/ Gilles Rotillon, Economiste, professeur émérite à Paris-Nanterre - 9 recommandés, 16 commentaires
L'appel à un vote Mélenchon suscite des réticences compréhensibles qu'un électeur soucieux de donner un minimum de poids à la gauche, en limitant la nuisance d'un quinquennat macronien de plus, devrait être capable de surmonter
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Sur le risque que l'on prendrait en votant pour lui, je ne vois pas qu'il soit si important que certains le disent. D'une part parce qu'une de ses principales propositions, c'est de changer la constitution pour donner justement moins de pouvoirs au président, et d'autre part parce qu'il n'est quand même pas tout seul. Et si les autres candidats se désistaient pour lui (je rêve), ils seraient des contrepouvoirs à une dérive autoritaire. Mais il y a à mon avis une autre raison pour voter au premier tour, non pas pour lui encore une fois mais pour le seul candidat qui ait une chance objective d'être au second tour dans le contexte actuel. Ce candidat est certes Mélenchon qu'on peut détester, mais si on vote pour un autre, il y a la certitude d'avoir un Macron/Le Pen ou pire au second tour et donc un débat sur l'immigration, l'insécurité et la « dette insupportable qui impose de supprimer des protections sociales et des fonctionnaires »[1] (déjà 20% de contractuels dans l'administration, il faut lire La valeur des services publics à La Découverte pour avoir une idée de la République qui nous attend avec un second mandat de Macron). Si Mélenchon est au second tour, le débat politique sera tout autre et aura sûrement des effets sur l'opinion plus positifs qu'un débat Macron/Le Pen.
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[1] Je ne peux que conseiller la lecture du livre de Sandra Lucbert, Le ministère des contes publics, (Verdier, 2021) qui décrypte avec finesse et rage le discours dominant sur la dette et le jeu de rôle de ceux, (journalistes, économistes, politiques, experts de plateau) qui unissent leurs efforts pour en faire une vérité absolue à laquelle on doit se plier comme on se plie aux lois de la physique.