271 commentaires Mots-clés Coronavirus covid-19
Alors que les équipes médicales s’attendaient à soigner des pneumonies sévères et que les pays se ruaient sur les respirateurs, le mode opératoire du virus a rapidement dérouté les réanimateurs. Certes, le Sars-CoV-2 étouffe certaines de ses victimes. Mais les poumons seraient une victime collatérale, non sa cible.
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Tout commence par le nez. L’une des grandes surprises d’une étude parue dans Nature Medecine https://www.nature.com/articles/s41591-020-0868-6 fut en effet de découvrir que le nez semble être l’endroit du corps qui compte le plus de récepteurs ACE2 (pour Angiotensin Converting Enzyme 2), la fameuse porte d’entrée du virus, celle qui lui permet de pénétrer à l’intérieur des cellules et ainsi se multiplier.
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trois options. Ils pourraient s’attaquer directement au nerf olfactif, d’où la perte d’odorat vécue par 25 à 30 % des patients
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Seconde voie de dissémination possible, via le mucus nasal, véritable tapis roulant pour les nombreux microbes prisonniers de ce liquide gluant. De fait, on avale pas moins d’un litre de morve chaque jour ! Les nombreux symptômes digestifs (notamment une diarrhée pour plus de 20 % des patients français) qui accompagnent la maladie laissent effectivement penser que le virus emprunte la même route que nos aliments et perturbe nos intestins. Et pour cause : les cellules de la paroi interne de l’intestin grêle sont particulièrement dotées en récepteurs ACE2. D’ailleurs, une étude menée sur des organoïdes intestinaux, sortes de mini-intestins en culture, montre que le Sars-CoV-2 infecte bel et bien ces cellules intestinales. Autre preuve : on retrouve des traces de virus dans les selles d’une majorité de patients (chez la moitié des patients, estime par exemple cette étude). On en retrouve même dans les eaux usées, sans que l’on sache encore si ces traces sont celles de virus entiers encore vivants, ou de bouts de virus morts.
Enfin, troisième voie de diffusion, qui semble être l’autoroute privilégiée des particules virales : depuis le nez, elles peuvent être charriées via l’air, durant une inspiration, et emprunter non pas l’œsophage mais la trachée. C’est ainsi qu’elles atterrissent dans les poumons. Mais curieusement, « nous retrouvons très peu de récepteurs ACE2 dans les poumons, affirme Christophe Bécavin, de l’Institut de pharmacologie moléculaire et cellulaire de Sophia Antipolis, qui faisait partie de l’équipe en charge de l’étude des poumons dans la publication de Nature Medecine. On voit uniquement réapparaître ce récepteur au niveau des pneumocytes de type 2, les alvéoles tout au fond des poumons où ont lieu les échanges gazeux ». En fait, il y a beaucoup plus de cellules dotées du récepteur ACE2 dans les intestins, le cœur, la vessie, les reins ou encore les yeux que dans les poumons. « Les taux de virus dans les poumons, mesurés à partir d'un échantillon de lavage broncho-alvéolaire, diminuent rapidement sans traitement antiviral alors même que la situation clinique est critique », témoigne de son côté Hadrien Roze, du service anesthésie-réanimation du CHU de Bordeaux.
Ce n’est pas tout. Normalement, dans une pneumonie classique, c’est le côté air des poumons qui est atteint ... provocante question : et si l’intubation n’était pas la solution ? https://francais.medscape.com/voirarticle/3605845 ... oxygénothérapie nasale à haut débit en leur ajoutant un masque pour limiter le risque de diffusion ... si ce n’est pas un syndrome de détresse respiratoire classique, à quoi avons-nous affaire ? « Les réanimateurs nous ont fait remonter un nombre anormalement élevé d’embolies pulmonaires », poursuit Stéphane Zuily, soulignant au passage que les Chinois n’avaient jamais communiqué sur cet aspect particulier de la maladie. L’embolie pulmonaire survient lorsque des caillots de sang viennent perturber la circulation sanguine des poumons. Autrement dit, le problème ne viendrait peut-être pas du côté air des poumons, mais du côté sang. ... « Dans notre unité bordelaise, l’embolie pulmonaire était présente chez environ 30 % de nos patients », estime de son côté Hadrien Roze, et ce malgré les traitements anticoagulants préventifs. ... « Plus on regarde, plus il devient évident que les caillots sanguins jouent un rôle essentiel dans la sévérité du Covid-19 et sa mortalité », affirme https://www.sciencemag.org/news/2020/04/how-does-coronavirus-kill-clinicians-trace-ferocious-rampage-through-body-brain-toes Behnood Bikdeli, de l’école de médecine de Yale. Cela expliquerait par ailleurs d’autres problèmes cardiovasculaires, comme les infarctus qui semblaient avoir disparu pendant l’épidémie, mais qui auraient en réalité été deux fois plus nombreux pendant la période du confinement en région parisienne, d’après une récente étude https://www.thelancet.com/pdfs/journals/lanpub/PIIS2468-2667(20)30117-1.pdf qui s’appuie sur les données issues du registre francilien du Centre d’expertise mort subite
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« La stabilisation endothéliale va devenir la clé de cette maladie en lieu et place de la ventilation protectrice des poumons, estime Cameron Kyle-Sidell qui juge cette méthode comme « une intervention nécessaire mais indésirable ». L’endothélium, ce tissu qui recouvre l’intérieur des vaisseaux sanguins, est le plus grand organe de notre organisme ... le professeur Alain Baumelou dans un article intitulé « L’endothélite : clé de l’atteinte multiviscérale du Sars-CoV-2 ? » https://www.vidal.fr/actualites/25040/l_endothelite_cle_de_l_atteinte_multiviscerale_du_sars_cov_2/?utm_source=sendinblue&utm_campaign=SFC__Communiqu_SFC_covid19_revue_de_presse_3105&utm_medium=email, publié sur le site du Vidal. L’endothélium est doté de récepteurs ACE2. Et une étude https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0092867420303998 démontre que le virus peut bel et bien infecter et se répliquer à l’intérieur d’un « organoïde vasculaire », un vaisseau sanguin reconstruit in vitro. En outre, plusieurs études post-mortem https://www.lemonde.fr/blog/realitesbiomedicales/2020/04/29/covid-19-est-aussi-une-maladie-inflammatoire-vasculaire/ révèlent des traces du virus à l’intérieur des cellules endothéliales de plusieurs organes (intestins, reins, cœur…) ... Pas si simple
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Fallait-il donner moins de corticoïdes ? Plus d’anticoagulants ? Fallait-il moins se précipiter sur les respirateurs artificiels ? Quatre mois après le début de cette pandémie, les questions restent nombreuses. « Pour le sida, il a fallu dix ans pour comprendre un peu mieux comment ce virus agissait… », note Hadrien Roze. Une seule chose est sûre : alors que l’attention était principalement tournée vers les poumons, ce virus a en réalité plus d’un tour dans son sac. Et les données qui s’accumulent aujourd’hui lui donnent un tout autre visage.
Entreprise et management
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Alors que la crise sanitaire met en lumière les besoins massifs et pressants des pouvoirs publics pour lutter contre le Covid-19, un nombre considérable d’entreprises ont sans hésiter mis leur outil de production à disposition des acteurs engagés en première ligne contre la pandémie.
Les industriels aux avant-postes
C’était l’une des premières marques de solidarité, et incontestablement l’une des plus emblématiques. Le 15 mars dernier, LVMH, le géant du luxe, annonçait que trois de ses usines ordinairement dédiées aux parfums et cosmétiques produiraient « le temps nécessaire » d’importantes quantités de gel hydroalcoolique pour faire face à la pénurie. ... Tereos, troisième producteur mondial de sucre et numéro 2 européen de la production d’éthanol, a dès le 18 mars, réorienté cinq de ses usines françaises ... Sanofi et le fonds d’investissement Tikehau Capital ... production de matériel sanitaire destiné aux personnes en première ligne dans la lutte contre l’épidémie.
Même engagement du côté des entreprises du textile. 490 000 masques alternatifs doivent bientôt sortir quotidiennement des usines françaises, grâce à une réorientation de la production d’entreprises aussi diverses que Le Slip Français (sous-vêtements) ou 1083 (jeans). Une ombre au tableau subsiste toutefois : seulement quatre entreprises françaises fabriquent des masques FFP2 et chirurgicaux, avec une capacité de production en augmentation mais ne pouvant répondre à la demande actuelle. ... respirateurs artificiels ... À l’occasion d’un déplacement le 31 mars à l’entreprise Kolmi-Hopen, spécialisée dans la fabrication de matériel médical et chirurgical, le président Macron a annoncé la mise en place d’un consortium de quatre entreprises qui fabriqueront 10 000 respirateurs d’ici mi-mai. Mené par Air Liquide, ce consortium regroupe Schneider Electric, Valéo et PSA Peugeot-Citroën, qui réorientent pour la bonne cause une partie de leur outil industriel.
La French Tech sous tension mais solidaire
... start-up nation ... les entreprises du numérique se mobilisent et assurent le support indispensable au désengorgement des services d’urgence.
La « licorne » Doctolib a ainsi mis en place la gratuité des téléconsultations, après qu’un décret du 10 mars a assoupli les conditions requises pour réaliser des actes de télémédecine. ... le gouvernement a annoncé des mesures fortes ... risque de faillites en série ... souveraineté numérique
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Alors que les initiatives de communication des entreprises font souvent l’objet d’accusation de « green washing » ou « social washing » selon l’enjeu, la situation actuelle montre que leur mobilisation s’inscrit en-dehors d’une campagne de relations publiques classique. ... dons de matériel de protection
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L’élan solidaire des entreprises françaises est tout à la fois rassurant et révélateur de perspectives inquiétantes. Avec près de la moitié de l’humanité confinée et des chaînes d’approvisionnement au bord de la rupture, la compétition internationale pour l’accès aux produits de lutte contre la pandémie rend la perspective de pénuries de moins en moins hypothétique.
La désindustrialisation progressive de la France, accompagnée d’un déclassement socio-économique des territoires, rend le pays dépendant d’une fourniture extérieure dans nombre de domaines essentiels. Après les tensions sur la production de masques, gel hydroalcoolique et ventilateurs, ce sont maintenant les médicaments qui pourraient faire défaut dans les semaines à venir. Le spectre d’une rupture d’approvisionnement alimentaire a pour l’instant été écarté.
Mais si inédite qu’elle puisse paraître, la crise sanitaire actuelle peut se reproduire, et il est impossible de raviver dans l’urgence une industrie et des compétences abandonnées.
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Les multiples actions concrètes de ces jours-ci montrent qu’elles ont répondu aux appels à la solidarité de manière exemplaire. Aux pouvoirs publics, maintenant, de penser l’après-crise. Et de traduire dans les faits, au bénéfice des entreprises françaises et de toute la société, la « souveraineté nationale et européenne » prônée par Emmanuel Macron.
Ndlr : le libéral reconnait la situation (besoin de planification même si le mot n'est pas prononcé, solidarité générée par la peur) même s'il élude les blouses et autres tenues sanitaire, mais pas un mot sur les causes : l'idéologie libérale n'aurait-elle aucune responsabilité dans cette situation ?! Tuer l'état en période de "beau temps", mais l'appeler au secours sous la tempête tout en reconnaissant que c'est trop tard ! déni et schizophrénie ?!
France Enquête
Les médicaments anesthésiques, qui permettent de placer sous respirateur artificiel les malades Covid-19, sont en tension en Île-de-France. Le corps médical tente de rationner leur utilisation. D’autres médicaments essentiels pour faire face à l’épidémie pourraient très vite venir à manquer.