La plate-forme HelloAsso a le vent en poupe, et touche de plus en plus d’associations. Elle se présente comme pouvant simplifier l’organisation de vos conférences – festivals – boutiques – voyages – soirées – cours – compétitions – tournois – ateliers – stages – cotisations – courses – financements – projets… au travers d’outils tels que la gestion des dons, la mise en place de crowdfunding, la gestion des adhésions ou la billetterie.
L’équipe de HelloAsso c’est actuellement 65 salarié⋅es : des directeurs⋅trices, des chargé·es d’accompagnement, de communication, de développement, une équipe de développeurs·ses… Elle connaît une expansion très forte : en un an, le nombre de salarié⋅es a doublé. 100 000 associations seraient inscrites sur la plate-forme, et fin 2019, ce sont 210 millions d’euros qui ont été collectés pour les associations !
L’usage du numérique et des données
Disons-le d’emblée : les services proposés sont sympas, HelloAsso est experte dans le paiement en ligne. C’est beau, c’est moderne, modulable, ergonomique, facile à intégrer, à utiliser…
Mais… les logiciels développés par HelloAsso sont privateurs. À l’inverse des logiciels libres, nous n’avons pas connaissance de ce qu’ils font ni comment. Nous ne pouvons pas non plus les installer ni les exécuter sur notre ordinateur, ou mettre en place un HelloAsso bis, que l’on administrerait. La notion de logiciel est d’ailleurs rendue archaïque, puisque l’utilisateur·trice n’a plus à s’en soucier : désormais, tout passe par des services en ligne, dans le « cloud » [1]. Nous voilà donc privé⋅es de toute liberté sur ces services et logiciels, seuls leurs propriétaires (les dirigeants de HelloAsso, donc) en ont le contrôle. Par ailleurs, HelloAsso choisit d’héberger ses applicatifs chez Microsoft.
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La récupération des émotions
Il convient de s’interroger sur le modèle de « pourboires » – rebaptisé « contributions volontaires » depuis – appliqués aux paiements, et sur lequel repose HelloAsso.
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Statuts, vertu et perspectives
HelloAsso, contrairement à ce que présupposent la plupart des associations utilisatrices, n’est elle-même pas une association. C’est une société par actions simplifiée (SAS), détenue jusque-là pour l’essentiel par une personne.
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L’influence de l’entreprise sur le monde associatif serait alors indéniable, en le modelant au travers de leur activité déployée. Des plateformes comme BlaBlaCar, détenue par la société Comuto, ont par exemple mené avec succès une stratégie d’enfermement commercial d’un service qui se présentait comme communautaire, en le rendant payant après quelques années.
En guise de conclusion…
... un regard critique sur la réalité du système HelloAsso ... des outils numériques utilisés par les associations souvent considérés et présentés comme neutres et sans enjeux. Or, cette fausse neutralité recouvre à la fois de réelles considérations marchandes, et de forts enjeux en matière de sécurité et de confidentialité.
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nous appelons le monde associatif à définir lui-même ses besoins, et à s’auto-organiser, le cas échéant, pour se doter d’un éco-système numérique de confiance, contrôlé et maîtrisé par les associations elles-mêmes.
Enfin, nous appelons le monde associatif à se questionner sur ce recours aveugle aux outils numériques : n’est-il plus possible de s’associer sans avoir recours à ces géants de la technologie ? Ne pouvons-nous pas simplement se voir, échanger, tisser du lien social ? C’est moins « rapide » et plus « exigeant », mais, à minima, cela renforce le projet associatif.
- Texte au format PDF* (PDF - 191.7 ko) http://www.cliss21.com/site/IMG/pdf/aubonheurdesassociations_150dpi.pdf
Vidéo "Une commission neutre et indépendante"
Voir notamment :
- Les objectifs et principes du débat "Permettre la participation de tous au processus d’élaboration ... permettre à chacun d’avoir accès à une information complète afin de pouvoir participer au débat et formuler ainsi un avis éclairé ..." https://eolmernormandie.debatpublic.fr/debat/les-objectifs-et-principes-du-debat
- La bibliothèque du débat https://eolmernormandie.debatpublic.fr/les-ressources/bibliotheque-debat
Ndlr : les promesses (participation de tous, neutralité, information complète, etc) sont-elles tenables, pertinentes ? ACT
Le cas de classes virtuelles synchrones dans un dispositif de formation en ligne
-> https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02182525/document
Cette recherche, menée auprès de formateurs d’étudiants de L3 et M1 de Sciences de l’Éducation du dispositif de formation en ligne FORSE, étudie les effets de la médiation produits par les usages des classes virtuelles synchrones. Une analyse de la littérature du concept de médiation ainsi que celle des usages d’instruments numériques par les enseignants de dispositifs en ligne nous a conduit à construire notre questionnement autour de quatre axes principaux. Ils sont liés aux effets des classes virtuelles synchrones sur la médiation humaine, à l’impact sémiotique de ces logiciels sur les pratiques pédagogiques des enseignants, ainsi que de la médiation sur la scénarisation liée à la diffusion des supports numériques et enfin aux interactions entre les formateurs et leurs apprenants. Les résultats de cette recherche montrent, comme c’est généralement le cas dans les travaux portant sur les technologies numériques en éducation, que l’usage d’un tel instrument n’est jamais neutre et confirment qu’il est à l’origine d’effets sur la relation pédagogique entre le formateur et ses apprenants.
...
mon boulot est un boulot de médiation, c’est-à-dire de faire le lien entre ce que je leur demande et les contenus, pour essayer de les emmener, de les prendre un peu par la main, vers du lien entre les attentes et la tâche. Et puis, ça me permet aussi d’expliciter les critères d’évaluation, et puis toutes les formes du travail final qui sera demandé. »
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la médiation numérique via la classe virtuelle impose pour l’enseignant de repenser la mise à disposition de ses supports de cours.
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6.4 Une médiation numérique qui impose une gestion complexe des interactions par l’enseignant
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AUTEUR HERVÉ DAGUET Laboratoire CIVIIC, Département des Sciences de l’Éducation - Université de Rouen, U.F.R. Sciences de l’Homme et de la Société - herve.daguet@univ-rouen.fr
Le 15 octobre, le Défenseur des droits, Jacques Toubon, était à Angers afin d’échanger avec ses délégués bénévoles sur l’accès aux droits des habitants de la région.
échanger sur la participation du Défenseur des droits au dispositif expérimental de la médiation préalable obligatoire (MPO). En effet, depuis février 2018, les délégués du Défenseur des droits présents dans six départements (Loire Atlantique, Maine-et-Loire, Isère, Haute Garonne, Bas-Rhin et Meurthe-et-Moselle) assurent une médiation obligatoire avant la saisine du juge administratif, pour certaines décisions relatives aux droits sociaux : RSA, APL et prime exceptionnelle de fin d’année.
En dépit de son caractère obligatoire, cette médiation gratuite dévolue à un tiers neutre, impartial et indépendant, qu’est le Défenseur des droits, intervient après les recours administratifs et offre ainsi à un public précaire, pour lequel l’accès au juge est souvent difficile, un véritable espace de dialogue propice à l’accès aux droits.
Lors de cette journée à Angers, le Défenseur des droits a également abordé le recul des services publics, une problématique qu’il dénonce fréquemment. En effet, en 2018, près de 90 % des réclamations adressées aux 501 délégués du Défenseur des droits soulevaient une difficulté dans la relation des usagers avec les services publics. Il y a quelques mois, l’institution avait d’ailleurs publié un rapport sur la dématérialisation et les inégalités d'accès aux services publics https://www.defenseurdesdroits.fr/fr/rapports/2019/01/dematerialisation-et-inegalites-dacces-aux-services-publics.
Après l’Auvergne-Rhône-Alpes sur le thème des droits de l’enfant, la Normandie sur le handicap, la Corse sur l’accès aux soins, les Hauts-de-France sur la dématérialisation et la Provence-Alpes-Côte-d’Azur sur les femmes en rupture de droits, le Défenseur des droits poursuit son tour des 13 régions dans les Pays-de-la-Loire.
Ces visites permettent avant tout de souligner le travail des 22 délégués qui reçoivent gratuitement les habitants de la région qui peinent à accéder à leurs droits.
Un délégué près de chez vous / l’annuaire https://www.defenseurdesdroits.fr/fr/saisir/delegues.
Mots clés : Pays de la Loire, Médiation, dématérialisation, Services publics, MPO, préalable, obligatoire
Neutralité au pluriel nous invite à une réflexion constructive sur les pratiques, les concepts, les règles et les codes de la médiation. Une douzaine de membres du COllectif de REcherche sur les pratiques de Médiation (COREM) s’interrogent sur la manière dont la neutralité traverse l'espace de médiation, et la posture devant garantir leur éthique professionnelle.
En publiant leurs travaux, ils choisissent de partager plus largement leur questionnement, leurs expériences et leurs échanges. Et relancent un débat toujours vif chez tous les professionnels.
« Cette expérience de recherche collective s’appuyant sur des aspects théoriques et conceptuels de la médiation s’est révélée très impliquante personnellement et émotionnellement. La tâche a parfois été rude, exigeante, longue, fastidieuse et aussi enthousiasmante. »
Extrait du préambule
Coordination : Hélène Lesser - Préface : Dominique Lecoq
Auteurs : Kadhidja Amiti, Claire Bonnelle, Alix Bouche, Bernard Cortot, Claire Denis, Danièle Garin, Maïté Lassime, Hélène Lesser, Anne-Laure Petitjean, Hélène Schwartz, Laura Cardia Vonèche, Emile Ricard
Actualité, Infos
Patrick Levy-Waitz, Président de la Fondation Travailler autrement a remis ce mercredi 19 septembre 2018 à Julien Denormandie, secrétaire d’Etat auprès du Ministre de la Cohésion des territoires, le rapport de la mission Coworking : Territoires, Travail, Numérique qui lui avait été confiée en janvier 2018.
Aujourd’hui, le phénomène des tiers lieux, conjugué à la volonté du gouvernement de fournir à l’intégralité du territoire une couverture Très Haut Débit, donne l’opportunité de résorber la fracture numérique, de valoriser et de revitaliser nos territoires, en créant les conditions favorables à une activité nouvelle et hybride.
Dispositif de la Mission
Avec l’appui du Commissariat Général à l’Égalité des Territoires (CGET) et après la mise en place d’un comité de pilotage réunissant plus d’une quinzaine d’acteurs incontournables des tiers lieux, une centaine d’organismes, structures et porteurs de projets ont été consultés depuis le 5 février : réseaux nationaux, réseaux locaux, porteurs de projet, spécialistes du coworking, spécialistes du télétravail, entreprises, associations d’élus, élus, collectivités, ministères, administrations…
12 régions visitées avons pu consulter les acteurs locaux des tiers lieux dans les territoires.
initié une consultation publique nationale réunissant particulièrement des experts de la sphère du coworking et des tiers lieux. plus de 1 100 contributions sur la plateforme ce dernier nombre illustre la volonté des contributeurs de partager du contenu qualitatif, détaillé et argumenté.
six ateliers de travail thématiques organisés sur des sujets clés :
modèles économiques, communauté, gouvernance, compétences et l’accompagnement, L’immobilier, La ruralité.
Quels constats ?
... la mission a répertorié en France près de 1800 tiers lieux dont 46 % se situent en dehors des métropoles.
Carte de France tiers lieux-min
... Patrick Levy-Waitz tire quatre enseignements majeurs :
- L’émergence de ces tiers-lieux, loin d’être marginal, s’inscrit dans un mouvement de fond touchant l’ensemble du territoire ;
- Ces tiers-lieux sont localement porteurs de dynamiques économique et sociale très structurantes ;
- L’essor de ces lieux préfigure celui des nouvelles manières de travailler (télétravail, travailleurs indépendants) ;
- Enfin, en contribuant à développer des activités de proximité et à encourager les circuits courts, ces lieux sont des acteurs essentiels de la transition numérique et écologique dans les territoires.
28 recommandations pour redynamiser l’activité dans les territoires
... des catalyseurs de développement local. La mission a émis 28 propositions dont 6 propositions principales qui constituent l’ossature du projet :
- Créer une structure nationale des tiers lieux, porteuse des actions de soutien ;
- Appuyer l’émergence de 300 fabriques des territoires ;
- Adosser le mouvement à un fonds d’amorçage qui pourra être abondé par des fonds privés pour lancer le dispositif d’accélération ;
- Professionnaliser le métier d’animateur des tiers lieux ;
- Créer un fonds d’investissement socialement responsable (ISR) de 50 M€ pour aider à la reconversion d’espaces en tiers lieux ;
- Favoriser la coordination public-privé en encourageant la mise à disposition de locaux par les collectivités et en formant les agents publics aux Tiers lieux.
Le rapport http://s3files.fondation-ta.org.s3.amazonaws.com/Rapport%20Mission%20Coworking%20-%20Faire%20ensemble%20pour%20mieux%20vivre%20ensemble.pdf
Extraits : ... p27 l’importance de la coordination des acteurs ... p29 l’Observatoire National de la Politique de la Ville (ONPV) 43 identifie plus de 200 quartiers prioritaires, particulièrement fragilisés. Ces quartiers, dont
tous les indicateurs sont « au rouge », exigent une action rapide et disruptive pour enrayer leur dysfonctionnement. ... p31 espace ouvert, hybride, qui facilite
la rencontre entre des acteurs hétérogènes et la mutualisation de ressources aux services de projets individuels et collectifs. Il en ressort que les tiers lieux sont à la fois des espaces physiques dédiés au travail et aux activités collectives mais aussi des espaces sociaux d’échanges entre acteurs. ... Pour Ray Oldenburg, le tiers lieu (« third place ») n’est ni le lieu de travail, ni le domicile, mais bien un espace entre-deux qui présente des caractéristiques communes aux sphères privée et professionnelle. Il précise qu’il est un
espace neutre, accessible à tous et qu’il ne peut avoir un coût financier ou des conditions d’accès restreintes. Sa fonction principale est de stimuler les interactions sociales, de développer les rencontres, conversations, échanges, collaborations... Cette approche se retrouve dans les valeurs des tiers lieux proclamées par Fork the world du réseau des tiers lieux Libres et Open Source 47 https://world-trust-foundation.gitbooks.io/fork-the-world/content/ - Gitbook rédigé par un réseau d’acteurs des Tiers-Lieux lors de l’Expérience Tiers-Lieux «Fork The World» de la Biennale de Design de Saint-Etienne (9 mars - 9 avril 2017) consacrée aux mutations du travail. MOVILAB ... P35 Les Living Labs participent donc à l’arrivée d’un nouveau système d’innovation où les personnes ne sont plus de simples utilisateurs mais deviennent acteurs et collaborateurs. ... p36 Cartographie béta des « espaces hybrides », version 2 - 07/05/2017 de Prima Terra ... p74 France Boissons, filiale de distribution du groupe néerlandais Heineken, organise l’opération Mon Café 2.0, sous l’impulsion du député du Vaucluse Jean-François Cesarini (LaREM), ... p97 concept de Tiers-jardin 126 que l‘hybridation entre espaces de vie,
de travail, de détente et de production agricole opère ... développement de tiers lieux à finalité écologique, ... p112 le télétravail ... p133 Exemple de transformation d’une bibliothèque en tiers lieu La Bibliothèque Oscar Niemeyer au Havre – Dans le mouvement des Bibliothèques Troisième Lieu ... p135 un tiers lieu, mais avec cette particularité de garder la philosophie de la Croix-Rouge, à savoir le don, l’échange, l’humanité. ... p145 7, lieu totem du numérique dans la Métropole de Lyon qui ouvrira ses portes en avril 2019, permettra de réunir des dispositifs d’accélération de projets d’innovation sociale, l’écosystème numérique Lyon French Tech ainsi qu’un espace dédié à la culture. Il sera exploité par un consortium composé du Groupe SOS, premier groupe français de l’entrepreneuriat social, d’Arty Farty, acteur de l’innovation culturelle, et d’1kubtor, réseau d’incubateurs.» ... p158 Les tiers lieux portent l’exigence d’une société à s’auto-organiser, s’émanciper, se démocratiser ... p171 Jouer le rôle de médiateur / facilitateur avec
les différentes administrations pour simplifier le parcours des créateurs de lieu ...
Ndlr :
- du blabla, des contradictions comme "acteurs essentiels mais nécessité de les appuyer", sur "fabrique des territoires" : peut-on "fabriquer" exnihilo un territoire ? cf https://my.framasoft.org/u/mediationpourtous/?W-XvTw
- pas de soubassements conceptuels sur le tiers ou le co (« Nous entrons dans l’âge du co. : coopérer, co‑construire, collaborer ». Élu rural – Membre de l’Association des Maires Ruraux de France)
- réfugés dans le postulat de la neutralité sous couvert d'un chercheur américain caution.
- des collusions (Heineken / LREM-LaREM), du favorisme (les copains GR SOS /ex)
- le couteau suisse des poliltiques publiques ! Un idéal en contradiction avec le fonctionnement quotidien du gouv.
- p166 "l’opposition centre-périphérie qui a servi de base de colère aussi bien aux Frontistes qu’aux Insoumis" phrase partisanne !
- sujet très politique ne retrouve pas dans ce rapport ce qui est initialement projeté ? ACT
...
Ivan Illich, un autre grand penseur de la technique, avait ainsi mis en évidence l’existence de techniques conviviales et d’autres destructrices des liens sociaux (on pourrait aujourd’hui se poser la question avec les « réseaux sociaux »...). Dans son œuvre, il insiste également sur le fait qu’il est impossible d’affirmer que la technique est neutre et que tout dépendrait de l’utilisation qui en serait faite. Quand les techniques sont jetées dans le monde, elles doivent être pensées
dans leur ensemble et dans le retour qu’elles ont sur la transformation de l’humain
...
Connue / https://my.framasoft.org/u/ind1ju/?ivm5Zg
Jean-Michel Meyre 1
1 LIRDEF - Laboratoire Interdisciplinaire de Recherche en Didactique, Éducation et Formation
Résumé : Freud définit l’acte d’enseigner comme un métier impossible (à l’instar de gouverner et soigner) car pour lui, « on peut d’emblée être sûr d’un succès insuffisant ». Quel point commun entre ces trois spécialités si ce n’est l’importance du rapport à l’autre ? Or, un examen du système scolaire et des préoccupations qui animent le milieu de l’éducation atteste d’une forte prédominance des aspects disciplinaires, didactiques. Pourtant, les souvenirs laissés par les enseignants auprès des élèves sont davantage conditionnés par la relation communicationnelle qu’ils ont établie ensemble. L’étude de ce point de vue et la recherche d’éléments signifiants venant accréditer sa fonctionnalité a été réalisée au moyen d’une méthodologie croisée, quantitative et qualitative, convoquant des questionnaires à destination des élèves, des tests d’empathie et des tests d’assertivité auprès des professeurs, des films en situation d’enseignement analysés tant d’un point de vue thématique que quantitatif, ainsi que des entretiens semi-directifs avec les acteurs. Au final, ce travail atteste que la trace mnésique laissée aux élèves est conditionnée par un « curriculum d’assertivité socio-conative » dont la dynamique propre est à même de contribuer à la formation initiale et continue des enseignants.
Mots-clés : Relation éducative ; Assertivité socio-conative ; Communcation bienveillante ; considération ; souvenir
Type de document : Thèse
Domaine : Sciences de l'Homme et Société / Education
-> 2018_MEYRE_arch.pdf
Version validée par le jury (STAR)
https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-02134573/document
dont
"
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Des propos tenus par Don Bosco, Mialaret, Rogers et Zanna (2015) 18 confortent le rôle essentiel de l’empathie dans le triptyque enseignant-enseigné-savoir, permettant l’adaptation posturale, verbale ou interrelationnelle. Par-delà la nature même du savoir, des relations d’ordre affectif se créent, existent, perdurent ou évoluent. Celles
-ci peuvent être positives (+) quand le ressenti est favorable, neutres (=) quand la relation, l’échange, ne transforme ni ne crée aucune émotion, ou négatives (-) dans le cas d’une perception défavorable. A partir du modèle de Houssaye 19, nous avons cherché à modéliser ces échanges permettant d’améliorer la perception des échanges et des relations connexes.
...
Les gestes et les postures sont les médiateurs privilégiés de la conversation non verbale.
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Si pour Claude Lévy-Strauss (1973), la nature même de l’empathie, « réside dans une conception de l'homme qui met l'autre avant le moi, et dans une conception de l'humanité qui, avant les hommes, pose la vie », l’assertivité est la capacité relationnelle médiatrice d’une communication ouverte impliquant le respect d’autrui.
Aborder le thème de l’assertivité dans la relation pédagogico-sociale enseignant/enseignés, c’est appréhender un mode de communication contribuant à la création d’un climat propice à l’existence d’une trace mnésique positive du dit enseignant.
...
A un autre niveau, l’étude de l’affirmation de soi auprès d’étudiantes infirmières 96 a permis de mettre en évidence le rôle et l’importance des styles de communication dans la pratique de la médiation assertive. Apprendre à parler et à réagir dans n’importe quelle situation, en d’autres termes, accroître sa capacité communicative, appréhender de nouvelles techniques de communication contribue à modifier l’affirmation de soi, c’est-à-dire le mode relationnel établi entre soi et autrui.
...
En 2003, Damasio, après avoir critiqué les positions et les postulats pris par Descartes
va reprendre certains propos de Spinoza ce dernier déclarant dans l’Ethique «
l’esprit et le corps sont un seul et même individu ». Le neurobiologiste pour sa part, écrit « l’idée de l’esprit humain se construit à partir d’un objet : le corps
». C’est donc au travers du corps, par le corps et grâce au corps que l’individu se confronte au milieu qui l’entoure. Celui-ci devient le médiateur par lequel les interactions avec le monde structurel qui l’entoure deviennent possibles. Toutefois, ce corps n’est pas neutre. Il est le signifiant de l’activité de l’individu, mais également le signifié pour l’individu lui-même. C’est à travers lui qu’il se forge ses expériences, mais également à travers lui qu’il utilise et transmet ses propres valeurs.
La conation est « l'inclination à agir dirigée par un système de valeurs
incorporées. C’est donc à travers le corps agissant que l’on peut juger, apprécier, estimer le système qui guide l’activité, qui oriente les choix, qui modifie et corrige les conations, en fonction de la rétroaction émise, « s’inscrivant dans des dynamiques évolutives et progressives
». 107
...
169 L'expérience corporelle, médiation entre sens pour l'élève et exigences pédagogiques : Objectivation par actimétrie de la corrélation entre la direction de jeu et les conations en badminton. Thèse de doctorat soutenue le 06.12.2012 à l’Artois.
"
Le 9 octobre 2018, la médiation de l’Education nationale et de l’enseignement supérieur fêtait ses 20 ans, l’occasion de faire le point sur l’évolution du rôle de la médiation dans la gestion des litiges entre l'administration et ses usagers ou ses personnels et dans la prévention des violences en établissement scolaire. Entretien avec Catherine Becchetti-Bizot, médiatrice de l’Education nationale et de l’Enseignement supérieur.
...
Le médiateur est d’abord un tiers de confiance, un tiers en qui le système éducatif a placé sa confiance pour favoriser le dialogue et permettre une meilleure compréhension entre deux personnes en situation de litige, qu’il s’agisse d’usagers, de personnels ou d’un autre acteur de la communauté éducative comme les familles, par exemple. Lorsqu’il y a un litige, le médiateur a pour mission d’aider, de manière neutre et impartiale, chacune des parties à renouer le dialogue et à trouver une issue à leur désaccord. En principe, le médiateur n’intervient qu’en deuxième instance lorsqu’un premier recours gracieux a été déposé auprès de l’administration ou du supérieur hiérarchique. Si la démarche n’a pas abouti, le médiateur peut être contacté. La solution trouvée par l’intermédiaire du médiateur doit convenir aux deux parties, il ne doit pas y avoir de perdant dans l’affaire. Le souci du médiateur est ainsi de faire en sorte que la solution soit construite et acceptée par les deux protagonistes du conflit. Cette solution doit être pérenne, stable et doit respecter le droit.
...
En quoi consiste la médiation ?
Notre instance n’a pas de pouvoir de décision, mais un pouvoir d’influence et de persuasion.
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Je suis heureuse que la culture de la médiation ainsi que l’accompagnement des personnels soient développés au sein de votre fédération. Nos médiateurs, comme les membres de votre réseau sont d’anciens acteurs de l’Education nationale. C’est important, parce que cela apporte une écoute ainsi qu’une attention particulière envers les personnels et cela témoigne d’un attachement fort au service public de l’Education.
ndlr :
- revendiquer un pouvoir d'influence et de persuasion est clairement NON NEUTRE !!! CONTRADICTION... ACT
Le rôle du médiateur dans le Grand Débat National
Jean-Pierre Narbonne
Mediator, Consultant in conflict resolution, INTER-médiés Member of the editorial board
12 - 1 - 4
Pierre-François Degand organisateur de cette réunion a fait appel à deux médiateurs, Martine Van Der Wielen et moi-même pour animer / modérer cette réunion. L’objectif était que les habitants de la commune puissent : Echanger, Partager leurs diagnostics et idées, Identifier des problèmes, des objectifs à atteindre, Emettre des propositions de solution…
En tant que médiateurs nous avons naturellement utilisé les techniques de la médiation. Nous n’étions pas présents en tant que sachant, il ne s’agissait en aucun cas de conduire « une médiation » mais de faire circuler la parole entre les participants pour que chacun puisse s’exprimer et être entendu. La soirée c’est remarquablement bien déroulée, avec beaucoup d’écoute, de respect et de forces de propositions. Il y a eu des bravos mais aussi des marques de réprobation.
Notre posture de médiateur a été appréciée : écoute, respect, empathie, neutralité … ce qui a donné confiance à l’assistance. Pendant que l’un s’assurait de donner la parole aux personnes, voire de les interrompre, l’autre notait sur un paper-board les points soulevés.
Cela a donné du crédit à notre démarche et rassuré les gens quant au compte rendu qui sera téléchargé sur le site du #GrandDebat.
Animer ce type de réunion dans le contexte présent ne s’improvise pas. Il faut savoir alterner entre laisser parler et couper la parole ; interrompre quand les discussions s’enlisent sans blesser, mais aussi laisser parler une personne jusqu’au bout quand on sent qu’elle exprime une souffrance.
Les médiateurs ont toute leur place dans ce genre d’exercice pour faire bénéficier de leur savoir-faire.
N’hésitez pas et tentez l’expérience !
POLITIQUE Enquête
Alors que la Commission nationale du débat public était disposée à assurer l'impartialité et la neutralité du grand débat national, l’Élysée s’y est opposé. Documents et courriels confidentiels à l’appui, Mediapart révèle la lutte menée par Emmanuel Macron pour transformer l’initiative, selon le mot de Chantal Jouanno, en une « campagne de communication ».
...
« Le cabinet du président de la République a confirmé que la CNDP n’assurera pas le pilotage opérationnel du Grand débat national, ni sa restitution, écrit Chantal Jouanno. Le gouvernement a affiché sa volonté d’être le réceptacle de ce débat, sans instance tierce.
...
Mots-clés Chantal Jouanno Commission nationale du débat public Emmanuel Macron Grand débat national
ndlr :
- document de référence / duplicité de Mr Macron! => valoriser ACT
Grand débat : "L'Etat impose son langage" Publié le 20/01/2019 à 13:00 / Emmanuel Lemieux | Marianne
Société
Le "grand débat" ? C'est mal parti. Selon le philosophe Philippe-Joseph Salazar, la difficulté de débattre est une spécificité française. Ce pays doué d'éloquence politique durant des siècles est malade d'une langue technicienne et managériale des élites.
Il est l'un des meilleurs spécialistes mondiaux de la rhétorique, cet art de l'éloquence. Le philosophe Philippe-Joseph Salazar connaît le poids des mots quand la politique est au bord des catastrophes : occupant la chaire de rhétorique à la faculté de droit du Cap et résidant en Afrique du Sud, il a été l'un des observateurs privilégiés de la spectaculaire commission Vérité et réconciliation présidée par Mgr Tutu au lendemain de la fin de l'apartheid. Dans ses nombreux essais (notamment l'Hyperpolitique et Paroles de leaders), l'ancien assistant de Roland Barthes et de Georges Balandier, volontiers incisif et provocateur, n'a de cesse depuis des années de réclamer un réapprentissage civique et massif de l'éloquence digne de ce nom, dès l'école.
Pour se désembourber de la rébellion des « gilets jaunes », le président de la République lance un « grand débat ». Qu'en pensez-vous ?
Philippe-Joseph Salazar : Grand débat… En France, quand on affuble un geste ou un événement de l'épithète « grand », il faut immédiatement y entendre la voix de l'Etat. Seul l'Etat a le droit de qualifier ce qui est « grand » et ce qui ne l'est pas. Les « gilets jaunes » ne sont pas officiellement considérés comme un « grand » mouvement. Pourtant il l'est. Mais sans l'imprimatur de l'Etat qui donne ou refuse le label « grand », ils ne peuvent être que des « petits », des « pauvres », « ces gens-là », le « petit peuple ». Le débat dit à la française est en réalité un sous-produit du dialogue social qui lui-même est une technique de management et de résolution interne des conflits. C'est une langue technicienne à visée managériale de l'opinion.
Les « gilets jaunes » doivent-ils participer à ces réunions ?*
Non,...
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L’animation doit être neutre. Aucune position ou opinion ne doit être favorisée. La parole doit circuler et ne pas être confisquée par quelques personnes. Vous pouvez vous tourner vers l’équipe organisatrice du grand débat national pour demander un appui ou un conseil.
Si les participants sont plus de 40 ou 50, nous vous conseillons d’alterner les temps de dialogue:
en petits groupes et tous ensemble.
Si des élus ou des décideurs publics participent à votre évènement, ils doivent adopter une posture d’écoute vis-à-vis des propos tenus.
L’organisateur doit, si possible, les en avertir en amont.
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charte est fondée sur les principes de pluralisme, d'argumentation, de transparence et de laïcité. Elle a pour fonction de protéger le débat et de le rendre accessible à toute expression qui respecte les principes généraux de la démocratie.
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Charte
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Contact avec la Mission grand débat national
Adresse :
244, Bd Saint Germain – 75 007 Paris
Mail : reunionslocales@granddebat.f r
Contacts :
France Métropolitaine : 0 800 97 11 11
Outre-Mer : 01 82 71
SOMMAIRE :
1 LA SAISINE
3 Lettre de saisine du Premier Ministre
4 Décision de la Cndp du 17 décembre 2018
5 Décision de la Cndp du 9 janvier 2019
6 2 LA MISSION
Mission d’accompagnement et de conseil pour le Grand Débat National
7 Phase préparatoire
8 Proposition de méthode de conduite du Grand Débat National
9 Organisation du Grand Débat National
10 3 LES PRINCIPES PROPOSÉS POUR LE GRAND DÉBAT NATIONAL
12 4 LES OUTILS DU GRAND DÉBAT NATIONAL PROPOSÉS PAR LA CNDP
15 Réunions d’initiative locale / RIL
17 Stands mobiles de proximité
18 Plateforme numérique
19 Conférences régionales citoyennes
19 Ateliers d’acteurs
20 5 LA RESTITUTION DU GRAND DÉBAT NATIONAL
Éléments de stratégie et de méthodologie
21 Les thèmes et le périmètre du débat
22 Le corpus
22 La méthode
23 Partenariat / Ressources
27 ANNEXES
28 Première analyse argumentative des contributions individuelles « Gilets Jaunes »
29 Présentation de la stratégie proposée le 18 décembre par la Cndp
41
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le calendrier du débat et de sa restitution est extrêmement serré
...
Les principes de la Commission nationale du débat public sont l’indépendance, la neutralité (aucun avis positif ou négatif n’est exprimé sur les positions, propositions ou projets), la transparence (tous les comptes rendus de réunion seront disponibles) et
l’équivalence (la parole du « citoyen ordinaire » a autant de poids que celle d’un haut dirigeant). Il est important d’insister sur ce dernier point, la Cndp souhaite entendre celles et ceux qui se pensent comme de « simples citoyens » et relayer leur parole. Elle ira au devant de cette population.
...
Page 16 ... 5 outils prévus pour recueillir la parole citoyenne.
1 Réunions d’initiative locale – RIL
2 Stands mobiles de proximité
3 Plateforme numérique
4 Conférences régionales citoyennes
5 Ateliers d’acteurs (réunit des acteurs socio-économiques du tissu local pour les faire travailler avec leurs partenaires économiques et politiques afin de proposer et d’assumer des engagements concrets que ces acteurs économiques pourraient assumer sur les 6, 12 et 24 mois à venir.)
La plateforme en ligne est prévue pour réceptionner les résultats de tous les outils mis en place et pour pouvoir s’exprimer en ligne ainsi que pour informer de l’ensemble de la démarche. C’est donc à la fois un outil d’expression et un outil pour héberger tout ce qui émerge du Grand Débat National.
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Page 21 - Restitution
... éléments de transversalité permettant de les relier ou de structurer la restitution.
2 Le corpus
... une partie du débat a déjà commencé (sur les ronds points, dans les mairies, etc.
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Page 29
Première analyse argumentative des contributions individuelles « Gilets Jaunes »
/Marianne Doury, Professeur à Paris-Descartes
Destinataire : Ilaria Casillo, Vice-Présidente de la CNDP
... crise dite des « Gilets Jaunes »
... Dans le contexte de la crise des gilets jaunes, dire « je ne suis rien », c’est dire « je suis tout » : la revendication massivement portée par le mouvement étant de faire entendre
la parole du «peuple », de la « base », des « petites gens », plus on minimise son statut social, plus on légitime sa prise de parole.
Connu /
https://twitter.com/OlivierSchneid/status/1085102485461786625
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Olivier Schneid @OlivierSchneid 7 hil y a 7 heures
Olivier Schneid a retweeté Sébastien Tronche
"La posture d’écoute active implique (pour les responsables politiques) de ne jamais prononcer de discours en ouverture, en clôture ou depuis une estrade, mais de répondre éventuellement aux questions posées" (rapport @CNDPDebatPublic …) #GrandDébatNational
Olivier Schneid ajouté,
Sébastien Tronche Compte certifié @S_Tronche
François Bayrou va organiser à Pau "cinq débats, un par thème défini et un libre" qu'il animera lui-même "en première ligne". Premier rdv le 25 janvier. #PremierDeCordee .#MontrerLExemple #RTL
0 réponse 1 Retweet 1 j'aime
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Analyse :
- il est établi que ce débat à l'initiative du gouv est bien une conséquence du mouvement GJ.
- la notion de neutralité est convoquée à de très nombreuses reprises.N'est-elle pas confondue par moment avec l'impartialité ? La notion de tiers est-elle convoquée ? ACT
- page 13 : "la Cndp sera totalement apolitique" une posture apolitique est-elle tenable, notamment dans un contexte comme les gilets jaunes ? La notion d'équivalence est-elle incluse dans la notion d'impartialité ? Pourquoi ne pas convoquer plutôt cette dernière plus large ? ex. comment tenir un principe d'équivalence quand il y a de tels écarts de postions de pouvoir, culturels ou autres, entre un élu pdt de la république et un "citoyen ordinaire" ?
- page 14 : "adopter une posture d’écoute active" / élus "a posture d’écoute active implique de ne jamais prononcer de discours en ouverture, en clôture ou depuis une estrade, mais de répondre éventuellement aux questions posées. L’exercice sera particulièrement difficile compte tenu des risques forts d’interpellations virulentes."
Pour le pionnier du Web français Tariq Krim, l'histoire du déclin du numérique français est une tragédie en 3 actes. Il existe pourtant une sortie de crise. Par Tariq Krim
Pionnier du Web francais, Tariq Krim est fondateur de Netvibes, Jolicloud et de la plateforme de Slow Web dissident.ai.
© Creative Commons
Pourquoi la France est-elle passée du statut de pays leader dans la technologie à celui beaucoup moins enviable de nation consommatrice de smartphones obligée de mendier un peu d'oxygène aux grandes plateformes pour développer ses projets ?
L'histoire du déclin du numérique français est une tragédie en trois actes. Il y eut d'abord les « 30 honteuses du numérique », où une petite élite arrogante et dénuée de vision stratégique a démantelé notre industrie informatique et électronique grand public. Elle a débranché les travaux de recherches les plus intéressants et laissé nos meilleurs développeurs partir à l'étranger faute de pouvoir les associer à des projets ambitieux.
Vient ensuite la capitulation vis-à-vis des grands acteurs américains. Ainsi, de nombreux politiques et hauts fonctionnaires français leur ont permis d'intégrer leurs technologies au cœur des prérogatives régaliennes de l'État : défense, renseignement, éducation, sécurité, mais aussi culture. Plusieurs d'entre eux quitteront leurs fonctions pour aller rejoindre ces sociétés.
Le troisième acte se joue en ce moment. Alors que nos dirigeants se préparent à une vente à la découpe, il reste cependant un mince espoir d'inventer une autre manière d'utiliser le réseau plus en phase avec nos principes et nos valeurs.
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En 1993, les États-Unis lancent le projet des « Autoroutes de l'information » qui fera notamment de l'Internet et du numérique le fer de lance de leur nouvelle stratégie de croissance. Au même moment, l'Europe décide de miser sur les industries traditionnelles… et le diesel propre ! Vingt-cinq ans plus tard, les Gafam dominent aujourd'hui le monde et le patron d'Audi a été arrêté pour avoir faussé les mesures de pollution de ses moteurs. En France, les Gilets jaunes ne comprennent pas pourquoi ils sont taxés sur le diesel alors que pendant des années on les a massivement incités à acheter les voitures utilisant ce type de carburants.
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Nous aurions pu avoir un autre destin, car si les États-Unis avaient la vision et l'argent, c'est en Europe qu'ont été inventées deux des briques fondamentales de l'Internet : Linux et le Web. Mais à la différence du standard GSM, ces dernières ont eu le malheur d'être conçues par des individus talentueux hors des grandes institutions. Snobés chez nous, ces deux projets deviendront le moteur des plateformes numériques américaines et chinoises et l'instrument de leur domination mondiale. Car c'est bien de la détection précoce des technologies d'avenir et des talents que viennent les succès de sociétés comme Google, Apple, Facebook, Amazon ou Microsoft. La France ne voit pas les choses de la même manière, notre élite méprise ce qui est marginal, différent ou simplement trop petit. Le scénario de « dénumérisation » de la France suivra toujours le même schéma. Nous vendrons à la casse nos sociétés, ou les dilapiderons alors qu'elles possédaient en interne les technologies qui, si elles avaient été mieux valorisées, nous auraient permis d'influencer la direction prise par l'Internet.
Tout commence dans les années 70*, avec l'abandon du réseau Cyclades de Louis Pouzin au profit du Minitel. Louis Pouzin en est le concepteur et il est l'inventeur de la segmentation des données en « Datagramme ». Il sera récompensé (avec Tim Berners-Lee et Vinton Cerf) par la reine d'Angleterre pour ses contributions essentielles à la création de l'Internet et il reste à ce jour un inconnu du grand public en France. Il faudra attendre 1994 pour que nos chercheurs acceptent enfin de s'intéresser à autre chose qu'à des technologies incompatibles avec l'Internet. Dans les années 90, c'est au tour du Premier ministre de l'époque Alain Juppé d'expliquer, au journal de 20 heures, sa décision de vendre à la casse Thomson Multimédia au coréen Daewoo : « Thomson, ça ne vaut rien, juste un franc symbolique. » Le gouvernement obsédé exclusivement par le volet social de l'entreprise ignore que Thomson multimédia dispose d'une grande partie des brevets sur la musique (le fameux MP3) et la vidéo en ligne qui seront utilisés quelques années plus tard dans tous les smartphones. Sa branche grand public sera démantelée et vendue au chinois TCL et ses meilleurs ingénieurs partiront chez Google.
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Alcatel décide de transférer ses usines vers la Chine. Son PDG veut appliquer la stratégie du « fabless », à savoir délocaliser la production tout en conservant le design en France. Ce sera une grossière erreur d'analyse. Lorsque les smartphones deviennent un succès international, la France n'a plus de capacités industrielles dans ce secteur, alors qu'elle était l'un des principaux fabricants dans le monde.
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la France préfère s'embourber dans des grands projets institutionnels sans avenir.
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Tout récemment, le rapport sur l'intelligence artificielle de Cédric Villani n'a pas fait mention des deux meilleures solutions open sources dans le domaine : SciKit Learn et Keras qui se trouvent être… françaises.
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L'acte deux commence avec le quinquennat Hollande. Un changement d'attitude va s'opérer vis-à-vis des grandes plateformes. La défaite est désormais entérinée en coulisses. Il ne s'agit plus d'exister au niveau mondial, mais de négocier avec les Gafam tout en faisant mine de s'indigner publiquement de leurs abus de position dominante.
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Comment, dans ces conditions, se plaindre des conséquences des réseaux sociaux et de l'impact des Gafam sur notre démocratie quand nous leur avons ouvert si largement les portes de l'État ?
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La France peut d'ailleurs se targuer d'être la seule démocratie occidentale à ne pas avoir ouvert de commission d'enquête à la suite de l'affaire Cambridge Analytica. Le gouvernement a préféré annoncer une collaboration rapprochée avec Facebook. Il s'agit de maintenir l'illusion que l'on peut gérer l'État comme une start-up, tout en feignant d'oublier que la majorité d'entre elles échoue dans les deux ans qui suivent leur création. En effet, ce gouvernement prend un risque inconsidéré en pariant notre avenir sur une hypothétique transformation numérique autour de « l'intelligence artificielle ».
Si nous ne nous donnons pas les moyens de réguler la manière dont ses entreprises et ce type de technologies fonctionnent, nous pourrions détruire notre modèle social en tentant de copier ceux de la Chine ou des États-Unis.
L'ironie du sort veut que, désormais, certains industriels et chercheurs américains s'appuient sur l'Europe et sa réglementation sur les données personnelles pour sortir d'un modèle numérique qui n'est pas « durable »
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la meilleure réponse à la crise de confiance systémique vis-à-vis des Gafam est de soutenir les mouvements autour des technologies « éthiques ». Il s'agit d'un nouveau terrain de croissance industrielle pour l'Europe, comme le Bio l'a été pour l'agriculture.
De nombreux entrepreneurs réfléchissent à d'autres façons de concevoir la technologie, s'appuyant beaucoup moins sur la donnée et créant moins d'intrusions vis-à-vis de leurs utilisateurs.
C'est le mouvement autour des logiciels éthiques et du Slow Web. Ce mouvement, qui s'est réuni en septembre dernier à Copenhague, souhaite définir un meilleur équilibre entre usage numérique et monde réel pour ne pas rendre ces technologies aliénantes. Il prône notamment l'arrêt de certaines pratiques toxiques comme le profilage (micro targeting) ou la manipulation de nos émotions via des messages ciblés sur nos mobiles dont nous avons vu les conséquences désastreuses lors du référendum sur le Brexit ou l'élection américaine. Parce que nous avons laissé le numérique devenir un sujet politique de second plan, et que nous avons nommé des communicants à la tête des institutions qui devaient s'en occuper, il n'y a pas eu de véritable débat sur la digitalisation de l'État, et sur les conséquences que ces technologies peuvent avoir sur chacun d'entre nous.
Nous devons désormais exiger que les choix technologiques faits par l'État (comme les décisions politiques dans ces domaines) soient lisibles et compréhensibles par l'ensemble des citoyens… Car s'il s'agit de faire de la France une colonie numérique des plateformes et qui ne profiterait qu'à une petite bourgeoisie d'Internet, alors il faudra le dire clairement !
Il est temps également de voir émerger une nouvelle forme de résistance citoyenne. Car l'usage de ces technologies n'est pas neutre, la substitution de l'action de l'État par des algorithmes rend caduque l'égalité de traitement entre chaque Français. Le remplacement de nos services publics par un « État plateforme » totalitaire (à l'instar du « Crédit social » qui voit chaque Chinois recevoir une note qui détermine leur capacité à se déplacer ou à obtenir un crédit) n'est pas la vision que nous souhaitons promouvoir. C'est pourtant ce qui se prépare dans certains cabinets ministériels lorsqu'il est question d'État plateforme… En espérant que la France reprenne le dessus sur ces questions, il faut saluer l'action de la commissaire européenne danoise Margrethe Vestager qui a su faire preuve d'un véritable leadership sur la régulation des plateformes. Il sera important lors des prochaines élections européennes de lui permettre de s'appuyer sur un parlement qui sera capable de l'aider à poursuivre sa tâche.
- Tariq Krim, pionnier du Web français, fondateur de Netvibes, Jolicloud et de la plateforme de Slow Web dissident.ai.
cf aussi https://my.framasoft.org/u/ind1ju/?Mwhg9Q
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Nous, chercheuses et chercheurs en sciences humaines et sociales assemblé·e·s au sein du Groupement d’intérêt scientifique « Démocratie et participation », sommes interpellé·e·s par ce que nous interprétons comme un appel à une république plus « participative » et par des pratiques qui s’attachent d’ores et déjà à la mettre en œuvre au quotidien, entre citoyennes et citoyens. Sans être formulé dans ces termes – la démocratie participative n’étant pas explicitement revendiquée – cet appel prend cependant forme au croisement de propositions plus ou moins creusées qui s’y rattachent fortement : assemblée citoyenne, référendum d’initiative populaire, débats décentralisés. Ces revendications démocratiques, leur émergence comme leur structuration via l’usage des réseaux sociaux ou l’organisation d’assemblées populaires, témoignant d’une profonde défiance à l’égard de la représentation et d’une aspiration à l’horizontalité, ne sont pas en elles-mêmes nouvelles. Ce qui est plus original, c’est qu’elles ne sont pas portées par le petit cercle de leurs promoteurs habituels. Autrement dit, alors que nous observons et contribuons depuis des années à des expériences participatives souvent pensées et pratiquées du haut vers le bas, une forme de demande sociale s’exprime sous nos yeux.
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animation neutre et indépendante
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la participation ne saurait conduire à délégitimer les autres formes d’expression ou d’expérimentation démocratiques, y compris celles qui s’expriment sur un mode radical. Nos recherches montrent à cet égard que la vitalité des formes plus conflictuelles d’interpellation est bien souvent une condition d’épanouissement des dispositifs participatifs comme d’aboutissement de décisions mieux ajustées à l’état réel de notre société.
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ndlr :
- j'ai du mal à comprendre le but de cet article... (marquer son territoire d'intervention ?) => approfondir ACT
Notre Projet
Le Vent Se Lève : un média dans la guerre de position
Le Vent Se Lève part d’un constat : celui d’une défaite historique des forces de progrès. Notre projet s’annonce donc comme une entreprise de reconquête.
La parole confisquée
L’époque actuelle a pour caractéristique première la domination sans partage – quoique contestée – de l’hégémonie néolibérale. Si le néolibéralisme refuse de dire son nom, s’il refuse de se donner un visage unique, il est cependant parvenu à construire une hégémonie solide, laquelle s’incarne dans une variété d’acteurs : journalistes, politiques, partis, etc. Ce sont là les expressions les plus visibles de cette hégémonie, ensemble de théories, de pratiques, d’idées, de valeurs et de méthodes qui infusent dans la société tout entière, unifient une force sociale, font système et fondent le règne d’une pensée dominante omniprésente.
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On n’imagine en tout cas pas que messieurs Niel, Bergé, Pigasse, Drahi, Dassault, Arnault, Pinault, Lagardère, Bouygues ou Bolloré, heureux propriétaires du Monde et de l’Obs, de Libération et de l’Express, du Figaro, des Echos, du JDD et du Point, d’Europe 1, du groupe TF1 et du groupe Canal, puissent vouloir contrôler tous les titres de Presse du pays à des fins d’influence.
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La subordination de l’information aux intérêts privés, économiques ou financiers, est aussi préoccupante que l’était l’alignement de l’information sur les intérêts étatiques au temps de l’ORTF. En quelques décennies, les moyens de communication seront simplement passés des mains de l’État aux mains des puissances privées. Il n’est pas évident que la démocratie ait gagné au change si l’on considère que les médias dominants se sont contentés de troquer un ministre de l’information ayant une ligne directe dans toutes les rédactions contre une multitude d’actionnaires et d’annonceurs publicitaires qui, de la même manière, censurent, licencient et influencent les lignes éditoriales malgré la résistance et le travail indépendant que continuent de mener certains journalistes.
Pourtant, des débats se tiennent, des idées sont échangées, des points de vue contradictoires se confrontent et plusieurs titres de Presse sont concurrents. Seulement la pluralité ne fait pas le pluralisme. CNews, BFMTV et LCI se disputent des parts d’audience.
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S’offrir un journal ou une chaîne de télévision c’est s’acheter de l’influence. C’est-à dire une influence personnelle et surtout une influence politique qui s’inscrit dans un projet de classe. Le rachat de la Presse est une étape clé de la conquête de l’hégémonie culturelle par les néolibéraux. Sont ainsi répétés en boucle les mêmes credos néolibéraux, les mêmes mots-valise matraqués ad nauseam (« compétitivité » ; « coût du travail » ; le « courage » du « chef d’entreprise » ; le « dialogue social » qu’il faudrait « fluidifier » etc.) jusqu’à faire passer ces mots pour des évidences. Cette construction d’une grille de lecture prétend à une forme de naturalité. Elle interdit la mise en avant de cadres d’analyse différents. En l’espèce, ces dernières années ont achevé de marginaliser la parole de gauche, pourtant devenue déjà très minoritaire dans le monde médiatique. Il est vrai, cependant, que la parole de gauche s’est elle-même disqualifiée
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Les voix dissonantes, expropriées de l’espace public, se regroupent autour de pôles de résistance et de potentielle renaissance intellectuelle (on citera Le Monde Diplomatique, Là bas si j’y suis, Les économistes atterrés, Fakir, Acrimed dans des domaines très différents…). Mais ces quelques bastions enclavés se trouvent bien seuls au milieu d’un océan de silence, et s’adressent à un public restreint.
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admettre comme point de départ une représentation spatiale du monde social dans la lignée d’Antonio Gramsci. Il faut comprendre par là l’idée d’un monde social comme un vaste champ de bataille découpé entre les positions de forces adverses, entre les lignes de défense de « ceux d’en bas » et la tranchée adverse. Les positions de l’adversaire néolibéral ont ceci de particulier qu’elles sont bien mieux défendues que les nôtres, mais surtout qu’il est en permanence à l’offensive. Ce schéma, c’est celui de la guerre de position élaboré par Gramsci au lendemain de la première guerre mondiale. Il transpose le vocabulaire propre à la tactique militaire à l’analyse du monde social. Il parle ainsi des médias, des églises, des universités, des usines, des palais de justice, comme d’autant de bunkers et de casemates, de forteresses et de bastions qu’il importe de défendre ou de conquérir avant de pouvoir prétendre à l’exercice du pouvoir. De là la distinction fondamentale dans la pensée de Gramsci entre la société politique et la société civile. Cette dernière est le lieu de production du consentement à l’hégémonie néolibérale, qui permet ensuite d’assurer le règne d’une force dominante et la diffusion de ses idées.
Ce qui importe ici, c’est de comprendre l’effort d’actualisation de la pensée marxiste entrepris par Gramsci. Ce dernier écrit dans un contexte d’échec généralisé des tentatives révolutionnaires en Europe de l’Ouest et d’arrivée du fascisme au pouvoir en Italie. Plus précisément, il écrit depuis la cellule de prison où Mussolini l’a fait jeter. Afin de comprendre cet échec historique des révolutions socialistes, il opère une distinction d’importance entre l’Est et l’Ouest, entre la Russie où la révolution bolchévique l’a emporté et l’Europe où tous les mouvements révolutionnaires ont été défaits. La société russe se caractérisait alors par une structure sociale simple, une société civile quasi-inexistante, un appareil étatique affaibli : le pouvoir était à prendre. Cette situation implique une guerre de mouvement, rapide, frontale, pour qu’une force sociale puisse l’emporter.
En Europe de l’Ouest tout au contraire, la structure sociale est complexe, nervurée de tranchées, la société civile est puissante et la classe dominante s’appuie bien davantage sur la production du consentement que sur la force brute pour régner. Ce qu’il appelle l’Etat intégral peut ainsi se définir comme une « hégémonie cuirassée de coercition », la domination par la culture encadrée par la possibilité du recours à la contrainte. L’aspect coercitif occupe ici le second rôle. Dans une telle configuration, opposer le fusil à la plume est impossible, inefficace et contre-productif. Gramsci pense ici aux grandes offensives frontales sur des tranchées ennemies trop bien défendues au cours desquelles des centaines de milliers d’hommes se faisaient faucher par les mitrailleuses pendant la Grande Guerre, sans aucun résultat militaire. Il faut adapter les méthodes de lutte et substituer la guerre de position à la guerre de mouvement. Cette guerre de position se mène avant toute chose par une praxis politique propre à une force sociale, par la lutte culturelle. Cette lutte doit être ancrée dans le quotidien. La « bataille des idées et des mots » joue ici un rôle important quoique non exclusif : il s’agit, pour les acteurs de cette guerre, de conquérir des positions sociales, d’avancer leurs pions, et de faire progresser leur vision du monde. C’est une stratégie de conquête plus lente, plus laborieuse, mais la seule à même de réussir. A travers cette guerre de position, ce qu’il s’agit de faire – comme le formulent Ernesto Laclau et Chantal Mouffe -, c’est de tracer une ligne de démarcation claire, à l’endroit le plus pertinent, entre l’adversaire et nous, de créer un eux et un nous de part et d’autre d’une frontière intérieure à la société et de nous battre toujours pour faire avancer cette frontière antagonique, pour faire avancer nos lignes et faire reculer l’adversaire.
...
on peut comparer le rôle d’un média comme Le Vent Se Lève au rôle d’un échafaudage. L’échafaudage est une structure temporaire, il n’est pas une fin en soi. Il a pour seule fonction d’assurer la construction du bâtiment auquel il est adossé. Pour construire le grand mouvement qui émergera demain, un échafaudage solide est nécessaire. L’émergence d’une force politique nouvelle est conditionnée à l’élaboration d’une grille de lecture alternative par des médias comme le nôtre, par l’imposition de nos mots dont Íñigo Errejón dit qu’ils « sont des collines dans le champ de bataille de la politique » et que celui « qui les domine a gagné la moitié de la guerre », par la mise à l’agenda de nos thèmes et de nos termes afin d’œuvrer à la conquête de la centralité de l’échiquier politique. Et nous pouvons en cela compter sur les très nombreuses initiatives qui émergent ici et là, des médias écrits, des blogs, des chaînes Youtube, des revues, des collectifs etc. Le Vent Se Lève n’est de ce point de vue qu’un pion dans la large constellation d’initiatives en train de naître.
La construction d’un média d’opinion ...
contact@lvsl.fr
ndlr :
- positionnement idéologique très proche de LeMédiaTV ? ACT
La commission nationale du débat public rappelle dans une lettre adressée à Matignon datée du 15 décembre qu'un débat public ne peut être un outil à la solde du pouvoir. Si l’exécutif ne respecte pas les règles, elle menace de se retirer du jeu.
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rappelle fermement ses principes et son indépendance.
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un débat public ne peut être un outil à la solde du pouvoir : la commission "veillera à ce que les réunions du "grand débat" ne soient en aucun cas" des "meetings politiques", ni pour le gouvernement, ni pour la majorité", écrit-elle. La commission rappelle qu'elle est neutre, indépendante et qu'elle seule décide de la méthode pour organiser le débat et en restituer les conclusions.
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Après avoir mené, elle aussi, une série de consultations préalables, la CNDP met en garde l’exécutif : la défiance est forte. Elle lui déconseille d’évoquer "des lignes rouges"et de persister à employer des termes comme "pédagogie", ou "explication" au risque de vider les salles ou de les radicaliser. Elle réclame du gouvernement qu’il "s’engage à répondre par écrit, de manière argumentée et détaillée à toutes les positions et propositions" et à ne prendre pendant les deux mois et demi de concertation aucune décision qui n’en tienne pas compte.
En cause notamment, la réunion convoquée mardi 18 décembre au soir à l’Elysée pour préparer le grand débat national, en présence du Premier ministre, qui fait bondir certains membres de la commission, selon franceinfo. L’un d’entre eux évoque une "réunion jupitérienne" en contradiction absolue avec les principes de l’institution. "Emmanuel Macron ne peut pas en faire une affaire personnelle", s’indigne l’un des représentants de la société civile qui y siège.
Emmanuel Macron envoie pourtant le signal parfaitement contraire quand il déclare comme il l’a fait hier que finaliser le débat public et en clarifier les règles avant le Conseil des ministres impose qu’il n’aille pas à Biarritz. C'est une "priorisation normale de mon agenda" a déclaré le chef de l'État, qui se fait remplacer par Jean-Yves Le Drian, son ministre des Affaires étrangères, à la réunion de préparation du G7.
Sujets associés
Gouvernement d'Edouard Philippe Emmanuel Macron "Gilets jaunes" Politique Eco / Conso Transports
ndlr :
- sur la notion de neutralité, affirmer "être neutre" n'a aucun sens. cf travaux de recherche sur ce thème
- il a été dit (ailleurs ?) que la cndp dans un débat précédent avait fait émerger des éléments annonciateurs d'un risque de type "gilets jaunes" transmis au gouv macron/phiippe qui n'en avait tenu aucun compte => chercher réf ACT
->
https://www.lejdd.fr/Politique/taxe-carbone-le-gouvernement-etait-averti-du-risque-de-grogne-3821522
&
info déjà éclairante de fin juin 2018 : https://reporterre.net/Le-debat-public-sur-l-energie-a-produit-des-conclusions-utiles-a-condition-que
Skeptikón est une plateforme de vidéos en ligne autour de la zététique, de l'esprit critique, du scepticisme de manière plus générale.
Cette plateforme est une instance de Peertube, une solution d'hébergement décentralisé de vidéos et basée sur du logiciel libre. Elle ne contient aucune publicité et ne trace pas vos activités dessus (contrairement à d'autres plateformes bien plus connues). Elle est mise à disposition bénévolement et à titre gracieux.
Le nom Skeptikón (σκεπτικόν) est la forme neutre de l'adjectif en grec ancien σκεπτικός / σκεπτική / σκεπτικόν, signifie « Qui observe, qui réfléchit. ». Le choix du neutre vise à être inclusif, indifféremment du genre.
Si vous réalisez des vidéos autour des sujets cités plus haut et que vous souhaitez les voir apparaître sur la plateforme, je serais ravi que nous prenions contact pour en discuter par mail : florent.peertube@zeteo.me.
Chercheur en sciences sociales, Laboratoire d’innovation sociale par la recherche-action (LISRA)
L’histoire collective d’un laboratoire social
2
L’écriture a donc été un élément structurant pour les auteurs de ce dossier. Nous aborderons plus loin le rôle d’une écriture réflexive. Il n’est pas simple d’établir une interaction entre pensée et action « médiée » par le langage. Ce travail réflexif est-il ponctuel ou continuel ? Sa fonction dépasse-t-elle une formation pour s’inscrire dans une transformation sociale ?
3
Cela pose deux conditions : la possibilité pour ce processus de s’inscrire dans le temps et de se développer en toute autonomie. Ce qui nous a amenés à concevoir le dispositif du laboratoire social. Si ce dossier ne pouvait exister sans une forme d’écriture réflexive, le travail réflexif n’aurait pu lui-même exister sans l’ouverture d’espaces-temps spécifiques permettant l’appropriation et la maîtrise d’une démarche par définition complexe.
...
c’est par la pratique d’espaces « interstitiels » ou de « tiers-espaces » que se dégage une force « instituante », c’est-à-dire susceptible de poser, en dehors des cadres normatifs institutionnels, ses propres référentiels amenant à penser la réalité autrement et par conséquent à agir sur elle pour structurer et reconfigurer nos manières de faire collectif, de faire territoire, de partager et de gérer des ressources du commun, de développer une analyse critique des rapports sociaux et de concevoir autrement un développement, etc.
5
Certains des acteurs-chercheurs de l’époque, rejoints par d’autres depuis, proposent aujourd’hui dans un nouveau dossier des Cahiers de l’action de décrire ce cheminement à travers des « espaces d’émancipation collective et de transformation sociale ». Le dossier lui-même se comprend comme un programme de recherche-action expérimentant de nouveaux espaces, puisqu’une des étapes de son écriture collective s’incarnera par l’organisation, le 16 octobre 2017, d’un forum débat à la Maison des sciences de l’homme Paris-Nord en partenariat avec l’INJEP [4]
[4] www.mshparisnord.fr/programmes/recherches-actions/...
. Il se poursuivra en 2018 dans cette perspective de créer des espaces physiques de rencontre et d’accompagnement collectif d’expérimentations.
6
Le LISRA est actuellement composé d’une trentaine d’acteurs-chercheurs et de chercheurs-acteurs porteurs d’expérimentations sociales dans différentes régions (principalement : Pays de la Loire, Rhône-Alpes, Limousin, Île-de-France, PACA).
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science de la « reliance »
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Nous appelons ce développement endogène « économie populaire », une notion très peu développée dans les pays du Nord, mais beaucoup plus avancée, en termes de réflexion et d’expérimentations, dans les pays du Sud, notamment en Amérique latine. Nous aimerions ainsi expérimenter le principe des « clusters populaires » qui questionnent selon une autre cohérence partant du « bas », d’une maîtrise d’usage vers une maîtrise d’ouvrage, le domaine de l’économie sociale, de l’entrepreneuriat social ou de l’innovation sociale.
15
Dans le Limousin s’est mis en place un dispositif original de rencontres sur la question du travail qui se conçoit comme un espace d’autoformation où l’on met en résonance, en débat, les vécus du travail et des recherches : « (…) un espace hors du temps de travail pour mieux le transformer, provoquer une rencontre entre des milieux qui ont un rapport au travail différent (travailleurs, chômeurs, retraités, etc.) et de les faire interagir, dans un autre lieu que celui de l’entreprise [15]
[15] http://autographie.org/cycletravail/
. »
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L’écriture comme pratique de la réflexivité
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Nous parlons d’écriture réflexive pour la distinguer du récit d’expériences où elle puise ses matériaux. C’est dans ce reflet, cette prise de recul, que s’élabore un travail d’analyse qui ne contribue pas simplement à une réflexion, mais aussi à un changement. La réflexivité proprement dite est la prise de conscience de ce changement dans nos cadres de pensée et d’action. Ce n’est donc pas simplement une connaissance du processus, il s’ensuit une évaluation et une décision. C’est en cela qu’elle se conjugue parfaitement avec une démarche de recherche-action qui articule une production de savoirs avec une transformation individuelle et sociale.
...
autoréflexion existentielle. C’est une manière « d’entreprendre d’apprendre [18]
[18] Desroche H., 1990, Entreprendre d’apprendre. De l’autobiographie...
» pour reprendre le titre d’un livre d’Henri Desroche (1914-1994), un des référents historiques de la recherche-action en France, qui pose la question : « Pourquoi écrire [19]
[19] Desroche H., 1984, postface, « Écrire ou ne pas écrire »,...
? »
...
créer des espaces susceptibles d’accueillir la complexité du vivant sans la réduire. Cette possibilité de provoquer des relations inédites est une autre manière de définir une intelligence collective qui dépasse l’addition des savoirs individuels. Ce numéro des Cahiers de l’action procède de cette tentative de valider et de valoriser, par la recherche-action, selon d’autres critères des compétences collectives.
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écriture « transfrontalière » par son aptitude à réunir plusieurs modes d’analyse : analyse critique des rapports sociaux, analyse clinique des modes d’implication personnelle en situation, analyse stratégique des logiques de changement. Elle peut autant produire un savoir de recherche généralisable, qu’une validation d’expertise et d’acquis d’expérience ou encore une auto-analyse dans l’intimité d’un voyage intérieur.
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C’est ainsi que l’écriture de ce dossier ne pouvait être formatée. Ce sont des écritures plurielles avec des vocabulaires et des grammaires différents comme autant d’univers personnels et situationnels, mais dont la mise en synergie contribue à la formation d’un imaginaire commun, d’une géographie sociale et mentale originale.
Pratiques des espaces et recherches situées
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ne prétend pas à une « neutralité scientifique » qui échapperait aux rapports de production (économiques, culturels, symboliques). Elle intègre le fait qu’elle est tributaire des constructions sociales d’une époque (normes, énoncés, valeurs, structures mentales) et ne peut être séparée des rapports d’exploitation et de domination engendrés par les rapports sociaux. C’est au contraire cette prise de conscience de l’implication de l’acteur-chercheur qui garantit une objectivation et une généralisation du savoir. La conscience de cette situation conduit donc à une analyse critique. Comme nous l’avons remarqué à travers le principe de laboratoire social, un travail réflexif par nature émancipateur ne peut s’engager sans créer des espaces-temps autonomes et, réciproquement, des espaces-temps autonomes se construisent par l’appropriation d’une démarche réflexive. Ainsi peuvent s’articuler changements personnels et changements institutionnels, production de savoirs et transformation sociale.
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interroger notre rapport au monde à travers trois dimensions : le rapport au travail, le rapport au territoire, le rapport au modèle d’organisation collective et de gouvernance.
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Une approche de la complexité est nécessaire à travers des liens inédits entre les expériences et les connaissances pour comprendre et analyser ces processus d’émancipation et de transformation.
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C’est dans ce rapport entre un imaginaire instituant et l’action directe que se formule un récit collectif, nous touchons là une fonction cruciale de l’écriture.
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Nous ne sommes pas dans une opération de communication basée sur le « storytelling » de la réussite individuelle mais, à travers ce travail réflexif, dans la prise de conscience de pouvoir former une minorité active, du moins de constituer, en tant que communauté d’acteurs-chercheurs, une entité collective se positionnant dans les rapports sociaux.
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L’écriture agit comme une auto-analyse pour les groupes et les structures, décryptant les enjeux de pouvoir, les dysfonctionnements, les écarts entre les objectifs et la réalité, amenant chacun à comprendre sa position et à clarifier son engagement.
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De toute époque, les minorités actives ont pu servir de levier à une transformation lorsqu’elles ont su écrire un récit collectif fort et autonome. Cela a été le cas pour les mouvements ouvriers et d’éducation populaire d’après-guerre issus de la Résistance ou les mouvements des années 60-70 issus de la décolonisation et de l’anti-impérialisme… Quels sont les contre-espaces d’aujourd’hui, sur quelle base des individus peuvent-ils se former en minorité active ? Les corps intermédiaires professionnels, politiques et syndicaux sont décrédibilisés dans l’assujettissement à des modèles économiques reconstructeurs, « disrupteurs », dit-on aujourd’hui dans la langue du pouvoir, alors que les catégories les plus précaires de la population sont destituées du rôle politique de générer un récit refondateur.
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le récit collectif pose un acte de résistance aux pouvoirs investis par le langage quand ils s’autorisent à écrire l’histoire à la place de ceux qui la font. Ce pouvoir symbolique s’incarne dans la vie quotidienne dans la définition des signifiants (forme de vie) et des signifiés (le sens accordé à ces formes). C’est ainsi que des catégories entières de la population deviennent « insignifiantes » (sauvages, indigènes, inutiles, etc.).
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Les critères qui pourraient dessiner les contours de nouvelles minorités actives restent difficiles à cerner puisqu’ils ne s’appuient plus sur des définitions sectorielles professionnelles ou disciplinaires universitaires. La nature ayant horreur du vide, ce sont les mouvements identitaires et populistes qui viennent combler, sur une base ethnosociale, territoriale ou religieuse, l’absence d’une prise en compte politique et théorique.
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lieux hétérotopiques [21]
[21] À la différence des utopies qui sont des emplacements...
et autres tiers-espaces.
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« auteurs » d’une créativité populaire posant des alternatives. Passer ainsi d’une forme subie à une forme active est un enjeu du récit collectif. Autrement dit, un mouvement peut s’analyse en creux, de la déprise comme reprise en main de l’existence et du cours de l’histoire à travers des contre-histoires, des contre-espaces, des contre-discours. Cette problématisation des pratiques dans ces espaces est un des enjeux de ce dossier.
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Les expériences décrites dans ce dossier explorent les formes d’économie populaire et d’innovation sociale, participent d’un développement endogène des territoires, expérimentent sur des zones interstitielles, intermédiaires, temporaires des formes d’auto-organisation, d’autoformation et d’autofabrication répondant aux besoins sociaux.
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Si ces notions sont reprises par une « classe créative », nous pensons que ce sont les classes les plus démunies et ceux qui sont hors système qui sont les plus porteurs d’une créativité amenant à des solutions alternatives profitables pour tous en termes de recherche et développement. Nous sommes vigilants dans ce sens à ce que les plus concernés soient bien au cœur comme coauteurs du processus : utiliser ses propres mots, construire son propre vocabulaire, qualifier ou requalifier ses acquis d’expérience.
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Il est d’ailleurs intéressant de noter que c’est la conscience d’un rapport social qui relie toutes ces expériences : un autre rapport au travail, un autre rapport au territoire, un autre rapport aux organisations de l’espace.
Une pratique des « tiers-espaces » qui interrogent les rapports sociaux
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La frontière entre la vie privée et la vie professionnelle est gommée par les stratégies des plateformes technologiques où nous troquons notre qualité de citoyen pour celle de « client » (exemple des GAFA : Google, Amazon, Facebook, Apple).
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À l’opposé, les expériences décrites ici s’inscrivent délibérément dans une démarche non propriétaire de la créativité. Cette « créativité populaire » renvoie à la question du commun (ce que nous voulons partager et comment le partager), de l’innovation sociale (en quoi est-ce un service répondant à un besoin collectif) et au modèle économique alternatif au capitalisme.
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environnement ouvert d’interaction et d’interdépendance. Ce caractère écosystémique ne peut pas dissocier les éléments de la vie dans leurs différentes dimensions sociales, culturelles, économiques, politiques.
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S’y forge un sens critique qui n’est pas sans conséquence sur la manière de concevoir l’aménagement du territoire – à l’opposé de la logique technicienne – puisque nous partons du bas vers le haut, de la maîtrise d’usage vers la maîtrise d’œuvre, de l’instituant vers l’institué. Cela modifie nos conceptions du rapport entre le centre et la périphérie, entre l’espace et le lieu, entre la verticalité et l’horizontalité, entre le dedans et le dehors, le privé et le public.
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Un autre rapport à l’organisation de l’espace qui émancipe
Placer l’humain, la rencontre, l’accueil inconditionnel au centre constitue un acte fondateur des expériences décrites. En quoi la pratique d’espaces sans lieux institués et sans « ingénierie de projet », basés sur l’accueil, la diversité et la prise en compte de l’environnement fabrique-t-elle une culture commune et un cadre autonome de pensée et d’action ?
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Cette présence et cette implication auprès des populations délaissées ne traduisent pas un simple engagement social. Le mouvement même d’une déprise semble inscrire les conditions d’un renouvellement profond de nos sociétés. S’il y a rupture, c’est dans ce renversement des perspectives où la non-participation, le non-engagement, le creux, l’absence, la non-visibilité sont symptomatiques d’un mouvement de flux et de reflux où le retrait amène l’implication, l’absence amène la présence, le décrochage amène le mouvement… Et si se jouaient là d’autres modèles de gouvernance ?
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Dans le contexte du mouvement des places du printemps 2016 appelé aussi Nuit debout, Camille Arnodin décrit l’instauration d’un espace spécifique, « Debout éducation populaire ». En quoi se fabrique ici, dans l’investissement d’un lieu instable, sans emprise et dans la confrontation aux postures et aux idées des uns et des autres, le cadre d’une expérience commune critique, voire d’une culture commune contestataire (p. 115) ?
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Un autre espace insoumis et autonome ouvert à tous est la Chimère citoyenne, initiée par Élisabeth Sénégas et Marie Françoise Gondol, justement parce que c’est « un lieu qui ne propose rien, pour que tout soit possible ». Face à l’inadaptation des dispositifs d’accompagnement, c’est la qualité de présence qui est privilégiée dans un tiers-espace entre vie privée et vie professionnelle (p. 123).
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Des tiers-espaces d’émancipation il en est aussi question avec Christophe Giroguy, qui a su toucher les acteurs d’un quartier populaire de 12 000 habitants à la rencontre de leurs lieux de vie dans des marches exploratoires, là aussi sans logique de projet préalable, ce qui a donné naissance au local de l’Utopie, une autre manière de « faire démocratie » et de répondre aux besoins du quartier (p. 131).
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Lakdar Kherfi témoigne d’un autre espace-temps dans les quartiers populaires : quand la nuit tombe et que tous les services et lieux sont fermés, il gare son camping-car et ouvre avec son frère Yazid, au pied des immeubles, un espace de rencontre minimaliste mais chaleureux où la parole se libère. Il s’y fabrique de l’intelligence sociale avec, comme seul matériau, l’humain (p. 143).
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Enfin, Simon Cobigo ouvre là aussi des espaces singuliers en expérimentant un « système bulle », une architecture gonflable qui crée en très peu de temps et de moyens des lieux temporaires de partage, par exemple pour distribuer des repas aux réfugiés. Ce contre-espace facilement appropriable questionne les normes établies de l’espace public et de la société (p. 149).
ndlr :
à rapprocher des travaux du COREM, à valoriser, participer ? ACT