Accueil » Emploi » Les démissions pour raisons éthiques se mul…
Mis à jour le 21 avril 2023
Agence de Presse
Après le “quiet quitting” et le “quick quitting”, voici le “conscious quitting”. Encore un anglicisme pour désigner une raison qui pousse les salariés à se séparer de l’entreprise pour laquelle ils travaillent. Dans ce cas précis, le facteur qui les incite à quitter le navire est directement lié aux valeurs qu’ils défendent. De plus en plus de salariés disent adieu à une boîte lorsqu’ils estiment que celle-ci n’est pas assez engagée sur le plan écologique ou sociétal.
Photo : LanaStock / Getty Images
Quitter son travail parce que l’entreprise dans laquelle on l’exerce ne s’engage pas (assez) en faveur de l’égalité salariale ou qu’elle ne prend aucune disposition pour réduire son empreinte carbone. Pour certains employés, et notamment les jeunes, ces exigences n’ont rien d’un caprice. Elles deviennent d’ailleurs de plus en plus concrètes. Dans un récent sondage réalisé auprès de 4 000 salariés britanniques et américains par le cabinet Opinium, un tiers des salariés disent avoir quitté leur entreprise en raison de valeurs trop éloignées des leurs et près de la moitié envisagerait de le faire. Une preuve que le phénomène commence à prendre de l’ampleur ? Un terme lui a été attribué : on parle désormais de “conscious quitting”. Ou, en français, de “démission consciente”.
Concrètement, le conscious quitting désigne le fait de vouloir démissionner ou se séparer d’une entreprise dont les activités et les pratiques vont à l’encontre des valeurs que l’on défend, qu’elles soient écologiques, politiques ou humanistes. Décrit pour la première fois par l’ex-PDG d’Unilever Paul Polman (à l’origine de l’enquête citée plus haut), ce phénomène confirme l’ampleur croissante de la volonté des salariés de s’engager à travers leur métier. “Tout PDG qui pense gagner la guerre des talents en offrant un peu plus d’argent, un peu plus de télétravail et un abonnement à la salle de sport sera déçu. L’ère de la démission consciente est en marche”, souligne Paul Polman dans un communiqué.
La fin des bullshit jobs ?
... quête de sens au travail ... “rage applying“, qui consiste à postuler de plus belle lorsque l’on a vécu une expérience professionnelle décevante. L’idée ? Trouver un poste ou une entreprise qui nous mérite ! On assiste également au “quick quitting“, c’est-à-dire le fait de ne jamais rester trop longtemps dans une entreprise, sous peine de succomber au bore-out. L’objectif ? Se sentir utile, être motivé et surtout, surtout, ne jamais s’ennuyer !
Connu / https://wegreen.fr/post/197067
Durée de lecture : 9 minutes Clés : Économie Quotidien
Dans le monde occidental, des millions de personnes quittent leur travail. L’offensive néolibérale, la catastrophe écologique et la pandémie ont attisé cette fugue massive. Enquête [1/3]
Vous lisez le premier volet de notre enquête « La grande démission ». Le second volet se trouve ici et le troisième sera publié demain.
L’appel à déserter lancé le 10 mai par les étudiants d’AgroParisTech a agi comme un détonateur. Visionnée plus de 12 millions de fois, leur vidéo a libéré la parole et révélé un mouvement de fond qui remet en cause frontalement les modèles de la réussite sociale
...
Aux États-Unis, des sociologues ont baptisé ce phénomène « Great Resignation » ou « Big Quit » : « la grande démission ». En 2021, plus de 38 millions d’étasuniens ont quitté leur emploi. 40 % n’ont toujours pas repris de travail. Un tsunami qui touche tous les âges, tous les métiers. Et qui renverse le rapport de force entre salariés et entreprises.
...
En Angleterre, les seniors démissionnent en masse. 300 000 travailleurs âgés de 50 à 65 ans ont rejoint la catégorie des « économiquement inactifs ». Leur désir principal, selon le résultat d’une vaste étude ? Prendre leur retraite et s’échapper définitivement du monde professionnel.
...
D’après un récent sondage, publié en mai, plus d’un tiers des sondés (35 %) affirme n’avoir jamais eu autant envie de démissionner. Une proportion qui monte à 42 % chez les moins de 35 ans. Les observateurs parlent de « révolution sociétale », et de « menace pour l’économie française ».
...
En suspendant, un temps, le fonctionnement dont nous étions tous les otages, le virus a révélé l’aberration de la « normalité » ... lutter contre ce que David Graeber appelait « les bullshit jobs » ... en quête de sens ... forme de maltraitance sociale
...
L’An 01, ce film de Jacques Doillon, emblématique de la contestation libertaire des années 1970, au slogan éloquent : « On arrête tout, on réfléchit et ce n’est pas triste. » ... sociologue Geneviève Pruvost. ... Arthur Gosset, l’ex étudiant de centrale Nantes qui a réalisé le film Rupture(s) — dans lequel il évoque la bifurcation de ses camarades déserteurs — estime qu’ils représentent environ 30 % des promotions ... Romain Boucher. Cet ancien data scientist diplômé de l’École des mines a quitté son métier en 2018 ... l’association Vous n’êtes pas seul https://vous-netes-pas-seuls.org/ pour inciter ses ex-collègues à démissionner ... L’écrivaine Corinne Morel Darleux y voit même « une forme de sabotage symbolique » ...
Ndlr : idem que "refus de parvenir" ? ACT
L’année dernière, alors que le premier confinement donnait à toute la bourgeoisie intellectuelle des envies de Révolution pour un « monde d’après » plein de bons sentiments, on se demandait dans les journaux et sur les plateaux télé si les personnes essentielles étaient en fait celles et ceux qu’on croyait. Car en un seul confinement national, tout ce que le pays comptait de « CSP plus », c’est-à-dire les cadres dirigeants, les DRH, les intellectuels, se retrouvaient chez eux ou dans leur résidence secondaire, les bras croisés.
Pendant ce temps, souvenez-vous, les « premiers de corvées » trimaient pour faire tourner les usines, les commerces essentiels, les hôpitaux ou encore les transports en commun. La bourgeoisie a eu la larme à l’œil face à ces gagne-petit que d’ordinaire elle ne voit jamais, Macron a concédé une petite prime défiscalisée, et hop, au charbon les gueux.
Le débat sur l’utilité des travailleuses et des travailleurs dans le pays n’aura duré que quelques semaines et c’est bien dommage. Mais encore plus ennuyeux : celui sur l’utilité de celles et ceux qui pouvaient rester chez eux en pleine crise pandémique n’a quasiment pas été abordé. Même au plus fort du Covid, personne ne s’est demandé ce qu’il en était de l’utilité des patrons. Ils sont passés à travers les mailles de la critique de l’utilité sociale des professions, ce qui confirme ce qu’ils sont devenus, dans la France des années 2020 : des divinités intouchables, si sacrées que plus personne ne se permet de les critiquer.
D’ailleurs, ils ne sont plus des patrons mais des « entrepreneurs ». Quelle différence ? En pratique, aucune : ce sont ceux qui dirigent les entreprises de l’économie capitaliste. Dans les croyances, c’est la nouvelle lessive qui a repeint la bonne vieille bourgeoisie en héroïne des temps modernes : quand le patron domine, l’entrepreneur entreprend. Entreprend quoi ? La mise au travail des autres pour en tirer une plus-value, pour lui et ses actionnaires.
Tr.: ... Thomas Coutrot, livre "Libérer le travail, pourquoi la gauche s'en moque et pourquoi ça doit changer" ...
137 227 vues - 5,5 k - 1,2 k
Votre job a-t-il un sens ou vous fait-on faire toute la journée quelque chose d'absurde, d'inutile ou même de nuisible ? Certaines tâches proposées par le marché du travail ont une utilité sociale mesurable et incontestable, quand d'autres semblent n'exister que pour vous occuper, semblent ne satisfaire aucun des besoins de la société. Ces emplois dispensables finissent par plonger les individus qui y vouent leur semaine dans la perplexité tout d'abord puis, parfois, dans la dépression. À quoi servent donc ces « bullshit jobs » ?
Catégorie Actualités et politique 1 086 commentaires
Airainecer il y a 3 semaines
Pour avoir lu et écouté des interventions de Graeber, la vidéo passe totalement à côté du sujet. L'idée de Graeber n'est pas du tout de faire une opposition de classe entre les fonctionnaires (les profs et les cheminots de gôche) et le vil publicitaire d'une grande compagnie qui cherche à nous faire consommer. Oui ça n'apporte rien de particulier à la société que le marketeux arrive à nous faire consommer plus de L'Oreal, mais qu'il y arrive ou non il vise un résultat tangible et un objectif pour la société que tout le monde peut comprendre.
L'idée de Graeber c'est de s'intéresser à tous ces gens qui ne font RIEN, ou plutôt qui travaillent (ou font semblant une bonne partie de la journée) mais n'aboutissent jamais à aucun résultat tangible ni de près ni de loin. Ces gens qui brassent du vent, envoient des mails inutiles, organisent des réunions qui ne débouchent sur rien, remplissent des tableurs excels, des words et des bases de données que personne ne consulte. Le problème ce n'est pas qu'il y ait un chef de produit qui fasse le métier décrit dans la vidéo, comme il le présente on peut trouver ça con et nuisible, mais oui ça c'est un vrai boulot. Le problème c'est qu'en vrai ce chef de produit a 4 collègues et 3 stagiaires pour faire ce même boulot et qu'en plus le pouvoir décisionnel est très certainement déplacé trois crans au dessus. L'équipe est alors réduit à s'agiter sur elle même, à mordre pendant des heures les quelques "os" de vrai travail qu'on veut bien leur jeter et à produire 80% de merdes le reste du temps.
Les moyennes et grandes sociétés, les grandes administrations ont toutes ces armées mexicaines dans la qualité, le juridique, les ressources humaines et le marketing. La plupart de leur travail ne sert pas l'entité (société ou administration), mais, et c'est là que le parallèle avec le soviétisme est intéressant, elle ne peut s'en débarrasser car elles SONT l'entité.
Toutes les personnes qui exercent ce genre d'activité sont directement touchés quand ils lisent du Graeber, ça éveille une étincelle en eux parce qu'enfin quelqu'un mets des mots sur leur ressentis. En revanche s'ils se contentent de cette vidéo ils vont juste voir un mec de gauche dire qu'il faut plus de profs et moins de cadre du privé.
117
ndlr :
- commentaire pertinent qui montre que la vidéo n'a pas fait le tour de la question du sens du travail : co-travail, co-décision, utilité des tâches, pas forcément opposition entre tâches mais plutôt organisation de celles-ci