Comment mangerons-nous demain ? - jeudi 7 octobre 2021 - par Mathieu Vidard - La Terre au carré - France inter
54 minutes
Parce que le système qui nous nourrit est moderne, productiviste et complexe, il est aussi hyper vulnérable. Comment le remplacer par un système qui nous garantisse de trouver de quoi nous nourrir de manière soutenable ?
Comment mangerons-nous demain ? © Getty / pixdeluxe
Depuis cinquante ans, dans notre quotidien, nous avons pris l’habitude de déléguer notre alimentation à d’autres. Les acteurs du système agroalimentaire détiennent les clés de notre réfrigérateur.
L’approvisionnement alimentaire de la France s’est construit sur la base d’un système complexe de flux multiples et de *dépendances interrégionales et internationales. Résultat, aujourd'hui la chaine qui va d’un légume ou d’un animal à notre assiette se déroule sur des centaines voire des milliers de kilomètres et les étapes se multiplient...
Mais la crise de la Covid-19 a mis en lumière la vulnérabilité du système qui nous nourrit. Les grandes villes françaises disposent en réalité de quelques jours à peine de stock de nourriture.
Si le système agroalimentaire se grippait, les pénuries ne tarderaient pas à se multiplier.
Que voulons-nous manger demain? Quels aliments? Produits par qui et où? Dans quelles conditions? Il est impératif d’en discuter, de faire nos choix de manière éclairée.
Pour bâtir un modèle alimentaire d’avenir, des solutions existent. La France pourrait se doter d’un écosystème agricole organisé en fonction de ses besoins alimentaires. Pour cela, il faut changer radicalement nos modes de production, de distribution et de consommation.
La question de l’autonomie alimentaire commence timidement à émerger dans le débat public. Pourtant, depuis vingt ans, et malgré toutes les annonces, tous les discours et tous les engagements de principe, les pouvoirs publics, à travers les aides comme la PAC, poussent les agriculteurs à s’agrandir et à se mécaniser toujours plus. Maintenir cette logique, c’est continuer à pousser l’agriculture vers un modèle hyperspécialisé, industriel, qui produit de gros volumes et qui est surtout tourné vers la transformation alimentaire et l’export...
Chercheur sur les questions d'autonomie alimentaire, Frédéric Wallet synthétise la réalité complexe qui se cache derrière notre mode de consommation et propose des pistes à investir pour atteindre la sécurité alimentaire. il publie Manger demain, chez Tana éditions.
Spécialisée en sociologie économique et des réseaux, Yuna Chiffoleau s’intéresse plus particulièrement aux circuits courts alimentaires, et s’attache à mesurer leur impact sur les producteurs et les consommateurs. Elle a publié Manger au temps du coronavirus, éditions Apogée, en 2020.
Les invités
- Frédéric Wallet, économiste, chercheur à INRAE sur les questions d’autonomie alimentaire
- Yuna Chiffoleau, Directrice de recherche en sociologie à INRAE
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Le lundi 20 septembre, Jean-Luc Mélenchon était l’invité de Ruth Elkrief sur LCI. Le candidat de l’Union Populaire a expliqué les raisons pour lesquels il a décidé d’affronter Eric Zemmour en débat sur BFMTV le 23 septembre prochain. Il a souligné les conceptions aux antipodes entre lui et le (presque) candidat d’extrême-droite.
Jean-Luc Mélenchon a également pu s’exprimer sur ses propositions concernant l’insécurité alimentaire. Il est revenu sur les 5 fruits et légumes à petits prix bloqués, le rationnement du sucre et du sel dans l’alimentation, la fin des fermes usines, ou la conversion au bio de l’agriculture française. Autant de propositions qu’il a longuement développé récemment dans une interview au journal Libération et sur son blog.
Président du groupe La France Insoumise a également été interrogé sur son opposition au pass sanitaire, qu’il a continué de critiqué comme inefficace, autoritaire et absurde.
Enfin, Jean-Luc Mélenchon a réagit à la perte par la France d’un contrat de sous-marins pour l’Australie, suit à l’intervention des Etats-Unis. L’occasion pour lui de rappeler ses positions sur la nécessaire indépendance de la France et donc sa sortie de l’OTAN.
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« Pour l’instant, personne ne sait quand la crise sanitaire va se résorber complètement. Et une sortie de crise en France ne veut pas dire une fluidité des approvisionnements au niveau global. Etant donné que l’alimentation est maintenant considérée comme n’importe quel produit, elle est soumise aux échanges mondiaux, de la mécanisation, au pétrole et aux bras. Même si elle a encore de grosses capacités de production, l’agriculture française dépend de perfusions étrangères à de nombreux niveaux. Et le coronavirus est une petite vague par rapport à la grosse vague de la crise climatique. » rappelle le locavore Stéphane Linou, auteur du livre « Résilience Alimentaire et Sécurité Nationale »
Rassurant, le Ministre de l’Agriculture Didier Guillaume le promet : il n’y aura pas de pénurie alimentaire en France. Pourtant, cette affirmation fait abstraction d’un fait primordial : le coronavirus ne fait qu’exacerber les dysfonctionnements de nos sociétés, et vient se rajouter à tous les risques auxquels nous faisons déjà face en terme de sécurité alimentaire. Il ne s’agit pas d’être catastrophiste, mais réaliste. Une crise alimentaire est possible voire imminente, et l’urgence de la situation actuelle ne doit pas empêcher les populations de s’y préparer.
Les alertes des Nations Unies sur les risques d’un système alimentaire mondialisé
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Autre organisme à avoir alerté les autorités : le Programme alimentaire mondial (PAM) qui fournit une assistance alimentaire à 87 millions de personnes à travers le monde. Inquiet de la fermeture des frontières, le PAM a déjà commencé à faire des stocks de nourriture pour trois mois dans les pays les plus fragiles en Afrique de l’Ouest, en Afrique centrale et au Moyen-Orient.
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La situation en France
la panique populaire qui avait fragilisé la chaîne d’approvisionnement des supermarchés ...
des initiatives solidaires se sont mises en place pour favoriser les circuits courts et la vente directe à la ferme, et aider les paysan.ne.s en difficulté.
Le gouvernement, qui avait d’abord privilégié la grande distribution pour l’approvisionnement, a fait volte-face et s’est finalement déclaré favorable à la réouverture des marchés de plein air et des halles alimentaires. ... d’abord exclus de la liste, les graines et les plants potagers sont devenus des produits de première nécessité suite à une mobilisation parlementaire.
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Tout autour de moi, les gens se mettent au jardin parce qu’ils ont vu quelques annonces et qu’ils réfléchissent. Si on veut avoir un minimum d’approvisionnement alimentaire de proximité, la base de notre alimentation quotidienne, il faut qu’on s’en occupe nous-mêmes. » explique Philippe Desbrosses, agronome et auteur de la tribune « assurer la sécurité alimentaire des populations » ... près d’un fruit et légume sur deux consommés en France est aujourd’hui importé, principalement d’Espagne et du Maroc ... 1400 tonnes acheminés chaque jour de Perpignan à Rungis https://lareleveetlapeste.fr/si-le-train-des-primeurs-est-supprime-il-y-aura-25-000-camions-en-plus-sur-les-routes-par-an/
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L’impact de la crise climatique sur la production agricole
... les chaînes d’approvisionnement du système alimentaire ne concernent pas seulement la distribution de nourriture, mais aussi les échanges de biens et services nécessaires au bon fonctionnement de l’agriculture, et tout particulièrement de l’agriculture industrielle : importations de soja américain et brésilien pour nourrir l’élevage industriel, énergies fossiles et phosphate pour les pesticides, les herbicides et les engrais chimiques.
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Gérer l’urgence et organiser la résilience
Le confinement provoque déjà des drames, avec des enfants qui ne disposent plus de la cantine scolaire pour se nourrir une fois par jour, et des personnes privées de l’accès à leurs jardins familiaux alors qu’ils constituent parfois une ressource essentielle pour pouvoir les nourrir, ... pensée et encouragée collectivement, à différentes échelles, pour que chacun ait accès à une alimentation saine, quels que soient ses revenus. ... l’agroécologie https://lareleveetlapeste.fr/oui-une-europe-agroecologique-qui-nourrit-tous-ses-citoyens-est-possible/
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d’abord regarder nos besoins alimentaires, puis ensuite penser l’aménagement du territoire en cohérence avec ces besoins. En France, un tel état des lieux est proposé à travers le « Projet Alimentaire Territorial » créé par la loi d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forêt du 13 octobre 2014.
« Les PAT ont le mérite d’exister mais ils ne sont pas obligatoires et il n’y a pas d’argent alloué
... la surface agricole dédiée à l’agriculture a chuté en France de –17% depuis 1961, soit près de –60000 km², c’est-à-dire l’équivalent de la région Grand-Est. ...
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Catégorie Science et technologie 3 commentaires
Guillo Bebe il y a 16 heures (modifié)
Sans gêne la ministre, 60 ans depuis les premières alertes, et jamais la moindre critique envers la croissance éternelle, c'est un peu honteux qu'elle profite de ce rapport pour faire sa pub politique. eurk elle devrait passer en dernier
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Dominique Sauvebois il y a 16 heures (modifié)
Bravo Madame (à 55 mn) ! merci !!!
Mon commentaire à Elisabeth BORNE :
- Vous avez déclinez tous les investissements prévus pour sauver le capitalisme et satisfaire à la Finance " verte ".
Vous basez votre discours sur la thèse du CO2 tueur qui est la plus grande, et grave, arnaque du siècle !
Vous mélangez allègrement les vertus avec les mensonges.
Auteur Philippe Grandcolas
Directeur de recherche CNRS, systématicien, UMR ISYEB, Muséum national d’histoire naturelle (MNHN) – Sorbonne Universités
Lâcher des drones pour polliniser les cultures ? Une solution gadget. Dronecopter
Cet article est publié en collaboration avec les chercheurs de l’ISYEB (Institut de Systématique, Évolution, Biodiversité, Muséum national d’Histoire naturelle, Sorbonne Universités). Ils proposent chaque mois une chronique scientifique de la biodiversité : « En direct des espèces ». Objectif : comprendre l’intérêt de décrire de nouvelles espèces et de cataloguer le vivant.
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Connaissez-vous l’IPBES, cette plate-forme intergouvernementale pour la biodiversité ? En avez-vous déjà entendu parler ? Elle est à la biodiversité ce que le GIEC est au climat. Depuis le 29 avril, les délégués scientifiques des 132 pays membres de la plate-forme travaillent ensemble à Paris
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Il nous faut un sursaut citoyen, quelle que soit notre situation pour aller de l’avant, en prenant toutes les mesures nécessaires pour améliorer l’état de la biodiversité. Le temps des controverses sur les causes et les remèdes – cette forme rampante de scepticisme – doit être dépassé pour laisser place à l’action responsable.
La biodiversité est notre patrimoine et nous devons en prendre conscience, aussi étrange que cela puisse paraître à certains, trop distanciés de la connaissance scientifique ou de la nature, trop habitués à privilégier les accommodements technologiques comme solution à tous les problèmes.
Clés : climat GIEC biodiversité pollution changement climatique forêts insectes espèces menacées sécurité alimentaire extinction d'espèces