"La pire crise sanitaire depuis plus d’un siècle pourrait devenir le baptême du feu des thérapies à base d’ARN messager (ARNm) synthétique. C’est cette technique, en développement depuis les années 1970 sous l'impulsion de la chercheuse d'origine hongroise Katalin Karikó, qui a été utilisée par Moderna et BioNTech/Pfizer pour mettre au point leurs réponses au Covid-19.
C’est le message qui compte
Cette technique est très différente de celle utilisée pour les vaccins traditionnels, comme ceux contre la grippe par exemple. D’habitude, on injecte des bouts du virus inactivé ou une de ses protéines afin de déclencher une réaction du système immunitaire qui va se défendre en fabriquant des anticorps, protégeant ainsi la personne contre la maladie.
Mais avec les vaccins de Moderna et BioNTech/Pfizer, "on n’injecte pas une protéine du Sars-CoV-2, mais un message qui va diriger la synthèse d’une de ses protéines dans le corps", explique Bertrand Séraphin, directeur de recherche à l’Institut de génétique et de biologie moléculaire et cellulaire (IGBMC) du CNRS, contacté par France 24. L’ARN messager est en effet un vecteur qui transporte des informations jusqu’aux cellules afin de leur dire quelle protéine fabriquer. Dans le corps, "chaque gène va faire un ARN messager différent pour une protéine spécifique. C’est le dogme central de la biologie moléculaire", résume ce spécialiste."