L’arrêt des activités des usines du groupe papetier Arjowiggins, courant 2019, a signé la fin de production de certains papiers recyclés en France. Les papeteries françaises, globalement, se portent mal. Une situation regrettable sur le plan social et écologique puisque les imprimeries locales doivent alors se fournir en papier à l’étranger.
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« Il y a moins de papier en circulation, notamment à cause de la dématérialisation » ... La fermeture de l’usine de Bessé-sur-Braye est un « non-sens écologique » En juin, le député de la France insoumise Ugo Bernalicis dénonçait, dans une question écrite au gouvernement, le « non-sens écologique » de la fermeture de l’usine de Bessé-sur-Braye. « Les imprimeries françaises n’auront d’autre choix que de se tourner, concurrence oblige, vers des fournisseurs étrangers — au premier rang desquels l’Allemagne, l’Autriche et l’Italie, dont la production ne fait que croître. Le bilan carbone de l’utilisation du papier recyclé va donc exploser, au regard des distances de transport considérablement augmentées que vont nécessiter ces importations », regrettait-il. « La faible part des achats de papier recyclé en France pénalise le développement de l’économie circulaire locale, avec tous ses atouts de réduction d’impacts environnementaux (eau, énergie, ressources) et de création d’emplois », lit-on sur le site de l’ONG écologiste WWF. « 90 % des papiers de bureautique achetés par les entreprises sont des papiers labellisés », affirme quant à lui Valéry Hergott de l’association Riposte Verte https://www.riposteverte.com/, estimant que le bilan est satisfaisant. Selon lui, le papier recyclé, dans la bureautique, a malheureusement peu de chance de se développer en raison d’un marché mondial orienté vers le recyclage en emballage.
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Après la liquidation de l’usine de Bessé-sur-Braye, deux groupes se sont formés pour travailler sur des projets de reprises et chacun affirme avoir trouvé des pistes. Le premier rassemble l’ex-intersyndicale CGT, CFDT et CFE-CGC de l’entreprise et ne prévoit pas, a priori, la reprise de la fabrication de papier recyclé. L’autre, Action Citoyenne pour l’intérêt général rassemble des habitants de la Sarthe et croit en revanche au potentiel du recyclé, pour peu que des investisseurs acceptent d’y mettre le prix. « C’est une opportunité à saisir, dit Mickael Bardet, membre du collectif. Les outils industriels sont présents, ainsi que le savoir-faire. Plusieurs études prouvent qu’il y a un potentiel. »
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Jan Le Moux, directeur Économie circulaire au sein de la Copacel, fédération professionnelle représentant les entreprises françaises productrices de pâtes, papiers et cartons, affirme que « le papier recyclé n’a pas nécessairement un meilleur bilan carbone qu’un papier vierge ». [1].
Même son de cloche du côté des éditeurs. « La priorité, c’est de protéger la forêt. La filière graphique a commencé dès 1993 à certifier des forêts et respecter des normes ISO », affirme Pascal Lenoir, directeur de la production chez Gallimard et président de la commission Environnement et fabrication du Syndicat national de l’édition (SNE). Selon une étude du SNE, en 2016, 91 % des papiers achetés pour faire des livres étaient certifiés PEFC ou FSC, mais seulement 2 % recyclé, sachant que l’édition ne représentait que 6,9 % de la consommation de papier graphique en France en 2016.
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Source : Héloïse Leussier pour Reporterre