Si l’on prend au sérieux le rapport spécial du GIEC sur les impacts d’un réchauffement climatique de 1.5°C publié début octobre 2018, et l’on a tout lieu de le faire notamment au vu des confirmations des alertes antérieures, la réduction drastique des émissions de émissions de gaz à effet de serre doit constituer le cadre de toute politique publique, et plus particulièrement de la programmation pluriannuelle énergétique. En cohérence avec l’Accord de Paris, adopté par la France et 196 autres parties, l’objectif est bien de limiter le réchauffement climatique à moins de 2°C. Et pour cela, le GIEC précise qu’il faut donc réduire de 45% les émissions de CO2 d’ici 2030, avant d’atteindre un niveau proche de zéro en 2050. C’est cela le cadre. Pour le premier pas, qui correspond en temporalité à la programmation énergétique, il faut donc diviser par deux les rejets de CO2 en 10 ans. L’effort est gigantesque, même pour la France déjà quasiment sorti du charbon, mais toujours aussi dépendante du pétrole et du gaz presque intégralement importés.
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Dans cette course de vitesse et d’endurance, la sobriété et l’efficacité énergétique apparaissent comme piliers incontournables. Ce sont les seuls leviers permettant d’atteindre des réductions de consommations énergétiques, et d’émissions de CO2, massivement et aussi rapidement. Rénovation des bâtiments, mobilité partagée, active et économe, fin de l’étalement urbain et artificialisation des sols, évolutions des pratiques agricoles et régimes alimentaires en sont quelques exemples emblématiques. Et c’est le côté paradoxal de la programmation énergétique. En termes d’émissions de CO2, l’essentiel risque bien de se jouer en dehors du « simple » secteur énergétique, c’est à dire dans tous les secteurs qui déterminent la consommation d’énergie.
Enfin, au-delà d’un certain seuil, la consommation ne se traduit plus par une amélioration des conditions de vie. La plupart des usages peuvent être satisfaits avec des consommations divisées par deux, trois voire dix avec les technologies actuelles. Il faut donc arrêter de voir seulement une contrainte dans le prix des énergies pour en faire une opportunité de transformation, à la fois de mieux vivre et de meilleure performance économique. Mais ce changement de perspective ne se fera pas seul. Les appels à manifestation contre les hausses de prix de l’essence, liées notamment à la « contribution climat énergie » (ou taxe carbone) pour les ménages d’une part, et les milliards d’exonérations sur les transports routiers de marchandises ou aériens d’autre part, illustrent le besoin d’équité. Des politiques énergétiques systémiques, cohérentes et massives ne pourront être mises en œuvre que si elles sont justes et comprises.
Ce texte fut écrit suite à l'invitation à contribuer aux pages Débats&Controverses de l'Humanité le 5 novembre 2018 aux côté de Sylvestre Huet, Maxime Combes et Marie-Claire Cailletaud.
Mots-clés : Climat | Transition énergétique | Sobriété | Gaz à effet de serre
Grand Entretien avec François-Michel Lambert, président de l'Institut national de l'économie circulaire
Retex : les enseignements de la catastrophe Irma
Les très nombreux événements climatiques que nous avons vécu ces dernières années nous ont amené à publier ce dossier, Quelle trajectoire pour la transition écologique ? Ce que nous examinons dans le dossier de ce numéro n'est pas un énième catalogue de solutions, mais la stratégie qui est suivie dans de très nombreux domaines de la transition écologique depuis 40 ans et les propositions d’ordre stratégique que les auteurs et leurs organisations émettent.
La 2e grande partie de ce numéro de novembre est consacré à un retour d'expérience : Les enseignements de la catastrophe Irma, avec les contributions des sauveteurs, des autorités et d'une task force scientifique envoyée par l'université de Montpellier 3.
C'est Marie Herjean qui clôt ce numéro avec la deuxième partie de son article sur la situation des salariés au Japon, en particulier dans les black companies.
Extrait de l'éditorial:
Du temps pour s’adapter ?
Dans le numéro de septembre 2018, nous évoquions, avec la démission de Nicolas Hulot de son poste de ministre de la Transition écologique et solidaire, le dossier de ce numéro : « Quelle trajectoire de la transition écologique en France ? ».
Plus que jamais l’actualité nous conforte dans ce choix :
les pluies torrentielles qui se sont abattues sur l’Aude, qu’il est difficile de ne pas rapprocher du changement climatique ;
les moussons catastrophiques (1500 morts) en Inde et les grands incendies de Californie… ;
le rapport du Giec qui relie ces phénomènes de hausse régulière, accélérée des températures moyennes sur terre, avec l’augmentation de l’émission des gaz à effet de serre ; […]
Télécharger l'éditorial du n°160 par Didier Raciné
Actualités préventique:
L'actu de la communauté de risques
Sommaire:
Tout le 160 en un clin d'œil
Introduction du dossier:
Pour découvrir le dossier sur la transition écologique
Contenus de la revue
Rubrique
Actualité
Le billet de Jean-François Narbonne
Évaluation des risques et règlementation, la donne change
Historiquement, l’évaluation des risques liés à l’exposition aux substances chimiques était essentiellement basée sur une approche très pragmatique, celle de l’observation. Ainsi on pouvait facilement relier l’ingestion d’un poison avec les effets souvent mortels induits à court terme. L’observation a aussi permis de lier une exposition à des effets à plus long terme comme le saturnisme chez l’imprimeur ou la silicose chez le mineur.
Mais la démonstration d’un lien de causalité n’est pas suffisante pour construire des outils de gestion des risques qui doivent découler d’une évaluation de ces risques établissant une relation dose-effet (proportionnelle ou non). On est alors passé de l’observation épidémiologique aux études expérimentales utilisant les animaux comme « modèles ». Ainsi un effet peut être relié à une dose d’exposition permettant a contrario de définir une dose sans effets toxiques observables […]
Auteur(s):
Jean-François Narbonne
Nombre de pages :
1
Prix au téléchargement : 1,00€
In stock
Entretien
Accélérer la transition vers l’économie circulaire
Dans une réflexion critique sur la trajectoire de la transition écologique depuis 40 ans, où les thématiques d’énergie, de ressources naturelles, d’économie se conjuguent avec la réduction des émissions de CO2, il importe de mettre en avant l’économie circulaire dans sa dimension de pionnière en économie, pour sa valeur pédagogique en termes de comportement et d’efficacité énergétique, pour sa dynamique recherche de nouveaux modèles économiques, pour la politique volontariste actuelle de la France.
Auteur(s):
François-Michel Lambert
Nombre de pages :
3
Prix au téléchargement : 3,00€
In stock
Dossier
Quelle trajectoire pour la transition écologique ?
Les événements de l’Aude, à côté de tant d’autres et après l’ouragan Irma, nous ont rappelé à quelle violence nous risquons d’être soumis si nous ne nous engageons pas dans une réelle politique de transition écologique et solidaire, si nous ne changeons pas notre mode de vie, notre modèle économique productiviste. La démission de Nicolas Hulot est sans doute ce signal à cet égard.
Depuis 50 ans, cet appel est lancé. Sommes-nous vraiment sur la bonne trajectoire en matière de transition écologique ?
Ce dossier, qui se continuera en janvier, cherche modestement à y répondre, associant de nombreuses organisations et personnalités.
À l’heure où il devient évident que le changement climatique global peut nous conduire à une catastrophe majeure et irréversible, il est nécessaire de faire l’état des lieux. Sommes-nous sur le bon itinéraire pour faire face à ces risques environnementaux ?
L’action collectivement suivie est-elle à la hauteur des enjeux et des risques environnementaux ? Ce sujet a été remis dans l’actualité par la démission de Nicolas Hulot…
Au-delà d’un catalogue de bonnes pratiques, le dossier s’efforce de réfléchir à la trajectoire de la lutte qui est menée depuis plus de quarante ans, en France. Évidemment non exhaustive, cette réflexion collective voudrait apporter son concours à des recherches à mener dans la société sur ce thème.
Le « Grand Entretien » de ce numéro, s’intègre dans cette réflexion avec François Michel Lambert, de l’Institut de l’économie circulaire.
Cette étude, qui se continuera dans le numéro de janvier 2019 (162), s’articule autour de ces thèmes :
une réflexion globale sur la transition écologique et ses outils transversaux : proposition de méthodologie ; les rapports technologie–environnement ; les rapports droit–environnement ; l’économie au service de l’environnement ; les acteurs de la transition écologique, entreprises et territoires ;
la protection des ressources naturelles dont la biodiversité, la réduction des déchets et pollutions ;
le changement climatique : émissions de gaz à effet de serre et climat ; mix énergétique et plans pluriannuel de l’énergie ; réduction de la consommation énergétique, mobilités, circuits courts ; atténuation, réduction des impacts, adaptation, résilience.
En janvier 2019, nous poursuivrons les réflexions, l’accent sera notamment mis sur la gouvernance ; les rapports avec le droit ; avec les technologies ; l’économie et la RSE ; les acteurs de la transition écologique, entreprises et territoires ; l’énergie et le changement climatique ; la gestion des ressources naturelles ; l’atténuation, l’adaptation et la résilience.
ndlr :
- ne confondent-ils pas climat et météorologie ? ACT
Emission de CO2 d'un voyageur parcourant un kilomètre, par type de train SNCF (données 2015 basées sur les consommations d'énergie et les fréquentations de 2014)
Méthode de compensation carbone
ndlr :
- ne devrait-elle pas être appelée empreinte EFFET DE SERRE ?
- les TGV sont les moins émetteurs de CO2 en g par kilomètre (3,2)