... si nous souhaitions remplacer toutes les lignes aériennes par des trains à grande vitesse, est-ce que finalement ce serait bénéfique en termes d’émissions ? Autrement dit, avec les émissions de CO2 des vols intérieurs en France, combien pourrait-on construire de km de lignes TGV ?
...
Sur les 30 premières années, la construction et l’exploitation de cette ligne auront émis près de 2 millions de tonnes de CO2 qui se décomposent comme suit :
- 1,2 millions de tonnes de CO2 dès le début pour la construction de la ligne (ces émissions sont en réalité étalées sur les quelques années qu’ont duré les études et la construction)
- et ensuite 23.000 tonnes de CO2 par an pour l’électricité et la maintenance (soit 0,7 million de tonnes sur 30 ans).
Afin de calculer la “rentabilité carbone” de cette ligne, il faut calculer le CO2 émis (ce qui a été fait avec ce bilan carbone), mais aussi le CO2 évité. Car cette nouvelle ligne devrait détourner de l’air et de la route environ 1,2 millions de passagers chaque année (ce qu’on appelle report modal), ce qui fait que ses émissions seront “amorties” par rapport à une situation sans LGV en seulement 12 ans.
...
Sachant que la durée de vie de la voie est d’une centaine d’années, le bénéfice est sans appel, même si les prévisions de report modal étaient surestimées.
...
la quasi totalité des émissions d’une ligne TGV provient des émissions liées à la production électrique, qui, malgré ce qu’on peut penser, n’est pas totalement décarbonée en France (encore 19 millions de tonnes de CO2 émises en 2019).
...
environ 6200 tonnes de CO2 par km de LGV
...
Les vols métropole/outre-mer ne concernent que 14% des passagers, mais émettent plus de 60% du total de CO2
...
En 2050, la France a pour objectif d’être neutre en carbone. Sur cette période de 30 ans qui nous sépare de ce but, pour les mêmes émissions que le trafic aérien intérieur, on a la possibilité de quasiment QUADRUPLER notre réseau de lignes à grande vitesse.
...
en doublant le réseau existant on couvre la quasi totalité des vols intérieurs par des lignes à grande vitesse…
...
La question fondamentale à se poser est de savoir si l’on préfère émettre du CO2 pour des voyages éphémères en avion, ou bien pour construire des infrastructures durables et s’offrir à nous mêmes et à nos descendants une mobilité longue distance sobre en carbone. C’est un choix de société dont nous devons discuter collectivement, tout en prenant bien en compte qu’être neutre en CO2 n’est qu’une étape. Les infrastructures déjà existantes ou les nouvelles constructions ne peuvent plus se faire au dépend de la grande oubliée de ce début de siècle : la biodiversité.