Pour une démocratie du peuple par le peuple
La démocratie française est menacée.
L’abstention massive constatée aux élections régionales et départementales de dimanche constitue le dernier point d’alerte de l’affaissement de notre système politique.
Notre pays traverse une crise sans précédent alors que trois Français sur quatre estiment que la démocratie fonctionne mal et que les hommes et les femmes politiques agissent principalement pour leurs intérêts personnels.
Parmi les explications avancées de cette désaffection civique inédite, il manque selon nous la principale : le manque de représentativité de nos représentants. À l’Assemblée nationale, près de 80% des députés sont des cadres alors que 80 % des Français ne le sont pas. Parmi les députés, seuls 5% sont des employés et deux seulement sont ouvriers.
La crise de représentativité nourrit déconnexion, défiance et déclin démocratique.
La crise des gilets jaunes a révélé au grand jour l’incapacité d’une grande partie de nos gouvernants à comprendre la vie quotidienne d’une majorité de Français.
La défiance est la conséquence logique de cette déconnexion. Pour y répondre, il ne suffira pas de promettre le renouvellement, en remplaçant les cadres des partis politiques « de l’Ancien monde » par des cadres du secteur privé.
La déconnexion et la défiance conduisent à un déclin démocratique, quand une partie toujours croissante de nos concitoyens se réfugie dans l’abstention. Quand un nombre croissant de Français ont le sentiment de ne plus être représentés, que leur voix ne compte plus et qu’aucune alternative au déclin de leur pays n’est possible.
Aux dernières élections législatives de 2017, l’abstention enregistrée était exactement deux fois supérieure à la moyenne des élections depuis 1958 : 56% contre 28%. Plus grave encore cette démission démocratique exclut d’abord les catégories populaires : près de 7 sur 10 se sont abstenus, avec le risque que notre démocratie devienne de facto une oligarchie fonctionnant au suffrage censitaire.
La France peut sortir par le haut de cette crise, si les partis s’engagent dès maintenant pour la parité populaire.
Nous appelons tous les mouvements politiques de notre pays à s’engager à présenter aux élections législatives de 2022 au moins 25% de candidats issus des classes populaires (ouvriers, employés, chômeurs). Puisqu’elles représentent plus d’un électeur sur trois, cette proposition constitue une mesure raisonnable et de bon sens, qui contribuera à renforcer la représentativité de l’Assemblée nationale et sa capacité à être en prise avec le quotidien des Françaises et Français. Mettre en place la parité populaire, c’est aussi promouvoir la place des femmes, « premières de corvées » occupant les emplois les plus pénibles.
Cet engagement pour la parité populaire, pris devant les Français, permettra d’obtenir des résultats tangibles et rapides, à la hauteur du péril démocratique qui nous guette ici et maintenant. Pourquoi toujours reculer devant l’obstacle alors que les partis peuvent agir concrètement pour faire face à la crise de représentativité populaire ?
Nous voulons une Assemblée ouverte aux caissières, aux infirmières, aux coursiers, aux ouvriers intérimaires, aux garagistes, aux agriculteurs, à tous ceux qui, par leur travail en première et seconde ligne, font vivre la France. Ils constituent la richesse et la diversité de notre pays. Ils peuvent et ils doivent porter la voix de celles et ceux qui n’en ont pas. Nous en sortirons grandis et nous sauverons la démocratie.
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