Propos recueillis par Hervé Kempf
Les feux ravagent encore la forêt amazonienne, accélérant une déforestation qui a fortement augmenté depuis l’arrivée au pouvoir du président Jair Bolsonaro. Or, comme l’explique Philippe Léna dans cet entretien, le « point de non-retour » de la destruction de la forêt est presque atteint, avec des conséquences écologiques désastreuses pour le Brésil, mais aussi pour le monde entier.
Philippe Léna est chercheur émérite à l’Institut de recherche pour le développement (IRD).
...
le Brésil est un État « colonial », c’est-à-dire avec un territoire à conquérir, à coloniser. Le gouvernement de Lula avait posé une barrière à l’exagération : des règlements, des lois, l’obligation de constituer des réserves forestières sur les propriétés, la création et l’homologation des terres indigènes et de différents types d’aires protégées. De ce fait, le taux de déboisement avait réussi à diminuer. Mais aujourd’hui, on a quelqu’un qui est le pur candidat de cette expansion coloniale, Jair Bolsonaro. Maintenant qu’il est au pouvoir, il n’y a plus de frein. Il démonte tous les instruments législatifs réglementaires qui pourraient freiner cette déforestation.