Entretien — Idées - Durée de lecture : 11 minutes - Mis à jour le 22 avril 2024 à 13h33
Idées Numérique Grands entretiens
L’écrivain Alain Damasio sort Vallée du silicium, chroniques inspirées d’un voyage dans la Silicon Valley californienne. « Les technocapitalistes visent la libération individuelle, ils vivent dans un élitisme absolu », dit-il.
Alain Damasio, écrivain, publie Vallée du silicium (Seuil), des chroniques et une nouvelle science-fiction inspirées de son séjour dans la Silicon Valley, aux États-Unis. « La matérialité du monde est une mélancolie désormais », annonce le bandeau du livre.
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Alain Damasio — Un avenir où l’innovation technologique continuera à constituer la norme, quel que soit son impact sur nos ressources terrestres. Un avenir où le désirable pour l’humain serait son augmentation (cognitive, physique) au sens du transhumanisme. Un avenir où l’épanouissement individuel par la technologie doit primer sur les liens aux autres et aux vivants.
Ton livre se présente comme une démarche anthropologique. Pourquoi ?
À l’origine, je ne l’ai pas intentionnellement construit comme ça mais dès que tu t’interroges sur ce que la technologie fait à l’homme, tu déploies nécessairement des réflexions sur l’espèce humaine et son évolution, sur la manière dont le numérique nous transforme et dont la Silicon Valley nous façonne. Un champ crucial reste celui du corps. Les transhumanistes ont ce mot terrible pour le désigner : meat. La viande. C’est une chair morte, non irriguée. Seul le système nerveux central compte. Le reste, la chair frissonnante, les muscles, toutes nos sensations, notre sensualité fine, ne les intéressent pas, parce que cela ne véhicule pas d’information exploitable dans le régime de la trace. Ce corps est maintenu en forme par le fitness ou la course dans le seul but que le cerveau et le système d’informations puissent fonctionner.
Le corps est conçu et vécu comme une machine. La nourriture est énergie. Le sport est une hygiène. Le cerveau s’optimise. Le bien-être s’algorithme. Ce corps est désaffecté, désinvesti. C’est un corps qu’on ne sent plus, qui n’a plus d’existence et qui ne te sollicite plus parce qu’il est maintenu dans un environnement climatisé, souvent assis, et dans une absence de mobilisation émotionnelle et affective.
Cette vision machinique du corps peut être reliée à celle de la planète. Quelle conception les gens de la Silicon Valley ont-ils de la planète Terre ?
La façon dont ils traitent les corps fait écho à la façon dont ils traitent la planète. Dans les deux cas, ils se vivent comme maître et possesseur de la nature — de ma nature pour le corps. Leur degré de conscience écologique très faible m’a frappé : le peu de magasins bios par rapport à la France, par exemple. L’alimentation reste un sujet dépolitisé chez eux. La prise de conscience de l’élevage, de ce qu’il faut pour produire la malbouffe m’a semblé inexistante. Les Californiens vivent sous une climatisation constante, et ne supportent plus que le corps sorte d’une fourchette entre 20 et 25 °C, ce qui devient aussi la norme en Europe. Maintenir un corps humain à ces températures en permanence représente une dépense énergétique énorme. Pour que ce corps n’ait plus besoin de faire le moindre effort, le climat a été domestiqué. Autant, en France, nous sommes en retard de dix ans sur leurs usages quotidiens de la technologie, autant, dans cette Californie techie [passionnée de technologie], la prise de conscience écologique m’a paru très « arriérée ».
« Il faut sortir de la peur de l’autre : se confronter à l’altérité entraîne forcément de l’imprévisibilité, de l’inattendu, de la menace. » © Patrice Normand / Reporterre
Dans « Homo deus », Yuval Noah Harari parle de « surhommes » et de « castes inférieures », à propos de la société future créée par le développement des technologies. Penses-tu que cela décrit la vision des technocapitalistes ?
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vision de sociopathe.
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l’impact de la Tech est d’abord anthropologique et « souple » avant d’être militaire ou sécuritaire.
« La logique immunitaire hygiéniste appliquée au corps aboutit à la sensation que tout devient dangereux. » © Patrice Normand / Reporterre
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tension entre peur et liberté
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les logiques sécuritaires l’ont emporté, ce qui explique ce grave décalage du spectre politique vers la droite, en Europe et ailleurs. Selon moi, ce phénomène a aussi une origine anthropotechnique : la logique immunitaire hygiéniste appliquée au corps aboutit à la sensation que tout devient dangereux. Plus tu es protégé et plus tu te protèges, plus le technococon devient épais et plus tu filtres tes rapports aux autres, si bien que la moindre intrusion, agression, harcèlement ou confrontation à l’altérité te paraît problématique et difficile. Et donc, tu vas demander encore plus de sécurité et de protection. Ce cercle vicieux tend vers quelque chose qu’il faut appeler l’immunité. Mais immunité partout, humanité nulle part !
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se confronter à l’altérité entraîne forcément de se confronter à l’inattendu, à l’imprévisible, à ce qui peut te déstabiliser. La principale critique que je forme envers nos technologies quotidiennes est qu’elles conjurent l’altérité. Elles sont construites pour fabriquer de l’identique. Home est son biotope : le petit chez-moi, familier, le cocooné, le confortable, le cajolé. Sauf que cette vision, et les pratiques de rejet qui l’accompagnent nécessairement, sont d’une grande violence pour les gens qui n’ont pas la possibilité de bénéficier de ce technococon égocentré.
Dans Le ministère du futur, Kim Stanley Robinson décrit la situation écologique et inégalitaire actuelle et imagine des écologistes tuer, prendre des milliardaires en otage, faire exploser des avions. Qu’en penses-tu ?
C’est la bonne solution aussi, à mes yeux. Je suis un partisan de l’action directe. On subit de façon trop molle et complaisante des actes d’une violence et d’une agressivité absolues. Les technocapitalistes ne se posent pas la question de ce que leur vision du monde produit sur nos vies ordinaires. Les actions directes, comme le sabotage, le brouillage, le piratage des chaînes de production, le boycott des produits, me semblent très souhaitables. Lorsqu’on dit ça, on donne l’impression d’être radical et hystérique alors qu’on énonce une banalité lucide. Ce qui est radical est ce que la Tech fait : ne pas s’interroger sur l’impact de la production d’une voiture électrique sur le travail des enfants en Afrique, par exemple, ou le pillage minier. Il faut stopper, invalider et inverser cette violence, la retourner. Et utiliser tous les moyens dont on dispose : le hacking [pénétrer illégalement dans un système informatique], les blocages, les occupations, la lutte des imaginaires, l’artivisme, les zad, etc. Il y a toujours des failles et il faut les utiliser. Mais aujourd’hui, très peu de militants sont prêts à prendre des risques parce que…
Parce qu’en face, il y a des appareils de répression de plus en plus élaborés et sophistiqués…
Complétement. C’est très intéressant de revoir l’histoire du mouvement Action directe dans les années 1970-1980. Ils pouvaient faire dix ou quinze actions avant que la police se mobilise ou qu’ils soient mis en prison. Aujourd’hui, des gens taguent une usine Lafarge et ils subissent une surveillance colossale, des peines de prison disproportionnées, quatre-vingt-seize heures de garde à vue. Le système répressif est d’autant plus féroce que les actions sont rares et modestes, c’est un paradoxe qui traduit un étouffement dans l’œuf de toute contestation. À nous d’être fins.
Lire aussi : Dans les sous-sols de l’antiterrorisme, l’enfer de militants écologistes
Cette surveillance est permise par l’intelligence artificielle et les instruments numériques.
On ne parle pas assez du couplage entre le régime de contrôle et le régime numérique.
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Je n’aime pas le terme de résistance parce qu’il revient à considérer que malgré tout, le système va continuer à opérer, qu’il sera toujours dominant et que notre capacité est seulement d’en limiter les effets négatifs. Je pense qu’il faut construire des alternatives, proposer d’autres façons d’exister, de s’alimenter, d’habiter. Puis de montrer que ça marche et surtout que ça nous rend heureux et libre. Il faut battre le capitalisme sur le terrain du désir.
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la paresse plaisante, le pouvoir octroyé, la conjuration des peurs et des incertitudes et l’imaginaire du transhumain, cet antique désir « d’être dieu », d’échapper à notre finitude. Il faut ressusciter un désir qui fasse pièce à cette économie de désir qu’accomplit magistralement la consommation numérique. C’est un sacré défi, c’est un sacré combat.
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plutôt dans les zones rurales : campagnes, montagnes. Il y a un vrai retour à la terre, à l’image des années 1970. Beaucoup de communautés, d’oasis, de tiers lieux, de quarts lieux, de zones d’expérimentation, de zad se développent. Ça se passe sous les radars des médias urbains qui constituent la majorité des médias. Mais ça existe et ça résonne très au-delà des sites où ça naît, comme la zad de Notre-Dame l’a fait. ... par ces expériences : maraîchage de montagne, économie du gratuit, intelligence collective, renouement aux forces du vivant, techniques de subsistance, fluidité de genres.
Je trouve l’idée de « zone » très forte. Il ne s’agit ni d’un domaine clos, ni d’une communauté autarcique, ni seulement d’un habitat partagé. C’est plus ouvert, c’est-à-dire qu’il n’y a pas de frontières, ça rayonne et s’étend. On ne changera pas ce monde fondé sur les désirs individualisés et les échanges immatériels sans expérimenter en collectif, éprouver d’autres modes de vie qui destituent les effets de pouvoir, s’alimenter en bio, local et frais, trouver une autonomie énergétique, pratiquer le low-tech qui t’empuissante dans ton rapport à la techno, etc. Et surtout sans réactiver des liens au monde, au vivant et aux autres, qui te rendent plus vaste, plus joyeux et plus vif. On a besoin de lieux, d’espaces concrets pour ça et de pratiques incarnées, on a besoin de créer aussi, sans cesse, pour déjouer les machines de pouvoir qui nous pilotent.
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Le texte de l’entretien écrit a été repris par Alain Damasio, il est donc adapté de l’entretien oral.
Enquête — Énergie
Détruite sous l’ère Merkel, l’industrie photovoltaïque retrouve des couleurs et rêve d’indépendance vis-à-vis du géant chinois. Reportage au cœur de la « Solar Valley ». [3/4]
Vous lisez la partie 3 de l’enquête « En Allemagne, la transition à tout prix ». Relisez la partie 1, la 2.
Bitterfeld-Wolfen (Allemagne), reportage
Jochen Fritsche craint l’espionnage industriel comme la peste. Dans son usine de cellules pour panneaux solaires, à Bitterfeld-Wolfen, dans l’est de l’Allemagne, les smartphones sont interdits. Pas le droit non plus de faire de larges prises de vue de la chaîne de production ou de certaines machines, protégées par des dizaines de brevets. « Nos concurrents pourraient copier notre façon de procéder », justifie-t-il.
Les concurrents de Jochen Fritsche, ce sont les entreprises chinoises qui concentrent à elles seules 98 % de la fabrication de ces cellules. Le site du groupe Meyer Burger est le seul d’Europe à produire à l’échelle industrielle ces petits carrés de métal bleu, pièce maîtresse des panneaux photovoltaïques.
Il n’en a pourtant pas toujours été ainsi. En 2011, l’industrie solaire allemande était numéro 1 et comptait plus de 150 000 salariés. La première économie d’Europe était à la pointe de la recherche technologique. Une avance considérable. Las, les dirigeants allemands de l’ère Merkel ont délibérément choisi de saborder la filière.
Plus de la moitié des ouvriers et ouvrières de l’usine travaillaient dans l’industrie solaire allemande avant la crise qu’a connu la filière en 2012. © Stefanie Loos / Reporterre
Accusé de faire grimper les prix de l’électricité, le photovoltaïque est devenu à l’époque la cible du parti conservateur de la chancelière. En 2012, il a réduit drastiquement les subventions et a divisé par quatre le plafond autorisé pour de nouvelles installations solaires. « Lever le pied sur la transition énergétique » était l’objectif assumé de Peter Altmaier, le bras droit de la chancelière. Le puissant lobby du charbon l’a encouragé. « Le photovoltaïque en Allemagne, ça a autant de sens que de faire pousser des ananas en Alaska », raillait Jürgen Großmann, le patron de RWE, le plus gros énergéticien du pays, exploitant du bassin minier rhénan.
Les résultats ne se sont pas fait attendre. Les carnets de commandes des usines se sont vidés, les faillites se sont enchaînées. En quatre ans seulement, 100 000 employés se sont retrouvés au chômage. Ce qu’il restait du marché allemand fut récupéré par la Chine, qui a flairé la bonne affaire et a fait du solaire, au contraire, une priorité. L’Allemagne a perdu à la fois une industrie florissante et la dynamique de sa transition énergétique avec des conséquences qui se font encore sentir : dix ans plus tard, le déploiement du solaire dans le pays n’a jamais retrouvé son niveau d’antan.
Jochen Fritsche a connu cette époque. « Il a manqué d’une vision, de la reconnaissance que le solaire est un élément stratégique de notre approvisionnement en énergie, analyse-t-il aujourd’hui. De toute façon, c’était une époque où les politiciens ne voyaient pas le problème de laisser partir des filières clés à l’étranger, comme la pharmacie ou l’électronique. »
Jochen Fritsche, directeur de l’usine de cellules solaires Meyer Burger de Bitterfeld-Wolfen. © Stefanie Loos / Reporterre
« Nous pouvons la faire redémarrer »
Aujourd’hui, les choses ont changé. Angela Merkel a pris sa retraite politique, et la coalition qui dirige l’Allemagne depuis un an a de très grandes ambitions pour l’énergie solaire. Elle doit devenir la première source de production d’électricité avec un objectif de 215 gigawatts en 2030 et 400 gigawatts en 2045 — contre 59 installés début 2022. « Il est incompréhensible pour moi qu’on ait laissé s’effondrer notre industrie, déplore l’écologiste Robert Habeck, l’actuel vice-chancelier allemand. Mais nous pouvons la faire redémarrer. »
L’Allemagne est à la croisée des chemins. Les renouvelables n’ont jamais été aussi populaires, en particulier le solaire, à la fois bon marché et facile à installer. L’invasion russe en Ukraine et la crise des énergies fossiles ont créé un choc dans l’opinion. Au-delà de la nécessité de décarboner l’économie pour protéger le climat, « la guerre en Ukraine montre que ce sont les renouvelables qui permettent à la fois d’assurer notre approvisionnement de façon autonome et de faire baisser les prix », explique le directeur de l’Institut de Wuppertal pour le climat, Manfred Fischedick.
Le solaire doit devenir la première source d’électricité en Allemagne d’ici 2030. © Stefanie Loos / Reporterre
Certains les qualifient même d’« énergies de la liberté ». Mais le sont-elles vraiment, lorsque tout ou presque vient de Chine ? De l’extraction du silicium jusqu’au module, Pékin détient plus de 80 % des étapes nécessaires à la fabrication de panneaux solaires. « Il faut bien voir les conséquences de cette dépendance : les usines chinoises tournent massivement au charbon, et une partie d’entre elles fait appel à du travail forcé », explique Nadine Bethge, ancienne ingénieure dans le solaire, aujourd’hui experte pour l’association environnementale Deutsche Umwelthilfe. L’industrie solaire chinoise se concentre notamment dans la région du Xinjiang, où la communauté ouïghoure est victime d’une violente répression.
Volker Quaschning, de l’Université des sciences appliquées de Berlin, insiste aussi sur les incertitudes géopolitiques, en particulier avec les visées du régime de Xi Jinping sur l’île de Taïwan. « Qui nous garantit que dans cinq ans, on aura encore de bonnes relations avec la Chine ? S’ils cessent de nous fournir en cellules solaires, notre transition énergétique est morte », considère le chercheur.
Éviter de dépendre de la Chine
Ce risque taraude le pouvoir. Le photovoltaïque doit devenir synonyme de « Souveränität » — le mot est emprunté au français —, et donc être relocalisé. Il s’agit d’éviter de passer d’une dépendance à la Russie, avec les énergies fossiles, à une dépendance à la Chine, avec les renouvelables. En visitant cet été l’usine Meyer Burger de Bitterfeld-Wolfen, le vice-chancelier allemand a voulu envoyer un signal. « Je vois l’opportunité d’un retour en force de l’industrie solaire en Allemagne », a assuré Robert Habeck. Il en va, a-t-il dit, de « la sécurité nationale et européenne ».
Chez Meyer Burger justement, on connaît bien la Chine. Jusqu’en 2020, le groupe équipait l’industrie photovoltaïque de l’Empire du Milieu en appareils de découpe et de mesure. « Une machine, c’est facile à copier. Il suffit de la démonter pour comprendre comment elle est faite », dit Annegret Schneider, en charge de la communication de l’entreprise. Ainsi, lorsque les usines chinoises se sont mises à fabriquer leurs propres machines, les ventes de Meyer Burger ont décliné. La société a alors pressenti les risques pour son modèle économique, mais aussi, plus globalement, pour le succès de la transition énergétique. Elle a changé complètement de stratégie : plutôt que vendre sa dernière génération de machines-outils, elle l’a gardée pour elle, et s’est lancée dans la production de cellules et panneaux solaires. En Europe, pour le marché européen.
Son nouveau point de chute est une évidence : ce sera la « Solar Valley » de Bitterfeld-Wolfen, où ont travaillé autrefois Jochen Fritsche, mais aussi son PDG, le physicien allemand Gunter Erfurt. À son zénith en 2011, l’écosystème d’entreprises et de centres de recherche spécialisés comptait 3 500 emplois et promettait un avenir radieux à cette région désindustrialisée d’ex-Allemagne de l’Est.
La Solar Valley employait 3 500 personnes en 2012, à peine quelques centaines aujourd’hui. © Stefanie Loos / Reporterre
« Solar Valley »
Au milieu des herbes hautes et des bâtiments abandonnés, Meyer Burger a réaménagé une ancienne halle de 27 000 m2, inaugurée à l’été 2021. « On est sur un terrain fertile ici », dit Jochen Fritsche, déclinant les avantages : « les locaux adaptés », « le soutien des autorités locales » et surtout « le personnel qualifié ». Plus de la moitié des ouvriers de l’usine travaillaient il y a dix ans dans le solaire. Sous leur contrôle, les bras des robots s’agitent en cadence pour produire 300 000 cellules par jour. Elles rejoignent la deuxième usine du groupe, à 150 kilomètres de là, pour être assemblées en panneaux solaires. À Freiberg, en Saxe, Meyer Burger a, là aussi, fait revivre un ancien site industriel solaire.
En déambulant dans l’usine de Bitterfeld, Jochen Fritsche détaille le processus de fabrication des cellules, de la plaquette de silicium au produit fini, « en quatre étapes au lieu de dix habituellement ». Un nouveau procédé sans plomb, moins gourmand en énergie et en produits chimiques permet, selon les dires du patron, d’obtenir une cellule 20 % plus performante que la concurrence. Une avance technologique « made in Germany » que Meyer Burger, cette fois, ne compte pas dilapider.
La quasi-totalité de la chaîne de production a été automatisée. L’usine emploie 250 salariés. © Stefanie Loos / Reporterre
L’entreprise vend en Allemagne, mais aussi en Autriche, en Suisse, en Belgique ou en France. Le moral est bon et le carnet de commandes plein « au moins jusqu’à mi-2023 ». Depuis l’ouverture, les machines tournent 24 heures sur 24, sept jours sur sept. Les Allemands seraient-ils prêts à payer un peu plus cher pour soutenir le redémarrage de la production nationale face au low cost chinois ? Oui, répond sans hésiter Kerstin Lopau, qui accompagne les particuliers dans l’installation de panneaux solaires. Son association SoLocal Energy se fournit auprès de Heckert Solar, l’un des rares fabricants qui a survécu à la crise de 2012. « La question des droits de l’Homme est importante pour nous, personne ne doit souffrir pour notre transition énergétique », explique-t-elle.
Chez Enerparc, l’un des plus gros développeurs et exploitants de parcs photovoltaïques, on observe aussi un changement de mentalité. « Nous travaillons directement pour des clients comme Ikea ou Volkswagen, qui veulent maintenant savoir d’où viennent nos installations », dit Stefan Müller, responsable du développement commercial. Il en va de la « réputation » des entreprises, dit-il, alors qu’une loi les contraignant à faire respecter des normes bien plus strictes chez leurs sous-traitants, en matière de protection de l’environnement et des droits de l’Homme, entrera en vigueur en janvier prochain.
La demande est bien là. Mais les obstacles restent nombreux. L’industrie solaire allemande compte trois fois moins d’employés qu’il y a dix ans. La chaîne de production en amont des cellules solaires est quasi inexistante, avec un seul fournisseur de polysilicium pour toute l’Europe. La filière de recyclage est balbutiante.
Or « le temps presse », s’impatiente Nadine Bethge, de la Deutsche Umwelthilfe. « Le risque d’une guerre commerciale est présent », non seulement avec la Chine, mais aussi avec les États-Unis, qui ont débloqué des aides massives pour relocaliser l’industrie solaire sur leur sol. « Ces deux pays ont besoin de panneaux solaires pour remplir leurs propres objectifs, pourquoi nous les vendraient-ils ? s’interroge Nadine Bethge. Il faut absolument inciter les usines à ouvrir en Europe. »
Les cellules de panneaux solaires sont fabriquées à partir de silicium, un matériau semi-conducteur abondamment utilisé dans l’électronique. © Stefanie Loos / Reporterre
À ce stade, seul l’objectif est clair : la Commission européenne veut atteindre 30 GW de capacité de production européenne d’ici 2025, sur l’ensemble de la chaîne de valeur. Les moyens pour y parvenir le sont moins. Lancée le 9 décembre par l’UE, l’Alliance industrielle de l’industrie solaire doit permettre d’encourager les investissements. À Berlin, le gouvernement dit réfléchir à la mise en place de « garanties d’État » pour les investissements dans la production et l’installation d’électricité verte. La proposition d’un « Buy European Act » défendue par la France, qui favoriserait la production « made in Europe », a été accueillie chaleureusement, sans que ses contours n’en soient vraiment définis.
La filière, elle, veut croire en son avenir. Meyer Burger prévoit de tripler sa production d’ici 2024 et mise sur son partenariat avec l’institut Fraunhofer, le plus grand centre de recherche solaire du monde, pour améliorer encore sa technologie. Heckert Solar vient de s’agrandir tout comme Solarwatt, un autre fabricant. En France et en Italie, deux usines géantes sont en projet. « En recherche et développement, l’Europe est toujours leader, souligne le PDG de Meyer Burger, Gunter Erfurt. Les chaînes d’approvisionnement sont petites, mais réactivables et agrandissables. » Il en est convaincu : « C’est maintenant ou jamais ! »
• La suite de notre enquête : L’Allemagne joue l’éolien marin pour sortir du charbon
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Le fabricant ambitionne de rendre commercialisables des modules à haute performance basés sur des cellules tandem en pérovskite à hétérojonction. Ces travaux visent à industrialiser dans les années à venir des cellules et des modules affichant des taux de rendement de 30 %.
décembre 21, 2022 Sandra Enkhardt - D’après pv magazine Allemagne - Traduction assurée par Christelle Taureau.
Clés : Innovation Modules et production en amont Allemagne
Meyer Burger met à nouveau l’accent sur la technologie à pérovskite, notamment pour l’associer à ses modules solaires à hétérojonction.
Meyer Burger a conclu un nouvel accord de coopération sur plusieurs années avec le CSEM de Suisse, le Centre Helmholtz de Berlin (HZB), l’Institut Fraunhofer pour les systèmes d’énergie solaire (ISE) de Fribourg et l’Université de Stuttgart en vue d’industrialiser la technologie tandem en pérovskite. L’objectif est de produire des cellules solaires affichant un rendement supérieur à 30 %, en faisant appel exclusivement aux techniques de production propres à Meyer Burger, comme l’a annoncé mardi dernier le fabricant suisse de photovoltaïque.
« Avec une longue tradition de développement exclusif, Meyer Burger dispose d’un vaste portefeuille de processus, de technologies et de techniques de production pour la fabrication de masse potentielle en interne de cellules et de modules solaires tandem, a indiqué Marcel König, directeur de la section Recherche et Développement chez Meyer Burger. Cela comprend les processus de fabrication et les machines indispensables pour les cellules solaires tandem en pérovskite à base de silicium, ainsi que les modules solaires correspondants dotés de la technologie de connexion SmartWire exclusive de Meyer Burger. Associés aux compétences de nos partenaires académiques, c’est la recette idéale pour réussir ».
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Des premiers succès en matière de développement auraient d’ailleurs déjà été enregistrés : le CSEM et Meyer Burger ont ainsi atteint un rendement record de 29,6 % pour une cellule solaire tandem à pérovskite de 25 cm². Pour y parvenir, les chercheurs ont associé des cellules en silicium à hétérojonction avec des structures en pérovskite. « Cet excellent résultat prouve le potentiel des cellules tandem pérovskite-silicium pour atteindre des rendements élevés, se réjouit le Professeur Christophe Ballif, directeur du Sustainable Energy Center du CSEM. Il reste encore beaucoup à faire, mais l’industrialisation de cellules solaires affichant un rendement supérieur à 30 % est sur la bonne voie ».
Un point clé sur Made in Europe
Le HZB, qui mène lui aussi des recherches sur la technologie pérovskite depuis longtemps, a déjà atteint des rendements de plus de 31 % en laboratoire en associant des cellules à hétérojonction. À présent, avec Meyer Burger et les autres partenaires, il s’agit de transposer ces résultats à l’échelle de la fabrication de masse. « Meyer Burger fabrique en Europe, créant des emplois de grande qualité. L’entreprise s’appuie en outre sur des technologies qui ont été développées en Europe », explique Rutger Schlatmann, directeur du Centre de compétences en photovoltaïque de Berlin (PVcomB) au HZB.
La stabilité du processus de fabrication industriel ainsi que la grande fiabilité des modules revêtent une importance centrale pour le succès de la technologie en tandem pérovskite-silicium. « Notre but est que les modules pérovskite-silicium réalisent des performances aussi élevées en matière de fiabilité et de longévité que la technologie photovoltaïque classique en silicium », précise Andreas Bett, directeur du Fraunhofer ISE. Son institut est prêt à s’investir dans la transposition à grande échelle des processus de fabrication ainsi que dans la certification des modules solaires.
Les scientifiques de Stuttgart travaillent eux aussi avec ardeur sur les caractéristiques des nouveaux matériaux destinés à la nouvelles technologie de cellules solaires. Pour les cellules à pérovskite, il s’agit d’une nouvelle catégorie de semi-conducteurs qui émettent et absorbent de la lumière dans l’ensemble du spectre visible et de l’infrarouge, et dont les composants sont peu coûteux et largement répandus. « C’est grâce à cette équipe performante qu’il sera possible de faire des semi-conducteurs en pérovskite un produit durable et concurrentiel », estime Michael Saliba, directeur de l’Institut pour le photovoltaïque (ipv) de l’Université de Stuttgart. Dans ce projet, Meyer Burger joue un rôle pivot. En effet, transposer les avancées de la recherche à la fabrication de masse constitue un élément fondamental pour établir une production photovoltaïque Made in Europe, conclut Michael Saliba.
Connu / https://twitter.com/pvmagfrance/status/1605581251439919104
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Vincent Boulanger a retweeté pv magazine France @pvmagfrance · 21 déc.
#solarenergy #solar #sustainability
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... auprès du groupe japonais Itochu, de l’European Innovation Council et de son actionnaire historique InnoEnergy
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Depuis 2017, ROSI développe des technologies permettant de séparer et de purifier les matières premières de haute pureté et à haute valeur qui sont actuellement perdues par l’industrie photovoltaïque. Au terme d’un développement industriel rapide, ROSI est la première entreprise au niveau mondial à établir une ligne industrielle de recyclage des panneaux photovoltaïques capable de récupérer le silicium de haute pureté, l’argent et le cuivre et de les réintégrer dans des usages industriels de pointe.
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mettre en place sa première ligne industrielle, située à Saint-Honoré, en Isère. Cette usine pourra recycler 3000 tonnes de panneaux photovoltaïques. Elle sera opérationnelle dès le premier trimestre 2023, emploiera 20 personnes au démarrage et une cinquantaine à terme. Par ailleurs, la levée de fonds et plusieurs projets français et européens doivent permettre à ROSI de renforcer son effort de recherche et développement afin de rester à la pointe des technologies de revalorisation des matières de l’industrie photovoltaïque.
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Le groupe Itochu est engagé depuis de nombreuses années dans le développement de des énergies renouvelables à travers le monde
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... Depuis 2016, Ferropem est filiale Ferroglobe, groupe spécialisé dans la production de silicium ou d’alliages à base de silicium.
À lui seul, Ferroglobe produit 14 % du silicium mondial. Ce groupe est loin d’être en difficulté économique. Il a réalisé un chiffre d’affaires de 2,3 milliards de dollars en 2018. Ferropem, la filiale française, a quant à elle bénéficié de multiples aides directes de l’État sous la forme de réduction sur le coût de l’électricité, de crédits impôt recherche (CIR) ou encore de chômage partiel pour faire face à la pandémie de covid-19. Pourtant, fin mars 2021, le groupe hispano-américain Ferroglobe a annoncé la fermeture de deux usines et 352 licenciements en Rhône-Alpes dans sa filiale française. 221 emplois sont concernés à l’usine de Château-Feuillet (73) et 131 emplois au sein de l’usine de Livet-et-Gavet (38).
L’industrie du silicium est implantée en Rhône-Alpes depuis le milieu du XXe siècle. Ce matériau est l’élément principal de la fabrication de cellules solaires photovoltaïques ou encore de composants telles que les puces électroniques. La disparition de ces deux sites aux savoir-faire centenaires aurait des conséquences majeures sur plusieurs chaînes industrielles stratégiques, notamment celle du photovoltaïque. Elles sont donc essentielles autant à la souveraineté industrielle qu’à la bifurcation écologique de l’économie française. Il aimerait donc savoir quand il compte prendre position pour défendre les sites industriels de Ferropem.
Après avoir réalisé l'analyse de cycle de vie de six technologies photovoltaïques, PwC estime que l'industrie française pourrait tirer son épingle du jeu, grâce à son meilleur bilan carbone. Une piste pour les pouvoirs publics ?
"Quelle que soit la technologie de panneau photovoltaïque, les quantités d'émissions de gaz à effet de serre générées sur l'ensemble du cycle de vie sont nettement inférieures à celles générées par la consommation d'énergie électrique du mix de l'Union pour la coordination du transport de l'électricité (UCTE)". Voilà le premier enseignement d'une étude de PricewaterhouseCoopers (PwC), qui passe au crible les principales étapes du cycle de vie de six technologies photovoltaïques : le silicium monocristallin (Sc-Si), le silicium polycristallin (Mc-Si), le silicium en ruban (ribbon), le tellurure de cadmium (CdTe), le Cuivre/Indium/Gallium/Sélénium (CIGS) et le silicium amorphe (a-Si).
Autre enseignement d'importance : "L'argument de performance environnementale est un moyen de différenciation favorable à la filière française, qui a pour avantage de bénéficier d'un mix électrique faiblement carboné". Si le lieu de production est peu impactant sur l'ensemble du bilan carbone des technologies classiques à base de silicium, il est en revanche important pour les technologies couches minces dont la fabrication est très consommatrice d'électricité.
Et de conclure : "De façon générale une production intégrée, c'est-à-dire concentrant l'ensemble de la chaîne de valeur (matières premières, composants et assemblage), pourrait tirer profit d'une énergie peu intense en carbone telle que l'énergie française".
Globalement, les technologies à couche mince consomment moins d'énergie primaire et émettent moins de gaz à effet de serre au cours de leur cycle de vie (production, installation, utilisation et fin de vie) que les technologies à base de silicium.
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"La localisation de la production a une influence importante sur les émissions de gaz à effet de serre liées à la phase de production des panneaux photovoltaïques. En effet, ces émissions peuvent varier d'un facteur 10 d'un pays à l'autre (c'est le cas pour la Chine dont le mix est composé à 78% de charbon et la France dont le mix est composé à 76% d'énergie nucléaire)"
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Clés: Gap Nanofil Photonique Silicium Théorie des bandes Semi-conducteurs
Matériaux
Une avancée technologique utilisant des nanofils hexagonaux ouvre la possibilité de concevoir des lasers et des dispositifs photoniques à base de silicium.
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La dissipattion réduite de chaleur dans les dispositifs photoniques permettrait aussi de diminuer la consommation d’électricité, un enjeu majeur pour les centres de calculs et les serveurs. Enfin, il serait aussi possible de concevoir une nouvelle génération de capteurs dont les éléments sensibles à la lumière seraient directement intégrés dans les puces qui traiteront le signal.
Ndlr : pourquoi clé à6 ? ACT
Photovoltaïque : l'IPVF et le CEA travaillent ensemble sur une cellule à haut rendement « made in France »
© Dmytro S
L'Institut photovoltaïque d'Île-de-France (IPVF) et la plateforme de recherche et innovation du CEA à l'Institut national de l'énergie solaire (Ines) ont lancé, le 2 mai, un programme commun pour développer des cellules photovoltaïques à haut rendement. Baptisé « Tandem Made in France », ce programme associe des matériaux pérovskites (minéraux) à la technologie d'hétérojonction de silicium « afin de créer un dispositif tandem à haut rendement, transférable à l'échelle industrielle ».
L'objectif des deux instituts est d'accélérer, d'ici trois ans, « le développement d'une technologie française qui doit permettre d'atteindre 30 % de rendement ».
[Sophie Fabrégat: Rédactrice spécialisée] Sophie Fabrégat, journaliste
Rédactrice spécialisée
Longtemps resté une simple idée de physicien, l’ordinateur quantique, qui promet de révolutionner le calcul, devient une réalité de plus en plus tangible. Dans quelques années, les premières machines capables de surpasser les ordinateurs classiques devraient faire leur apparition.
Mots-clés ordinateur quantique, intrication, superposition, Calcul, décohérence, Algorithmes, qubit
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Auteur Julien Bourdet
né en 1980, journaliste scientifique indépendant. A notamment travaillé pour Le Figaro et pour le magazine d’astronomie Ciel et Espace. Il collabore également régulièrement avec le magazine La Recherche.
Imaginé au début des années 1980 par le Prix Nobel de physique Richard Feynman, le concept d’un tel ordinateur devient aujourd’hui de plus en plus une réalité. « Nous vivons actuellement une époque charnière où les industriels, comme Google ou IBM, s'emparent du sujet qui était resté jusqu’ici l’apanage des laboratoires de recherche et cela promet de nous faire passer des caps technologiques majeurs », se réjouit Tristan Meunier, de l’Institut Néel1. Même son de cloche pour Eleni Diamanti, du Laboratoire d’informatique de Paris 62. « Dans les prochaines années, on disposera d’ordinateurs quantiques suffisamment performants pour battre nos ordinateurs traditionnels sur certains problèmes. »
La puissance de la superposition et de l’intrication
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La vitesse de calcul des algorithmes quantiques
... en 1994, le mathématicien américain Peter Shor, du MIT, présente un algorithme avec lequel il serait possible de factoriser n’importe quel nombre, c'est-à-dire le décomposer en un produit de nombres premiers, en un temps record. ... en 1997, Lov Grover, des laboratoires Bell, démontre avec son algorithme qu’un ordinateur quantique pourrait considérablement augmenter l’efficacité des algorithmes classiques utilisés pour la recherche d’informations sur une base de données. ...
L’accumulation de qubits
... en 2003, Rainer Blatt, de l’université d’Innsbruck, en Autriche, a réalisé la première porte logique à deux qubits en utilisant des ions calcium, un dispositif clé pour pouvoir effectuer des opérations en couplant les qubits entre eux. ... la plus belle prouesse calculatoire, elle a été accomplie en 2012 par une équipe de l’université de Bristol, en Angleterre, qui est parvenue à factoriser 21, soit à montrer que ce nombre se décompose en 3 fois 7, grâce à un dispositif photonique. Certes la performance est modeste, mais elle représente une démonstration de principe de l’algorithme de Shor, dont la puissance devrait se révéler pour des nombres beaucoup plus grands. ... « pour être performant et présenter un intérêt, un ordinateur quantique devra comporter un grand nombre de qubits. Pour les problèmes de factorisation par exemple, il faudra en coupler un millier, au bas mot », précise Simon Perdrix, du Laboratoire lorrain de recherche en informatique et ses applications3.
Le frein de la décohérence
... « Pour qu’un ordinateur quantique fonctionne, il faut que ses qubits conservent leurs propriétés quantiques le temps du calcul. Or, du fait des interactions avec l’environnement (champ magnétique, lumière, agitation thermique...), tout pousse un système quantique à perdre ses propriétés. Et cela est d’autant plus vrai que le système contient de qubits », explique Sébastien Tanzilli, de l’Institut de physique de Nice4 et qui représente la France au sein du Quantum Community Network, le comité chargé de piloter l’initiative européenne Quantum Technologies Flagship. ... Actuellement, le record du nombre de qubits intriqués est de 20. ...
Des implémentations prometteuses
... les ions piégés ... les circuits supraconducteurs ... les spins d’électrons dans le silicium ...
L’indispensable correction d’erreur
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Ndlr: semble bien fragile... suivre ACT
Une entreprise australienne a créé le premier dispositif à énergie thermique opérationnel au monde. Sa batterie pourra stocker l’énergie renouvelable, avec une capacité de stockage supérieure à celle des batteries traditionnelles, tout en étant entièrement recyclable.
La batterie thermique a des fonctionnalités similaires à celles des batteries au lithium-ion et au plomb-acide. Elle peut prendre n’importe quelle forme d’entrée électrique et créer du courant alternatif (CA) ou continu (CC).
Contrairement aux batteries que nous utilisons actuellement, celle-ci peut charger et se décharger en même temps, et plutôt que de stocker une charge électrique, elle convertit l’entrée électrique en chaleur.
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Serge Bondarenko, directeur général de CCT Energy Storage « Nous utilisons du silicium comme matériau de changement de phase, pour ensuite le fondre et stocker la chaleur de celui-ci. »
La capacité de stockage de la batterie thermique est 12 fois supérieure à celle des batteries plomb-acide et cinq à six fois supérieure à celle des batteries lithium-ion.
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nettement moins chère que le plomb-acide et le lithium-ion. Il estime que la durée de vie de la batterie sera d’au moins 20 ans, mais elle n’a pas encore été testée. L’important est que le matériau à changement de phase en silicium ne se désagrège pas, pour que la batterie dure encore plus longtemps. Une fois au terme de sa durée de vie, la batterie peut être recyclée sans laisser de produits chimiques nocifs dans l’environnement.
Manickam Minakshi, expert en matériaux de stockage d’énergie, travaille avec des batteries équivalentes au lithium-ion qui stockent l’énergie dans une substance chimique. Il reconnaît que, bien que tous les dispositifs de stockage d’énergie aient des avantages et des limites, les piles thermiques ont une durée de vie plus longue et une capacité de stockage plus élevée que le lithium-ion. « L’énergie solaire est l’énergie renouvelable la plus abondante », explique-t-il, « et tout surplus d’énergie peut être stocké sous forme d’énergie thermique et être libéré au besoin. Cette nouvelle batterie est une découverte qui offre une voie alternative pour stocker l’énergie renouvelable de manière judicieuse. »
Le prototype du dispositif a été conçu pour la première fois en 2011 par une équipe de scientifiques et d’ingénieurs. L’entreprise travaille aujourd’hui avec des chercheurs de l’Université d’Australie Méridionale afin de réduire le point de fusion du substrat de silicium, ce qui réduira davantage le coût final de la batterie.
Pour Serge Bondarenko, « c’est une formidable collaboration » dans laquelle les deux groupes apprennent l’un de l’autre. Les chercheurs de l’université ont porté la température du matériau à changement de phase à 900 degrés Celsius, puis l’équipe du CCT a amené la température du silicium à 1600 degrés Celsius.
Thermal energy battery
Serge Bondarenko, PDG de CCT Energy Storage (à gauche) et Graham Warburton, directeur de l’exploitation (à droite) avec le dispositif à énergie thermique. CCT ENERGY STORAGE
L’étape suivante consiste à amener le prototype sur le terrain. La technologie est évolutive et offre donc un fort potentiel de stockage d’énergie à grande échelle. Dans un premier temps, l’entreprise vise la « facilité » en se concentrant sur les télécommunications et le remplacement du diesel. Un accord de principe a été conclu avec un grand propriétaire d’actifs de l’industrie australienne des télécommunications présent en Nouvelle-Zélande et aux États-Unis. La batterie sera opérationnelle d’ici un mois environ.
CCT Energy Storage s’est également associé à l’entreprise européenne MIBA Solutions, qui dispose d’outils de technologie verte, dont un traceur qui concentre la chaleur solaire à l’aide de miroirs. ... aider les collectivités éloignées à ne plus dépendre des groupes électrogènes diesel. Un projet est actuellement à l’étude pour aider une communauté isolée du nord-ouest de l’Australie à se mettre hors réseau. ... CCT Energy Storage est sur le point de signer une licence de distribution avec un projet d’éco-habitat au Royaume-Uni pour contribuer à la réalisation d’objectifs de développement durable hors réseau.
« Ils utilisent l’énergie provenant de solutions renouvelables pour le bien des communautés », explique Serge Bondarenko. « L’énergie qu’ils n’utilisent pas, ils la réinjecteront eux-mêmes dans le réseau ou la vendront à d’autres.
INSA de Lyon Compte certifié @insadelyon 13 hil y a 13 heures
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Modélisation numérique de la solidification et de la ségrégation des impuretés lors de la croissance du silicium photovoltaïque à l'aide d'une méthode originale de maillage glissant.
ED162 - mega
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Si dans l’inconscient collectif, une énergie renouvelable – produite, par exemple, grâce à la biomasse, aux biofuels, aux éoliennes ou aux panneaux solaires – est forcément verte, qu’en est-il dans les faits ? Car pour une énergie authentiquement verte, son cycle de vie entier doit être pris en compte et notamment le recyclage des matières premières. Or ce domaine est encore en voie de structuration, comme l’illustre le secteur des panneaux solaires.
Selon PV Cycle, organisme public chargé du recyclage des panneaux solaires, il est possible de recycler 100 % des modèles aux silicium cristallin, majoritaires sur le marché mondial du photovoltaïque. Encore faut-il avoir les infrastructures pour…
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L’économie circulaire est étroitement liée au concept « cradle to cradle » (« du berceau au berceau », pour désigner la possibilité du recyclage permanent) qui cherche à éliminer les déchets en mettant chaque élément d’un produit dans un cycle biologique sans fin (basé sur la décomposition) ou un cycle technique sans fin (basé sur le recyclage). Pour que le concept fonctionne, il est nécessaire qu’après un cycle de vie, la qualité du matériau reste identique.
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Incontournable écoconception
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économie circulaire
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Anicia Jaegler
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Caractérisation des défauts profonds du SIC et pour l'optimisation des performances des composants haute tension
La cellule photovoltaïque est composée d’un matériau semi-conducteur qui absorbe l’énergie lumineuse et la transforme directement en courant électrique.
La production des cellules photovoltaïques nécessite de l’énergie, et on estime qu’une cellule photovoltaïque doit fonctionner environ 2 à 3 ans suivant sa technologie pour produire l’énergie qui a été nécessaire à sa fabrication.
Principe de fonctionnement
Une cellule individuelle, unité de base d’un système photovoltaïque, ne produit qu’une très faible puissance électrique, typiquement de 1 à 3 W avec une tension de moins d’un volt. Pour produire plus de puissance, les cellules sont assemblées pour former un module (ou panneau).
Les connections en série de plusieurs cellules augmentent la tension pour un même courant, tandis que la mise en parallèle accroît le courant en conservant la tension. Le courant de sortie, et donc la puissance, sera proportionnelle à la surface du module.
Les principaux types de cellules photovoltaïque
- Cellule multijonction
- Cellule en silicium monocristallin
- Cellule en silicium polycristallin
- Cellule sans silicium en couche mince CIS
- Cellule silicium amorphe en couche mince
- Cellule CZTS (cuivre zinc etain soufre)
Clés :
photovoltaïque solaire cellule CZTS panneau silicium énergie