Les plateformes collaboratives attaquent fortement nos valeurs sociales et écologiques. Devons-nous pour autant renoncer aux mécanismes collaboratifs ? Voici trois pistes qui permettraient d'encadrer les plateformes afin de continuer à partager son logement ou sa mobilité sans détruire le droit du travail ou nos espaces publics.
Trois coursiers de plateforme sont morts de leur métier fin mai ; Uber a lancé cette semaine une flotte d’hélicoptères au dessus de New-York ; la Ville de Paris a assigné AirBnb en justice en février pour essayer de réguler son impact sur la ville.
...
Nous avons trois moyens de contraindre les plateformes collaboratives à nous respecter. Le premier moyen est politique. Le législateur, qu’il soit national ou européen, peut contraindre les plateformes en leur imposant certaines règles sociales et écologiques. Cette piste politique est pourtant peu probable au regard de la puissance des droites européennes. Ainsi, en France par exemple, le gouvernement avait une occasion historique de contraindre les plateformes VTC - au premier rang desquelles Uber - de respecter le droit du travail grâce à la Loi d’orientation des mobilités, en cours d’adoption par le Parlement. Or il ne s’en est pas saisi. Pis, il a légiféré de façon à annuler la présomption de travail salarié en indiquant, dans la loi elle même, que la relation entre plateformes et travailleurs pouvait être précisée dans une simple Charte édictée par la plateforme (article 20). Autrement dit, le gouvernement a fait sortir tous les travailleurs de plateforme du droit du travail, ce qui est catastrophique…
Le second moyen est aux mains de la justice.
...
Le dernier moyen s’appuie sur le marché lui même et consiste à construire face aux plateformes collaboratives des offres concurrentes qui soient respectueuses de nos valeurs sociales et écologiques. Des offres de ce type existent déjà au demeurant : Mobicoop, Wikipedia, OpenStreetMap, Faibnb, OpenFoodNetwork… Ces offres se fondent généralement sur des coopératives ou des associations dont la gouvernance est inclusive et qui respectent le droit du travail.