Francois Briens est ingénieur et chercheur. Il a soutenu en 2015 une thèse de doctorat d’économie
Sous la direction de Nadia Maïzi-Ménard - Soutenue le 14-12-2015 à Paris, ENMP , dans le cadre de École doctorale Sciences et technologies de l'information et de la communication (Sophia Antipolis, Alpes-Maritimes) , en partenariat avec Centre de mathématiques appliquées (Sophia Antipolis, Alpes-Maritimes) (laboratoire) .
Le président du jury était Mathieu Arnoux.
Le jury était composé de Nadia Maïzi-Ménard, Jean-Michel Cayla, Michel Armatte.
Les rapporteurs étaient Fabrice Flipo, Thierry Bréchet.
Résumé
Face aux enjeux socioéconomiques, démocratiques, et environnementaux, la croissance économique comme fin en soi, ou comme condition nécessaire au « développement », est de nouveau remise en cause. Depuis le début du XXIème siècle, suscitant un intérêt grandissant et de vifs échanges, la Décroissance se fraie une place dans le débat. Après avoir resitué son émergence dans la perspective historique de la controverse qui s'est développée, au cours de la deuxième moitié du XXe siècle, autour de la croissance et du modèle de développement des pays industrialisés, nous suggérons une synthèse des principales idées et des propositions concrètes actuellement portées par ses partisans. Celles-ci soulèvent un certain nombre de questions complexes, pour lesquelles nous proposons d'apporter quelques éclairages à travers un exercice de modélisation prospective. Nous réalisons pour cela une série d'entretiens, qui visent à recueillir différentes visions détaillées et quantifiées de ce que pourraient être, selon les participants, des scénarios de Décroissance, ou - plus largement- des scénarios de transitions souhaitables et soutenables, notamment en termes d'évolution des institutions, des modes de vie et de consommation, pour la France. En parallèle de ces entretiens, nous développons un modèle spécifique de simulation dynamique de l'économie française, construit autour de l'analyse entrées-sorties, sur la base de données publiques, et incorporant un haut niveau de détail. A l'aide de cet outil macroéconomique, nous proposons alors d'explorer, sur un horizon à long terme (2060) les implications possibles de différents scénarios, dont ceux élaborés à partir des entretiens. Nous nous intéressons par exemple aux conséquences possibles en termes d'emploi, de finances publiques, de consommation d'énergie, d'émissions de polluants atmosphériques, et de production de déchets. Les résultats des simulations soulignent l'importance des choix institutionnels, des facteurs culturels, comportementaux, et « non-techniques », et le potentiel de certaines propositions des mouvements de la Décroissance. Ils invitent ainsi à ouvrir le débat autour de la construction collective d'un nouveau projet de société. Dans cette perspective, notre approche offre un support simple et efficace pour la compréhension commune et la délibération collective.
mots clés : Modélisation prospective ; Décroissance ; Macroéconomie ; Scénarios participatifs ; Métabolisme social ; Transition sociale ; Développement économique -- Modèles mathématiques .
Version validée par le jury (STAR) https://pastel.archives-ouvertes.fr/tel-01305956/document
Ndlr :
- quelle place des communs dans cette thèse ? Pas présents d'après les Relevés :
. L’article The Tragedy of the Commons (La tragédie des biens communs) de l’écologue américain Garrett Hardin, paru en 1968. Selon Hardin, la croissance de la population remettrait en cause la possibilité d’attribuer aux ressources et à l’environnement un statut de biens communs, sous peine de mener inévitablement à leur épuisement. Pour l’auteur, les problèmes liés à la surpopulation, incluant les problèmes environnementaux, n’admettaient pas de solution technique, mais nécessitaient de renoncer à la liberté de procréer.
. Dans 6.3. Quelques propositions concrètes du mouvement : ... améliorer la gestion collective des biens communs...
. Face à la complexité de notre problématique, la modélisation prospective peut constituer ici une aide précieuse. Il faut y voir là une méthode ─ parmi d’autres ─ destinée à faciliter un processus de compréhension commune et de délibération collective 117. Un modèle constitue une représentation simplifiée d’une réalité complexe ou compliquée (ou les deux), dont le rôle principal est d’apporter de l’intelligibilité. Il remplit notamment ce rôle de deux manières : d’une part en servant « d’articulation et d’assemblage de savoirs hétérogènes correspondant aux diverses composantes du système [...] et d’autre part, comme substitut au système, il autorise des jeux de simulation [...] » (Armatte, 2010a, p. 22).
. Dans Table 1 – Quelques exemples de propositions portées par les mouvements de la Décroissance, dans Modes de vie, comportements des personnes organisation sociale, 9.Mise en commun (“Commoning”) et partage : de l’habitat, des véhicules, des outils, des équipements, etc. - Figure le mot médiation :
. « La modélisation, forme postmoderne d’un mix de quantification, de formalisation, et de simulation est l’élément du dispositif scientifique qui fait médiation entre le système réel et la théorie, permettant que l’un et l’autre entrent dans un rapport spécifique, productif, fait à la fois de représentations et de transformations pratiques, mais permettant aussi que s’instaure entre eux un décalage ‘’autiste’’. » (Armatte, 2010a, p. 17)