Durée de lecture : 9 minutes Clés Monde ; Luttes ; Politique
Une délégation d’environ 150 zapatistes va quitter le Chiapas, au Mexique. Direction : l’Europe. Des milliers de personnes s’activent pour les accueillir : zadistes, Gilets jaunes, collectifs féministes ou de sans-papiers, militants contre la violence policière... Objectif du voyage : relier les luttes, partout dans le monde.
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Depuis le début de l’insurrection, en 1994 https://www.universalis.fr/evenement/1er-21-janvier-1994-insurrection-zapatiste-dans-le-chiapas/, les zapatistes n’ont quasiment jamais quitté leur territoire. Cette traversée de l’Atlantique est une première. Avec ironie, ils l’ont baptisé « la conquête inversée »
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« L’expérience zapatiste est une utopie réelle, dit l’historien Jerôme Baschet à Reporterre. Elle est une source d’inspiration indéniable. Sa dimension artistique, l’importance qu’elle accorde aux rites et sa manière de lier culture, créativité et révolte sont très originales. Elle peut nous apporter de la force et nous faire réfléchir à nos manières d’agir ici en Europe. »
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rien n’a été officiellement déclaré si ce n’est une manifestation le 13 août 2021 à Madrid. Les zapatistes souhaitent commémorer « à leur manière » la chute de la capitale aztèque Tenochtitlan face aux conquistadors [1], il y a cinq siècles
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Les communautés indigènes ont déclaré la guerre « au productivisme mortifère » du gouvernement, qui se dit pourtant de gauche. Leur écologie assume la conflictualité. Elle est foncièrement anticapitaliste et ancrée dans une quête d’autonomie.
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Comme un pied de nez à « la gauche hétéropatriarcale » [2]. Lorsqu’elle touchera terre, après trois semaines de navigation, c’est une personne transgenre, Marijosé, qui débarquera en premier sur le continent européen — « una otroa », « une personne autre ». Cinq cents ans plus tôt, Christophe Colomb s’était empressé de planter sa croix et de rebaptiser l’île de Guanahaní au nom de San Salvador. Dans une sorte de réplique inversée, Marijosé, elle, affirmera d’une voix solennelle :
« Au nom des femmes, des enfants, des hommes, des anciens et, bien sûr, des zapatistes autres, je déclare que le nom de cette terre, que ses natifs appellent aujourd’hui “Europe”, s’appellera désormais : SLUMIL K’AJXEMK’OP, ce qui signifie “Terre rebelle”, ou “Terre qui ne se résigne pas, qui ne défaille pas”
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Notes
[1] « Le 13 août 1521, la cité de Tenochtitlán (l’actuelle Mexico) cède sous les assauts répétés du conquistador espagnol Hernán Cortés et de ses troupes après trois mois de siège, signifiant l’écroulement de l’empire aztèque et les débuts effectifs de la colonisation espagnole au Mexique », selon Universalis.
[2] Pour reprendre une expression zapatiste.