Ahmed BEN TAHAR GALAI, Prix Nobel et défenseur des droits de l’Homme.
Hervé CARRE, président du congrès, médiateur de la Ville d'Angers et du Conseil Départemental de Maine-et-Loire, président de l'Association des Médiateurs des Collectivités Territoriales (AMCT)
Transcription :
Hervé Carre : d'abord, je veux saluer votre présence à vous tous ici. Aujourd'hui, vous avez décidé de consacrer du temps à un événement qui nous tient à coeur qui va lui-même se consacrer à la médiation. Et je pense que c'est un moment important pour que nous puissions vous convaincre que nous sommes dans une actualité très prégnante, en fait. Nous vivons dans un monde tellement incertain, tellement habité par des conflits qui sont exigeants, qui sont rugueux. Et il est incontestable que les médiateurs sont vraiment des témoins sensibles de ces mouvements de la société, inspirés par l'incertitude de l'avenir, du présent. Et c'est sûr que comme témoins sensibles, ils ont aussi conscience des potentialités qui sont contenues dans les conflits. Et c'est de cela que nous souhaitons parler aujourd'hui avec vous, à la faveur de la présentation du congrès de toutes les médiations, qui se tiendra à Angers du 5 au 7 février 2020, un congrès international.
Mais d'abord, je voudrais vous présenter les personnes qui sont à mes côtés. Et en premier lieu, j'ai l'honneur de vous présenter Ahmed GALAÏ qui est un ami tunisien qui a eu un rôle très important, mais qui le précisera lui-même tout à l'heure, dans la transition démocratique qui a eu lieu en Tunisie il y a maintenant quelques années - on s'habitue d'ailleurs à cet état d'esprit qui règne en Tunisie et il y a été pour quelque chose, c'est à ce titre qu'il a été nommé dans le cadre d'un quartet prix nobel de la paix en 2015. À côté de lui, Carole Chatelin ??? qui est rédactrice en chef de la revue science et avenir. Et enfin, Didier Morfoisse qui est le président de l'association nationale des médiateurs. Je vais tout de suite passer la parole à Ahmed pour qu'il nous dise pourquoi il a souhaité être présent à cette conférence de presse. Il est arrivé de Tunis hier soir pour être avec vous et nous dire pourquoi pour lui, la médiation, ça compte.
Ahmed Gailai, prix Nobel de la Paix et membre de la Ligue des Droits de l'Homme de Tunisie : Bonjour (en arabe puis en français), [large sourire] donc je suis entre les miens, entre des amis. Je suis très ravi de me trouver avec mes camarades, mes collègues, parce que j'étais journaliste dans mes premiers temps - j'ai fait une école de journalisme en Tunisie - Ravi d'être ici aussi parce que le thème m'est très cher. Nous sommes avant tout [2mn50] des militants des droits de l'Homme et des médiateurs. Médiation entre citoyens et droits, médiation entre autorités publiques, collectivités locales, et l'égalité. Je vais dire que le langage lui-même est une tension comme disent les linguistes. [3:06] Alors que dire des relations internationales ? Vous savez que maintenant, le monde, c'est comme la légende d'Atlas - la terre sur la tête d'un taureau - Lorsque le taureau commence à avoir mal dans un coin, il va tourner la tête puis la terre bascule d'une corde à l'autre. C'est un peu ça notre monde actuellement. Quand j'étais enfant, j'ai pensé que la guerre est finie, que la 2ème guerre mondiale, comme je dis dans les écoles, [3:32] ça y est, c'est du passé... Maintenant, le monde construit la paix, l'égalité, les ponts, l'interculturalité. Mais malheureusement, on a vu partout et ailleurs beaucoup de guerres que ce soit dans le pays lui-même ou bien des guerres civiles, ou bien entre les pays eux-mêmes. [3:49] Voyez maintenant autour de vous malheureusement ya beaucoup de canons qui tonnent, d'enfants qui meurent, beaucoup d'hommes et de femmes qui sont expatriés, pas de leur gré, ya beaucoup de dénis de droit, beaucoup de méconnaissances de l'égalité malgré l'impressionnant arsenal de droits et de textes internationaux - le droit international, de droit [4:12] humanitaire international. Malgré cela, malgré cet outillage que l'homme a bâti, que l'être humain a bâti pour aplatir et aplanir la guerre, au contraire, les guerres sont encore là. C'est pour cela que les médiations sont très importantes.
On a encore de la chance d'avoir des gens qui pensent à la médiation [4:26] parce que tout est équilibre, en fait, parce qu'il y a le noir et le blanc, le mal et le méchant ???, ya le médiateur et l'autre. Je suis ravi d'être associé à ces préparations et cette conférence de presse. Ça sera avec moi une occasion d'en parler parce que les conflits - et c'est ça aussi la chance de ce congrès là, il repose sur une annecdote africaine qui est très intéressante qui dit que le conflit est pour la cohabitation ce que la sauce est pour le bon plat. C'est-à-dire que le conflit n'est pas nécessairement mauvais ou bien méchant, déconstructif ou bien constructif. Ça dépend de la manière dont on gère ce conflit là. Ya du conflit intéressant parce qu'il réaffermissent les lois, le droit, les relations de chacun, ils donnent de nouveaux rôles aux protagonistes lorsqu'on sait s'en servir, lorsqu'on sait gérer ce conflit là. Donc il faut toujours être là. Puis en fait, le conflit, il est partout. Il est pas seulement entre les pays, il est entre nous-mêmes. Nous avons aussi des conflits intra-personnels, intra-groupes, et des conflits interpersonnels, qui intéressent les besoins pratiques de la personne, des conflits qui émanent de leur intérêt, de leurs croyances. Donc cette panoplie de conflits appelle une panoplie de médiations. Et je crois que le congrès de février, ça sera aussi son rôle -s'est vous qui l'avez organisé avec une bonne équipe - c'est de donner un modèle, en fait. Un modèle heuristique, un modèle même théorique pour ces diversités de médiations. Est-ce qu'il y a une ou des médiations ? Je crois qu'il faudrait y penser. beaucoup d'autres l'ont fait avant, on continuera ensemble. C'est faire accumulation de la pensée humaine, c'est ça le savoir, une accumulation. Comment créer un modèle de pensées, une chaîne de pensées sur la médiation ? Que chacun dans la famille, l'école - creuset de l'éducation et aussi creuset de conflits - la famille, l'entreprise, les syndicats, les autorités. Donc cette diversité de conflits avec cette diversité de médiations appelle à une unité aussi de réflexions. Unité et diversité ne sont pas antinomiques, ne sont pas contradictoires. On peut penser ensemble à un modèle unique pour sortir des conflits que chacun, à l'entreprise, à l'école, aux Nations unies, à la Ligue arabe, à la ligue??? française aussi, peuvent avoir des idées innovantes pour créer un monde meilleur. Et Aldous Huxley a dit [en français et italien ?] "Un monde meilleur est possible". [Sourire] [Ndlr : citation non trouvée en ligne]
[07:22]
...
médiation ethno-clinique ... en rapport avec la souffrance ... a formé des interprêtes à la médiation ... on est dans une symétrie totale. Juste que le médiateur va extraire ... médiation entre pairs ...
Ndlr :
- le sous-titre de la conf est très MINORANT par rapport aux risques cataclysmiques auxquels notre génération est confrontée, en responsabilité pour les générations futures. En effet, la médiation, c'est d'abord et avant tout accueillir, écouter, et INFORMER : veiller à ce que la hiérarchie des informations qualifiées (par les scientifiques, experts, controverses documentées, etc) arrive jusqu'aux citoyens, c'est-à-dire assimilée par eux. Hervé Carre lui-même, dans son introduction insiste sur le "monde tellement incertain" !