Économie - Social - Temps de Lecture 3 min. - Article réservé aux abonnés
Dans un petit village de l’Ain, Pierre Bertin a mis en place un réseau de covoiturage et une fiche de « mobilité » qui permet aux habitants de connaître tous les moyens de déplacements existants alentour.
Voilà un débat qui agite les tablées du dimanche, et dont on pourrait résumer les termes par ce propos : « Nous, à la campagne, on a besoin de la voiture. On ne peut pas faire autrement ». Et pourtant, patiemment, sans faire de bruit, quelques individus tentent de prouver, à leur échelle, qu’ils peuvent faire autrement, même à la campagne. C’est le cas de Pierre Bertin, aujourd’hui âgé de 61 ans, qui vit à Journans, un joli village de l’Ain, posé pile à l’endroit où la plaine de la Bresse cède la place aux contreforts du Jura. Cette localité de 355 habitants, à 10 kilomètres au sud-est de Bourg-en-Bresse, n’est pas desservie par le réseau de bus urbain.
L’apéro bus organisé tous les trimestres pour mettre à jour la fiche de renseignements sur les modes de déplacements disponibles autour du village de Journans (Ain).
L’apéro bus organisé tous les trimestres pour mettre à jour la fiche de renseignements sur les modes de déplacements disponibles autour du village de Journans (Ain). Marie Thé Ballet
Fin 2016, rentrant de l’hôpital après un malaise, M. Bertin se sent bien dépourvu. Il s’en est bien tiré, mais les médecins lui interdisent la conduite pendant six mois. « Je voulais continuer mes activités », raconte-t-il. Son voisin, Jacques Toulemonde, l’aide à réfléchir. « Nous avons rassemblé une trentaine d’adresses mail de personnes vivant dans le village et leur avons demandé si elles accepteraient de me dépanner de temps en temps », explique le villageois. La solidarité agit rapidement. Revigoré, Pierre baptise sa liste « Pierre qui roule ».
Cet « écomobile club », comme dit son voisin Jacques, devient aussitôt une branche de l’association Autosbus qui tente, depuis 2013, de proposer des solutions à ceux qui ne peuvent se déplacer en voiture aux alentours de Bourg-en-Bresse. Aujourd’hui, les 52 contacts du « covoiturage villageois » viennent au secours, à l’occasion, de salariés en panne de voiture, de parents empêchés que leurs enfants attendent à la sortie du collège, ou de personnes âgées.
Compilation des informations
M. Bertin a repris le volant, mais n’a pas oublié les difficultés de ceux qui doivent s’en passer. Avec l’association, il recense, pour le village de Journans, les horaires et les arrêts des autocars régionaux, les chauffeurs de taxi, les distances parcourables à pied et à vélo, ainsi que les temps de trajet. Cet ensemble d’informations pratiques est regroupé sous le nom de « fiche de mobilité » et figure sur le site de la commune.
Tous les trimestres, une demi-douzaine d’adhérents actifs se retrouvent autour d’un apéro pour mettre à jour les renseignements
Basée sur des observations réelles, et non sur un agrégat de données numériques, cette « fiche » est bien plus précise que celles que pourraient concevoir les opérateurs de transports. « C’est du bon sens, mais ça n’arrive pas tout seul », observent les membres de l’association, qui ont pêché l’idée en Belgique. Tous les trimestres, une demi-douzaine d’adhérents actifs se retrouvent autour d’un apéro pour mettre à jour les renseignements.