l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) a rendu un avis portant sur la classification de substances radioactives en « matières » ou en « déchets ». La nuance entre ces deux concepts porte sur le caractère valorisable à court ou moyen terme des premières, là où les secondes, sans utilité identifiée, doivent faire l’objet de provisions financières et de recherche et développement portant sur leur gestion à long terme (stockage définitif).
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débat de longue date : des substances non valorisées, mais théoriquement valorisables bien qu’aucun projet de valorisation ne soit mis en œuvre ... C’est à cette question que vient de répondre l’ASN, notamment concernant l’uranium appauvri. L’inventaire français de ce sous-produit du procédé d’enrichissement de l’uranium s’établit à plus de 300 000 tonnes, entreposées dans des installations de surface dans la Haute-Vienne et dans la Drôme. Cet inventaire s’enrichit de cinq à dix mille tonnes par an, et un flux d’une centaine de tonnes par an en est soutiré pour produire le combustible MOx, combustible fabriqué à partir de plutonium recyclé et d’uranium appauvri. ... l’accumulation d’uranium appauvri est plus rapide que sa consommation. La réelle perspective de l’uranium appauvri passe par les réacteurs dits « surgénérateurs de génération IV ». Dans de tels réacteurs, l’uranium 238 n’est plus un simple substrat, il est activement converti en plutonium pour à son tour devenir une source d’énergie. Ces réacteurs, encore futuristes (Phénix, Superphénix, en étaient les précurseurs en France) peuvent donc produire, grâce à cet uranium appauvri, davantage de plutonium qu’ils n’en consomment. Et libérer une considérable manne énergétique. ... En conséquence, l’ASN estime indispensable qu’une quantité substantielle d’uranium appauvri soit requalifiée, dès à présent, en déchet radioactif ... Le potentiel énergétique perdu au travers de ces cent mille tonnes d’uranium requalifiées de « déchets » atteint 200 milliards de tep, soit quelques siècles de consommation d’énergie et quelques millénaires d’électricité. ... nécessiterait la construction d’un parc de réacteurs nucléaires surgénérateurs, un parc de 4ème génération (le parc actuel appartient à la 2è, l’EPR et ses concurrents à la 3è).
Des scénarios de déploiement d’un tel parc en France existent, comme dans ce rapport exhumé du site du CEA par Alexis Quentin, dans un thread sur Twitter https://twitter.com/AStrochnis/status/1316680079703977984. -> L'avis ASN se base sur un rapport du CEA disponible ici : https://asn.fr/Media/Files/00-PNGMDR/PNGMDR-2016-2018/Inventaire-prospectif-entre-2016-et-2100-des-matieres-et-des-dechets-radioactifs-produits-par-le-parc-francais-selon-differents-scenarios-d-evolution-avec-evaluation-de-l-emprise-au-stockage
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cette stratégie n’a pas la cote. À la fois pour des raisons techniques, économiques et politiques. ... Techniques, car l’industrie nucléaire française revient de loin et sera potentiellement déjà en peine de renouveler le parc https://www.sfen.org/sites/default/files/public/atoms/files/note_avril_renouvellement_du_parc.pdf ... Économiques, car le véritable atout des réacteurs surgénérateurs n’est pas d’utiliser l’uranium appauvri, mais de l’utiliser à la place de l’uranium naturel, avec bien plus d’énergie tirée d’une tonne de matière. Or, en raison du prix de marché de l’uranium qui demeure bas depuis une dizaine d’années, le coût élevé d’un surgénérateur est loin d’être compensé par l’économie d’uranium.
Enfin, politique, puisqu’il est difficile de promouvoir le nouveau nucléaire ... L’argument économique fut celui avancé par le CEA et EDF pour suspendre le projet ASTRID https://lenergeek.com/2019/08/30/astrid-nucleaire-dechets-raphael-schellenberger/, et l’argument politique explique l’absence de soutien… politique, pour ce projet. Or, si l’on désire un jour profiter de ce gisement d’énergie déjà sur étagère (énergie très peu carbonée, rappelleront des gens soucieux du climat !) que représente cet uranium que l’on veut rebaptiser « déchet », il faudra en venir aux surgénérateurs. Il faudra une ambition des acteurs industriels et un soutien des acteurs institutionnels et politiques. À courte échéance ou dans 50 ans, il n’est pas question ici d’en juger, mais elle sera nécessaire. Sans cela, l’ASN aura eu raison de tourner le dos à ces ressources ; et plus on attendra, plus risque de s’installer dans les esprits l’idée que l’uranium appauvri est un déchet que l’on ne valorisera jamais – en dépit de son potentiel.
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demander à ce que soit garantie la réversibilité d’un entreposage de longue durée ou d’un stockage de l’uranium appauvri. Ou, pourquoi pas, pour appeler politiques et industriels à plus d’ambition dans la surgénération !
Connu / https://discord.com/channels/756164133186961578/758318550175318066
msg du 27/10/20 à 14:53 de Elisa S. (livret espace/défense) (livret énergie de LFI)
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l'EPR de Flamanville (démarré en 2007 et dont le démarrage était annoncé pour 2012, puis 2018 et maintenant 2023). Alors vous comprendrez que je préfère ne pas miser plus que ça sur cette technologie car même en considérant votre point de vue (on installe du nuk) je suis peu optimiste quant aux capacités de la France de remplacer les 14 réacteurs de 2eme génération qu'elle va fermer d'ici 2035 par des EPR... Enfin, les règles de trois ce n'est pas suffisant et vous le savez j'en suis sûre.
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