Résumés
S’inscrivant dans la lignée des travaux sociologiques sur la résistance au stigmate des élites, cet article propose d’analyser les réactions à chaud suscitées par le scandale des Panama papers. Il s’agit plus précisément d’être attentif aux appuis normatifs et aux registres argumentatifs mobilisés par les personnes physiques et morales directement mises en causes par ces révélations médiatiques (banques, cabinets d’avocat, chefs d’État, élus politiques, chefs d’entreprises, actionnaires, familles fortunées). Il s’agit aussi, dans le même mouvement, d’objectiver les prises de position des acteurs gouvernementaux et des commentateurs les plus visibles de la vie politique et économique française. L’objectif est de montrer que le pluralisme tempéré des points de vue exprimés par cette diversité d’acteurs est fondé sur une ligne directrice commune participant de fait à la défense de l’ordre financier existant. Cette diversité relative forme en effet les contours d’une division du travail de légitimation du pouvoir - et donc par extension du travail de domination - entre les détenteurs du capital économique et financier, les titulaires du pouvoir d’État ainsi que des journalistes, éditorialistes et autres experts médiatiques s’exprimant au nom de leur capital culturel.
Mots-clés : finance, criminalité en col blanc, évasion fiscale, scandale financier, Panama papers, impunité