Essai Réfléchir S'organiser
De nos jours, la démocratie semble moins exprimer le mouvement de libération d'un peuple qu'accompagner la soumission générale des formes de vie à l'impératif mondialisé d'une économie de marché.
Clés : Commun Politique
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Le droit de l’environnement contemporain traduit ce double asservissement : asservissement des choses sous le régime de l’appropriation privée et de la gestion technocratique, asservissement du droit qui perd son rôle de médiateur pour se réduire à celui de notaire de la norme scientifique. […] Ce n’est que dans la mesure où il réussira ainsi à maîtriser notre maîtrise de la nature, que le droit assurera sa fonction de médiation qui doit l’amener non à s’aligner sur le fait mais à instituer du sens (au prix de la contrefactivité), ni à renforcer les pouvoirs dominants – ici le pouvoir de la technoscience – mais à instaurer partout des contre-pouvoir[29] ». Or cette fonction médiatrice doit se penser au-delà d’une responsabilité collective de l’humanité face à une nature qu’elle devrait respecter. Si le droit doit se faire l’expression d’une décision politique, ce ne sera pas au sens d’un changement dans le mode de gouvernement mondial, mais dans la capacité à engager un processus de désappropriation qui démette l’homme de sa position de toute puissance pour le réinscrire dans le mouvement du naturer dont il est indissociable. C’est alors le statut du droit qui devra être radicalement repensé, en lui donnant un nouveau sens dans et à partir des choses communes, c’est-à-dire d’un espace qui se situe nécessairement hors droit, hors de l’emprise et de la décision de l’homme. Il s’agirait alors de penser le droit en relation à des coutumes. Le droit serait moins ce qui assoie la main-mise de l’homme sur les êtres de nature que l’articulation médiatrice qui, dans et à travers des pratiques et usages, ré-ouvre l’écart, l’espacement d’un hors droit et pose une limite à la volonté d’appropriation de l’homme. Il y aurait ici d’une certaine manière un retournement de la fonction du droit par rapport au rôle qui lui a été attribué tout autant chez les romains que dans la modernité européenne, c’est-à-dire celui de garantir et légitimer une propriété, d’assurer le contrôle d’un territoire par un pouvoir. Dans cette perspective, la problématique de l’usage constitue un point d’appui qui doit permettre de rompre avec la logique propriétaire, d’ouvrir un art du passage contre la logique de gouvernement (l’Etat) et son corollaire économique, le commercialisable (le privé).
Le juriste Alain Sériaux propose de penser l’usage dans les termes de l’usufruit marquant ainsi l’écart entre la jouissance d’une chose et sa disposition absolue (appropriation).
Vous craignez le réchauffement climatique ? Les vagues de chaleur à répétition, les sécheresses interminables, la fonte de la banquise ? « Vous avez tort ! Le changement climatique c’est 1 % de pouvoir d’achat en moins dans un siècle, alors que le marché le multipliera par sept : ayez confiance ! » C’est du moins ce que disent les économistes.
Antonin Pottier dévoile les présupposés de ce discours économique : marchés parfaits qui orientent les investissements, individus qui optimisent leurs décisions dans un univers complètement connu, nature infiniment généreuse. Cette vision du monde est logée au cœur des modèles et des méthodes des économistes. Elle déforme la réalité et fait prendre des décisions surprenantes, comme celle de créer un marché mondial du carbone pour sauver le climat. Elle aboutit surtout à entraver toute action effective contre le changement climatique.
Bref, l’avenir de la planète est une affaire trop sérieuse pour être laissée aux économistes !
Antonin Pottier, ancien élève de l’École normale supérieure, est chercheur au Cerna, École des mines de Paris. Ses travaux portent sur les aspects socio-économiques du changement climatique et l’intégration de l’environnement dans la discipline économique.
Préface de Gaël Giraud, économiste en chef de l'Agence française de développement, directeur de recherche au CNRS, directeur de la chaire Énergie et prospérité.
Clés: Essais Anthropocène
Date de parution 08/09/2016
La presse a aimé
L'amour des livres
"Un essai percutant pour ouvrir les yeux et consommer autrement."
Stéphane Foucart Le Monde
"Un essai remarquable."
Quelques sujets traités dans le désordre :
marché des droits à polluer p270, sociologie des économistes, l'anthropologue David Graeber (utopie bureaucratique)->loi d'airain du libéralisme (toute réforme qui a pour but de promouvoir les forces du marché résultera d'un accroissement de la pression bureaucratique et du nombre d'employés de bureau en charge de la faire appliquer. La bureaucratisation totale nous plonge dans une sorte de complicité/loyauté schizophrène,), il existe des ALTERNATIVES(p 18), il existe des INSTITUTIONS INTERNATIONALES dont AFD qui ont compris que leur responsabilité citoyenne=>tout faire pour éviter l'effondrement programmé du Sud et le déclin du Nord, climat et développement vont de pair,
Et parmi les références citées :
- xx : 36. Pauline Huet, "Émergence et structuration de l'économie des changements climatiques (1975-2013). Analyse socio-historique d'un nouveau domaine de recherche", thèse de doctorat, Montréal, Paris, université de Montréal-EHESS, 2015. Ce travail de profondeur contient de nombreuses informations sur le parcours institutionnel des chercheurs, leur position dans le champ scientifique et les relations qu'ils entretiennent.
Vidéo de présentation du livre à l'AFD :
https://my.framasoft.org/u/mediationpourtous/?VPJrAA
ndlr :
- emprunt à lalpha : 00999001208704 - Médiathèque L'Alpha - Adulte - LIV - CLIMAT
- si le but de cet ouvrage était de "faire revenir l'économiste sur terre" en 2016, il faut reconnaître que 2 ans après, c'est raté :-(
La tentative d'alliance de tous les citoyens du monde est donc PLUS QUE JAMAIS NÉCESSAIRE => PRENDRE LE PARTI DE L'ANTHROPOCÈNE ACT