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A un an de l'élection présidentielle 2022, qu'est-ce qui se joue au Parti socialiste ? Et à gauche ? Frédéric Sawicki, professeur en science politique, est l'invité de la Midinale.
Etat des lieux de la gauche en 2021
« On est à quatre ans d’une élection qui a pulvérisé le visage de la gauche. »
« Jusqu’en 2017, les socialistes et leurs alliés immédiats les radicaux, étaient en position hégémonique sur le plan politique et électoral. »
« Pendant 30 ans, les socialistes se sont habitués à être majoritaires à gauche. »
« Après ce qu’il s’était passé en 2017, c’est-à-dire un Jean-Luc Mélenchon parvenant à agréger 19% des électeurs, on aurait pu penser qu’il pourrait potentiellement représenter une gauche alternative - même si lui à l’époque ne se définissait pas comme ça. »
« Depuis 2017, les Verts sont apparus, non pas en tant que nouvelle hégémone, mais comme venant potentiellement casser cette recomposition possible. »
« Il y a une tripartition à gauche. »
« En l’absence de pôle autour duquel pourrait s’agréger une alliance, chacun des pôles peut prétendre à l’hégémon :
les socialistes considèrent que 2017 a été une catastrophe mais que l’orientation très à droite du gouvernement libère de la place pour un électorat de centre-gauche dont on aura besoin pour reconstruire une domination ;
les Verts, très surpris de ce qui leur arrive enfin, s’imaginent, à cause de la place que prennent les enjeux écologiques en ce moment, qu’ils vont pouvoir prétendre au leadership à gauche ;
les insoumis considèrent que les performances passées de Jean-Luc Mélenchon le mettent naturellement en situation de se représenter en 2022. »
« Comme il n’y a pas de négociation entre ces trois pôles car il n’y a pas de tradition de négociations, il n’y a pas d’arbitre non plus : tout pousse à ce que ces acteurs entrent en concurrence mais surtout exagèrent leurs différences. »
Sur le positionnement des socialistes
« Sur quoi les socialistes peuvent encore espérer se distinguer des deux autres pôles, écologistes et insoumis ? Sur les questions d’environnement, il y a une convergence : c’est plus vert que moi, tu meurs (…). Sur les questions économiques, il y aurait plus à dire mais fondamentalement, on ne voit pas non plus de marqueur de différences. Mais il y a le marqueur très symbolique qui a l’avantage de ne rien coûter : la République. Aux yeux des socialistes, les écologistes sont des Girondins et des internationalistes multiculturalistes, les insoumis étaient partagés jusqu’il y a peu mais aujourd’hui, ceux qui semblent l’avoir emporté, sont ceux de l’aile de la tolérance et de l’acceptation de la diversité culturelle. »
« Il y a un positionnement général de la direction du PS sur le champ de la défense des valeurs républicains de manière pas toujours très précise (on est parfois presque dans l’ordre de la morale : on affirme des grands principes mais on ne se bat pas pour savoir s’il faut interdire le port du voile à l’université car là, on reste dans le flou). »
« Il y a aussi des conflits internes au PS : dans l’entourage d’Olivier Faure, il y a une forte présence d’anciens proches de Manuel Valls dont ils partagent un certain nombre de positionnement sur les questions de laïcité, de l’islam, de sécurité… et poussent à la roue. Un certain nombre de gens qui se définissent moins comme les gardiens du temple républicain en profitent pour verser de l’huile sur le feu pour déstabiliser le Premier secrétaire. »
« Certains comme Bernard Cazeneuve ou Stéphane Le Foll ne veulent pas d’une candidature qui ne soit pas socialiste. »
« Si demain, les socialistes, les écologistes et les insoumis se mettaient d’accord pour soutenir la candidature de Jean-Luc Mélenchon - je ne sais pas si c’est possible mais pourquoi pas -, on risque d’avoir un déport du PS au profit d’une autre candidature. »
« Quand un parti se rétracte sur son noyau le plus fidèle, ce n’est pas un signe de sa capacité à s’ouvrir. »
Sur l’éventuelle évolution du PS
« 2017 est la plus grande défaite des socialistes depuis longtemps. »
« Il faut détacher ce que pensent les dirigeants et ce que pensent les socialistes qui restent : la grande difficulté, c’est que l’affichage transformationnel et plus radical mais aussi l’écologisation, en fait, n’a pas eu lieu. »
« Il y a une conviction qu’il faut changer et faire évoluer les choses vers une société moins polluante mais toute la démarche intellectuelle que cela suppose n’est pas faite en profondeur : les socialistes qui restent sont plutôt vieux et sont issus d’une matrice qui restent productivistes. »
« Le positionnement écologiste du PS relève plus de la stratégie ou de la tactique que d’une conviction profonde et d’une modification des chaines de pensée. »
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Fabrice Rousselot, Directeur de la rédaction
Auteur Valentin Soubise Doctorant en science politique, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Le président du groupe parlementaire La France insoumise mène actuellement une fronde, sur les bancs de l’Assemblée nationale, contre le projet de loi « séparatisme », finalement rebaptisé « projet de loi confortant le respect des principes de la République ».
Dans son discours du 1ᵉʳ février, Jean‑Luc Mélenchon juge « inutile » et « dangereuse » une loi qui selon lui demanderait aux associations musulmanes de prêter des « serments d’allégeance » à la République.
« Non, les chemins de la raison ne s’ouvrent pas à la faux. Non, la porte de l’universel ne s’ouvre pas à coups de pied. Non, l’amour de la République, comme tout amour, ne vaut rien sous la menace. »
Jean‑Luc Mélenchon réaffirme ainsi une conception de la laïcité qui ne doit pas être un « athéisme d’État », imposé par la contrainte, mais une séparation stricte où l’État, « indifférent » à la religion, garantit à chacun une liberté absolue de conscience.
La laïcité a selon lui apporté une contribution historique essentielle à la sortie des guerres de religion en France et son enjeu principal est aujourd’hui encore de garantir « l’unité du pays ».
Or, le député considère que ce projet de loi ouvre au contraire « la porte à un déferlement » contre les musulmans.
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Au Karl Marx de La Question juive qui rejette les droits de l’Homme comme une mystification bourgeoise dissimulant l’exploitation, Jean‑Luc Mélenchon semble alors préférer le philosophe Jacques Rancière qui souligne l’efficacité et la performativité de la « phrase égalitaire » : affirmer et croire en une égalité qui n’existe pas encore est le seul moyen de la faire progresser dans la réalité.
L'auteur réalise sa thèse sous la direction de Frédéric Sawicki.
Clés : gauche Jean-Luc Mélenchon extrême gauche laïcité partis politiques discours islamophobie La France insoumise (LFI)
Connu / https://twitter.com/cremieuxrag/status/1362085129502535683
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Chômeurs insoumis a retweeté
Robert Crémieux Herbe Abeille @cremieuxrag ·17 févr.
La République laïque de Jean‑Luc Mélenchon : un débat qui fracture la gauche et bien plus encore #islamogauchisme
via @FR_Conversation - 0 - 1 - 1
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Ndlr : article très intéressant et bien documenté mais JLM n'est en aucune façon à l'extrême gauche, pourquoi ce mot-clé plutôt que de parler de radicalité ? Manipulation ? ACT