L’exemple de Jeune Montagne / Clothilde Arribet Dans Pour 2016/2 (N° 230), pages 137 à 141
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située à Laguiole (12) sur le plateau de l’Aubrac, est assez connue pour sa capacité à rémunérer ses coopérateurs et la vitalité de son développement économique en Aveyron. [1]
[1]« Le bel appétit de l’Union fromagère Jeune Montagne », Centre…
Créée en 1960 pour faire face à la disparition de la fabrication artisanale du fromage sur le plateau, celle-ci compte aujourd’hui 109 salariés, regroupe 79 exploitations fermières et 114 adhérents coopérateurs. Elle transforme chaque année 15 millions de litres de lait. La moitié est transformée en fromage Laguiole AOP, l’autre moitié en tomme fraîche, laquelle est vendue principalement transformée en aligot.
Malgré le dynamisme du territoire et de son agriculture, en 2010 35% des exploitations de l’Aubrac aveyronnais comptant au moins un associé ayant plus de 50 ans n’avaient pas de succession [2]
[2]« L’Aubrac, de nouveau à la croisée des chemins ? », Aubrac…
. Le prix du foncier, qui peut atteindre 10 000 euros l’hectare sur le plateau, est un véritable frein à l’installation et beaucoup de fermes sont démantelées et vendues à l’agrandissement plutôt que d’accueillir un nouvel agriculteur. Or ce n’est pas seulement l’agriculture qui est menacée par la chute du nombre d’actifs agricoles, mais également les activités en aval de la filière qui sont génératrices de nombreux emplois locaux, et donc la vitalité et le dynamisme du territoire.
Face à cela la coopérative Jeune Montagne a fait le choix d’investir dans le renouvellement des générations et de mettre en place des outils favorisant l’insertion, les échanges et l’implication de ses membres.
L’utilisation de fonds propres de la coopérative pour aider les jeunes à s’installer
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Notes
[1] « Le bel appétit de l’Union fromagère Jeune Montagne », Centre Presse Aveyron, 23/11/2015 [http://www.centrepresseaveyron.fr/2015/11/23/le-bel-appetit-economique-de-l-union-fromagere-jeune-montagne,981353.php]
Sophie Chapelle, « Cette petite coopérative fromagère qui paie ses agriculteurs bien mieux que les géants agroalimentaires », Bastamag, 20/09/2016.
[http://www.bastamag.net/Cette-petite-cooperative-fromagere-qui-paie-ses-agriculteurs-bien-mieux-que-les]
[2] « L’Aubrac, de nouveau à la croisée des chemins ? », Aubrac Info : Bulletin de liaison et d’informations racial, n° 63, décembre 2014, p. 8.
Connu / TG le 15/07/23 à 05:20
Paru dans CQFD n°212 (septembre 2022)
Dans la rubrique Le dossier - Illustré par Adrien Zammit
Vol au-dessus d’un nid de paysans
Ce ne sont pas des révolutionnaires de la fourche ni des avant-gardistes autoproclamés, mais leur démarche est foncièrement politique. En s’installant dans un coin paumé de l’Hexagone il y a quelques années, les jeunes paysans et paysannes de la Grange aux Merles avaient en tête de proposer un autre modèle agricole, afin de le diffuser largement. Depuis, leurs réflexions ont évolué. Point d’étape.
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L’objectif : rompre la logique des bulles sociales, des réseaux affinitaires et de classe, pour bâtir des ponts. Et parfois, ça marche : « Il y a quelques jours, on tenait une table avec les produits de la ferme dans une fête de village où on ne connaissait pas grand monde. Quelques jours plus tard, certaines personnes rencontrées là-bas sont venues assister à un spectacle de théâtre qu’on organisait sur la ferme. Ces rapprochements mettent du temps mais sont très précieux. »
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Leur trajectoire rappelle celle des étudiants d’AgroParisTech qui, en mai dernier, ont profité de leur remise de diplôme pour dénoncer le modèle dominant et annoncer publiquement leur désertion groupée, fustigeant notamment « une formation qui pousse globalement à participer aux ravages économiques et sociaux en cours 4 ». Le collectif valide le rapprochement : eux qui ont fait leurs études ensemble dans une formation similaire ont également rué dans les brancards le jour de la validation de leur cursus. « Sauf que notre discours était sans doute moins bon », rigole Adèle. De leurs études, ils ont gardé la conviction qu’il fallait s’engager dans le domaine agricole, mais dans la direction inverse de ce qu’on leur enseignait. « Les tenants et aboutissants de la question agricole sont souvent minimisés, alors que c’est le pilier du système productiviste, au premier plan des dégâts environnementaux », rappelle Tristan. Lui explique qu’il se sentait alors beaucoup plus proche des activistes de la ZAD que des tièdes militants urbains d’Europe Écologie-Les Verts (EELV). Et qu’à ses yeux claquer la porte des villes était une évidence.
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« On est sur un marché de niche, qui nous permet de vendre nos produits cher, à des gens qui ont un minimum de pouvoir d’achat. Pour imaginer que ça se développe largement, il faudrait que la structuration de la société le permette, ce qui est tout le sauf le cas. C’est une question systémique. »
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concernant la ferme en elle-même, la véritable question est ailleurs : avant d’envisager le grand soir agricole, il s’agit d’abord de s’enraciner dans un territoire, d’y développer des liens
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Alors que beaucoup, dans ces milieux, brocardent la figure du néo-rural, eux y voient plutôt une réalité moins caricaturale et néfaste que celle décrite dans les médias, en tout cas dans leur coin. Dans la lignée de la Conf’, ils estiment qu’un afflux de jeunes désertant la folie des villes serait une bonne chose. Tristan pose les choses ainsi : « Si on veut généraliser l’agriculture paysanne, ce qui indispensable, il faut deux millions et demi de paysans. Un exode urbain de malade ! Et il sera impératif d’opérer ce changement de la manière la plus égalitaire possible, la plus communiste, à rebours des modèles actuels. »
En attendant, il importe de ne pas se tromper d’ennemi : « Je préfère que dans le coin il reste des agriculteurs qui s’agrandissent plutôt qu’un gros investisseur étranger rachète des terres et mette des salariés à leur place », estime Adèle. Qui rappelle la situation : « On ne peut pas tous être en vente directe et en circuit court. Les supermarchés ne vont pas fermer du jour au lendemain. On a donc pour l’instant besoin d’agri’ qui font du circuit long. L’idéal serait d’abord qu’ils reprennent la main sur les prix, ce qui leur donnerait la possibilité d’évoluer vers une agriculture moins toxique. »
Parfois des liens se créent, des ponts. Ainsi de la Cuma 7 locale, coopérative de découpe et de transformation de viande, où se retrouvent aussi bien des éleveurs bio que d’autres fonctionnant en conventionnel, et qui mettent en commun des outils indispensables à leur métier. Autre espace de rapprochement, plus inattendu : la chasse. Adèle la pratique, mais armée d’un arc
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Ludo, partisan de l’éducation populaire, qui estime qu’il faut faire feu de tout bois : « Il y a tellement de questions sur lesquelles se bouger, sans faire de hiérarchie des luttes. Ce n’est pas parce qu’on est autonomes dans notre coin que tout est réglé. Il faut un travail quotidien, des formations, des remises en cause, à l’échelle de notre collectif, mais aussi tournées vers l’extérieur. » Question féminisme, par exemple, cela se traduit entre autres par l’implication de plusieurs femmes du collectif dans un festival local annuel dédié à ces problématiques. Avec cette position : pour s’attaquer au modèle destructeur en place, il faut affronter toutes les formes de domination, les mettre chacune sur un même plan.
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Ce manque de conflictualité de la profession, hors luttes sectorielles, fait d’ailleurs réagir Ludo : « On devrait être beaucoup plus présents dans les luttes sociales et écologiques. Les agriculteurs, c’est à peine 2 % de la population [française] pour un poids immense dans le réchauffement climatique 8. » Et Adèle de rêver à une prise de conscience généralisée, portée par des paysans refusant de s’allier aux gros bonnets de l’agriculture industrielle inféodés à la FNSEA et à la pompe à fric européenne : « Si des paysans et agriculteurs déterminés à vraiment peser se regroupaient pour s’opposer au modèle industriel, ça pourrait avoir un gros impact. Car il ne faut pas oublier une chose : on tient la bouffe. »
amis conf17 a partagé un post dans le groupe Agriculture, Élevage & Alimentation
En résume les coopératives ont suivi la tendance de fond qu'a été la mondialisation capitaliste.
https://www.terre-net.fr/actualite-agricole/politique-syndicalisme/article/les-cooperatives-agricoles-ont-elles-perdu-leur-raison-d-etre-205-173529.html i à https://my.framasoft.org/u/mediationpourtous/?bMrH7A
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Cellule investigation de Radio France
36 minutes
Yoplait, Candia, Béghin-Say, Jardiland… Ces marques qui génèrent des centaines de millions d’euros de bénéfices appartiennent à des coopératives agricoles. Certaines se sont éloignées de leur vocation initiale pour devenir des multinationales aux filiales opaques.
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Le cas Tereos
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Optimisation fiscale et entrisme
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certains agriculteurs hésitent entre frustration et colère. Ils ont l’impression de ne pas voir la couleur de l’argent qu’ils ont généré. "Prenons Yoplait, filiale de Sodiaal, avec 4 000 euros de chiffres d’affaires à la minute : comment se fait-il que cet argent ne soit jamais venu consolider ce que reçoivent les agriculteurs ?" s'étonne Véronique Le Floch, éleveuse laitière, membre du syndicat Coordination rurale, qui fut coopératrice pour Sodiaal.
Ce sentiment a été particulièrement vif lors de la crise du lait. Sodiaal, générait à cette époque des bénéfices de 51 millions d’euros. Or la même année, la coopérative n’a reversé que 3,5 millions d'euros aux éleveurs laitiers coopérateurs. Un décalage qui a conduit plusieurs de ces fermiers/coopérateurs à quitter le groupe.