#Technologie #Société
Il y a dix ans, en 2007, Maryanne Wolf, chercheuse en neurosciences cognitives, dressait avec Proust et le Calamar, traduit en 13 langues dont le français en 2015, un premier constat : les nouvelles technologies ont profondément modifié notre façon de lire, et par conséquent, celle dont nous pensons. Dix ans plus tard, la directrice du Center for Dyslexia, Diverse Learners, and Social Justice de l'université UCLA s’attaque au futur de nos cerveaux-lecteurs, avec une préoccupation non dénuée d’inquiétude, au coeur de son nouveau livre Reader, come home : the reading brain in a digital world (Harpers Collins, août 2018) : comment préserver la pensée critique, l’empathie et la réflexion, alors que nos cerveaux sont de moins en moins entraînés à la « lecture profonde », c'est à dire ralentie, entière, éloignée des distractions numériques, et que bon nombre d’entre nous assurent avoir des difficultés à « lire comme avant » ? À la suite d'une tribune parue fin août dans le Guardian, nous l’avons contactée, pour évoquer ce sujet qui divise les chercheurs depuis des années, puisque les deux supports, print et digital, stimulent différemment notre intelligence. Maryanne Wolf appelle de son côté à ne pas les opposer, et plaide pour une éducation qui sache alterner les bienfaits des deux pour nos cerveaux.
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« Si l’espèce humaine commence à être de moins en moins empathique, de moins en moins analytique, nous serons gouvernés par des démagogues »
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« La lecture profonde est centrale : tout ce qui sert à l'analyse critique en est issu »
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« Beaucoup de gens parlent de leur difficulté à se plonger dans une lecture : si vous lisez 12 heures par jour sur écran, vous n'arrivez plus à lire de "l’ancienne manière" ».
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« L’accent doit être mis sur la préservation et le développement des capacités que nous développons sur chaque médium »
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Image à la Une : Ron Searcey / UCLA