france-5 Magazines 1 h 8 min tous publics Vidéo sous-titré - diffusé le 30/03/23 à 17h43 Disponible jusqu'au 29/04/23
C’était son premier déplacement en région depuis plus de deux mois. Emmanuel Macron s’est rendu ce jeudi à Savines-le-Lac dans les Hautes-Alpes, dans un contexte social très tendu, pour présenter son plan de gestion de l’eau à court et plus long termes face au réchauffement climatique. Le chef de l’État qui veut tourner la page des retraites s’est déplacé sous bonne escorte dans ce village des Hautes-Alpes où des dizaines de manifestants l’attendaient. Klaxons, appels à la démission et au retrait de la réforme… Syndicalistes et habitants de la commune ont réservé un accueil tout particulier au convoi du chef de l’État qui les a soigneusement évités pour rejoindre le lac de Serre-Ponçon.
À peine arrivé, le président de la République s’est exprimé sur la crise sociale mais reste inflexible. "Il y a une contestation sociale qui existe sur une réforme mais cela ne veut pas dire que tout doit s’arrêter". Il est "normal" que des manifestants soient présents en marge de ce déplacement. "Il y a des équipes qui sont là, le dialogue se poursuit", a-t-il dit, ajoutant qu’il était là "aujourd’hui pour parler d’un sujet essentiel" concernant "l’eau et la sécheresse".
Comment partager l’eau quand on en a moins ? Alors que le pays est touché par une sécheresse inédite, que l’Onu et le Giec prédisent une crise imminente de l’accès à l’eau, et que la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) a commencé hier à examiner une requête pour "inaction climatique" visant la France, le chef de l’Etat a présenté son plan. Cinquante mesures pour passer l’été et les années à venir visant notamment à recycler davantage les eaux usées. Emmanuel Macron veut passer à 10% de réutilisation des eaux usées en France d’ici 2030, contre 1% actuellement. Loin derrière nos voisins européens, et notamment l’Espagne qui en recycle déjà 14%. Le président veut dans le même temps 10% d’économies d’eau dans tous les secteurs. Un "plan de sobriété sur l’eau" va être également demandé "à chaque secteur" d’"ici à l’été" pour faire face à la sécheresse et un outil de mesure similaire à celui de l’énergie, l’écowatt de l’eau, va être mis en place. Le chef de l’État a indiqué redouter "des situations de grand stress l’été prochain" dans certaines communes alors que déjà 15 départements sont actuellement en vigilance, alerte ou alerte renforcée sécheresse, en totalité ou partiellement, et que six d’entre eux ont déjà pris des mesures de restriction d’eau. Une situation qui pousse aussi les maires de plusieurs communes notamment dans le Var à interdire la construction de nouvelles piscines et parfois même de stopper net tout nouveau projet d'habitation.
Pour pousser les Français à la sobriété, Emmanuel Macron a aussi dit souhaiter qu’une "tarification progressive" de l'eau, déjà en place dans certaines villes comme à Montpellier, soit "généralisée en France". En clair : plus vous utilisez de l’eau, plus vous payez.
Le chef de l’État a par ailleurs plaidé pour la création d'un "fonds pour l'hydraulique agricole" et l'accélération des projets notamment des bassines : "Il faut certains endroits avec de nouveaux ouvrages et pour cela il faut un cadre clair. Il ne s’agit pas de privatiser l’eau ou permettre à certains de se l’accaparer. La règle, c'est le partage entre les différents usages, agricoles et touristiques", a assuré Emmanuel Macron. Il faudra que les nouvelles retenues "soient conditionnées à des changements de pratique significatives et individualisées avec des économies d'eau et la réduction de l'utilisation des pesticides", a ensuite indiqué le président alors que la bataille contre les mégabassines s’intensifie dans le pays. De violents affrontements entre militants et forces de l’ordre ont eu lieu le week-end dernier à Sainte-Soline dans les Deux-Sèvres lors d’une manifestation contre le projet de construction d’un de ces réservoirs de plusieurs hectares destinés aux agriculteurs.
Alors quel est plan d’Emmanuel Macron pour améliorer la gestion de l’eau en France ? A quoi doit-on s’attendre cet été et les années à venir ? Les évènements de Sainte-Soline sont-ils un avant-goût de nombreux autres conflits à venir ? Comment distribuer et répartir l’eau quand elle se fait plus rare ?
Invités :
- Christophe Barbier, éditorialiste politique, conseiller de la rédaction - Franc-Tireur
- Marc Lomazzi, journaliste, auteur de "France 2050, Le scénario noir du climat"
- Esther Delbourg, économiste, spécialiste des questions de ressources en eau
- Soazig Quéméner, rédactrice en chef du service politique - Marianne
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé
Ndlr : Esther Delbourg valide le point de vue hydrologique de BNM ++