Félix Noblia teste des pratiques agricoles alternatives
Une agriculture sans pesticides de synthèse ni labour, des vaches au pâturage…
Pour cet agriculteur, un changement de pratiques agricoles s’impose. Voilà les techniques qu’il expérimente au Pays Basque.
Un agriculteur du Pays Basque expérimente des nouvelles techniques d’agroécologie
Félix Noblia, un agriculteur du Pays Basque, veut faire avancer les choses en terme de pratiques agricoles. Il expérimente de nombreux modèles afin de régler les problématiques de réchauffement climatique. Voilà comment il s’y prend.
Dans le sud-ouest de la France, Félix Noblia expérimente de nombreuses pratiques agricoles qui pourraient régler certaines problématiques de réchauffement climatique. Les techniques d'agroécologie utilisées sont la valorisation des sols, l'association des cultures et l'élevage en pâturage.
L’une de ces pratiques, le « pâturage tournant dynamique », consiste à découper un îlot en de nombreuses parcelles afin de pouvoir déplacer ses vaches. Cela permet d’avoir une viande riche en Oméga 3, d'améliorer la biodiversité avec des prairies permanentes et une meilleure infiltration d’eau dans le sol.
Le choix de Félix Noblia en tant qu’agriculteur est « d’arriver à essayer de concilier l'agriculture biologique avec les pratiques de conservation et de régénération des sols ». Alors que l’atelier d’élevage est parfaitement maîtrisé, il est très « complexe » de ne pas travailler les sols en respectant le « cahier des charges de l’agriculture biologique ».
Ce cahier indique qu’il ne faut pas utiliser d’engrais de synthèse et de pesticides. Cependant, l’agriculteur rencontre de nombreux dilemmes : « On a des difficultés pour gérer l’enherbement, pour avoir suffisamment de fertilité pour faire pousser les plantes. Avoir un système qui concilie tout ça pour produire des calories alimentaires en améliorant la planète, en stockant du carbone, en préservant les ressources en eau, en améliorant la biodiversité et en amenant de la santé dans les assiettes, c'est du travail. »
Afin de régler les problématiques de réchauffement climatique, il est important de coupler le « modèle d’agriculture de conservation des sols » et le « modèle bio ». Toutefois, peu d’agriculteurs français se consacrent à cette expérimentation.
Face à l’urgence, Félix Noblia souhaite contribuer à la lutte contre le réchauffement climatique : « Si on rapporte ça à des surfaces très importantes, le changement de pratiques agricoles peut régler les problématiques de réchauffement climatique »
visible en + grand écran à https://my.framasoft.org/u/ind1ju/?Dx1Y7A
Agriculteur au Pays Basque, Félix Noblia expérimente une agriculture ambitieuse, celle de la conservation des sols en bio, depuis deux ans. Discussion avec ce paysan-chercheur sur cette révolution en cours.
...
malgré l’apport d’engrais minéraux, certaines plantes ne poussaient plus sur mes parcelles. Je me suis alors progressivement intéressé à mes sols au gré de rencontres et de discussions avec des collègues agriculteurs, comme Frédéric Thomas, ou des chercheurs comme Lucien Séguy. J’ai alors compris l’importance de restaurer la vie biologique des sols pour construire des systèmes agronomiques durablement productifs.
... abandonner le labour notamment parce que j’avais des terrains très en pente et donc fortement sensibles à l’érosion ... ne pas travailler le sol et réussir la gestion de ces « mauvaises herbes ». La réalité est qu’il y a encore eu très peu de recherche et d’expérimentations sur la conciliation entre l’agriculture biologique et l’agriculture de conservation. Il est en effet très compliqué pour les agriculteurs d’assumer économiquement les risques associés à l’expérimentation de l’agriculture biologique de conservation des sols, qui est une technique incroyablement complexe
...
En agriculture de conservation bio, il faut que le sol soit au maximum occupé par des plantes que l’on a choisies, sinon ce seront d’autres, indésirables, qui prendront la place. On va par exemple compter sur le paillage, c’est-à-dire la couverture du sol par les résidus de plantes. Ce paillage va jouer un effet écran et empêcher la germination des graines de plantes indésirées présentes dans le sol. Autre technique : le « relay-cropping ». Cela consiste à insérer dans une culture, avant même sa récolte, celle qui lui succèdera. ... semer des cultures en association, par exemple un blé et un trèfle ... présence d’un élevage grâce auquel je suis sûr de valoriser économiquement ma récolte
...
le glyphosate rentre essentiellement dans notre alimentation non pas par les agriculteurs, qui, faut-il le rappeler, ne l’épandent jamais sur les cultures récoltées en France, mais par l’importation d’OGM. Ces OGM, venus notamment d’Amérique du Sud, vont ensuite nourrir une grande partie du bétail français ... utilisé avec parcimonie dans des systèmes d’agriculture de conservation des sols contribue à la construction d’un système d’avenir qui permettra de s’en passer un jour. Il est plus important de basculer la ferme France en agriculture de conservation des sols qu’en système « zéro-glypho » ... on pourrait multiplier son prix par dix et utiliser l’argent ainsi récolté pour la recherche et le développement d’alternatives.
... comment pourrait-on accompagner ... ?
lever les freins matériels et psychologiques ... aider massivement les exploitations à investir dans le matériel adapté ... travailler sur la sélection de plantes de couverture des sols qui sont capables de séquestrer de grandes quantités de carbone afin de les stocker durablement dans le sol et non dans l’atmosphère ... orienter davantage les élevages vers le pâturage ... inciter les consommateurs à manger moins de viande, mais de meilleure qualité à des prix plus élevés ... développer considérablement les réseaux de partages d’informations entre agriculteurs ...
Aller plus loin
- Frédéric Thomas : « Pour la première fois dans l’humanité, on peut produire de manière conséquente en régénérant les sols » https://grainesdemane.fr/frederic-thomas-pour-la-premiere-fois-dans-lhumanite-on-peut-produire-de-maniere-consequente-en-regenerant-les-sols/
- Sarah Singla : « Développons des sols fertiles en remplaçant le métal par le végétal » https://grainesdemane.fr/sarah-singla/
- « Agriculture du vivant » : il se passe quelque chose ! https://grainesdemane.fr/agriculture-du-vivant-il-se-passe-quelque-chose/
Auteur Mathieu Marguerie
Ingénieur agronome spécialisé en productions végétales, je m’intéresse à la diversité de l’agriculture sous toutes ses formes. Je travaille actuellement au développement de l’agriculture biologique.