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Marion Cotillard, actrice, et Cyril Dion, réalisateur (auteur du documentaire "Demain") et militant écologiste, engagés dans la mobilisation d'ONG pour attaquer l'Etat français en justice pour inaction face aux changements climatiques. Ils sont les invités d'Ali Baddou.
Marion Cotillard © AFP / Angela Weiss et Cyril Dion © AFP / Valerie Macon
Marion Cotillard © AFP / Angela Weiss et Cyril Dion © AFP / Valerie Macon
A peine plus de 48 heures, et la pétition citoyenne "L'affaire du siècle" a déjà recueilli plus d' 1,2 million de signatures, devenant, selon Cyril Dion "la deuxième pétition la plus signée en France après celle contre la loi travail."
Marion Cotillard se félicite de cette "nouvelle preuve de la prise de conscience des citoyens" et commente sa réponse, faite directement sur la plateforme change.org qui accueille la pétition de baisse du prix de l'essence : "C'est [Emmanuel Macron] qui oppose les problèmes de fin de mois au problème de fin du monde."
C'est dommage d'en arriver là, mais le rapport de force est ce qui marche le mieux aujourd'hui
"La tâche est tellement énorme que la plupart des gens sont dans une attitude de sidération : les gouvernements doivent accompagner la transition, montrer l'exemple"
L'actrice poursuit : "Les discours, les débats, c'est bien, mais il faut passer au stade supérieur. A part Nicolas Hulot, en qui j'ai cru, le gouvernement a montré que les états sont pas à la hauteur, qu'ils pensent à court terme et cela mène à un immobilisme dangereux".
Depuis quelques années il y a un vrai réveil, parce qu'on ne peut plus fermer les yeux (...) je ne suis plus portée par la colère, mais par un réel espoir
Cyril Dion confirme : "Comment demander à des personnes de payer l'essence plus chère, quand c'est l'état qui doit permettre à ces personnes de se déplacer ?(...) Il faut commencer par taxer les entreprises qui font beaucoup de profits et qui sont les plus gros pollueurs."
Les invités
Marion Cotillard
Comédienne
Cyril Dion
auteur, réalisateur et militant écologiste
L'équipe
Ali Badon, chroniqueur
Mots-clés : Société agriculture bio COP24 (Conférence pour le climat 2018) Environnement écologie Gilets jaunes climat Politique Cyril Dion réchauffement climatique
Alors que les scientifiques du Giec dévoileront lundi 8 octobre leur rapport sur le dérèglement climatique, les militants d’Alternatiba organisent ce week-end une grande mobilisation à Bayonne. Objectif, d’après Txetx Etcheverry : construire un mouvement citoyen de masse pour forcer les dirigeants à agir.
Jean-Noël (Txetx) Etcheverry est un des animateurs de l’association écologiste Bizi et membre d’Alternatiba, qui organise ce week-end un rassemblement d’ampleur pour le climat à Bayonne, auquel Reporterre participe. D’abord engagé dans les années 1970 dans le combat pour l’indépendance du Pays basque, il est devenu syndicaliste et militant climatique.
...le monde a déjà commencé à changer : les effets du réchauffement sont là, comme l’ont montré les événements climatiques extrêmes survenus cet été en Europe et ailleurs. Il ne s’agit plus d’un péril lointain mais d’une réalité chaque jour plus tangible : cela devient un problème concret. Notre perception de ce phénomène se modifie, et cela change beaucoup de choses. La démission de Nicolas Hulot et le succès de la Marche pour le climat
https://reporterre.net/La-plus-grande-manifestation-pour-le-climat-jamais-vue-en-France
ne sont pas étrangers à cette modification.
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ce rapport décrit la bataille terrible que nous devons mener. Chaque dixième de degré de réchauffement compte. + 1,5 °C, + 1,8 °C ou + 2 °C… les conséquences pour la biodiversité, pour les humains, ne seront pas les mêmes. Il n’est pas impossible de stabiliser le changement à + 1,5 °C, c’est techniquement atteignable. Mais il faudrait un tel changement que beaucoup nous disent que c’est infaisable. Je le répète : c’est possible ! Il s’agit de réagir comme si nous nous trouvions en état de guerre ou de catastrophe majeure.
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Ce rapport du Giec nous place donc devant un choix historique. Soit nous continuons comme aujourd’hui, et devrons répondre de notre inaction devant les prochaines générations, qui en 2050 vivront déjà l’enfer climatique. Soit nous engageons dès maintenant un changement massif et immédiat. Ce ne sera pas l’horreur ni le sacrifice ! Ce changement peut nous apporter des bénéfices énormes en matière d’emplois, de santé, de qualité de vie.
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Nous avons besoin de politiques radicales en matière de disparition des voitures polluantes, d’isolation globale des logements — à commencer par ceux des plus pauvres —, de reconversion de l’agriculture vers le bio et le local. Tout cela nécessite des investissements massifs, mais on sait où et comment trouver de l’argent, par exemple par la création monétaire. Une fois ces dynamiques de sobriété impulsées, nous devons développer les énergies renouvelables.
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Aucun programme électoral ne devra être en contradiction avec les objectifs climatiques. Avec Bizi, nous travaillons sur un projet de territoire soutenable et solidaire pour le Pays basque.
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Le local ne suffit pas. La bataille du climat se joue indissociablement aux niveaux local et global. Mais nous n’avons pas aujourd’hui le rapport de force à l’échelle globale. Donc, commençons par nous réunir et agir localement. Car, quand des territoires sont massivement mobilisés, ils peuvent bloquer des infrastructures immenses et mettre des grains de sable dans la machine, comme on l’a vu à Notre-Dame-des-Landes, ou ici, au Pays basque, avec la ligne à grande vitesse. De territoire en territoire, il y aura ensuite un effet d’entraînement, capable de peser sur les décisions.
Car c’est l’objectif : créer un mouvement de masse sur la question climatique. Aujourd’hui, c’est davantage faisable qu’avant, parce que les gens commencent à voir le dérèglement climatique dans leur quotidien. La prise de conscience est là, il faut à présent donner aux gens des moyens d’agir. Au niveau local, on a davantage de prise, les gens savent quoi faire. On peut créer un écosystème qui prenne le dessus sur le capitalisme.
Mais on ne renonce pas à peser sur le global, au contraire ! Il faut continuer l’interpellation des décideurs, le travail d’influence, voire de contrainte, sur les grands groupes économiques, via notamment l’action non violente. Les campagnes de 350.org, des Amis de la Terre, d’Attac sont essentielles. Mais on ne peut pas se contenter d’attendre que les dirigeants agissent.
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sans rapport de force organisé dans la société, on n’arrivera à rien
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articuler le local et la dynamique globale
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Un cercle vicieux s’est installé qu’il s’agit de briser. Les hommes et les femmes politiques ne mettent pas dans leurs priorités la question climatique car ils pensent que ça ne « paye » pas électoralement. Les médias la traitent peu parce qu’ils pensent que ça n’intéresse pas. Et l’opinion publique n’arrive pas à voir ce dérèglement climatique comme un problème prioritaire puisque ni les dirigeants ni les médias n’en parlent.
Nous devons donc créer un cercle vertueux, et les conditions semblent aujourd’hui réunies pour y parvenir.
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il y a un devoir de continuer à se battre pour la réduction massive et immédiate des émissions de gaz à effet de serre.