Hugo Clément, en toute subjectivité - Publié le mercredi 8 janvier 2025
... offensive menée en France par un géant chinois, Shein, mastodonte de la fast-fashion.
Shein, ce monstre industriel chinois, envahit petit à petit les garde-robes des Français, et particulièrement des jeunes. Avec ses tee-shirt à 5 euros ou encore ses robes à 7 euros, fabriqués en Asie et expédiés en quelques jours, Shein écrase toute concurrence. Mais ce succès commercial se fait au détriment des fabricants européens, qui ne peuvent pas lutter à armes égales, et au détriment de l’environnement.
Des chiffres qui donnent le tournis
Shein proposent en temps réels 470 000 articles différents sur son site internet. 7000 nouvelles références sont ajoutées quotidiennement au catalogue, et au total Shein fabrique un million de vêtements par jour. Une production frénétique qui dégagerait d’après les estimations, 15 à 20 000 tonnes de Co2 chaque jour.
Pour ne rien arranger, ces habits de piètre qualité s’usent très rapidement : la durée de vie moyenne d’un vêtement Shein est d’à peine 65 jours, selon les calculs de l’association « en mode climat ». Avec cette usure ultra rapide et ces prix dérisoires, les clients sont donc incités à surconsommer, en jetant régulièrement leurs vêtements pour en racheter.
Une offensive politique de Shein en France
Shein vient de recruter une personnalité politique française de premier plan au sein de son comité stratégique régional : Christophe Castaner, ancien ministre de l’Intérieur d’Emmanuel Macron. Officiellement, il sera chargé de « conseiller l’entreprise sur sa responsabilité sociale et environnementale. » Oui, ça peut faire sourire après tout ce que je viens de vous dire…
Mais en réalité, ce recrutement fait partie d’une stratégie d’influence du géant chinois, qui veut empêcher la France de nuire à son business.
Une stratégie d'influence pour contourner la loi
Le 14 mars 2024, l’Assemblée nationale a adopté à l’unanimité une proposition de loi visant à limiter la fast-fashion, pour protéger la nature et les industriels européens. Cette proposition de loi prévoit l’interdiction de la publicité pour les marques de fast-fashion comme Shein, mais aussi la mise en place d’un malus écologique pour les articles vendus à prix cassés, ou encore l’obligation pour les entreprises de communiquer l’impact environnemental de leurs produits.
Le Sénat va prochainement examiner ce texte, et si les sénateurs décidaient eux aussi de l’adopter, ce serait un énorme manque à gagner pour Shein, qui ne compte pas se laisser faire et qui embauche donc des personnalités françaises pour l’aider dans son travail de lobbying.
Christophe Castaner, un cas isolé ? Réponse, non.
Shein a également recruté Nicole Guedj, ancienne secrétaire d’État et Bernard Spitz, président du pôle international et Europe du Medef, le syndicat des patrons. Selon la fédération française du prêt-à-porter, je cite, « l’engagement de ces figures politiques auprès d’une entreprise dont les impacts environnementaux et sociaux sont unanimement dénoncés constitue un signal alarmant ».
Reste à savoir si les parlementaires résisteront face à ces manœuvres.
Clés : Environnement ; Vie quotidienne ; Mode – Styles ; Écologie ; Christophe Castaner ; Industrie textile