Le microbiologiste Didier Raoult lors d'une conférence depuis l'IHU Institut Méditerranée Infection à Marseille le 20 avril 2020 ©AFP - Christophe SIMON
Publié le mercredi 18 décembre 2024 / L'édito politique - Cohen
Didier Raoult est définitivement désavoué. Son étude initiale sur le traitement du COVID vient d’être rétractée par l’éditeur qui l’avait publiée.
Retirée, effacée de la littérature scientifique, avec une liste de griefs longue comme un confinement. Enfin ! Cette première étude sur l’hydroxychloroquine dont tous les scientifiques sachant lire une étude disaient déjà il y a près de 5 ans qu’elle ne valait pas un clou -méthodes douteuses, données manipulées, échantillon minuscule de 26 patients… en fait, elle n’aurait jamais dû être publiée.
Cette mystification a pourtant été le point de départ d’un scandale planétaire qui a coûté des vies -par milliers-, du temps, de l’argent -pour d’autres études. Et qui a fait de Didier Raoult une star.
Sans lui, sans le charisme rugueux et mégalomaniaque avec lequel il a hypnotisé des politiques, un président de la République, des animateurs télé qui venaient le consulter comme un oracle et surtout une partie des Français qui en ont fait au printemps 2020 l’une de leurs personnalités préférées, la supercherie n’aurait pas tenu deux semaines.
Je connais pas mal de scientifiques encore traumatisés par cette folie complotiste qui s’est emparé du pays de Descartes. Je rappelle que Raoult n’a pas seulement prétendu sauver des vies, il accusait les médecins qui refusaient son remède, d’envoyer leurs patients à la mort !
Avant d’affirmer que les vaccins rendaient malades et aggravaient l’épidémie. Voilà le principal legs de Raoult, devenu idole des antivax. Il aura été un terrible « semeur de doutes », comme l’a dit le patron des hôpitaux de Marseille François Crémieux.
Qui est responsable de cette dérive ?
D’abord ceux qui l’ont laissé faire et qui avaient les moyens de l’arrêter : les pouvoirs publics, le ministère de la Santé. Pendant deux ans, la communauté scientifique a tenté de se battre contre une désinformation dont le principal propagateur était à la tête d’un institut doté de 3 millions d’euros de subventions d’état. Insensé.
Mais n’oublions pas que les pro-Raoult ont été nombreux et puissants. Et pas forcément les moins éduqués. C’est l’aspect le plus troublant de l’étude que la Fondation Jean Jaurès avait réalisée à l’été 2020, auprès d’un millier de membres des groupes Facebook de soutien à Didier Raoult.
Le chercheur Antoine Bristielle y avait trouvé 42% de cadres et de professions intellectuelles supérieures. Le phénomène Raoult n’était pas le prolongement des gilets jaunes. D’ailleurs, le professeur marseillais ne l’a pas crié sur les toits, mais il a su charmer nombre de grands patrons, d’intellectuels ou de vedettes du show-biz.
Il a aussi entraîné des politiques.
Emmanuel Macron a cru devoir le flatter, le traiter de « grand scientifique ». Les Marseillais l’ont célébré : nobélisable, selon Renaud Muselier.
Et les antisystèmes l’ont reconnu comme un des leurs. Jean-Luc Mélenchon trouvait que « Raoult est trop mal aimé par les belles personnes pour ne pas éveiller l’intérêt ». Même réflexe au RN, sur le mode : les ennemis de mes ennemis sont mes amis. « C’est parce qu’il est critiqué que je l’ai acheté », dit Marine Le Pen après avoir placé dans sa crèche un santon à l’effigie de Raoult. Et avoir réclamé la prescription généralisée de chloroquine.
Jordan Bardella enfin, le prince de la métaphore (à ce micro) : « Raoult est à la médecine ce que nous sommes à la politique ! ».
Un vœu pour finir : puisse cette sinistre affaire Raoult, la plus grande offensive anti science en France depuis l’affaire Lyssenko… puisse cette histoire nous avoir vacciné une bonne fois -oui vacciné… contre les charlatans.
5 min de lecture
Philippe Quirion est docteur en économie de l’École des Mines de Paris. Il est chercheur au CNRS en économie de l’environnement et en économie de l’énergie. Il est également membre du bureau exécutif d’un important réseau d’ONG françaises sur le changement climatique: le réseau action climat.
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le GIEC prévoit plutôt que "D'ici 2050, la part de l'électricité fournie par les énergies renouvelables passera de 23 % en 2015 à entre 59 et 97 % sur des trajectoires de 1,5 °C sans dépassement ou avec un dépassement limité."
Note: les trajectoires avec dépassement sont celles où la température dépasse la barre des 1.5 degrés pour un temps, avant de finalement revenir sous ce seuil.
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Les cours des métaux ont un impact à court terme sur éolien et PV, mais la tendance est à la baisse et il n'y a pas de raison de penser qu'elle va s'inverser.
Connu / https://twitter.com/PaulNeau/status/1417812927655071744
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Rousselet Yannick a retweeté Paul Neau @PaulNeau · 14h
« Les énergies renouvelables et @JMJancovici »
Où il est montré que les règles de trois du président du @theShiftPR0JECT contre les énergies renouvelables ne résistent pas à l’analyse des publications scientifiques.
Merci @pquirion1 pour ce décryptage.
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Benoit Schmaltz @BenoitSchmaltz · 20 juil.
Merci cela dit il y a en effet des erreurs et exagérations chez JMJ. Ah si un autre angle mort assez gênant pour Quirion le concept d'EROI est complètement escamoté... Probablement parce qu'il donne l'avantage au nucléaire... Le problème d'être militant autant que scientifique
Mathias Flammang @matflamm · 21 juil.
La raison pour laquelle la Drapeau de la Chine a installé >130 GW d'EnR - et seulement 2 GW de Symbole radioactif - en 2020, n'est pas que Drapeau de la Chine soit gouvernée par magie par Greenpeace, mais à cause de la compétitivité économique & de la vitesse d’installation des EnR pour atteindre les objectifs climatiques Drapeau de la Chine !
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Benoit Schmaltz @BenoitSchmaltz · 20 juil.
Il y a aussi des angles morts très critiquables dans les analyses de Quirion. Postuler un monde en croissance où tout se passe est démesurément optimiste. La réponse sur la raréfaction des ressources est absolument indigente... Les travaux d'Olivier Vidal sont édifiants ici.
VLB @vincentlebiez · 20 juil.
Certains arguments de JMJ sont en effet critiquables mais dommage d’aller chercher un antinucléaire notoire pour lui apporter la contradiction. La vérité n’est sans doute ni chez l’un ni chez l’autre.
Gabin Guilpain @gabin_guilpain · 20 juil.
Est-ce important ? Du moment que les arguments sont fondés et corroborés par des sources solides, il n’y a rien de « dommage ». Ça n’empêche pas d’opposer d’autres arguments tout aussi fondés et de vérifier ceux avancés par M. Quirion.
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El Liam @ElLiam00064249 · 15h
Très très bon.
Par contre dommage de pas parler de la dif co2/kWh produit en prenant en compte tout le système en fonction de la proportion d'ENR dans le mix.
Mais très très bon sinon ^^'
Jo à vélo @Jo_a_velo · 20 juil.
Merci pour cet article. Est-ce que la question des ressources et de l'emprise au sol des installations renouvelables sera abordée? C'est un point important quand on compare au nucléaire.
B.P. @ben_persiani · 20 juil.
Sauf s'il s'intéresse à autre chose que l'argent non ? (Accessoirement, ce n'est pas ce que dit JMJ, qui indique justement que prix et stock ne vont pas liés. Il a sans doute tort dans ses caricatures sur les ENRi, mais cet angle d'attaque est étonnant)
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Legarsdutweet Visage songeur @legarsdutweet · 6h
Si JMJ ne parle que des STEP et ne parle pas du power to gas, ne serait-ce pas à cause d'un rendement bien meilleur?
Ismaël Benslimane Ruban de rappel @ismaelbensliman · 20 juil.
Très chouette, hâte de voir la suite. La partie la plus suspecte chez JMJ je trouve c'est les liens entre croissance et pétrole qu'il fait à chaque fois. Il se réfère jamais à l'immense littérature sur le sujet et qui est bien bien bien plus nuancée et complexe que son discours.
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