Résumé
Le développement des pratiques sociales de médiation dans des secteurs aussi différents que la famille, la justice, l'école, les quartiers urbains... conduit à s'interroger sur le contexte idéologique et institutionnel dans lequel s'inscrit ce type d'innovations. Cette étude cherche à comprendre comment des référents culturels et des orientations religieuses des acteurs catholiques peuvent induire de nouvelles modalités d'action et des préférences politiques spécifiques. Deux voies sont inventoriées : la place du principe de subsidiarité et des corps intermédiaires dans la doctrine sociale de l'Église catholique, et l'exercice d'une fonction médiatrice au travers du ré-investissement de l'espace public par des acteurs religieux. Chacune de ces deux dimensions oriente vers une interprétation en termes d'utilité sociale des confessions religieuses et de prégnance de la matrice catholique en période de crise relative des modes de régulation des rapports sociaux par les institutions politiques et administratives.
Mots-clés : catholicisme, espace public, médiation, régulation sociale, subsidiarité
Plan
Subsidiarité et corps intermédiaires dans la doctrine sociale
de l'Église catholique
La fonction médiatrice du ré-investissement de l'espace public
par les acteurs religieux
Texte intégral
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J.-P. Bonafé-Schmitt ... Étienne Le Roy ... « Sans pouvoir décisionnel en tant que tel, sans mandat d'une instance supérieure au nom de laquelle il parlerait, le médiateur travaille sans armes, à mains nues. Son seul outil est cette capacité d'analyser exactement des situations et de découvrir, avec les “deux”, la brèche à travers laquelle une certaine solution est possible » (Jean-François Six, « Médiation et médiateurs », Études, juillet-août 1993, p. 50).
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Michel Creuzet en donne la définition suivante : « Les corps intermédiaires sont des groupes sociaux, des groupements humains situés entre l'individu isolé (ou la famille, cellule de base) et l'État. Ils sont constitués soit naturellement [par exemple, les corps professionnels (entreprise, métier, profession) ou locaux (commune, province)], soit par accord délibéré [lorsqu'ils résultent d'une entente entre les membres : société de pêche, compagnonnage, académie provinciale...] en vue d'atteindre une fin commune aux personnes qui les composent » (Les corps intermédiaires, Martigny, Édition des Cercles Saint-Joseph, 1964, p. 11).
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Yves Palau, « La médiation sociale, une construction idéologique », Études, décembre 1996, p. 717
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Yves Palau, « La médiation sociale, une construction idéologique », Études, décembre 1996, p. 614 ; 618.
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Évelyne Pisier, « Le besoin de médiation », L'Express, 7 avril 1989, p. 52-53, qui constate que « la démocratie représentative n'est jamais assez représentative et, donc, jamais assez démocratique », et qui plaide pour qu'une autre médiation entre gouvernés et gouvernants naisse de confrontations libérées des insuffisances de la politique.
... dynamique du volontariat et de la coopération, la médiation de quartier ... proximité ... rend la citoyenneté à l'individu ... renouer le dialogue entre les diverses communautés : « Dans ce processus, le médiateur n'intervient pas de l'extérieur ; au contraire, il s'implique personnellement, en tant qu'acteur social lui-même » (Danièle Hervieu-Léger, « The Past in the Present: Redefining Laïcité in Multicultural France », in Peter L. Berger, dir., The Limits of Social Conflict. Conflict and Mediation in Pluralist Societies, op. cit., p. 79). La mission à Bagdad, en septembre 2004, d'une délégation du Conseil français du culte musulman destinée à contribuer à la libération de deux journalistes français retenus en otages relève d'une logique analogue.
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La méthode inductive à partir de l’observation large d’un phénomène permet d’en isoler les traits saillants et donc de le définir. Appliquée à la médiation, la méthode inductive commande de dépasser la présentation par secteurs de l’activité sociale opérée dans la première partie. L’établissement d’une typologie des variétés de médiations combinée aux observations de la première partie sert de base à une définition de la médiation ainsi qu’à une hypothèse sur sa nature.
La théorie de la médiation doit beaucoup à l’ouvrage de J.-F. Six, Le Temps des médiateurs, qui préserve son ampleur et met en valeur toutes ses facettes : « Une définition générale de la médiation doit prendre en compte qu’il y a quatre sortes de médiation, les deux premières étant destinées à faire naître ou renaître un lien, les deux autres étant destinées à parer à un conflit. » (p. 164). Selon J.-F. Six, il y a la « médiation créatrice » qui a pour but de susciter entre des personnes ou des groupes des liens nouveaux ; la « médiation rénovatrice » qui réactive des liens distendus ; la « médiation préventive » pour éviter l’éclatement d’un conflit et la « médiation curative » pour aider les parties en conflit à en trouver la solution. Cette classification ne doit cependant pas masquer l’unité fondamentale de la médiation. Il s’agit d’une classification fonctionnelle et non pas ontologique…
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Ndlr : serait-ce résumé par "Avec un tiers, questionner la présence ou de l'absence de lien(s) entre deux ou plusieurs parties prenantes" ?