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C'est un hold-up tranquille, qui s'opère depuis 1982 : entre 5% et 10% de la valeur ajoutée ont glissé du Travail vers le Capital. C'est le point aveugle, et pourtant central, du débat économique, y compris pour nos retraites. Comment s'opère ce chapardage géant ? Je vous explique !
Tr.: ... Jacques Atali ... cause, la mondialisation, le libre-échange ... tension à l'intérieur de la société ... vampirisation par le sommet (les multinationales) ... thomas d'avril? jacquy faillolle?
Tags : Écologie et environnement
Entretien | Gunter Pauli fait souvent salle comble dans le monde entier, présenté par certains comme le "Steve Jobs du développement durable". À l'heure où la colère gronde chez les agriculteurs européens, le promoteur de "l'économie bleue", dont les contes écologiques sont enseignés en Chine, s'explique.
"Soyons aussi intelligents que la nature !" clame Gunter Pauli. Ici à Rome, en 2014, avec son ouvrage de référence publié à différentes reprises, la dernière étant intitulée "L'économie bleue 3.0"• Crédits : Stefano Montesi/Corbis - Getty
Économiste de formation, l'industriel belge Gunter Pauli parcourt le monde depuis des années pour vanter son "économie bleue". Ou comment s’inspirer de la nature pour développer une économie durable basée sur la mobilisation des entreprises du territoire, l’emploi des ressources locales, la valorisation des déchets (qui devient une source de profit en tendant au zéro déchet). Le réseau Zeri (zéro émission, zéro déchets) http://www.zeri.org/ réunit autour de lui au sein d’une fondation plus de 3 000 chercheurs et un millier d’entreprises de par le monde. La pédagogie de cette "économie bleue" repose sur une bible de projets réussis dans le monde entier (surtout en Asie, Afrique et Amérique latine) et un livre de contes écologiques pour enfants, Les fables de Gunter, que le gouvernement chinois a déjà choisi d’enseigner dans toutes les écoles du pays.
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bouddhiste, fut élève des jésuites et installé au Japon ... déjà en 1997 aux travaux du sommet de Kyoto où il présentait son approche pour résoudre la crise écologique.
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L'économie circulaire accepte le modèle économique dans lequel nous travaillons tous et toutes aujourd'hui, c'est-à-dire la globalisation, toujours tâcher de trouver le prix le moins cher, avoir des économies d'échelle, échanger à une échelle mondiale. Moi, je le refuse.
Selon moi, il faut comprendre avant tout ce qui nous entoure, il faut travailler avec ce qui est localement disponible. Au lieu d'être le moins cher, je vais tâcher de générer beaucoup plus de valeur. La valeur est le plus important de l'économie, pas le volume. Et je vais répondre aux besoins de base de tout le monde, y compris les besoins des 100 millions d'espèces vivantes avec qui nous partageons cette Terre.
EX. ... café solide : c’est-à-dire qu'avec le cascara, les grains de café torréfiés, nous produisons aussi des barres énergétiques. La recette est simple, nous rajoutons du beurre de cacao et nous avons un produit à manger qui est aussi riche en caféine, et qui est aussi très riche en antioxydants. Un produit à forte valeur ajoutée. https://www.mon-cafe.com/blog/la-cascara-la-nouvelle-bombe-dans-le-monde-du-cafe/
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J’ai un œuf, des poules, des champignons, le café soluble, le café solide et j'ai donné de la valeur au cascara. C'est ce que la nature fait tout le temps. On génère des dizaines de fois plus de valeur, beaucoup plus d'emplois et à la fin de la journée, on satisfait beaucoup plus de besoins de base de tout le monde.
-> https://www.youtube.com/watch?v=1af08PSlaIs
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Soyons clair. Je ne suis pas contre la globalisation. Je suis pour un modèle économique nettement meilleur. C'est-à-dire que j’importe encore le café, éventuellement, de la Colombie ou de Madagascar en France. Mais quand j'ai le café en France, j'utilise la totalité du produit. C'est ce qui nous manque. On est toujours en train de chercher les moyens pour être le moins cher mais arrêtons quand même ! Parce que c'est en étant le moins cher que vous êtes obligés d'éliminer des emplois, vous êtes obligés d'exploiter la nature. Sinon, vous ne pouvez jamais être le moins cher.
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Les plastiques ont apporté une extraordinaire contribution à la qualité de la vie ... “biodégradables” ne sont dégradables que dans la terre. Vous jetez des plastiques bio, bioplastique, dans l'eau de mer, ils ne se dégradent pas. Sauf pour une entreprise italienne qui a eu la grande idée lumineuse, il y a déjà 25 ans, de développer des polymères qui se dégradent dans l’eau, avec le soleil car les ultraviolets se dégradent aussi très bien et en même temps dans la terre.
Il est inexplicable qu’aujourd'hui toutes les universités qui enseignent l'ingénierie chimique n’enseignent pas du tout aux jeunes comment faire des polymères qui se dégradent dans ces trois conditions.
C'est une folie. On peut avoir une fonctionnalité des plastiques sur vingt-cinq ans ou sur trois heures, mais cela n’a pas de sens qu’ils ne se dégradent pas dans toutes les conditions naturelles.
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Les matières végétales doivent aussi servir par exemple à des biolubrifiants, des pesticides, des insecticides, des herbicides.
Il faut se rendre compte que les glyphosates sont faits avec du pétrole. Nous sommes capables aujourd'hui de produire des glyphosates avec la même plante, le Chardon, que pour réaliser des fibres plastiques pour la cosmétique.
Aujourd'hui, un agriculteur français ne gagne que 300 à 400 euros par hectare. Mais s'il fait du bioplastique, biolubrifiant, herbicide, pesticide bio, il gagnera 3 000 à 4 000 euros par hectare. Je ne comprends pas pourquoi la transition n'a pas lieu. Des intérêts ne sont pas prêts d’être à l’écoute de cette transition dont nous avons besoin.
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L'entreprise innovante en Italie que je mentionnais a à peine 20 ans et plus de mille brevets dans le domaine que je viens de décrire. Cette entreprise ne peut se développer qu'en Italie ? Pourquoi n’a-t-on pas une réussite ailleurs ?
L’Europe doit avoir quand même la force et la clarté de vraiment faire ce que le grand public souhaite avoir. Le grand public souhaite des produits qui ne sont pas nocifs mais qui bénéficient aussi au développement économique et qui relancent surtout l'agriculture.
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notre problème actuel - changement de climat, micros plastiques, etc. - est le résultat de notre modèle économique. Il faut le repenser. Je ne suis pas membre du Parti communiste, j'ai fait mon MBA (Master of business administration) à l'INSEAD [une école de commerce]. Et je ne comprends pas la situation alors qu'il existe des propositions nettement meilleures.
Je m'attends quand même à une grande grève des agriculteurs français et européens en raison du mauvais traitement qu'on leur réserve et l’impossibilité de faire la transition vers une économie qui n'est pas seulement écologique mais qui respecte et qui régénère ces grandes terres que nous avons en Europe.
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Actualités François Purseigle : "Il va falloir aller au-delà de la question de l'agribashing" https://www.franceculture.fr/societe/francois-purseigle-il-va-falloir-aller-au-dela-de-la-question-de-lagribashing
L'accord de Paris a eu lieu fin 2015. Que nous a-t-il apporté ? Rien.
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L’Europe reste le continent où le social et l'écologie sont des questions centrales mais la stratégie que nous poursuivons ne nous donne pas du tout l'opportunité de devenir véritablement une société heureuse et en bonne santé.
Avec la collaboration de Nathalie Lopes
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- 4 min Le reportage de la rédaction Rotterdam, le royaume de l'économie circulaire https://www.franceculture.fr/emissions/le-reportage-de-la-redaction/rotterdam-le-royaume-de-leconomie-circulaire
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Ndlr :
- les plastiques biodégradables totalement biodégradables selon lui => vérifier ACT
- "du glyphosate bio" ???? si tant est que cela soit possible, quel sens cela pourrait-il avoir ? N'est-ce pas contradictoire à l'agroécologie ? Questionner ACT
- son approche globale est cependant intéressante, il intègre le choix des innovations et ne pourrait-on pas dire qu'il est à la société ce que l'écolonomie est à l'entreprise ? Et que l'intégration des deux pourrait avoir du sens ? ACT