On sort les dossiers
Toutes les deux semaines, Fabrice alias le Stagirite porte un regard décalé sur l'actualité et les stratégies de communication des puissants. L'ironie n'empêchant pas l'analyse rigoureuse.
Marine Le Pen est de nouveau sur les plateaux, pleinement mobilisée dans la bataille pour les législatives, comme candidate, et comme leader de son parti. Jean-Luc Mélenchon a pris le temps d’imposer l’idée de législatives comme match retour de la présidentielle.
Cela donne deux stratégies opposées : Mélenchon se voit comme chef de la majorité, Le Pen vise plus modestement le titre de chef de l’opposition. Mais elle croit pouvoir faire la différence sur l’image renvoyée, en dénonçant l’irréalisme et le mensonge de Mélenchon. Factuellement, elle n’a pas tort : la probabilité de voir advenir une majorité NUPES n’est pas très grande. Cependant, ce qu’elle appelle “mensonge”, c’est peut-être l’essence même de l’art politique.
La rhétorique politique cherche à persuader l’auditoire que l’évènement improbable peut se produire, si les gens en sont suffisamment convaincus et agissent dans ce sens. Pour ce faire il faut se mouvoir dans une fenêtre où ce que l’on dit paraît au moins plausible : trop ambitieux et irréaliste, et les gens ne vous croient pas ; trop gagne-petit mais réaliste, et les gens ne se motivent pas. En cherchant à “hacker” une phase médiatique et électorale qui est normalement une formalité pour le parti présidentiel, Mélenchon veut faire surgir ce “cygne noir”.
Camille passe au vert - 4 minutes
Certains défenseurs de la planète ont été qualifiés la semaine dernière de "prophètes de malheur" par le président américain Donald Trump tandis que la secrétaire d'Etat Brune Poirson parlait de "populisme vert" dans une interview. Rhabillés pour l'hiver... mais ils répondent !
Au salon « vivez nature » © Radio France / Camille Crosnier
Que Greta Thunberg, Pablo Servigne, Cyril Dion et autres écolos dits « radicaux » se rassurent, où qu’ils soient ils n’auront pas froid puisqu’ils ont été rhabillés pour l’hiver la semaine dernière.
Ils ont été qualifiés de « prophètes de malheur » qui veulent « dominer, transformer et contrôler tous les aspects de nos vies » par le président américain Donald Trump, quand notre secrétaire d’Etat à la transition écologique, Brune Poirson, dénonçait dans une interview au Figaro le « populisme vert » de certains utilisant « l’angoisse créée par l’urgence climatique pour pousser les Français à y répondre par la
précipitation », et, utilisant « l’écologie comme excuse pour casser le système actuel ou refermer la France sur elle-même ».
Qu'en pensent donc les concernés ?
Ce weekend avait lieu à Paris le salon « vivez nature », idéal pour les interroger : «La critique n'est pas un obstacle pour nous.» «Je passe au dessus de tout ça.»
Mais ils ne sont pas tous détachés et sereins : «J'appelle ça des discours d'enfonceurs de porte ouverte, il est très facile de dire, "ils sont radicaux, il veulent tout casser", l'idée ce n'est pas de cliver les gens.» argue une productrice de fruits bio.
Certains assument l’idée de la radicalité : "Il faut être un peu radical pour faire bouger les choses, si on prend le temps rien ne bougera. On a bien sauvé les banques avec des milliards, mais on n'est pas foutu de mettre un kopeck pour sauver la planète. Alors que sans la planète, les banques on s'en fout."
Brune Poirson dans son interview redit que rien n’est faisable en un claquement de doigt, elle veut du radical mais pas du brutal, c'est sa punchline du moment… et certains sont plutôt sur la même longueur d’ondes : "Il faut expliquer aux gens, si on est radical ça ne fonctionnera pas non plus."
Et en prenant le temps ou en allant vite, les solutions existent, c’est en tout cas ce que beaucoup disait : "Un politique n'a pas les solutions, il faut qu'il aille chercher les solutions pas chez les technocrates, mais sur le terrain. Mais cela va complètement à l'inverse du système actuel. Là, ce qu'on est en train de faire c'est de donner aux industriels, le moyen de trouver le moyen de faire de l'argent sur l'écologie."
Revoir le système, ils l’assument : "Pas le casser, mais le transformer oui."
C’est exactement ce que réfute – entre autres - Donald Trump, qui défend l’économie, la prospérité américaine, le système tel qu’il existe, et que donc les « prophètes de malheur » ou populistes verts voudraient ruiner.
L'équipe Camille Crosnier Chroniqueuse
Thèmes associés Environnement Brune Poirson Donald Trump
Jean-Baptiste Malet
@jbaptistemalet
24 août
Nicolino se réclame d’anarchistes pour défendre Rabhi qu’il qualifie de « prophète » 😂 : https://fabrice-nicolino.com/?p=4615
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