En 2013, deux policiers éborgnaient une mère de famille et blessaient son fils à Villemomble, en Seine-Saint-Denis, au cours d’une interpellation au motif bancal et au déroulé anarchique. Aujourd’hui, la Cour d’assises de Paris les acquitte en appel. Et jette une lumière crue sur l’implacable mécanique juridico-policière, toute entière calibrée pour légitimer le camp policier.
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Maître Honegger, qui accompagne la famille Kébé depuis de nombreuses années et a déjà plaidé en première instance, relève une phrase, prononcée par un policier dans les communications radio enregistrées au cours de l’intervention : « Y’a encore des bâtards dans le coin ». Dans son ouvrage “La force de l’ordre”, le sociologue Didier Fassin, qui a passé plusieurs mois en observation auprès d’une BAC de la région parisienne, livre une analyse assez précise de ce terme : “Totalement banalisé au sein de la BAC, [...] l’usage de ce terme contamine non seulement les représentations que l’on se fait des individus concernés (un “bâtard” n’est pas tout à fait un jeune comme un autre), mais aussi les pratiques qu’on s’autorise vis-à-vis d’eux (un “bâtard” mérite assurément moins d’égards qu’un autre jeune)”.