Comment lutter contre l’insuffisance cardiaque ? ©Getty - Sarinya Pinngam / EyeEm
Un million et demi de personnes concernées par cette pathologie qui progresse à grands pas dans notre pays. C'est la première cause d’hospitalisation chez les plus de 65 ans. Comment reconnaitre les signes, les symptômes, les causes, les facteurs de risque et les moyens de prévenir cette maladie.
C'est une pathologie qui reste encore trop sous-diagnostiquée. Elle cause 70 000 décès chaque année. L’Assurance maladie pousse la sonnette d’alarme car cette pathologie va progresser dans les prochaines années. Elle estime que de 300 à 400 000 personnes ignorent qu'elles sont insuffisantes cardiaques. Les symptômes sont souvent négligés, minimisés, surtout chez les femmes, et ces symptômes sont souvent négligés jusqu'au stade de l'urgence, où même de la fatalité, tant l'hospitalisation est souvent prise en charge tardivement.
Force est de constater qu'il y a de plus en plus de patients de moins de 50 ans en surpoids et sédentaires qui sont concernés par l'insuffisance cardiaque. Nos experts ne manquent pas de commencer par rappeler que le nombre de patients atteints d'insuffisance cardiaque va augmenter avec l'âge. Tout l'enjeu est de mieux prendre en charge cette maladie, de façon à ne pas la laisser s'installer ni s'aggraver. Pour cela, il existe aujourd'hui de nombreux moyens thérapeutiques et des mesures hygiéno-diététiques pour limiter cette insuffisance et ralentir la progression.
Nous expliquons ce qu’est précisément l’insuffisance cardiaque, ses symptômes, ses causes, ses facteurs de risques, les traitements, l’alimentation idéale et la place pour le sport et l’activité physique.
Le mécanisme de l'insuffisance cardiaque
L'insuffisance cardiaque, c'est le cœur qui devient insuffisant. C'est une insuffisance d'apport en oxygène dans l'ensemble de notre organisme. Le médecin urgentiste Gérald Kierzek et la cardiologue Stéphane Manzo-Silberman expliquent que c'est lorsque "notre pompe cardiaque ne remplit plus son office de se contracter, de chasser le sang oxygéné dans les artères, dans les poumons, dans les muscles, dans tous nos organes. Cette insuffisance cardiaque conduit fatalement au décès, soit par œdème aigu du poumon, soit par des arrêts cardiaques asphyxiques puisque le cœur est tellement dilaté qu'il ne contrôle plus la régulation du rythme".
Les signes qui doivent absolument alerter
L'essoufflement, les fatigues inhabituelles sont un des premiers signes d'insuffisance cardiaque
La toux nocturne, souvent lorsque l'on doit se surélever parce qu'on n'arrive plus à respirer la nuit en étant complètement couché
L'apparition d'œdèmes aux membres inférieurs dont les chevilles qui commencent à enfler
Les douleurs abdominales, liées au fait que le foie se gorge d'eau et provoque en même temps des sensibilités
Une prise de poids importante et rapide
Dans ce cas-là, les deux médecins rappellent combien "il est essentiel de faire le point avec son médecin traitant, afin d'éviter les complications pour procéder à une auscultation des poumons ; à une échographie cardiaque en vue d'évaluer la fonction du cœur ; à des prises de sang ; à un contrôle régulier de la tension".
Les facteurs de risque
Les deux experts énumèrent les grands facteurs de progression et d'aggravation de ces maladies :
Le tabac
La consommation excessive d'alcool
La sédentarité
L'insuffisance d'activité des fonctions du corps altère et détruit les organes. Le professeur Gérald Kierzek rappelle que "le fait de ne pas bouger va altérer le corps, le cœur qui va redistribuer l'oxygène partout ailleurs. Sans activité, le muscle du cœur va s'atrophier et généraliser les fragilités internes, dont les muscles en périphérie, ce qui fait qu'on va avoir moins de force, moins d'endurance, nos vaisseaux, au lieu de s'ouvrir, de transporter du sang vont au contraire se rétrécir. Résultat quand toutes ces fonctions s'altèrent du fait d'une trop grand sédentarité, on s'expose à ces pathologies. Au-delà de 5-7 h de position assise dans la journée, on augmente la mortalité et de manière exponentielle".
La prise de poids
Elle augmente le risque d'insuffisance cardiaque de 11 %. Ali Rebeihi rappelle ici une étude présentée au récent congrès de la Société européenne de cardiologie à Barcelone, qui indique que l'excès de graisse abdominale serait très néfaste pour la santé cardiaque. Les scientifiques ont analysé les données de 430 000 Britanniques âgés de 40 à 70 ans pendant treize ans. Au cours de l'étude, 8 669 participants ont souffert d'insuffisance cardiaque et certains en sont décédés. La graisse abdominale contient de nombreux facteurs inflammatoires.
Le stress chronique
Il se surajoute aux facteurs qui contribuent à la détérioration globale des artères, à leur rétrécissement, à la perte de fonctions d'apport en oxygène.
Des prédispositions génétiques
Comment prévenir et éviter l'insuffisance cardiaque ?
Ce sont 80 % des maladies cardio-vasculaires qui sont évitables grâce à une activité physique adaptée à son rythme de vie, par l'alimentation, l'hygiène de vie en général.
Exercer une activité physique régulière modérée
Cela va permet de réentraîner, remuscler le cœur, les muscles, de moins solliciter la pompe cardiaque et d'ouvrir les vaisseaux périphériques afin qu'ils respirent davantage. Le Dr Jean-Marc Sène explique "qu'il faut tonifier, porter, renforcer correctement son corps, renforcer ses muscles posturaux aux moyens d'exercices de gainage qui vont permettre de renforcer les muscles profonds. Le gainage, trois fois par semaine, des séances de dix minutes peuvent suffire trois fois par semaine. Optez pour la marche, le vélo, la natation, des activités où on peut maîtriser l'intensité et éviter par contre tous les sport explosifs".
Surveiller, réadapter son régime alimentaire : éviter les excès
C'est la deuxième condition essentielle selon Gérald Kierzek : "il est important de réadapter son régime alimentaire, d'éviter l'alimentation ultra-transformée, trop souvent riche en additifs, favoriser une alimentation fait maison, si possible avec des produits frais, et qui permet de contrôler vraiment les apports en sel. Optez pour un régime méditerranéen dont les principes consistent à diminuer les graisses, les sucres en privilégiant les graisses végétales, l'huile d'olive, les cinq fruits et légumes, des céréales, des légumineuses. Évitez le sel, on en a déjà suffisamment indirectement dans les aliments, ce n'est pas la peine d'en rajouter".
Invités
► Une émission en partenariat avec le site Doctissimo.
Dr Stéphane Manzo-Silberman, cardiologue à l’Hôpital de la Pitié-Salpêtrière (AP HP). Ambassadrice d'Agir pour le coeur des femmes
Dr Jean-Marc Sène, médecin à Paris, spécialisé dans la médecine du sport. Il s’est ensuite spécialisé en traumatologie, ostéopathie, nutrition et physiologie de l’entraînement. En 2016, il a ouvert le cabinet « Santé Plus Sport » pour accompagner de manière globale les sportifs professionnels ou amateurs. L’ensemble de ses prises de paroles sont à retrouver sur son blog
📖 Auteur de "Le sport : je me lance !" (In Press Editions, octobre 2022) et de "Sport et troubles du comportement alimentaire" (L’Harmattan, Janvier 2021, avec Ivan Raca et Marine Noret).
Dr Gérald Kierzek, médecin urgentiste anesthésiste-réanimateur à l’Hôpital Hôtel-Dieu (AP-HP) depuis plus de vingt ans. Directeur médical du site leader « Doctissimo » depuis Septembre 2020. Chroniqueur et éditorialiste médical sur « Télématin » et « Bel & Bien » (France 2) depuis août 2022.
📖 Auteur de "Votre santé dans le monde d'après - Préparez-la aujourd'hui !" (Editions du Rocher, février 2022), de "101 conseils pour ne pas atterrir aux urgences" (Points en poche, 2015).
Les chroniques
La chronique Alors voilà de Baptiste Beaulieu
La visite de Thierry Lhermitte, parrain de la FRM
Vie quotidienne
Société
Santé
L'équipe - Ali Rebeihi, Production - Claire Destacamp, Réalisation - Camille Poux-Jalaguier, Collaboration - Alexia Rivière, Collaboration - Alice Galletier
Éco-anxiété, solastalgie, psychoterratie… la crise du climat est à l’origine de maux inédits. Et parfois d’une prise de conscience radicale.
...
Alice Desbiolles, médecin de santé publique, est spécialisée en santé environnementale. Elle connaît bien ce processus. Dans son travail, elle est de plus en plus souvent confrontée aux multiples émotions de patients envahis par les problèmes liés à l’urgence climatique. Sans pouvoir les rassurer sur l’état du monde, elle tient à les rassurer sur leur état à eux. Selon elle, être anxieux est une réaction parfaitement rationnelle. C’est l’inverse qui serait anormal. Par ailleurs, elle constate que cet état qui accompagne généralement le pic de conscientisation peut aussi être un levier. « L’organisme réagit au stress. Si ce dernier est aigu, il peut être considéré comme positif, car il nous prépare à l’action. »
Mais Alice Desbiolles reconnaît que ce n’est pas toujours le cas. « Le problème, c’est quand le stress devient chronique. Il y a alors un risque de dépression et, sur le volet somatique, cela peut déclencher des problèmes d’insomnie, de céphalées, des troubles cardio-vasculaires... » Au terme d’« éco-anxiété » qui fleurit dans les médias, Alice Desbiolles préfère celui de « solastalgie », moins réducteur. Car ceux qui prennent conscience du collapse ne ressentent pas uniquement de l’anxiété. Leur panel d’émotions est bien plus large.
...
analogie avec les cinq étapes du deuil. Dans l’ordre, ou le désordre, tout le monde devra d’abord sortir du déni (non, la chose n’existe pas...), puis affronter la colère (quand je découvre l’ampleur du scandale...), la négociation (en est-on bien sûr ?), la dépression (l’éco-anxiété), pour, à la fin, et avec de possibles rechutes, connaître l’acceptation qui permet de passer à l’action.
...
Ce n’est pas le modèle adopté par le psychologue Pierre-Éric Sutter, cofondateur avec Loïc Steffan et Dylan Michot de l’Observatoire des vécus du collapse, lequel a récemment conduit une étude auprès de 1 600 personnes vivant en France pour savoir, d’un point de vue psychologique mais aussi sociologique, comment ils vivent l’évolution des enjeux écologiques ou environnementaux. Lui privilégie une grille de lecture comprenant quatre sociotypes également inspirés par une intuition de Pablo Servigne. Ce canevas croise états émotionnels et postures conatives. Ainsi, on trouve :
le pessimiste-passif (« À quoi bon, tout est foutu »),
l’optimiste-passif, qui peut être « collapsophobe » (« la science va bien nous tirer de là »)
le pessimiste-actif (le survivaliste qui vise l’autonomie)
et, enfin, l’optimiste-actif.
C’est dans cette quatrième et dernière catégorie qu’on trouve les néotransitionneurs. L’optimiste-actif admet l’avènement du collapse mais il choisit de s’y préparer activement, pour lui mais aussi pour toute la communauté, avec le souhait de mettre en place un système alternatif.