Analyse de l’Association négaWatt, sur la base des travaux du GIEC
La France fête cette semaine le cinquième anniversaire des Objectifs de développement durable (ODD) instaurés par les Nations Unies. Alors que le gouvernement intensifie depuis plusieurs mois ses efforts à Bruxelles pour que le nucléaire soit reconnu comme une « énergie durable », il est légitime de se poser la question de la soutenabilité de cette source d’énergie, et plus largement de l’ensemble des options possibles.
Sur ces sujets, en dépassant certaines interprétations hâtives, l’analyse détaillée du Rapport spécial sur les conséquences d’un réchauffement planétaire de 1,5 °C publié par le GIEC en 2018 apporte de nouveaux enseignements que l’Association négaWatt présente dans cette note d’analyse.
Résumé de la note
De multiples leviers existent pour réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES). Pour le CO2 (qui représente environ deux-tiers des émissions), les principales actions envisageables sont : la réduction de la consommation d’énergie, le déploiement des énergies renouvelables - électriques ou issues de la biomasse -, et l’utilisation d’autres moyens décarbonés comme le nucléaire ou la capture et séquestration de carbone associées à la combustion d’énergies fossiles.
Ces différentes options ne présentent pas toutes le même niveau de soutenabilité au regard de l’ensemble des 17 objectifs de développement durable (ODD) - parmi lesquels figure la lutte contre le changement climatique, la protection de l’environnement, l’éradication de la faim et de la pauvreté, la protection de l’environnement, etc. - adoptés par l’ONU en octobre 2015, quelques semaines avant l’Accord de Paris. C’est ce qui ressort d’une évaluation de 23 actions de réduction des émissions de GES menée par le GIEC dans son Rapport spécial sur les conséquences d’un réchauffement planétaire de 1,5°C :
- arrivent en tête les actions visant à réduire la demande d’énergie (sobriété et efficacité énergétique), à remplacer des énergies fossiles par des énergies renouvelables électriques ou encore à améliorer la gestion du bétail et du fumier ;
- viennent ensuite celles visant à renforcer l’usage de la biomasse, avec toutefois une très forte sensibilité aux conditions de mise en œuvre (environnement local, choix des espèces, modes de culture, usages, etc.) ;
- viennent en dernier celles recourant à la capture et séquestration du carbone (CSC), à la géo-ingénierie océanique et au nucléaire - cette dernière option étant même la moins bien notée parmi les 23.
...
Si le nucléaire apparaît ici comme étant le levier de décarbonation le moins soutenable, il reste tout de même présent dans les quatre trajectoires proposées par le GIEC dans le résumé pour décideurs du Rapport spécial sur les conséquences d’un réchauffement planétaire de 1,5°C https://www.ipcc.ch/site/assets/uploads/sites/2/2019/09/IPCC-Special-Report-1.5-SPM_fr.pdf.
...
Si les quatre trajectoires principales proposées par le GIEC comportent toutes une part de nucléaire, d’autres options existent et permettraient de rester en-dessous des 1,5°C sans utiliser ni cette technologie ni la capture-séquestration de carbone. Comment ? En combinant à la fois une réduction de la consommation et un recours ambitieux aux énergies renouvelables (électriques et bioénergies). Le recours même modeste au nucléaire ou à la capture et séquestration du carbone - options clairement identifiées par le GIEC comme étant les moins soutenables - n’est donc pas indispensable pour atteindre l’objectif 1,5°C.
Document(s) téléchargés note nW, Communiqué de presse (pdf)
Le gouvernement s’entête dans la défense du nucléaire en arguant notamment que les énergies renouvelables sont intermittentes et insuffisantes, explique l’auteur de cette tribune. Pourtant, des possibilités efficaces de stockage de ces dernières existent.
Olivier Daniélo est rédacteur énergie. Il a fondé l’antenne française du think tank Desertec (Club de Rome) qu’il a ensuite quitté : vouloir importer de l’électricité solaire africaine pour répondre aux besoins énergétiques des gloutons européens lui posait un problème d’ordre éthique.
...
Des dogmes nucléocratiques obsolètes
Non seulement la vision macronienne est productiviste, et donc par essence anti-écologique, mais en plus elle repose sur des dogmes nucléocratiques obsolètes. Macron a en effet déclaré le 27 novembre 2018 qu’il était « faux de dire que le nucléaire pourrait être remplacé par les énergies renouvelables, ces dernières étant intermittentes ». Son Premier ministre, Édouard Philippe, ancien lobbyiste d’Areva, en a ajouté une couche le lendemain en affirmant que « tant qu’on ne sait pas stocker l’électricité, on a besoin d’un mix équilibré. On a besoin du nucléaire et des énergies renouvelables ».
Donc, pour Macron et Philippe les 200 GW de Step (stations de transfert d’énergie par pompage) qui fonctionnent dans le monde (dont 5 GW en France) n’existent pas. On peut pourtant les faire fonctionner avec de l’eau de mer, comme l’a si bien expliqué l’association Hydrocoop. La batterie Tesla géante que le groupe français Neoen a installée en Australie pour assister un parc éolien ? Elle non plus n’existe pas. L’île Tesla qui fonctionne au solaire + stockage batterie dans les Samoa étasuniennes ? Idem. Tout comme le système batterie + hydrogène qu’installe le groupe français HdF (Hydrogène de France) en Guyane pour délivrer de l’électricité solaire 24 heures sur 24 et toute l’année. Et puis les études réalisées par le cabinet d’étude Artelys grâce à des outils informatiques sophistiqués et qui démontrent par A + B que les énergies renouvelables peuvent remplacer des réacteurs nucléaires en France sont ignorées. Artelys a pourtant été fondé par des anciens d’EDF. Étrange. Le gouvernement espagnol, qui annonce 70 % d’électricité renouvelable dès 2030 ? Une farce. 95 % de l’électricité en Uruguay est renouvelable ? De la science-fiction. Le PDG du groupe Neoen qui annonce que la France peut passer à 30 % de solaire + éolien en cinq ans, et donc à 50 % de renouvelables en intégrant l’hydroélectricité déjà en place et les autres énergies renouvelables ? Du pipeau. L’atome, il n’y a que ça de vrai. Et comme il est plus facile de briser un atome qu’un préjugé, et bien nous ne sommes pas sortis de l’auberge. Ou plutôt de la piscine à déchets radioactifs.
Soutenue par les gouvernements successifs, la sortie du nucléaire est engagée en Allemagne depuis le début des années 2000, et doit se conclure en 2022, date prévue de l’arrêt de la dernière centrale. La fermeture de ces centrales nucléaires entraîne-t-elle une hausse des émissions de CO2 du secteur électrique allemand en favorisant un retour au charbon ?
En quelques mots
Depuis 35 ans, les émissions de CO2 du secteur électrique allemand sont globalement en diminution. Ces 10 dernières années, elles ont baissé de 20 % alors même que la production nucléaire allemande a chuté de 55 % depuis 2006 et que les exportations d’électricité ont considérablement augmenté.
La hausse de l’utilisation du charbon constatée entre 2009 et 2013 en Allemagne est souvent associée – à tort – à la diminution de la production nucléaire. Ce recours au charbon est en réalité venu compenser une baisse de l’approvisionnement en gaz naturel fossile, devenu moins compétitif sur cette période.
La stabilisation de la consommation d’électricité allemande depuis plus de 10 ans ainsi que l’essor des énergies renouvelables électriques – éolien et photovoltaïque en tête – contribuent favorablement à la transition énergétique de l’Allemagne ainsi qu’à la réduction de ses émissions de gaz à effet de serre.
Les efforts doivent désormais être poursuivis et amplifiés, aussi bien dans l’installation d’énergies renouvelables que dans la sobriété et l’efficacité énergétique, pour que l’Allemagne puisse rester sur la trajectoire ambitieuse de réduction de ses émissions qu’elle s’est fixée.
Clés: Allemagne energiewende nucléaire charbon CO₂
Qui sommes-nous ?
La rédaction de LME est composée de journalistes et rédacteurs qui s’intéressent de près aux enjeux énergétiques du moment.
Directeur de la publication : Olivier Durin
Partenariats
Agence France-Presse
—
Filiale du groupe EFFY, QuelleEnergie.fr première plateforme d’intermédiation entre professionnels rénovation énergétique & particuliers souhaitant réaliser des travaux d’économies d’énergie (isolation, chauffage performant, pompes à chaleur, photovoltaïque…)
—
“The Spark! Contest” / étudiants et jeunes diplômés ayant étudié en Royaume-Uni ou en France, le concours Spark ! permet aux participants de développer leurs compétences et leurs réseaux, pour faire progresser leurs carrières, en travaillant avec des industries du secteur « clean energy » Franco-Britannique et avec les gouvernements des deux pays.
—
Plateforme Think Smartgrids développer la filière Réseaux Électriques Intelligents (REI) en France & la promouvoir en Europe comme à l’international.
—
Energies de la mer portail dédié à la filière des énergies marines et à l’éolien offshore, aux infrastructures…
—
Blog de la start-up In Sun We Trust actualité internationale de l’énergie solaire dont panneaux solaires
—
Clarifier, proposer et dialoguer sur les problématiques liées à l’utilisation rationnelle des énergies dans le bâtiment résidentiel et le tertiaire.
Site Fournisseur-Energie.com spécialiste reconnu de l’électricité et du gaz.
—
Blog d’Eric Morel. Fondateur de Mach@Team, conseille les dirigeants du marché de l’énergie sur la transition énergétique et la convergence de l’énergie et du numérique.
—
Énergie, choix, futur
Blog de Pierre Papon. Spécialiste de physique thermique, professeur honoraire à l’École supérieure de physique et de chimie industrielles et conseiller scientifique de futuribles international, Pierre Papon a été directeur général du CNRS et Pdg de l’IFREMER.
—
Partenariats avec des salons :
Les Lighting Days regroupement de 3 événements internationaux leader en Europe dédiés aux technologies LED, à l’éclairage intérieur & extérieur Lyon
Email : contact@lighting-days.com – Site web : www.lighting-days.com
Onlylight salon de l’éclairage et de tous les usages de la lumière Lyon-Eurexpo
ndlr : on notera qu'il n'y a pas de partenaires du nucléaire, par exemple; La présentation du site est plus que sommaire. Tromperie ? ACT
En mars 2016, lors d’une opération de remplacement, un générateur de vapeur de 465 tonnes chute en plein cœur de la centrale nucléaire de Paluel, en Normandie. Un accident grave et inédit, qui par miracle ne cause ni blessé grave ni contamination radioactive. Depuis, des experts ont enquêté sur les causes de l’accident. Consulté par Bastamag, leur rapport, dont les conclusions seront résumées aux salariés ce 1er décembre, révèle des dysfonctionnements majeurs dans la préparation et la surveillance du chantier, en grande partie liés au recours massif à la sous-traitance. Des failles inquiétantes, alors que les chantiers de rénovation des centrales vont se multiplier.
Tags
Conditions de travail
Lanceurs d’alerte
Nucléaire
Production d’électricité par filière
Le mix énergétique de l’électricité française est publié en temps réel grâce aux données issues de télémesures et d’estimations, ainsi que sous forme d’historiques. Sur cet écran sont présentées les filières de production nucléaire, gaz, charbon, fioul, hydraulique, éolien, solaire et Bioénergies. Ces informations sont complétées par deux rubriques : le pompage hydraulique et le solde imports / exports avec l’étranger. Possibilité d'afficher les données sur une ou plusieurs journées (jusqu'à 8 semaines).
i/1x le 12/12/16
essai de modif pour voir si ça change la date
résultat : NON ! ++