L'urine, un engrais liquide plutôt inattendu pour fertiliser les sols à moindre coût…
2 septembre 2019 à 07:22
durée : 00:02:38 - L'Édito carré - par : Mathieu Vidard - Quand on pense à tout ce que nous perdons chaque jour dans la froideur de nos cuvettes, alors que nos urines pourraient être réutilisées comme engrais d’appoint ou comme fertilisant principal grâce aux deux nutriments essentiels qu’elles contiennent : l’azote et le phosphore.
« Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transfère »
Les besoins des plantes
Agriculture et export des nutriments
Différents types d’engrais : organiques et minéraux
Comment est assuré le renouvellement de la fertilité en France aujourd’hui ?
Commençons par l’azote, premier nutriment en terme de quantités nécessaires.
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Origine et devenir des nutriments dans le système alimentaire
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Conclusion
Toute activité agricole appauvrit les sols en exportant les nutriments qui s’y trouvent sous forme de nourriture pour les êtres humains. Renouveler la fertilité des sols est donc indispensable pour assurer la sécurité alimentaire sur le long terme. Aujourd’hui, notre système alimentaire se caractérise par une gestion linéaire des nutriments. Ceux-ci sont majoritairement apportés aux cultures sous formes d’engrais minéraux, sont éventuellement transférés entre différentes productions par l’intermédiaire des engrais organiques, puis une fois excrétés par nos corps, sont traités en tant que polluants à éliminer. Cette organisation dépend par ailleurs de ressources énergétiques et minérales limitées et a des impacts écologiques conséquents (émissions de gaz à effet de serre, dégradation des écosystèmes et de la qualité des eaux). Une voie de résilience évidente consiste donc à essayer de reboucler les cycles des nutriments, comme dans la plupart des écosystèmes : que nos déchets redeviennent ressources[42].
La directive européenne sur l’utilisation des nitrates en agriculture se fonde sur un mauvais calcul, nous explique l’autrice de cette tribune. Pourtant, en estimant mieux les flux d’azote dans le sol, on pourrait réorienter le système agricole vers plus un modèle plus vertueux.
Cathy Neill est docteure en écologie. Sa thèse a porté sur les flux de carbone et d’azote dans les sols.
Bilan « prévisionnel » contre bilan « comptable »
méthode dite du bilan « prévisionnel ». Avec cette méthode, un hectare de maïs peut recevoir en moyenne 200 kg d’azote pour produire un rendement moyen de 100 quintaux de grains [5].
Mais si l’on effectue plutôt ce que l’on appelle un bilan « comptable », il est possible d’évaluer la quantité d’azote perdu sur cet hectare dans l’environnement. En effet, si un hectare de maïs reçoit 200 kg d’azote, que l’on estime que 100 kg sont prélevés à la moisson et que le stock total d’azote n’augmente pas d’une récolte à l’autre dans le système [sol+plantes] [6], c’est que 100 kg d’azote au moins sont « perdus » chaque année sur cet hectare.
Cet azote est perdu essentiellement sous la forme de nitrates qui, faute d’être utilisés par des plantes (notamment en début et en fin de cycle de culture), sont lessivés par les pluies hivernales et printanières. Ces nitrates en excès peuvent provenir des engrais ou de la décomposition de l’humus et sont le symptôme d’une gestion défaillante du cycle de l’azote dans le champ. Ainsi, des quantités d’azote équivalent à la moitié des engrais apportés se retrouvent dans les rivières et les nappes et expliquent que l’on y mesure des concentrations de nitrates aussi élevées que 50 mg/l [7].
Faire un bilan comptable de l’azote (apports, exports, variation du stock) à l’échelle du système entier (plantes et sol)
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Sous une apparence de rigueur, la méthode du bilan prévisionnel masque l’essentiel, c’est-à-dire le fait que la moitié du « besoin » de fertilisation préconisé sert en réalité à compenser les fuites d’azote.
Un simple bilan comptable de l’azote (apports-exports-variation du stock) à l’échelle du système entier (plantes ET sol) sur une année complète permettrait d’évaluer les pertes et de les limiter efficacement. Cette mesure unique donnerait aux agriculteurs la possibilité de repenser par eux-mêmes leurs systèmes de culture. C’est à eux de trouver, en fonction de leur terroir, les bonnes associations de cultures qui permettent d’obtenir un couvert végétal continu et de retenir les nitrates [8]. Les agriculteurs ont à y gagner des sols plus riches en humus, donc moins sujets à l’érosion et retenant mieux l’eau, des cultures moins vulnérables aux aléas climatiques et à la pression des parasites, de substantielles économies d’intrants (engrais, pesticides) et une réhabilitation de leur profession. Tous les citoyens ont à y gagner des sols qui stockent du carbone [9], une moindre contamination par les pesticides, une biodiversité et des rivières en meilleure santé, une eau potable sans traitements coûteux. Ce qui est en jeu ici c’est le modèle agricole dans son ensemble et son basculement vers l’agroécologie.
Cet appel à projets de recherche participative s’adresse aux chercheurs et organisations de la société civile qui souhaitent s’engager ensemble dans un processus de co-construction de connaissances favorisant la transition écologique et solidaire.
L’objectif fondamental du dispositif CO3 communément mis en place est de donner une place plus visible à la recherche participative dans l'espace public et de soutenir des projets de recherche. Il s'agit de dynamiser ces nouvelles formes de recherche participative, par des partages d’expériences, la mutualisation des moyens et l’innovation dans l’accompagnement. Au-delà de la production de connaissances sur le sujet spécifique de chaque recherche, le soutien apporté aux projets aura donc pour ambition :
de faciliter la construction scientifique des projets de recherche et faire reconnaître la robustesse des résultats acquis,
de capitaliser sur les méthodes et démarches de co-construction de la recherche entre acteurs de sphères différentes engagés au service de l'action sociétale,
de diffuser les enseignements sur la recherche participative auprès des différentes scènes d'acteurs afférentes (institutionnelles, académiques, professionnelles, citoyennes).
Le dispositif soutiendra deux types de projets, ayant des maturités différentes :
des projets en émergence, pour un accompagnement de leur maturation d'une durée maximale d'un an,
des projets de recherche participative déjà consolidés, pour un soutien et un accompagnement d'une durée inférieure ou égale à 3 ans.
Cette première édition portera un intérêt particulier, mais non exclusif sur les thématiques suivantes :
Agroécologie, agriculture et alimentation durables
Gestion intégrée des milieux
Santé et environnement
Mots-clés : recherche participative, Transition écologique et solidaire, agroécologie, alimentation, ecosystèmes, Services écosystémiques, Sols, santé, Conditions environnementales
Courriel : aprp.co3@ademe.fr
ndlr : fournir 30% de la somme sur fonds propres ? ACT