politique 84 min tous publics Vidéo sous-titré
présenté par : Karim Rissouli, entouré de Thomas Snégaroff, Camille Girerd et Yaël Goosz (en remplacement temporaire de Camille Vigogne) racontent et analysent le monde qui nous entoure. En plateau, intellectuels, citoyens et acteurs de l'actualité interrogent notre époque et les transformations de notre société.
Invité :
- Michael Foessel, philosophe, professeur à l’École polytechnique, auteur de "Quartier rouge" aux éditions PUF.
- 19H30 // “Les Fossoyeurs" / Enquête choc sur la maltraîtance en Ehpad
Invités :
- Victor Castanet, journaliste, auteur de "Les Fossoyeurs. Révélations sur le système qui maltraite nos aînés" aux éditons Fayard.
- Florence Aubenas, journaliste, co-fondatrice de l’Observatoire du grand âge.
- Laurent Garcia, cadre de santé dans l'Ehpad "Les quatre saisons" de Bagnolet (Seine-Saint- Denis), co-fondateur de l’Observatoire du grand âge, lanceur d'alerte
Tr.: ... Magali Bergah ... Macron, une campagne écolo ... extrême droite, des insultes en coulisse ... Damien Rieu, fondateur de génération identitaire ? a rejoint zemmour et expert du numérique ... Geoffroy Didier chargé de campagne de Valérie Pécresse ... islamo-droitisme ... la dédiabolisation génère un besoin de plus de radicalité identitaire ... Zemmour tente de réunir les deux côtés ... Orpea enquête ...
Reportage Florence Aubenas, grande reporter au « Monde », a passé les onze premiers jours de confinement avec des personnes âgées à Bagnolet, en Seine-Saint-Denis. Face à la progression du coronavirus, le personnel tente de faire face.
[Les Quatre-Saisons, où vivent 65 résidents, fait partie des quelque 7 000 Ehpad que compte la France. Dans cette maison de retraite de Bagnolet, en banlieue proche de Paris, le quotidien a été totalement bouleversé, à partir de la mi-mars, par les mesures de protection contre le virus. Les visites étant interdites, récit de la vie confinée.]
« Vous seriez en droit de m’engueuler »
Mardi 17 mars, 1er jour de confinement. Le couple s’est planté sur le trottoir, juste devant la façade. Ils doivent avoir la cinquantaine, et c’est elle qui se met à crier la première, mains en porte-voix : « Maman, montre-toi, on est là ! » Aux fenêtres, rien ne bouge. Alors le mari vient en renfort, mimant une sérénade d’une belle voix fausse de baryton : « Je vous aime, je suis sous votre balcon ! » Un volet bouge. « Maman » apparaît derrière la vitre ; ses lèvres remuent, mais elle parle trop doucement pour qu’ils l’entendent. « Tu as vu ? Elle a mis sa robe de chambre bleue », constate madame. Puis ils ne disent plus rien, se tenant juste par les yeux, eux en bas et elle en haut, qui agite délicatement la main, façon reine d’Angleterre. Quand le couple finit par s’en aller, elle fait pivoter son fauteuil roulant pour les apercevoir le plus longtemps possible.
Cela fait près d’une semaine que les visites des proches sont interdites aux Quatre-Saisons, un établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) public situé à Bagnolet, en Seine-Saint-Denis. Face à la pandémie, cette maison de retraite – un immeuble de trois étages construit dans les années 2000 – fonctionne désormais à huis clos, comme les 7 000 autres de France. Les animations extérieures – sophrologie, chorale, coiffeur ou pédicure – étaient déjà suspendues, mais le confinement général vient d’être déclaré de l’autre côté des portes aussi : plus de 60 millions de Français sont bouclés chez eux à travers le pays.
Il est 11 heures aux Quatre-Saisons, la décision vient d’être prise de mettre maintenant les administratifs à distance. Même l’accueil sera fermé. « De toute façon, on n’accueille plus personne. » La gestionnaire remet son manteau, la responsable des ressources humaines aussi. Elles devraient déjà être parties, mais elles grappillent quelques instants encore. Sale impression d’abandonner le navire. Il faut presque les pousser dehors.
Désert, le hall prend des sonorités de cathédrale. Réunion dans la salle à manger pour ceux qui vont se relayer auprès des 65 résidents : les soignants, la cuisine, l’entretien, la direction, soit une petite quarantaine de personnes par rotation. Au stade 3, le plus haut de la pandémie, un masque de protection est obligatoire en Ehpad. La raison est double : le coronavirus s’attaque aux voies respiratoires, et les personnes âgées sont les premières victimes.
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