Au sein de sa ferme, L’Escargotier, Yves Joignant cultive son bonheur
Dans le cadre préservé du Marais-Vernier, Yves Joignant vit son rêve d’un retour à la terre. Parti du Havre il y a cinq ans avec rien d’autre qu’une yourte, le jeune homme s’est découvert une âme de paysan. Fini la pose de planchers et les petits boulots. Aujourd’hui, il élève des escargots, produit son propre miel et développe ses cultures de champignons sur bûche.
Paysan plutôt qu’agriculteur
« Je me suis lancé dans l’héliciculture car les escargots nécessitent un investissement faible. Il faut simplement une cuisine aux normes. » Mais ce choix de vie, Yves Joignant ne l’a pas tenu très longtemps. « Au bout de trois-quatre ans, je me suis rendu compte que je ne voulais pas être agriculteur mais paysan. Je m’étais mis à mon compte avec une charge de travail énorme. Mon rêve premier avait été un peu effacé par cette installation agricole. »
30 000 à 40 000 escargots par an
Le trentenaire décide donc de réduire sa production et de ne faire plus que du bio. Disposant de 600 m² de parcs d’escargots, il fait une croix sur un parc et le remplace par un verger-poulailler. « Puis, j’ai supprimé un deuxième parc pour installer une yourte pédagogique. » Aujourd’hui, il ne produit plus que 30 000 à 40 000 escargots par an.
Permaculture
Derrière ces choix de vie planent la décroissance - « quel meilleur symbole pour la décroissance que l’escargot ? » -, la permaculture et d’autres concepts qui n’ont pas souvent voix au chapitre.
Avec des revenus en baisse, le nouveau paysan décide de revenir à l’essentiel, aux fondamentaux. Une chèvre, des poules, quelques lapins : de quoi subvenir aux besoins de son foyer composé de sa compagne et de leurs trois enfants. « Je fais beaucoup de militantisme », reconnaît Yves Joignant, qui se définit comme un « écologiste pur et dur » sans être un radical.
Devenu coprésident de l’Université populaire de permaculture, il dirige des stages pour enseigner cette autre agriculture. « Les trois principes éthiques de la permaculture sont le soin à la terre, le soin aux hommes et le partage équitable. Mais je fais partie de ceux qui estiment que ce n’est pas suffisant. Il faut créer l’abondance. » Objectif de la permaculture : « Rendre les gens autonomes. »
Des champignons sur BÛCHES
C’est en cherchant à cultiver le bon sens qu’Yves Joignant s’est lancé récemment dans les champignons sur bûche. L’idée a mûri au cœur d’une forêt. Plutôt que d’abattre les arbres et de transporter les grumes à l’extérieur du terrain, il décide, avec des amis, de transformer le bois sur place en ne s’autorisant pour seul outil moderne qu’une tronçonneuse.
Rien ne se perd, tout se réutilise : en voyant les bûches à terre, Yves Joignant imagine les utiliser pour cultiver des champignons : « On incorpore le champignon que l’on veut manger et celui-ci va coloniser la bûche. » L’ensemble s’intègre parfaitement au jardin : « Les champignons vivent en symbiose avec les plantes et favorisent leur croissance. En échange, les plantes font de la photosynthèse nécessaire aux champignons qui ont besoin de sucre et de nutriments. »
STUDIO D : un lieu de formations
Ces bûches à champignons, tout comme les escargots, le miel, les confitures ou des plantes sauvages, sont vendues à la boutique de l’association Studio D, créée en même temps que sa ferme. Le lieu accueille également des formations diverses comme des stages de cuisine, de poterie, de charpente, de vannerie ou de tour à bois. Le tout toujours dans un esprit de retour à la nature.
Yves Joignant participe, à son échelle, à transformer nos modes de vie. « On peut modifier les villes, créer des systèmes, affirme-t-il, convaincu. Je suis un utopiste mais ce sont les utopistes qui changent le monde. »
Infos pratiques Courriel : yvesjoignant@hotmail.com
Studio D, 622, chemin des Courtils à Bouquelon. Tél. 02 32 56 87 57. Internet : www.studio-d27.com
Chronique
Si notre chroniqueuse se réjouit de la victoire des écologistes aux municipales, elle considère qu’on ne peut pas parler de « vague verte », notamment du fait de l’abstention record. La bataille culturelle est loin d’être acquise.
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cela ne dit rien de définitif sur une victoire de l’écologie dans l’opinion. Il suffit de regarder les chiffres de l’abstention pour écarter l’idée de massification. Soit le sentiment d’urgence écologique et sociale ne se répand pas si largement — ce qui reste édifiant au regard des enjeux —, soit la désaffection pour les politiques se répand plus rapidement. Au croisement des deux, il y a la mobilisation d’un électorat restreint qui fait gagner des projets nouveaux. Cela ne veut pas dire qu’il y a une demande majoritaire d’écologie radicale, ni que les habitant-es et les acteurs économiques vont accepter demain sans broncher de municipaliser l’eau, d’accueillir dignement les migrants, de réduire la place de la voiture en ville, de renoncer aux grands stades ou aux partenariats publics-privés, de baisser significativement la consommation de ressources et la matière produite, de développer la sobriété dans tous ses aspects ni qu’on échappera à des phénomènes de gentrification.
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L’écologie est de plus en plus attendue, non à droite sur son réalisme économique, mais à gauche, sur son anticapitalisme et sa radicalité. Elle est devenue clivante. Partout, que cela ait été impulsé ou non par les listes concernées, on a assisté à des levées de boucliers d’intérêts économiques et particuliers, à Toulouse ou Lyon comme sur certains plateaux télé. Ça avait commencé avec Greta Thunberg, ça se poursuit avec certaines propositions de la Convention citoyenne pour le climat : la violence des attaques oblige chacun à se positionner et révèle des projets politiques opposés, qui touchent de plus en plus aux grands projets d’infrastructure et à l’économie, bien au-delà de la vision consensuelle d’une écologie bio–vélo. On rentre dans le dur.
L’accélération et la dégradation brutale de la précarité, du climat, des pollutions et de la biodiversité
Cette bataille culturelle, nous en avons été les artisans par la réflexion intellectuelle qui s’est ouverte sur le lien indissociable entre justice sociale et urgence écologique, sur l’Anthropocène et notre rapport aux écosystèmes, par sa traduction politique, qu’elle soit institutionnelle ou en marge du système, dans des éléments de programme sur la fiscalité ou les traités de libre-échange, dans des manières différentes d’être terrestres, de vivre et d’habiter un lieu, par des actions de terrain, de l’entraide et de la désobéissance, par des opérations coups de poing destinées à ouvrir notre fenêtre d’Overton [1]. En bref, de manière générale par le trépied de la transformation sociale : un réseau de résistances, la construction d’alternatives et de l’éducation populaire.
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Au-delà des analyses électorales et sociologiques, c’est probablement l’élément nouveau le plus décisif car c’est celui qui affecte nos vies et notre avenir bien plus sûrement que tous les scrutins passés et à venir.
Pour ces nouvelles équipes municipales, c’est maintenant que les difficultés commencent
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considérer le réel avec lucidité et vertébration politique certes, mais sans fausse polémique ... parce qu’il y a — au mieux — urgence, je crois qu’on ne peut pas faire la fine bouche sur tout ce qui peut permettre de préserver ne serait-ce que quelques grammes de vivant et de justice sociale ... Il est très dur de gérer une ville de manière réellement écolo et sociale, même avec les meilleures volontés, quand on est englué dans un système capitaliste et productiviste. Les mairies ne sont pas des baguettes magiques et ne disposent pas de tous les leviers, en particulier fiscaux ou législatifs. Il ne faut pas donc y placer trop d’espoirs qui seraient fatalement déçus ... le Capitalocène ou la résilience ... débitumisation
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que ce soit des élu-e-s citoyennes, Europe Écologie Les Verts, France insoumise ou je ne sais quoi, rien ne se passera de significatif sans mobilisation et réflexion du dehors, c’est-à-dire de nous. Une pression à la fois radicale car dégagée des tensions du pouvoir représentatif et amène, car l’objectif n’est pas d’affaiblir ni de braquer mais bien de pousser de potentiels alliés. Tout l’enjeu, selon moi, est désormais là. Et nous ne renoncerons à rien.
[1] Cette notion théorise un espace fluctuant, sous la forme d’une fenêtre dans laquelle se situe ce qui est politiquement acceptable par le public. Cela peut prendre la forme de ballons d’essai volontairement provocateurs pour voir comment l’opinion réagit ou de légitimisation de formes d’actions considérées comme violentes ou encore de rendre des choses jusqu’ici tacitement admises inacceptables.
[2] L’irénisme est l’attitude qui consiste à minimiser les désaccords et conflits pour parvenir à la concorde à tout prix.
Ndlr :
- espace d'Overton ~acceptabilité sociale ? ACT
- irénisme : acheter la "paix sociale" ? ACT
57 minutes
Jeremy Rifkin assure qu'en 2028, la civilisation fossile va disparaître. Pour sauver l'espèce humaine de l'extinction il faut transformer radicalement notre économie et faire une troisième révolution industrielle.
L'invité du jour : Jeremy Rifkin, spécialiste de la prospective
Après avoir théorisé la troisième révolution industrielle, il développe son grand projet de New Deal vert mondial. Il s’agit d’un véritable plan de transformation de la société pour faire face au changement climatique en construisant un monde post-énergies fossiles.
Sciences
La troisième révolution industrielle, verte et numérique selon Jeremy Rifkin
Jeremy Rifkin, qui travaille main dans la main avec les gouvernements pour promouvoir cette nouvelle donne verte - aux États-Unis, en Europe ou en Chine - propose un véritable mode d’emploi. Un manuel de transition globale qui permettrait de produire 100 % de l’électricité à partir de sources propres et renouvelables ; d’améliorer et d’augmenter l’efficacité du réseau énergétique, du réseau des transports ou du secteur du bâtiment ; d’investir dans la recherche et le développement de technologies vertes ou de proposer de nouveaux emplois nés de cette nouvelle économie.
Ouvrage : Le New Deal Vert Mondial: Pourquoi la civilisation fossile va s'effondrer, éditions Les liens qui les libèrent
Transcription : ... on peut de plus en plus se passer des terres rares pour les enr (éoliennes, solaire, voiture électrique, etc) ACT
Autres points de vue/controverse :
- https://twitter.com/MaximCombes/status/1184804856890118144
"Maxime Combes @MaximCombes · 15h Faire des marchés "les alliés de la transition énergétique" comme #JeremyRifkin constitue à la fois une erreur d'analyse grave et une impasse stratégique majeure.
Quand 1$ est investi dans les "énergies vertes", 3$ le sont dans les énergies fossiles Inchangé depuis 2015 @LaTacfi"
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Comment mener la bataille du climat ? La non-violence est-elle la meilleure méthode ? Quand tout va basculer, parviendra-t-on à orienter les choses vers la solidarité plutôt que vers les barbelés ? Ce sont les questions que pose Jon Palais, militant d’Alternatiba et d’ANV COP 21. Un entretien tourné vers l’action.
• Reporterre poursuit une grande série d’entretiens de fond avec celles et ceux qui renouvellent la pensée écologique aujourd’hui. Parcours, analyse, action : comment voient-elles et comment voient-ils le monde d’aujourd’hui ? Aujourd’hui, Jon Palais, animateur d’ANV 21.
Recherche-action et écriture réflexive : la pratique innovante des espaces comme levier de transformation sociale (Cahiers de l’action n°51, injep, 2018)
Présentation
Les contributeurs de ce Cahier de l’action, responsables associatifs ou de collectifs, dont certains sont animateurs de réseaux régionaux, développent des expériences sur le territoire métropolitain dont le point commun est une pratique des « tiers-espaces » : espaces de réalisation collective, lieux en retrait ou délaissés, comme les friches et les squats, en dehors des grands pôles d’attractivité régionaux. Ce numéro vise à valoriser les savoirs issus de l’expérimentation sociale auprès de minorités actives et des groupes les plus marginalisés de la population. Il s’organise autour de trois problématiques : leur rapport au travail, leur rapport au territoire et leur rapport à l’organisation de l’espace.
Un des éléments structurants de ces contributions est une démarche de recherche-action qui s’appuie sur une écriture collective et réflexive dépassant la fonction habituelle de s’exprimer, de témoigner, de transmettre ou de laisser une trace. Les auteurs de ces articles se sont aussi construits en tant qu’acteurs- chercheurs susceptibles d’élaborer leurs propres référentiels d’analyse et dispositifs d’action : savoirs généralisables issus de l’expérimentation, validation d’expertise et d’acquis d’expérience, auto-analyse des pratiques et analyse critique des rapports sociaux… Ils ont provoqué ainsi des relations inédites qui sont une autre manière de nommer une intelligence collective que ce cahier souhaite valoriser et partager.
Sommaire
Avant-propos
Emmanuel Porte
Page 5 à 5 Avant-propos
Introduction
Hugues Bazin
Page 7 à 17 Récit d’une recherche-action en situation
I. Un autre rapport au travail qui nous travaille
Anne Meyer
Page 19 à 27 Éducation populaire et action syndicale : un espace expérimental pour se reconnaître, apprendre les uns des autres en faisant un pas de côté
Anton Quenet-Renaud
Page 29 à 35 L’Atelier : beaucoup avec pas grand-chose
Premières lignes Version HTML Version PDF
Nicolas Guerrier
Page 37 à 45 Dénouer le travail. L’expérience du Cycle travail comme recherche et autoformation collective
Jeanne Guien, Maëlle Cappello, Hugues Bazin
Page 47 à 53 Recherche-action avec les récupérateurs-vendeurs de rue
Laurent Ott
Page 55 à 66 Pédagogie sociale et appropriation du territoire
II. Un autre rapport au travail qui transforme
Christine Balaï
Page 67 à 78 De l’imaginaire au réel, lien entre tiers-espaces, collectifs et territoire
Arthur Bel
Page 79 à 86 Les squats, une alter-urbanité riche et menacée
Julien Bellanger
Page 87 à 95 Lieux numériques : entre pratiques populaires et réappropriation des technologies ?
Victoria Zorraquin
Page 97 à 103 Du bidonville au « lieu de vie » : la redéfinition de l’espace du bidonville à travers les arts politiques et la pédagogie sociale
Éric Sapin
Page 105 à 112 Un centre socioculturel embarqué sur une péniche « pour la paix » ou les singularités de l’espace fluvial
III. Un autre rapport à l’organisation de l’espace qui émancipe
Camille Arnodin
Page 113 à 121 Debout éducation populaire : la circulation de la parole et le partage des savoirs dans l’espace public
Élisabeth Sénégas, Marie-Françoise Gondol
Page 123 à 130 La Chimère citoyenne, espace ouvert à tous, qui ne propose rien et où tout est possible
Christophe Giroguy, Le collectif des utopien·ne·s du quartier de l’Ariane à Nice
Page 131 à 141 Des tiers-espaces d’émancipation par l’action
Lakdar Kherfi, Propos recueillis par Hugues Bazin
Page 143 à 147 « La nuit nous appartient » : médiation nomade dans les quartiers populaires
Simon Cobigo
Page 149 à 156 La méthode Système Bulle
Conclusions
Hugues Bazin
Page 157 à 162 Les enjeux d’une science citoyenne au cœur de la société
Page 163 à 169 Retours sur l’expérience d’écriture collective
Ressources
Page 170 à 171 Ressources
Page 172 à 173 Répertoire des sigles