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La loi mobilités arrive demain dans sa dernière ligne droite au Parlement. Permettra-t-elle de sortir de la dépendance à la voiture individuelle ? Réponse en cinq points.
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La réforme rate sa cible
... nous voulons polluer moins, mais nous voulons permettre de bouger plus car la mobilité a été érigée au rang de valeur absolue », constate Yves Crozet. Les trajets les moins polluants sont ceux que l’on ne fait pas. Mais la loi ne dit pas grand-chose sur la façon d’éviter l’usage de l’automobile, notamment en matière d’urbanisme et d’aménagement du territoire. Dommage, car le potentiel est immense : 60 % de nos déplacements font moins de 5 km et, parmi eux, 45 % sont parcourus en voiture. De même, « le potentiel du télétravail n’est pas évoqué dans la loi, alors que nous avons montré qu’il permet de réduire l’empreinte environnementale », souligne Jérémie Almosni, spécialiste des transports à l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie). ... accepter d’augmenter le coût des transports en général, et tout particulièrement le fait d’être seul dans sa voiture », lâche Yves Crozet. « On trouve normal de payer une redevance pour avoir de l’eau potable au robinet, ou pour que nos déchets soient ramassés. Mais personne n’accepte d’appliquer ce principe usager-payeur pour l’utilisation de la route et des transports », constate l’économiste.
Cette contradiction n’est pas uniquement française. L’un des mantras de la Commission européenne consiste à développer fortement la mobilité. Voilà pourquoi elle impose depuis des années l’ouverture des transports à la concurrence, de façon à faire baisser les prix. En évitant le sujet sensible de la nécessaire décroissance – ou au moins de la stabilisation – de nos déplacements, la LOM passe à côté de l’essentiel.