Durée de lecture : 4 minutes - Clés : Nucléaire, Déchets nucléaires
Le président de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a décrit le 19 janvier les « fragilités du cycle du combustible et du parc nucléaire ». Il a ouvert l’hypothèse d’arrêter à terme le retraitement des combustibles usés, une particularité de l’industrie française.
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Bernard Doroszczuk ... la France est le seul pays, avec la Russie, à retraiter les combustibles usés sortis des réacteurs nucléaires. Lancé dans les années 1960, cette série très lourde d’opérations visait à isoler le plutonium, matière indispensable à la fabrication des bombes atomiques. Depuis, le besoin est devenu moins pressant. Mais alors que presque tous les autres pays recourant au nucléaire ont arrêté le retraitement (États-Unis, Royaume-Uni) ou ne l’ont jamais mis en œuvre (Allemagne, Japon, Belgique, Suède, Finlande, etc.), la France a continué. Résultat : au lieu d’avoir une seule catégorie de déchets radioactifs, les combustibles usés, elle a en toute une série. Chacun pose un difficile problème de gestion : plutonium (on n’arrive pas à utiliser tout le stock), actinides mineurs, uranium de retraitement, Mox usé, etc. En évoquant la fin du retraitement, M. Doroszczuk s’attaque donc à une vache sacrée des nucléaristes français.
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plusieurs de ses maillons sont engorgés :
• la piscine de l’usine de La Hague (Manche), dans laquelle sont stockés pour l’instant les combustibles usés, arrive à saturation ;
• l’usine Melox d’Orano, dans laquelle on recycle une partie du plutonium pour en faire du combustible, dit Mox, marche très mal : « Nous avons trop de pannes. L’an dernier, nous avons produit entre 50 et 60 tonnes alors que le carnet de commandes affiche 120 tonnes par an », a dit à Usine Nouvelle Régis Faure, porte-parole du site Orano Melox ...
• enfin, a révélé le président de l’ASN, « la corrosion plus rapide que prévu des évaporateurs de l’usine d’Orano La Hague fragilise les capacités de retraitement ».
Il recommande donc d’anticiper la crise, et soit de choisir la poursuite du retraitement, soit son arrêt. Dans les deux cas, cela impliquera des investissements très conséquents, auxquels il faut réfléchir dès maintenant.
« Un accident nucléaire est toujours possible »
... il n’est pas du tout acquis que les réacteurs pourront fonctionner au-delà de cinquante ans, a indiqué M. Doroszczuk. Et la filière manque de compétences, tant pour gérer le parc actuel et son démantèlement à venir que la gestion des déchets : il faudrait « former 4 000 ingénieurs par an ». On en est loin.
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de l’anticipation. »
Connu/ TG 21/1/22 17h52