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La production de pétrole est vouée à décliner peu à peu, inexorablement. Quelles seront les conséquences pour l'Europe si ce déclin n'est pas anticipé ?
Bientôt la fin du pétrole ? © Getty / Anton Petrus
D’après le Shift Project, la majorité des sources actuelles d’approvisionnement en pétrole de l’Union européenne menacent de décliner d’ici à 2030.
Le groupe de réflexion sur la transition énergétique s’appuie sur une analyse critique de la base de données pétrolières de la seule société norvégienne Rystad Energy, qui figure parmi les sources de référence au sein de l’industrie.
L’Europe dispose donc de 10 ans pour apprendre à se passer de pétrole.
Car s’il n’est pas anticipé ce déclin sera subi, avec des conséquences probablement catastrophiques.
Pourtant, le problème reste aujourd’hui mal compris et sous-estimé.
Au sein de l’ouvrage Pétrole, le déclin est proche publié ce 2 septembre au Seuil, Matthieu Auzanneau analyse la menace que constitue l’approche de l’inéluctable « pic pétrolier », et ses risques spécifiques pour les pays de l’Europe, qui figurent parmi les premiers importateurs mondiaux de brut.
Les invités Matthieu Auzanneau, Directeur de The Shift Project groupe de réflexion sur la transition énergétique
Les références Pétrole le déclin est proche écrit par Matthieu Auzanneau(Seuil)
Énergie - Durée de lecture : 3 minutes
En 2020, la production d’électricité nucléaire dans le monde a diminué, selon un rapport tout juste paru. Les réacteurs vieillissants ne sont pas remplacés assez vite, tandis que les énergies renouvelables sont de plus en plus compétitives.
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le World Nuclear Industry Status Report 2021 https://www.worldnuclearreport.org/World-Nuclear-Industry-Status-Report-2021-773.html, un rapport de référence décrivant chaque année l’état de l’énergie nucléaire dans le monde ... À la mi-2021, y apprend-on, 33 pays exploitaient 415 réacteurs nucléaires, soit 7 unités de plus qu’un an auparavant. Cependant, c’est 23 réacteurs de moins que le pic de 438 atteint... il y a près de vingt ans, en 2002 ... en 2020, la production nucléaire a diminué de 4 %. Elle est nettement distancée par les énergies renouvelables non hydrauliques, dont la production électrique a augmenté de 13 %. Cela s’explique notamment par la perte rapide de compétitivité de l’énergie nucléaire : entre 2009 et 2020, les coûts du solaire ont baissé de 90 % et ceux de l’éolien de 70 %, tandis que les coûts de construction des réacteurs nucléaires ont augmenté de 33 %. Ceci explique que dans l’Union européenne, les énergies renouvelables non hydroélectriques ont généré en 2020, pour la première fois, plus d’électricité que les centrales atomiques. ... 123 réacteurs supplémentaires devraient être mis en service avant la fin de 2030 pour simplement maintenir le statu quo. Cela impliquerait de plus que doubler le rythme de construction annuel de la dernière décennie, c’est-à-dire passer de 6 à 12 unités. Or, depuis 2016, le rythme de construction a encore ralenti : seules 24 unités ont été mises en chantier, dont 11 en Chine, soit moins de 5 mises en chantier par an, nettement moins de la moitié de ce qui serait nécessaire pour maintenir le nombre actuel de réacteurs en service dans le monde. Conclusion : la capacité nucléaire globale est appelée à diminuer.
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la production d’électricité nucléaire en Chine a augmenté de 4,4 % en 2020. Mais ce taux est le plus faible depuis 2009. Et le pays n’a pas atteint ses objectifs nucléaires sur cinq ans (58 GW installés et 30 GW en construction), tandis qu’il a augmenté sa capacité éolienne de plus de 70 GW et sa capacité solaire de près de 50 GW pour la seule année 2020. Il est intéressant de noter que « l’autre Chine », Taïwan, est en train de sortir avec succès du nucléaire : ses trois derniers réacteurs doivent être fermés d’ici 2025. La part du nucléaire dans la production d’électricité est ainsi passée 41 % en 1988, à 13 % en 2020.
En France aussi, l’énergie nucléaire ne se porte pas bien ... Du coup, la fiabilité financière d’EDF est ébranlée ... la filiale britannique d’EDF, EDF Energy, elle a été rétrogradée à la catégorie « junk » — pourrie...
Dans un blogue récent, Ugo Bardi attire l’attention sur le déclin de la production mondiale de ciment. Depuis 1940, celle-ci doublait tous les dix ans, à un rythme remarquablement constant et indépendant des crises économiques. Mais en 2015, cette croissance s’arrête sans crier gare. Le phénomène n’a pas encore beaucoup attiré l’attention des médias, mais …
Catégories Idées et références, Ressources naturelles5 commentaires
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Extrait de HEC Débats avec Jean-Luc Mélenchon le 17 mars 2021. https://youtu.be/2vzNruUdeVI
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La majorité des sources actuelles d’approvisionnement en pétrole de l’Union européenne menacent de décliner d’ici à 2030, selon une analyse du Shift Project https://theshiftproject.org/wp-content/uploads/2020/06/%C3%89tude_D%C3%A9clin-de-lapprovisionnement-de-lUE-en-p%C3%A9trole-dici-2030_TSP.pdf s’appuyant sur des données exclusives. Une raison de plus pour mettre en oeuvre sans tarder et de manière ambitieuse les politiques publiques et mesures proposées par l’European Green Deal, la Convention citoyenne pour le climat, etc.
- Téléchargez l’étude : L’Union européenne risque de subir des contraintes fortes sur les approvisionnements pétroliers d’ici à 2030 – Analyse prospective prudentielle (The Shift Project, 2020) https://theshiftproject.org/wp-content/uploads/2020/06/%C3%89tude_D%C3%A9clin-de-lapprovisionnement-de-lUE-en-p%C3%A9trole-dici-2030_TSP.pdf
- La vidéoconférence de présentation de l’étude, ce jeudi 25 juin à https://my.framasoft.org/u/ind1ju/?PQTbaA
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L’UE risque de connaître une contraction du volume total de ses sources actuelles d’approvisionnement en pétrole pouvant aller jusqu’à 8 % entre 2019 et 2030, selon une analyse offrant un détail sans précédent https://theshiftproject.org/wp-content/uploads/2020/06/%C3%89tude_D%C3%A9clin-de-lapprovisionnement-de-lUE-en-p%C3%A9trole-dici-2030_TSP.pdf dans une étude publique, s’appuyant essentiellement sur les estimations des capacités futures de production mondiale de brut de l’agence d’intelligence économique norvégienne spécialisée Rystad Energy.
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l’enjeu du « pic pétrolier » constitue une raison supplémentaire forte pour entreprendre d’urgence la planification de la sortie du pétrole, sans compter pour cela sur une croissance économique mondiale qui demeure jusqu’ici proportionnelle à la consommation de pétrole.
Au regard de sa gravité, le problème du « pic pétrolier » ici posé reste pour l’heure radicalement sous-documenté et mal compris.
Contact : petrole@theshiftproject.org | 06 95 10 81 91
L’arrêt des activités des usines du groupe papetier Arjowiggins, courant 2019, a signé la fin de production de certains papiers recyclés en France. Les papeteries françaises, globalement, se portent mal. Une situation regrettable sur le plan social et écologique puisque les imprimeries locales doivent alors se fournir en papier à l’étranger.
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« Il y a moins de papier en circulation, notamment à cause de la dématérialisation » ... La fermeture de l’usine de Bessé-sur-Braye est un « non-sens écologique » En juin, le député de la France insoumise Ugo Bernalicis dénonçait, dans une question écrite au gouvernement, le « non-sens écologique » de la fermeture de l’usine de Bessé-sur-Braye. « Les imprimeries françaises n’auront d’autre choix que de se tourner, concurrence oblige, vers des fournisseurs étrangers — au premier rang desquels l’Allemagne, l’Autriche et l’Italie, dont la production ne fait que croître. Le bilan carbone de l’utilisation du papier recyclé va donc exploser, au regard des distances de transport considérablement augmentées que vont nécessiter ces importations », regrettait-il. « La faible part des achats de papier recyclé en France pénalise le développement de l’économie circulaire locale, avec tous ses atouts de réduction d’impacts environnementaux (eau, énergie, ressources) et de création d’emplois », lit-on sur le site de l’ONG écologiste WWF. « 90 % des papiers de bureautique achetés par les entreprises sont des papiers labellisés », affirme quant à lui Valéry Hergott de l’association Riposte Verte https://www.riposteverte.com/, estimant que le bilan est satisfaisant. Selon lui, le papier recyclé, dans la bureautique, a malheureusement peu de chance de se développer en raison d’un marché mondial orienté vers le recyclage en emballage.
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Après la liquidation de l’usine de Bessé-sur-Braye, deux groupes se sont formés pour travailler sur des projets de reprises et chacun affirme avoir trouvé des pistes. Le premier rassemble l’ex-intersyndicale CGT, CFDT et CFE-CGC de l’entreprise et ne prévoit pas, a priori, la reprise de la fabrication de papier recyclé. L’autre, Action Citoyenne pour l’intérêt général rassemble des habitants de la Sarthe et croit en revanche au potentiel du recyclé, pour peu que des investisseurs acceptent d’y mettre le prix. « C’est une opportunité à saisir, dit Mickael Bardet, membre du collectif. Les outils industriels sont présents, ainsi que le savoir-faire. Plusieurs études prouvent qu’il y a un potentiel. »
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Jan Le Moux, directeur Économie circulaire au sein de la Copacel, fédération professionnelle représentant les entreprises françaises productrices de pâtes, papiers et cartons, affirme que « le papier recyclé n’a pas nécessairement un meilleur bilan carbone qu’un papier vierge ». [1].
Même son de cloche du côté des éditeurs. « La priorité, c’est de protéger la forêt. La filière graphique a commencé dès 1993 à certifier des forêts et respecter des normes ISO », affirme Pascal Lenoir, directeur de la production chez Gallimard et président de la commission Environnement et fabrication du Syndicat national de l’édition (SNE). Selon une étude du SNE, en 2016, 91 % des papiers achetés pour faire des livres étaient certifiés PEFC ou FSC, mais seulement 2 % recyclé, sachant que l’édition ne représentait que 6,9 % de la consommation de papier graphique en France en 2016.
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Source : Héloïse Leussier pour Reporterre
Débattons !
Le fameuse locomotive européenne commence sérieusement à s'essouffler. Un phénomène pas seulement passager ou conjoncturel mais structurel, propre à remettre en cause tout le monde fondé sur l'exportation et la compétitivité. Voici pourquoi.
Présentation d’Adrastia
du grec ancien Adrasteia : « auquel on ne peut échapper »
Adrastée est la nymphe protectrice de Zeus enfant contre le malfaisant Cronos.
L’Égypte des pharaons, l’Empire romain, les Khmers de la cité d’Angkor… alors qu’elles se pensaient éternelles, certaines des plus grandes civilisations ont disparu, non pas parce qu’elles avaient perdu leur dernière guerre, mais simplement parce que leur économie avait dépassé les capacités de leur environnement à en supporter les exigences, ou que cet environnement avait trop soudainement changé.
Si les périodes de déclin humain ne se sont produites autrefois que localement, ponctuellement, toutes les populations sont aujourd’hui confrontées aux limites de leur adaptabilité. Dans une économie mondialisée et sur une planète isolée elles participent toutes à la surexploitation des ressources et aucune n’est épargnée par les effets du réchauffement climatique.
Selon les modèles et les données auxquels le Comité Adrastia se réfère1, au cours des décennies 2020-2030 même les humains les plus riches ou puissants verront leur niveau de confort et de sécurité baisser. Le déclin qui semble déjà engagé aujourd’hui pour certains pourra alors devenir global.
Le Comité Adrastia a pour objectif d’anticiper et préparer ce déclin de façon honnête, responsable et digne.
Le manifeste
La déontologie
Les principales missions d’Adrastia :
– Relayer l’information2 sur le déclin de nos sociétés afin d’éviter autant que possible la surprise, la stupeur et l’angoisse, qui pourraient avoir pour conséquences des prises de décisions contre-productives, le repli individualiste et un immaîtrisable chaos.
– Solliciter les organes de décision et de pouvoir : il ne semble pas exister de solution pour contourner une rupture structurelle et systémique de nos sociétés. L’évitement des modes d’adaptation contre-productifs et la mise en place progressive et pérenne d’un processus de gestion de crise doivent être envisagés par les instituts de recherche, les industriels, l’Education Nationale, les collectifs d’experts, l’armée, l’Ordre des médecins, les élus locaux, les ministères… en collaboration avec les populations.
– Soutenir les projets concrets, dans tous les domaines. Promotion du passage de la théorie à l’action.
Les moyens d’Adrastia :
– Observatoire : recueil des données, suivi des évènements.
– Groupes d’échange et de réflexion : comprendre et partager nos émotions, détecter et dénoncer les obscurantismes, penser et dire la négativité : la déplétion des ressources, la réduction du confort, la compression du marché du travail, la déréliction…
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Les investissements dans le solaire, l’éolien et la biomasse stagnent partout dans le monde, quand ils ne sont pas carrément en déclin. Un récent rapport de Bloomberg compile les données trimestrielles du 1er janvier 2005 au 30 juin 2018. On trouvera ici un aperçu des principales tendances mondiales et nationales.
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Bilan
En dépit de certains succès locaux, l’investissement dans les énergies renouvelables est bloqué à un niveau ne permettant absolument pas d’atteindre les objectifs pourtant modestes de l’accord de Paris. Presque tous les pays semblent traverser le même cycle où une période d’euphorie est suivie d’un certain déclin des investissements, quand ce n’est pas un effondrement.
Ces revers ne semblent pas ébrécher l’optimisme de façade de Bloomberg, qui conclut son rapport en écrivant: « Depuis les années 1970, les carburants fossiles représentent de 60 à 70 % du mix mondial de production électrique. Nous pensons que ces 50 ans d’équilibre touchent à leur fin et que les énergies renouvelables et les batteries bon marché vont remanier les systèmes électriques en profondeur partout dans le monde. L’éolien et le solaire sont destinés à presque atteindre le « 50 d’ici 50 » – 50 % de la production mondiale d’ici 2050 à la faveur de réductions de coûts accélérées et de l’arrivée de batteries toujours meilleur marché, qui permettront de stocker et de libérer le courant pour répondre aux variations de la demande et de l’offre. »
On ne peut pas dire que les tableaux reproduits ici appuient très bien cette hypothèse optimiste!
Source :
Bloomberg, Clean Energy Investment Trends, 2Q 2018
https://data.bloomberglp.com/bnef/sites/14/2018/07/BNEF-Clean-Energy-Investment-Trends-1H-2018.pdf