les discours majoritaires, confortés par le concept indifférencié d’anthropocène, escamotent la différenciation des responsabilités selon les groupes sociaux, comme si une personne aux revenus modestes polluait autant qu’un patron d’une multinationale. Nous verrons dans un premier temps que l’approche indifférenciée est inique en plus d’être injuste.
...
on sait bien que les dégradations écologiques et leurs impacts sur le climat ne sont pas le fait de la majorité de la population mondiale. L’effet pervers du concept d’anthropocène est qu’il évacue la différenciation des impacts et des responsabilités entre les peuples, les classes et les genres en plus de passer sous silence des choix politiques historiques comme la prééminence du pétrole en matière énergétique.
Voilà pourquoi certains scientifiques ont estimé qu’il était nécessaire de compléter le concept d’anthropocène en répondant qu’il s’agit avant tout, et jusqu’à une période récente d’un « occidentalocène ».
...
Alors que la moyenne tolérable d’émission de gaz à effet de serre est de 600 kg par an et par habitant, un habitant des États-Unis émet en moyenne 5 tonnes de GES, contre 2 tonnes pour un européen, et… 60 kg pour un habitant du Bangladesh.
...
pendant que la population humaine décuplait, le capital était multiplié par 134 entre 1700 et 2008 selon Thomas Piketty2, ce qui a conduit des auteurs3 à émettre la thèse d’un « capitalocène ». Serait-ce donc cette logique d’accumulation des capitaux aux mains d’une minorité qui serait en grande partie responsable de la transformation de la terre ?