... Ce modèle théorique, dont Jean Gagnepain a exposé méthodiquement les principes dans son ouvrage Du vouloir Dire (3 tomes), couvre l’ensemble du champ des sciences humaines. Il a pour particularité essentielle de chercher dans la clinique une forme de mise à l’épreuve expérimentale, d’où l’appellation « anthropologie clinique » qui l’accompagne. Jean Gagnepain s’est entouré à Rennes d’une équipe de chercheurs et son modèle se trouve aujourd’hui exploité et développé, au-delà de Rennes, par des universitaires et chercheurs de nationalités différentes, dans des champs disciplinaires très divers qui vont des sciences du Langage et de la psychologie à la « science of design » américaine, en passant par l’archéologie moderne et la « romanistique ». La visée est donc délibérément trans-disciplinaire ; plus exactement, la théorie de la médiation cultive, comme l’énonce avec humour Jean Gagnepain, « l’in-discipline ».
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Ce modèle, élaboré à ses débuts à partir du seul langage, prend aujourd’hui comme objet la totalité de ce qu’on appelle le culturel, autrement dit cette dimension qui spécifie l’homme et le distingue des autres espèces vivantes. Le culturel constitue cet ordre spécifique de réalité auquel, par conséquent, seul l’homme participe : il lui permet, sans échapper à sa nature, de la dépasser constamment en s’en abstrayant. Le culturel se comprend donc ici, non pas comme la somme des œuvres essentielles d’une certaine société ni comme l’état général d’une civilisation donnée, mais comme l’ensemble des capacités proprement humaines dont tous les hommes, sauf pathologie, participent, quels que soient le moment de l’histoire ou le lieu géographique où ils se trouvent. Ce culturel se révèle identifiable à la fameuse Raison ou « rationalité »
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la rationalité recouvre chez l’homme plusieurs formes que la clinique dissocie. La raison est logique, sans nul doute, mais elle est également tout autant technique, ethnique et éthique, sans qu’il y ait la moindre hiérarchie entre ces différents « plans » venant rendre compte de la vie psychique. À chacun de ces quatre plans, l’homme médiatise son rapport au monde (d’où le terme de « médiation »), c’est-à-dire qu’il parvient à prendre une certaine distance par rapport à ce que ses capacités physiologiques immédiates lui permettent d’en saisir. Loin, dès lors, de se trouver soumis à ce mode d’appréhension immédiat du monde, l’homme construit en quelque sorte la réalité dont il participe en l’élaborant à partir de ses propres capacités.
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Ndlr :
- quelle nuance entre la culture telle que définie ici et l'opposition nature / culture ? ACT
- "l’ensemble des capacités proprement humaines", est-ce ce que certains appellent "le propre de l'homme" ? Sachant qu'il diminue au fur et à mesure des connaissances des sciences du vivant... ACT
1 heure 47 minutes
Édition spéciale de GBVF, exceptionnellement à neuf heures, en lieu et place de Boomerang et de l’Instant M de nos camarades Augustin Trapenard et Sonia Devillers que je salue, pour répondre à la question : Comment vivre cette période étrange ?
Comment vivre le quotidien au temps du coronavirus ?
Comment vivre le quotidien au temps du coronavirus ? © Getty
Jusqu’à 10 heures nous répondons à vos questions sur le Covid 19 qui bouleverse en profondeur nos modes de vie, nos relations sociales, amicales, familiales…
Tout au long de l’émission le médecin généraliste Baptiste Beaulieu et la biologiste Tania Louis répondront à vos questions, à vos témoignages, à vos inquiétudes.
Nos experts vous rappelleront pourquoi la distanciation sociale est fondamentale pour freiner le coronavirus
Nous verrons comment un virus fonctionne quand il pénètre dans notre organisme.
"Le #coronavirus n'a rien à voir avec la grippe. Les comparer revient à comparer un chat et un poisson : ce sont deux animaux, mais c'est tout"
Aline Perraudin explique pour les plus jeunes ce qu'est un virus -> https://t.co/QnIskpSJB5pic.twitter.com/FHS6TQmgdQ— France Inter (@franceinter) March 16, 2020
- Aline Perraudin, de Santé Magazine nous alertera sur les infox, les fake news qui pullulent autour du coronavirus.
- Le Dr Catherine Lacrosnière nous dira si l’alimentation peut vraiment aider à renforcer nos défenses immunitaires.
En fin d’émission, un conseil de lecture pour garder le moral alors que se profile peut-être un confinement général du pays
Et puis tous les matins nous accueillerons une personnalité qui partagera sa vision de la crise.
Aujourd'hui, notre conseil de lecture, c'est Trois hommes dans un bateau, un triomphe de l'humour anglais, publié en 1889, et écrit par Jerome K. Jerome.
Ce matin, le neuropsychiatre Boris Cyrulnik nous dira comment nos sociétés peuvent résister à cette crise et devenir résiliente.
Le standard de France inter vous est ouvert. Nous attendons toutes vos questions, ainsi que celles de vos enfants.
Si vous êtes atteint du coronavirus, racontez-nous votre quotidien confiné. Racontez-nous comment vous vivez cette France fermée sans commerce, sans bar, sans restaurant, théâtre et cinéma.
Craignez-vous ou souhaitez-vous le confinement général ?
avec Aline Perraudin, Rédactrice en chef de Santé mag Baptiste Beaulieu, médecin généraliste Tania Louis, Virologue, médiatrice scientifique Catherine Lacrosnière, médecin nutritionniste Christilla Pellé-Douël, Psychologie mag Boris Cyrulnik, neuropsychiatre
Aller loin :
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La page facebook d'Idées Détournées, fondée par Nadine, qui était au micro d'Ali Rebeihi https://www.facebook.com/idees.detournees
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(RÉ)ÉCOUTER | Suite de l'épidémie de coronavirus : toutes vos questions https://www.franceinter.fr/emissions/le-telephone-sonne/le-telephone-sonne-15-mars-2020
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LIRE | Coronavirus, écoles fermées : notre sélection de choses intelligentes à montrer à vos enfants sur des écrans https://www.franceinter.fr/coronavirus-ecoles-fermees-notre-selection-de-choses-intelligentes-a-montrer-a-vos-enfants-sur-des-ecrans
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LIRE | Coronavirus : décès, contaminations, notre carte interactive pour connaître la situation en France https://www.franceinter.fr/societe/coronavirus-deces-guerisons-notre-carte-interactive-pour-connaitre-la-situation-en-france
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LIRE | Coronavirus : si vous voulez vraiment résister, restez chez vous https://www.franceinter.fr/societe/coronavirus-si-vous-voulez-vraiment-resister-restez-chez-vous
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Notre dossier Coronavirus https://www.franceinter.fr/theme/coronavirus
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L'équipe : Ali Rebeihi, Producteur - Stéphanie Texier, Réalisatrice
Thèmes associés :* Vie quotidienne coronavirus épidémie santé
Transcription ~>8mn ACT
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COVID-19 nom de la maladie, pas du virus
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confinement général obligatoire car on n'a pas le temps de faire passer la pédagogie
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taux de mortalité plus élevé, plus contagieux, plus grave, porteurs sains contaminent les autres
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/FAUX CONSEILS à ~38:00 ... /faux régimes alimentaires fakenews ... choisir aliments pour bien manger ... vitamine A beurre etc vitamine C persil, poivron, etc ... atteinte du coronavirus depuis 15 jours trop tôt pour aider les autres /confinement a peint, créé, toussé, cuisine, a gardé moral ...
47:47 Boris Cyrulnick? crises sanitaires fréquentes galciation, réchauffement, épidémies, => révolution culturelle now rech interne cuisine, lecture, radio, musique valeurs de nos grands-parents. /protections sinon s'inquiéter nouvelle manière de vivre ensemble ; changements sociétaux sont la règle ; des morts comme la peste de 1348 50% avaient disparu après on a découvert les arts de la maison, nouvelles valeurs familiales, avant cerfs, après il fallait les payer pour qu'ils veuillent bien travailler.
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Mohamed éducateur exposé /jeunes qui refusent l'autorité s'inquiète /nos familles expliquer, les toucher au coeur /personnes qu'il aime respecter règle de confinement, de distanciation sociale, porter une écharpe, exemplarité ... /séquelles trop peu de recul /maladie autoimmunes /médicaments personnes fragiles et à risque ... /animaux virus de chauvesouris passée à l'homme par le pangolin (hypothèse) /chien ras sauf de potentielles surfaces contaminantes pas faciles à laver ... /femmes enceintes père accompagne sa femme pas plus de risques qu'une autre personne /bébé fragile mais très peu contaminés et n'ont jamais développé de symptôme grave rassurant /confinement disséminer le moins possible le virus seul, surfaces objets toucher le moins possible ... /psychologie /solitude liens /tél renouer ; lire ressource s'ouvrir au monde ex livres audio (avoir une voix = présence) ... /fruits et légumes
/cartes de paiement, tél portables eau savonneuse ou alcool à 70% mettre un mouchoir ... /sdf, migrants, maraudes, paniers à donner /gouv a prévu ? /solidarité rester froid pour être efficaces ... /proches m'on ri au nez a gueulé -> mauvais climat comment faire ? avoir un temps familial, déconstruire idées reçues
Boris C /conflits s'adapter à ennemi invisible -> fantasmes épidémies de croyances, cadeaux aux délirants, bouc émissaires, /tribune cristina comencini réaliste lien italie - fr pbt redécouvrir liens, nouvelles relations nous inventer une nouvelle vie ;revenir à l'essentiel, prendre le temps de s'ennuyer ; régler nos comptes
Boris C l'évol ne se fait que par crises. Quand l'amélioration des conditions climatiques, des conditions sociales se développe, on a moins besoin de couple, de famille. Quand on vivait dans une culture où la violence balisait la vie quotidienne, le couple était le seul facteur de protection. Né avant la 2è guerre mondiale, yavait pas de sécurité sociale, pas de caisse de retraite, La seule protection sociale, c'était le couple. Quand les hommes travaillaient 15 heures par jour, 6 jours par semaine, ils ne pouvaient pas vivre sans femme. Et les femmes avaient du mal à descendre trvailler dans les mines et piocher 15 h/j. Donc le couple était un mécanisme de défense. QUand les conditions techniques se sont améliorées, quand les conditions sociales se sont améliorées, le couple n'a plus été contraint à la solidarité. La famille a commencé à se diluer. Le couple a été invité à l'entente affective, sexuelle, sociale. Mais si l'un des deux se développait, l'autre devenait une entrave et à ce moment là le divorce, la séparation devenait très simple. Hors si les conditions redeviennent difficiles, après la crise, il va y avoir des ruines. L'expansion qui avait commencé cette année sera arrêtée l'an prochain. Il va y avoir des ruines donc il faudra redécouvrir de nouveaux métiers, une nouvelle aide sociale. À ce moment là probablement, le coupe reprendra sa fonction de solidarité affective et sociale et probablement la famille reprendra sa fonction de havre. Aujourd'hui, les enfants ne viennent plus voir leurs parents ou leurs grands-parents parce qu'il n'en ont plus besoin. Ils peuvent courir le monde et l'on voit que si les enfants se développent facilement, l'individu va devenir une valeur de notre culture. Mais si l'individu a du mal à se développer probablement va se replier, redécouvrir, redépoussiérer d'anciennes valeurs qui étaient une ancienne manière de faire la culture : l'entraide familiale, la richesse du monde intime, on ne pourra plus se contenter de se distraire devant des écrans ou devant des jeux vidéos ou avec la drogue. On ne pourra plus, il faudra redécouvrir des valeurs. ÇA c'est déjà fait plusieurs fois dans l'histoire humaine après chaque épidémie de peste sont apparues une nouvelle culture où le foyer et les valeurs de la famille redevenaient une protection individuelle et sociale.
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/déficience immunitaire faire attention ; virus se dépose sur les surfaces donc réduire au maxi la taille de la cellule familiale sinon transmission ... /confinement virus contagieux aux gens qu'on voit, d'abord la cellule familiale donc rester séparés. /virus pas si dangereux mais hôpitaux en tension donc pas malades tous en même temps. Moins de décès si étalé. /vigilance ne pas se contaminer la distance protège ; même à la maison = épreuve ; distopie /confinement total /chien sortir ; /aires de jeu surfaces contaminées ; /boulangeries servir avec des précautions ; /symptômes fièvre /livre jérôme k jérôme triomphe de l'humour anglais ++
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ndlr : la médiatrice scientifique est une experte de son domaine. Est-elle la mieux placée pour être médiatrice ? ACT
L’anthropologue Philippe Descola nous a fait reconsidérer l’idée de nature. Sa pensée a profondément influencé l’écologie, et dessine la voie d’une nouvelle relation entre les humains et le monde dans lequel ils sont plongés. Reporterre a conversé avec lui : voci son interview, à écouter en podcast et/ou à lire.
Philippe Descola est titulaire de la chaire d’Anthropologie de la nature au Collège de France et directeur du Laboratoire d’anthropologie sociale (ENS/EHESS). Il est l’auteur des Lances du crépuscules (Plon, 1993) et de Par delà nature et culture (Gallimard, 2005).
... Jeune étudiant, dans les années 1970, vous êtes parti au fin fond de l’Amazonie, entre l’Équateur et le Pérou, à la découverte des Achuars. Vous y avez passé deux à trois ans en immersion et plus tard plusieurs séjours. ... suradaptés à la nature, des êtres véritablement primitifs parce qu’ils étaient naturalisés. C’étaient des « peuples naturels ». Cela pose des questions quand on s’intéresse au rapport que des sociétés entretiennent avec leur environnement. Où est le social, où est la médiation sociale dans un tel système ? ... j’ai été en Amazonie avec l‘idée que peut-être, s’ils n’avaient pas d’institutions sociales immédiatement visibles c’était parce qu’ils avaient étendu les limites de la société au-delà du monde des humains. ... C’était un pressentiment. L’enquête ethnographique prend du temps ... L’oniromancie, c’est-à-dire l’interprétation des rêves. ... le manioc ... plante toxique, le barbasco ... on s’adresse directement à l’âme de ces humains ou des non-humains ...
...
les Achuars maintenaient en permanence une sorte de fil de communication avec des interlocuteurs humains et non-humains par l’intermédiaire de ces incantations magiques ... les non-humains étaient tout sauf la nature. C’étaient des partenaires sociaux qui n’étaient pas divinisés ni sacralisés puisqu’on les chassait, qu’on les mangeait, plantes comme animaux. Néanmoins, ils étaient dotés d’une dignité de sujets qui permettait une communication de sujet à sujet. Cela était quelque chose qui apparaissait en filigrane dans beaucoup de théories des religions dites primitives, depuis longtemps. Depuis Fraser, au début du XXe siècle. ... l’attention que chaque être vivant requiert et le soin qui est nécessaire pour le maintenir en vie ... l’idée que les non-humains sont animés par une intention, des projets, des buts qui les font entrer en communication les uns avec les autres. Et qui permet la communication entre humains et non-humains. C’est-à-dire que ce sont des êtres qui ne diffèrent pas tant de nous par leurs capacités ou par leurs dispositions à établir des relations que par des atouts physiques qui leur sont particuliers. cela correspond à l’idée que le grand éthologue Jacot von Uexkül avait développée. Que chaque espèce vit dans un monde singulier qui est fondé sur sa capacité à utiliser du fait de sa biologie propre, des éléments de sa niche écologique. Mais alors que chez Yacob von Uexkül, chaque espèce vit dans une bulle, chez les animistes, la communication est rendue possible par cette espèce de langue universelle qu’est le dialogue des âmes. ... Heidegger avait bien mis en évidence que la nature est une sorte de boîte vide qui permet de donner une saillance à tous les concepts auxquels on va l’opposer. Moi, je m’en sers pour signifier la distance qui s’est établie entre les humains et les non-humains ... Non seulement les Achuars n’ont pas de terme pour désigner la nature, mais c’est un terme quasiment introuvable ailleurs que dans les langues européennes, y compris dans les grandes civilisations japonaise et chinoise. ... le capitalisme a besoin de ce sous-bassement que j’ai appelé le naturalisme ; c’est-à-dire cette distinction nette entre les humains et les non-humains, la position en surplomb des humains vis-à-vis de la nature ... en Chine ... dans ce qu’a été l’expérience industrielle de l’Union Soviétique, fondée sur l’idée des humains démiurges ... Inventer des formes alternatives d’habiter la Terre, des formes alternatives de s’organiser entre humains et d’entretenir des relations avec les non-humains. Je reprends la formule de Gramsci, « le pessimisme de la lucidité et l’optimisme de la volonté ». ... changer les choses. Comment ? Et bien par la multiplication d’expériences que je trouve originales dans le monde européen. J’étais à Notre-Dame- des-Landes, il n’y a pas très longtemps, sur la Zad. Et, je trouve que c’est une expérience - ce n’est pas la seule ... degré de réflexivité ... La capacité à poursuivre un projet dont on va examiner toutes les composantes ... Comment on se débrouille pour faire vivre cela en faisant un pas de côté par rapport aux contraintes politiques légales et administratives d’un État moderne capitaliste ou libéral ? ... l’identité qui s’est constituée peu à peu ou l’identification entre les humains et certains non-humains menacés, les tritons, les salamandres, les grenouilles, etc.. Ce qui m’a frappé par exemple, c’est l’attention des gens qui s’intéressent à la forêt. Il y a une petite forêt, qui est exploitée d’ailleurs, dans une attention à l’individualité des arbres.
Cette attention à la cohabitation tranche complètement avec la foresterie industrielle, de même que les techniques de maraîchage tranchent là avec l’agriculture industrielle. Cette attention profonde à la singularité des êtres vivants avec lesquels les zadistes entrent en contact me frappe parce que j’ai vu la même chose en Amazonie. ... vivent une sorte d’Epiphanie. Ils essayent de travailler à l’intérieur d’un collectif où l’on partage à peu près tout, avec cette espèce d’identité profonde, d’identification profonde, qui est singulière.
...
On ne peut pas devenir des Achuars. On peut devenir des humains différents de ce que nous avons été ou de ce que nous sommes. Découvrir des façons alternatives de vivre pour essayer de nous transformer nous-mêmes.
Thèse : "La nature domestique de Ph D. à la MSH ; Les lances du crépuscule (+accessible) collection Terre humaine ; & 1petit livre "L'écologie des autres et l'anthropologie et la question de la nature, éd QUAE
Lire aussi : Alessandro Pignocchi : « Il n’y a pas d’écologie sans lutte collective contre le monde de l’économie » https://reporterre.net/Alessandro-Pignocchi-Il-n-y-a-pas-d-ecologie-sans-lutte-collective-contre-le-monde-de-l
Réalisation du podcast : L’équipe de Ground Control https://www.groundcontrolparis.com/ avec Laura Eisenstein à la production, François Touchard à la réalisation et Frédéric Haury pour les micro-trottoirs.
Ndlr :
- on retrouve ici des ingrédients de la théorie de la médiation ? cadre, distance, interrelations, etc. => creuser ACT
- ces peuples nous transmettent des savoir-être primordiaux pour inventer/restaurer notre rapport aux autres, au vivant. => valoriser politiquement ce trésor à préserver coûte que coûte. MpT peut y contribuer ACT
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3.2. L’immigration comme rétroaction et contradictions.
En fait, l’immigration s’inscrit dans le contexte des quatre rétroactions de base par lesquelles le Second Monde, champion du Réel, réplique à la Globalisation, propagatrice de virtuel.
Rétroactions qui, à travers elle, vont s’introduire au cœur même de la Société des individus, comme autant de dissonances fondamentales.
Ainsi, on constate que V 2 démarre précisément au moment (la deuxième moitié des années 70) où le Rebond asiatique R 1 (l’avènement de Deng Xiao Ping en 1978 ) et la Rente pétrolière R 2 (les deux « chocs » de 1973 et 1979) sèment, chez nous, les graines de ce qui va devenir un chômage de masse : les immigrés arrivent au moment où vont partir les emplois...
La deuxième vague importe aussi avec elle les différentes formes de Rente illégale R 2, fortement corrélées à l’immigration (trafics d’êtres humains, travail au noir, fraude sociale, commerce de drogues), dans une société se voulant transparente et se croyant à l’abri de la délinquance systémique.
À majorité musulmane, V 2 se relie également à la rétroaction du Refus R 3, qui a pareillement commencé à monter en puissance à la fin des années 70 (révolution iranienne, siège de la mosquée de la Mecque, invasion soviétique de l’Afghanistan), avec l’appui financier de la Rente pétrolière R 2 et, comme résultat, la transplantation massive d’une religion, en tous points exotique, dans un milieu français radicalement sécularisé.
Enfin, une bonne partie de ces flux humains émanent des « trous noirs » qui expriment la rétroaction du Rejet R 4, aux antipodes d’une société qui, comme la nôtre, s’auto-proclame « avancée ».
Mais, surtout, la deuxième vague, provenant de pays anciennement colonisés, porte en elle le ressentiment R 5, né d’un siècle ou plus d’humiliation ravalée. C’est là la dernière incohérence – mortelle celle-ci – d’une immigration, qui se met en branle vers l’ancienne métropole, à l’instant où la décolonisation vient d’établir un constat de divorce irréversible entre les deux parties.
En bref, V 2 présente toutes les caractéristiques d’un effet boomerang multiforme, typique du retour de l’Histoire Événement, qui va reproduire en abyme, sur le territoire français, la marmite dysfonctionnelle du monde globalisé.
C.-à-d. une plate-forme, où des flux, politiquement non contrôlés, amènent à se heurter, en désordre et à contretemps, des configurations de l’être ensemble et des contenus culturels, qui « logiquement », selon l’Histoire Évolution, auraient dû se succéder dans le temps, sans se télescoper dans l’espace, mais qui vont, là, entrer dans des collisions anachroniques – au sens littéral – pour se disputer le pouvoir sur un même territoire.
3.3. L’hégémonie de la Société des individus en toile de fond.
Pour être complet, il faut garder à l’esprit que tout ce que je viens de décrire est soumis à l’emprise de la strate dominante S 3, dont la moulinette ravageuse n’épargne personne : les immigrés pas davantage que les autochtones, ne serait-ce qu’à travers la décomposition, subie par tous, de la communauté naturelle de base qu’est la famille ou la néo-religion partagée de la consommation. De sorte qu’il serait plus juste de parler de néo-communautarismes et de néonationalismes, plus ou moins déglingués, mais néanmoins tenaces, par rapport aux idéaux types que j’ai décrit il y a quelques instants, dans une société que tout le monde s’accorde à considérer, par ailleurs, comme fragmentée ou, selon l’expression à la mode, archipelisée.
... distance « culturelle » ... déconstruction de l’État national ... commensurable / incommensurable ...
Chez S 3, en revanche, la commensurabilité se veut, d’emblée, universelle, grâce au « doux commerce », c.-à-d. aux mécanismes horizontaux d’équivalence et de conversion généralisées que j’ai déjà mentionnés : le marché (qui, par la monnaie, fixe un prix à toutes choses désirées, y compris celles qui n’en ont pas...), le juridique (qui ramène l’ensemble des rapports sociaux à la réciprocité des droits et des contrats entre sujets égaux) et la communication (dont le dénominateur commun, le mot transformé en « bits », est supposé arrondir tous les angles...).
La seule exception à cette identité universelle est la « diversité », soit le miracle par lequel la différence ne produit jamais de conflit : présentée comme une richesse, la diversité recouvre en fait l’idée que les particularités humaines ne sont que superficielles, décoratives et touristiques, et que, loin de créer de la distance entre les hommes, elles les rapprochent.
Avec cette conséquence que, s’il persiste de l’incommensurable et de l’incompatible dans la société, ils ne peuvent résulter que de la malveillance humaine, en l’occurrence celle, résiduelle, des nostalgiques de l’État national, au besoin qualifiés de « racistes », et des discriminations qu’ils s’obstinent à vouloir perpétuer : il suffit de combattre inlassablement ces dernières ou, en d’autres termes, de pratiquer un « antiracisme » militant à très large spectre, pour que l’écart culturel s’efface de lui-même.
4.2. L’effet de seuil, une évidence devenue tabou.
Le mot barbare de scalabilité, emprunté à l’anglais et au langage de l’informatique, recouvre l’idée simple qu’une grandeur peut augmenter en quantité sans que sa qualité en soit affectée, autrement dit qu’elle échappe plus ou moins aux effets de seuil.
Il est clair que l’immigration massive à fort écart culturel n’entre pas dans cette catégorie ...
Enjeux et mutations liés au numérique dans les systèmes éducatifs et dans la formation professionnelle.
Le colloque «Distances, médiations des savoirs et des formations» https://education4-1.sciencesconf.org/, qui s'est tenu en janvier 2019, avait pour but d'examiner ce qui se cache derrière les discours, les illusions qu’ils véhiculent, mais aussi ce qui est appelé à rester des innovations ou des évolutions incessantes d’ordres très différents technologiques, pédagogiques et organisationnels qui marquent d’ores et déjà les réalités profondes de la formation à distance.
En privilégiant une perspective historique, généalogique et éventuellement « continuiste », le colloque a abordé, sous des angles thématiques variés, les enjeux et les mutations liés au numérique dans les systèmes éducatifs comme dans la formation professionnelle.
36 des interventions des spécialistes et chercheurs ont été enregistrées et sont mantenant accessibles sur la chaine CNED de Canal U. https://www.canal-u.tv/producteurs/cned/colloque_education_4_1_distances_et_mediations_des_savoirs
Au menu
Ouverture du colloque (2)
Les politiques et les enjeux (4)
Ingénierie (3)
Les modalités et les stratégies (3)
Culture informationnelle (2)
Atelier dispositifs et pratiques collaboratifs (2)
Atelier retour d'expériences 1 (4)
Approches pédagogiques 1 (4)
Motivation, autorégulation, autodétermination de l'apprentissage (3)
Atelier scénarisation, ingénierie (3)
Atelier retour d'expériences 2 (2)
Formation à distance : autorégulation et collaboration (2)
Approches pédagogiques 2 (2)
Clôture du colloque (1)
6 décembre 2004, l'institutrice Elsa Bouteville réussit à donner le goût de la lecture à ses élèves de CE2
55 minutes
Ce jour-là, l'enseignante en classe de primaire à Villeneuve la Garenne, en Zone d’Education Prioritaire, découvre comment faire entrer dans le monde de la lecture ses élèves les plus rétifs. Une belle victoire !
Cours de lecture (image d'illustration) © Getty / Steve Debenport
Ziyane Bader, Sidi. Les affreux. Eux qui incarnent à merveille l’imagerie de la banlieue : à vif, explosifs. Les effrontés. Les durs. Souvent, dans la cour, ils n’hésitent pas à se battre, ça démarre vite, ça part au quart de tour. Alors, très vite, l’étiquette est posée. Elle sera même brodée, pour longtemps : irrécupérables, rétifs, violents… Parfois ça peut aller plus loin. On ne le dit pas, mais on le pense quand même: futur djihadiste, futur délinquant, de la racaille en puissance.
Extrait du texte d’Elsa Bouteville publié dans le livre collectif :Territoires vivants de la République. Ce que peut l'école : réussir au-delà des préjugés.
La professeure des écoles a justement rédigé ce texte pour combattre de tels préjugés.
Sidi, le « caïd » sensible et attachant, rétif à la lecture
En CE2 les écoliers savent lire, en théorie du moins. Parfois, il y des ratés comme pour Sidi, rétif à la lecture et empêtré dans ses blocages malgré deux années passées en CP. Elsa Bouteville fait plusieurs tentatives de rattrapage en tête en tête avec Sidi, au fond de la classe. En vain. Elle décide finalement de repartir de la base avec des livres d’images sans texte, des livres à toucher. Et ça fonctionne :
L'enfant regarde et touche le livre, il l’emporte avec lui. L’envie d’aller vers les livres était là !
Former un cercle pour s’accepter les uns les autres
Chaque matin avant de commencer la classe, les enfants se regroupent : « un moment privilégié où assis par terre en cercle, tous les enfants s’accueillent mutuellement : chacun dit bonjour, se parle, on y accueille les émotions du jour et celles de la veille. C’est l’objectif du cercle : exprimer ses émotions, de joie ou de colère. » Pendant longtemps Ziyane refuse d’y entrer, mais Elsa Bouteville n’a pas lâché l’affaire en lui demandant chaque matin : « Tu ne viens pas t’asseoir avec nous Ziyane ? », et un jour, l'enfant est rentré dans le cercle.
« Territoires vivants de la République » en réponse aux « Territoires perdus de la République »
Le premier, paru à l'automne 2018, répond au second, publié 12 ans plus tôt, puis réédité en 2015. Un livre choc dans lequel des professeurs racontent l’impossibilité pour l’école de la République d’éduquer en banlieue : on y parle de territoires perdus mais aussi de territoires de la haine où les principes de la laïcité sont bafoués. Elsa Bouteville a ressenti un décalage entre ce qu'elle lisait et ce qu'elle vivait . Pour elle, "les postures et les discours de haine peuvent se déjouer, se déminer. C’est à nous, enseignants, d’être vigilants et de travailler sur les représentations figées de la société qu’ont certains gamins. » Exemple : la religion, où l’objectif, tout en restant neutre, est d’amener chacun à respecter les idées de l’autre. L’école, lieu de savoir, ne doit pas être un lieu de destruction de la croyance. Les deux peuvent cohabiter ensemble.
A l’école, tous les enfants que l’on accueille ne sont pas aptes à s’asseoir et à apprendre quand on le leur dit. Le discours négatif des adultes sur ces enfants m’irrite beaucoup. L’école s’adresse d’abord à ceux qui sont en difficulté et non pas aux plus sages. Et ça l’institution l’a oublié.
Elsa Bouteville bombardent ses élèves de poèmes. A lire, à réciter. Même en ZEP (Zone d'Education Prioritaire). Surtout en ZEP. Pas question de baisser le niveau. La poésie comme un moyen pour apprendre à dire ses émotions, celles de ceux dont on pensait qu’ils n’avaient pas les mots. Ou que de la haine.
Pour aller plus loin
Le livre auquel a participé Elsa Bouteville : Territoires vivants de la République. Ce que peut l'école : réussir au-delà des préjugés. Sous la direction de Benoît Falaize (La Découverte, 2018)
Elsa Bouteville est aussi l'auteure d'ouvrages pédagogiques aux éditions de Retz :
dans la collection Espace temps CE2 , à l'attention des élèves du primaire : Mes premiers récits
dans la collection Histoires à écrire, des livres imagés sans texte pour donner aux élèves le goût d'écrire et de construire des récits.
On en a parlé :
Les territoires perdus de la République, sous la direction d'Emmanuel Brenner (Fayard, 2015)
La foire aux cancres, de l'écrivain et humoriste Jean-Charles, réédité en 1996 chez Librio
Le poème de Victor Hugo extrait de son recueil "Les Contemplations" : "Demain dès l'aube...", lu par le comédien Bernard Noël en 1960.
La play-list de l'émission :
Song for Jedi, Dionysos (2002)
Trick Me, Kelis (2004)
The capitalist blues, Leyla Mac Calla (2018)
Les références du générique de l'émission :
"Le Temps est bon" d’Isabelle Pierre remixé par Degiheugi
Les invités
Elsa Bouteville
Professeure des écoles
Les références
Territoires vivants de la République. Ce que peut l'école : réussir au delà des préjugés écrit par Benoît Falaize (La Découverte)
L'équipe
Zoé Varier Productrice
Flora Bernard Réalisatrice
Rebecca Denantes Attachée de Production
Djubaka Programmateur musical
Mots-clés : Culture école Livres éducation nationale
=>
- article sur l'accueil inconditionnel dans la vie ordinaire (par opposition au cabinet d'un thérapeuthe (ex Carl Rogers approche centrée sur la personne)
55 minutes
Comprendre comment fonctionne son cerveau pour apprendre à mieux s'en servir
Métacognition : la science du fonctionnement du cerveau © Getty / Gary Waters
La métacognition désigne l’ensemble des aptitudes liées au contrôle et au suivi de sa propre activité cognitive, qu'il s'agisse de perception, de mémoire, de raisonnement ou de résolution de problèmes.
Plus simplement, c’est la connaissance de son propre fonctionnement mental et son observation dans la vie de tous les jours.
À (ré)écouter
sciences
La langue du cerveau
Savoir se fixer un but, planifier les étapes pour y arriver, prendre conscience de ses propres pensées et émotions... D’après des recherches récentes, développer cette compétence métacognitive, ce serait un véritable atout pour la réussite à l’âge adulte.
En partenariat avec Cerveau et Psycho
14h10
Axel Villard
La une de la science
Les pires années de l’Histoire sont-elles liées aux extrêmes climatiques ?
Par Axel Villard
Histoire climat écologie
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Les invités
Jean-Philippe Lachaux
Directeur de recherche Inserm au Centre de recherche en neurosciences de Lyon
Sébastien Bohler
journaliste scientifique et auteur
Programmation musicale
J.S. ONDARA
American Dream - radio edit
2019
DOMINIQUE A
LE TEMPS QUI PASSE SANS MOI
2018
CAROLINE LOEB
C'est la ouate (radio edit)
2004
L'équipe
Fanny Bohuon Réalisatrice
Chantal Le Montagner Chargée de programmes
Lucie Sarfaty Chargée de programmes
Irène Ménahem Attachée de production
Mots-clés : sciences fonctionnement du corps humain neurosciences
ndlr :
- /lucidité (en médiation) (livre de Hélène Lesser) quels liens avec la métacognition ? -> la médiation nécessite une maîtrise minimale de soi par rapport au processus de médiation (prise de distance, prise de hauteur). La métacognition s'avère déterminante notamment pour que le médiateur puisse maîtriser le neutre ACT
Chargé de développement à l’association PiNG, Nantes
...
Pourquoi est-ce nécessaire de s’approprier les technologies ?
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Notre vision du monde passe de plus en plus par le prisme du numérique, notre monde se transforme petit à petit en données binaires avec lesquelles nous sommes invités à interagir.
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La théorie de l’information de Claude Shannon [1]
[1] http://centenaire-shannon.cnrs.fr/
met en avant la « discrétisation » du vivant, une forme de simplification par la transformation de l’analogique en tranches de 0 et de 1, qui induit une transformation de notre paysage intellectuel et imaginaire. La suprématie d’une vision scientiste [2]
[2] https://fr.wikipedia.org/wiki/Scientisme
, la représentation du monde à travers la science et la technique ainsi que l’efficacité de la preuve par l’expérience et la technique (en) « marche » s’imposent comme vision du monde au détriment d’une approche sensible et plus proche du fonctionnement de la nature. D’un point de vue logique, la question de la possibilité de s’approprier les techniques est première par rapport à celle de la nécessité. Il faut de la médiation. Ainsi la technique sans médiation n’est qu’un aspect du grand « bluff technologique [3]
[3] Charbonneau B., Ellul J., 1999, « Directives pour un...
», une sorte de culture technique industrielle-consumériste-marketing qui formate les usages et peut (doit) être combattue par une culture technique critique.
...
À qui profitent les lieux de… « médiation » ?
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Dans quelle mesure, à travers les lieux de médiation, sommes-nous des agents de promotion de ces objets techniques et méthodes ? De façon presque involontaire, nous sommes des facteurs de validation de ces progrès techniques, et ce malgré une posture critique. À travers les arts numériques notamment, nous sommes amenés à utiliser les « dernières technologies » et à en faire ainsi la promotion.
Nous sommes également parfois, contre notre volonté, complètement parties prenantes dans « l’écosystème » créatif et innovant : les labs (fablab, medialab, hacklab, etc.) comme avant-garde de l’innovation (avec, par exemple, la récupération des hackatons [5]
[5] Marathons informatiques pratiqués par des développeurs...
par les démarches entrepreneuriales), nous sommes parfois défricheurs de futurs terrains fertiles mais dont les légumes et les fruits seront récoltés par des start-up à la pointe de l’intégration capitaliste de ces dynamiques créatives et de partage.
...
L’association PiNG
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Nous défendons, au-delà de l’usage des logiciels libres, une culture libre pour des raisons éthiques et pratiques et pour concilier le fond à la forme : si nous voulons ouvrir le capot des technologies (logiciel), encore faut-il avoir accès au moteur (code source). Cette démarche à présent appliquée au matériel électronique ou au design d’objet croise des problématiques politiques et économiques fortes (propriété industrielle, brevets, corps, etc.).
...
Les lieux de médiation sont donc des lieux de tension, de conflit entre des injonctions à l’innovation industrielle et des appels à un mouvement d’une culture critique. Ces lieux ne peuvent éviter (même placés sous le signe de la culture libre) d’être intégrés, à un degré ou à un autre, à l’économie de l’attention [6]
[6] Citton Y., 2014, Pour une écologie de l’attention,...
. Dans le modèle du double-sided market (ou marché à double face, façon Google), ils figurent sur le premier côté, parmi toutes sortes de têtes de gondole. Le conflit des attentions croise et renforce le conflit des cultures techniques.
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Cela ne signifie pas que les lieux de médiation soient condamnés à être instrumentalisés. Le seul fait d’ouvrir la question de la culture technique constitue un début de résistance (voire de sagesse).
Comment et où produire des éléments de médiation vecteurs de transformation sociale ?
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Tout en prenant en compte les éléments évoqués précédemment, il convient de faire œuvre de médiation pour aussi tenter de développer un esprit critique et distancié face à ces évolutions sociétales technologiques.
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Si l’on ne veut pas connaître le même échec que la décentralisation culturelle (fonds régionaux d’art contemporain [FRAC], scènes nationales dont le public s’est finalement cantonné à quelques catégories socioprofessionnelles, etc.), il convient de renouveler, de réinventer nos modes d’intervention, d’animation et de médiation.
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Pour cela, il est nécessaire d’appréhender au plus près les évolutions des pratiques, notamment chez les jeunes, afin de situer un point de départ pertinent pour cet échange de connaissances, de savoirs, de savoir-faire et de savoir penser. Le principe du « lieu de médiation » pose question : le « lieu » constitue une base arrière, socle au développement structurel d’un projet afin, notamment, de développer des formes d’intervention salariées ou bénévoles et d’assurer ainsi une certaine stabilité au projet. Néanmoins, il constitue également un facteur de conservatisme : une certaine inertie face à de potentielles évolutions dans les modes d’intervention, au cœur des « formes de vie [7]
[7] Agamben G., [1993] 2002, « Forme-de-vie », Moyens sans...
».
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Il pourrait s’agir d’articuler des modes d’intervention « hors les murs » et « dans les appareils » des gens à partir de cette base, d’un lieu physique, et donc de penser cette action de médiation pour développer le sens critique, le libre arbitre, l’autonomie face aux technologies, au plus près des usagers. Il pourrait s’agir de « s’intercaler » dans la vie numérique des gens afin de se donner plus de sens et de distance : on peut ainsi imaginer des moyens d’intervention mobiles qui se déplacent sur un territoire au gré des besoins. Il pourrait également s’agir de développer des applications qui contribuent à ces souhaits et qui s’intercalent dans le processus informationnel quotidien afin de mieux le gérer, voire le contrôler.
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En considérant le stade d’avancée de « l’économie de l’attention [8]
[8] Citton Y., 2014, op cit.
», il faut réussir à détourner, à capter une partie de cette attention pour créer des zones d’échange et de médiation. Pour ce faire, des démarches ludiques peuvent être déployées tout en tentant d’esquiver les travers de la « gamification » de nos existences, c’est-à-dire l’usage excessif de dispositifs propres aux jeux vidéo pour jouer avec nos quotidiens. Le hack, le canular, l’humour peuvent également être des leviers pour grignoter des bribes d’attention et opérer parfois des changements d’échelle.
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La palette des outils au service de la médiation critique vis-à-vis du numérique peut et doit donc s’étendre et se diversifier pour atteindre ses objectifs dans un monde qui glisse pour l’instant de façon inexorable vers une emprise hégémonique de ces entités numériques sur nos quotidiens.
Comment objectiver nos limites ?
...lister sous forme d’items les points à mettre en relation.
dehors/dedans - prévisible/désiré - transparence/alternative - économie/emploi - éducation/populaire - transmission/savoirs - institution/autonomie - Il s’agit de « s’auto-instituer [9] [9] Castoriadis C., 2003, « L’imaginaire radical », Revue... » - subjectif/objectif - limites/pluralité : si tout a lieu, il y a un point où nos démarches s’arrêtent. Nos limites sont, ici, plurielles : limite de territoire, limite d’échelle, limite d’action. Quelle alliance privilégier pour dépasser une fonction d’éclaireur ? Profiter d’une forme d’organisation prônant une pluralité radicale.
...
conclusion
...
se référer aux nombreux écrits sur « l’associationnisme » de Jean-Louis Laville qui décrit parfaitement cette irruption asynchrone, ces formes d’économie et de pratiques populaires.
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Cette recherche inductive, qui dessine des réponses à partir d’expériences vécues comme un pendule entre émancipation et transformation sociale, produit des connaissances situées, durables et soutenables, imagine une citoyenneté sociale dans un environnement numérique.
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Distance et Médiations des Savoirs a pour objet l'accès à la connaissance et ses évolutions, dans le cadre de la formation à distance (enseignement à distance, et plus largement de tout dispositif de formation innovant par l’implication de divers types de distance (géographique, temporelle, culturelle, linguistique…) ) et de la médiation des savoirs. À raison de quatre numéros par an, elle publie des articles en français ou en anglais comportant une approche réflexive, heuristique ou critique des problèmes liés aux innovations technologiques et organisationnelles de la formation à distance et hybride - et plus généralement, de la formation médiatisée par les technologies - aux mutations des institutions et politiques dans les domaines concernés ainsi que des enjeux communicationnels, éducatifs, psychologiques, économiques, sociologiques, philosophiques et politiques des pratiques nouvelles d’enseignement et d’apprentissage médiatisé. Distances et médiations des savoirs est portée par l'équipe qui animait la revue Distances et savoirs de 2001 à 2011.