nouvelles technologies devaient aider à améliorer l’emploi : elles suppriment des emplois, et elles intensifisent les emplois qui restent. »
Ce témoignage, d’Elodier Ferrier, recueilli cette après-midi à l’Assemblée, illustre cette incroyable statistique : en 1984, 13,2% des employés des commerces et services subissaient trois contraintes physiques (porter des charges, se baisser, etc.). C’est désormais 46,9%. Un bond de 33 points ! Dans une France de la start-up nation où, supposément, le travail serait allégé par le numérique, la robotique, etc. Et il en est de même, en pire, pour les ouvriers : +42 points (de 21,2% à 63,4%). Et en général pour les salariés : de 12% à 34%. C’est une donnée essentielle, évidemment, pour le débat sur les retraites : si le travail n’était que luxe, calme et volupté, on pourrait s’y adonner jusqu’à l’Ehpad. Mais non : il s’est alourdi, endurci…
Je pourrais continuer avec la relocalisation, pour l’instant bidon : 97% des vêtements sont fabriqués hors de France ! On ne serait même pas en string ! La moitié des usines de masques qui ont fermé, les autres presque à l’arrêt !
Mais tout cela, à coup sûr, comme au temps de Versailles, intéresse bien moins que la cour des « grands » : Mélenchon, Autain, Ruffin, etc. Je ne veux pas me laisser prendre à ce miroir : que jamais l’on n’oublie pourquoi, pour qui nous sommes ici.