Agriculture et alimentation Analyse - 35 commentaires
La lutte contre les réservoirs d’eau artificiels, qui a surgi et s’est imposée dans le monde agricole en 2022, devrait se poursuivre en 2023. Le mouvement, qui rassemble syndicats, politiques, associations environnementales, zadistes… a mis en lumière l’accaparement d’une ressource au profit de quelques-uns.
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Des bassines de plus en plus nombreuses, sans que les données soient rendues publiques
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Bassines, mégabassines, retenues collinaires… suivant les départements, la transparence des préfectures et des acteurs à l’origine des projets, ces infrastructures sont plus ou moins connues. Et les volumes en jeu ne sont pas systématiquement rendus publics.
« Nous manquons d’informations objectives, nous expliquait il y a peu l’hydrogéologue Florence Habets. Quel est, par exemple, le volume des prélèvements envisagés pour les nouvelles mégabassines ? Sachant que ces projets, élaborés il y a trente ans, sont déjà obsolètes. Certains ont d’ailleurs été retoqués parce qu’il a été jugé qu’il y avait tromperie sur les volumes d’irrigation. Pendant ces trente années, est-ce que des contrôles sur les volumes prélevés pour l’irrigation ont été mis en place ? Nous n’y avons pas accès en tout cas. »
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Des infrastructures pour partie illégales
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Un financement reposant sur de l’argent public
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De grands projets au profit de quelques-uns
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Le cas de Thierry Bouret, agriculteur installé à la limite de la Charente-Maritime et des Deux-Sèvres, est emblématique de ce modèle de consommation d’eau, un modèle qui rime avec agrandissement des exploitations et juteuses aides publiques. Gérant ou associé d’une vingtaine de sociétés (exploitations, entreprises de travaux agricoles, société immobilière, production d’énergie…), cet homme a accès à quatre mégabassines, dont une de l’ASA d’irrigation des Roches, jugée illégale.
Le maïs constitue la culture principale de Thierry Bouret, avec le colza et le blé. La division de ses activités en différentes sociétés chapeautées par une holding lui permet de faire de l’optimisation fiscale et de toucher davantage d’aides européennes de la politique agricole commune (PAC) que s’il était à la tête d’une seule entité. Au total, selon nos calculs, en 2020, cet agriculteur a touché 293 000 euros d’argent public européen. Et, selon la répartition des droits à l’eau du bassin, l’ensemble de ses exploitations – plus de 1 300 hectares au total – a pu bénéficier en 2021 de 1,25 million de mètres cubes d’eau, soit l’équivalent de 410 piscines olympiques.
Joint par Mediapart, Thierry Bouret indique ne pas vouloir changer de modèle de production et met en avant les mérites du maïs, « la céréale n° 1 au monde, qui a la capacité de produire le plus de matière avec une quantité d’eau équivalente ».
Un système périmé qui bloque la transition agricole
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