Société
Reportage
Poissons tropicaux pêchés au large de Marseille, sapins brûlés par la chaleur sur le mont Ventoux ou vignes en souffrance dans le Var : le paysage et la faune du Sud-Est se transforment, durablement. Reportage.
En cette saison estivale, le soleil tape fort sur le campus défraîchi de l'université des sciences de Marseille, à deux pas de la gare Saint-Charles. Les cours sont finis, mais l'Institut méditerranéen de biodiversité et d'écologie marine et continentale (Imbe), installé au premier étage du bâtiment des sciences naturelles, reste sur le pied de guerre. Et pour cause : l'été est plus que jamais une période chaude pour ses scientifiques. L'universitaire Thierry Gauquelin, directeur de l'IMBE, reçoit Marianne dans son bureau, devant lequel passe un flot régulier de professeurs, d'ingénieurs, de doctorants et de jeunes diplômés lancés dans de fiévreuses recherches. Au total, 250 scientifiques répartis entre différentes installations méridionales scrutent l'évolution des températures, des précipitations, de la faune et de la flore.
« D'ici à quelques décennies, le paysage de la Provence aura changé sous l'effet du changement climatique », assure Thierry Gauquelin. Sa consœur Elena Ormeno, chercheuse du CNRS, souligne que « la période actuelle se caractérise par une extension des forêts de pins d'Alep visible partout sur le littoral et dans l'arrière-pays, à raison de 15.000 ha par an à la suite de l'abandon de terres agricoles. A l'abri de ces pins très résistants à la chaleur poussent des chênes, qui, à terme, les remplaceront ». Fini, donc, les cartes postales de la garrigue provençale célébrée par Pagnol et Giono ? « La biodiversité va souffrir, prévient Thierry Gauquelin. On commence à le voir. Certaines espèces végétales et animales devraient disparaître. »
Raies et barracudas
A l'inverse, certaines ont fait irruption dans un environnement qu'il leur était jusqu'ici étranger. C'est par exemple le cas des barracudas, ces poissons carnivores des eaux tropicales pouvant mesurer jusqu'à 2 m de long et peser 50 kg, que les pêcheurs marseillais et leurs collègues des environs remontent dans leurs filets. « Le problème, c'est qu'ils mangent tout, y compris les loups...
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