Politique
Chloé Morin, Expert associé à la Fondation Jean-Jaurès
Marie Le Vern, Conseillère en stratégie, Societing
Tout le monde parle déjà de la fin du confinement. Mais la phase politique de "l’après" comporte bien des dangers : la fin du consentement. Le capital de confiance dans l’exécutif et au-delà dans les institutions semble épuisé.
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Les « élites » dansaient sur un volcan
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5% de sacrifiés
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Jusqu'où la chute ?
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Depuis trois semaines, les études qui mesurent la confiance dans le gouvernement se succèdent et empruntent une courbe à la fois classique (la côte de confiance des deux têtes de l’exécutif fait un bon spectaculaire – comme en 2015 pendant la gestion des attentats) et inquiétante : tous les indicateurs de confiance citoyenne en la capacité de ce gouvernement à faire face à cette crise sont au plus bas, et ne cessent de chuter au grès des interrogations et des polémiques nouvelles. Nous sommes en train d’épuiser un capital de confiance que nous ne savons plus comment régénérer, et la question qui se pose à nous est la suivante : jusqu’où la chute, et donc la désagrégation, peut-elle aller ? Et quelles en seraient les conséquences concrètes ?
La conviction que l’imprudence a régné
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Un exécutif fragilisé, une défiance au plus haut
En parallèle, l’idée qu’aucun camp politique n’aurait fait, ni ne ferait, mieux que le gouvernement actuel, est elle aussi bien ancrée. Elle neutralise – pour partie – les oppositions. Le Rassemblement National a quant à lui décidé de sortir les armes lourdes – « le gouvernement ment » - mais sa crédibilité de gestionnaire est trop faible pour qu’il ait un écho au-delà de son socle à ce stade du débat, alors que beaucoup sont encore dans la survie, et non dans l’autopsie et la recherche de responsables et de sanctions.
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Le sentiment d’un « deux poids, deux mesures »
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La polémique née des métropolitains (surtout les franciliens) gagnant leur résidence secondaire « en dispersant le virus » ; celle de la cagnotte du ministre de Darmanin, ravivant une colère sociale qui couve depuis des mois, voire des années ; celle du refus d’autoriser l’utilisation de l’hydroxychloroquine ; la simple envie, maladroitement réprimée, de profiter des premiers jours ensoleillés du printemps sur les berges de la seine ou dans les parcs fermés… ; ou encore la multiplication des images de ces ministres, souriants sur les réseaux sociaux, en indiquant qu’ils avaient pu bénéficier d’un test, ravivant le sentiment d’un « deux poids, deux mesures » entre premiers de cordée et premiers de tranchée… autant d’étincelles, de gouttes qui pourraient faire déborder un vase déjà bien plein.
Et si le confinement est plus long que prévu ?
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Mais prenons garde aux signaux faibles, et tentons à toute force de préserver ce capital précieux, ce bien commun primaire que nous ne savons plus comment régénérer mais savons trop comment épuiser : la confiance. Confiance en nous, confiance en nos institutions, confiance en l’avenir. Et puis, au bout du chemin, nous pouvons aussi nous rassurer en espérant qu’en dernier recours, la dernière soupape de décompression politique saura encore fonctionner correctement : l’élection.
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Confinement : "Ce qui définit la démocratie, c’est la possibilité de se côtoyer" https://www.marianne.net/politique/confinement-ce-qui-definit-la-democratie-c-est-la-possibilite-de-se-cotoyer
Reportage – Vidéo 50’00
Une enquête de Jérémie Younes et Kévin Accart
L’association de lutte anti-corruption Anticor a déposé une plainte le 17 juillet auprès du parquet de Paris pour « corruption » et « détournement de fonds publics » dans l’affaire de la vente d’Alstom énergie à General Electric [1]. L’association se demande notamment pourquoi l’ancien PDG d’Alstom Patrick Kron n’a pas été poursuivi en France, alors qu’il a plaidé coupable pour corruption aux États-Unis. Pour la peine, et à la demande générale des abonnés, nous passons en LIBRE ACCÈS une semaine cette enquête de Jérémie Younes et Kévin Accart qui vous permettra de comprendre les ressorts de cette incroyable affaire d’État. En accès libre jusqu’au dimanche 28 juillet. Profitez-en pour vous abonner et pour abonner votre banquier, c’est le moment !
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Olivier Marleix, député Les Républicains de l’Eure, a soulevé l’année dernière de très lourds soupçons : outre le chantage exercé par la justice américaine, le président de la commission d’enquête soupçonne que cette vente d’Alstom énergie a joué un rôle dans le financement de la campagne présidentielle d’Emmanuel Macron en 2017 [6]. En effet, c’est Emmanuel Macron qui, en novembre 2014, alors qu’il est ministre de l’Économie, autorise la vente d’Alstom. Pour une telle transaction à plusieurs milliards de dollars, des bataillons de banquiers, d’avocats d’affaires et de communicants sont engagés par les deux entreprises. Et il est très curieux, selon Olivier Marleix, « de retrouver dans la liste des donateurs d’En Marche des personnes qui étaient intéressés, directement ou indirectement, à la vente d’Alstom énergie », justement en tant que banquiers, avocats d’affaires ou actionnaires. Cela pourrait s’interpréter selon lui comme « un pacte de corruption » [7].
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Transcription :
... pantouflage, conflits d'intérêts, rétention d'informations, accord non respecté...