Énergies Parti pris - 250 commentaires
Il a suffi de quelques semaines de crise énergétique pour que tout le monde veuille construire de nouveaux réacteurs. Mais sans jamais dire comment. Toutes les questions économiques, industrielles et financières sont passées sous silence, comme si le seul fait qu’il y ait une volonté suffisait à faire un chemin.
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« Une politique énergétique, cela se pense dans le temps, cela se planifie. Il faut vingt ans pour la construire, au minimum dix ans pour construire les installations industrielles », rappelle un ingénieur d’EDF. Entre les lignes, le président du directoire de RTE a fait la même mise en garde lors de la présentation du rapport sur les scénarios énergétiques en 2050 : « Il y a urgence à se mobiliser et à choisir une orientation, souligne Xavier Piechaczyk. Nous sommes dans une course contre la montre pour répondre à la crise climatique. Tous les scénarios nécessitent des investissements considérables sur lesquels il est temps de prendre une option. »
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« Il est plus que temps de sortir du débat d’opinions pour en venir aux discussions sur les hypothèses », ajoute la députée Émilie Cariou, membre du groupe Écologie démocratie solidarité, qui vient de déposer une proposition de loi sur « la transparence dans le nucléaire » https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/textes/l15b4584_proposition-loi
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c’est avec la même indifférence que le gouvernement a laissé les plans sociaux s’empiler dans les autres filiales de GE en France. De même, il s’apprête à laisser filer Endel, filiale d’Engie, spécialisée dans le démantèlement des sites nucléaires, chez Altrad , qui n’a aucune référence en ce domaine mais dont le patron, Mohed Altrad, est un soutien d’Emmanuel Macron de la première heure.
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« Il faut une vraie transparence sur les financements du nucléaire. La question n’est pas de savoir si l’on est pour ou contre le nucléaire mais d’évaluer la situation. On ne cesse d’avoir des alertes sur le vieillissement du parc existant. Dans le même temps, les surcoûts s’accumulent sur tous les projets et les chantiers. Le Parlement n’a pas les moyens dont il devrait disposer pour contrôler ce qui se passe. Cette fuite en avant risque de nous entraîner dans un mur budgétaire », estime Émilie Cariou.
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« La résurgence potentielle du nucléaire est contingente à la confiance du public dans les institutions gouvernementales et leur capacité à assurer la sécurité des opérations d’installations et de matières potentiellement dangereuses », insistent Leonard Hyman et William Tilles, deux experts américains de l’énergie dans un article sur la possible renaissance du nucléaire aux États-Unis. Dubitatifs, ils se demandent même si le nucléaire est compatible avec le capitalisme et ses lois du profit qui amènent toujours à rogner sur les règles et les risques pour obtenir plus de marge.
Or c’est justement vers ce modèle-là qu’Emmanuel Macron veut entraîner la politique énergétique de la France. Reprenant d’une autre façon son projet de plan Hercule qu’il n’a pu mener jusqu’au bout, il s’agit pour lui de sortir le nucléaire de la sphère publique et d’EDF pour le faire rentrer dans le monde du privé. Avec la conviction que la seule magie du marché permettra d’aplanir tous les problèmes.