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Peste, choléra, tuberculose… les épidémies ont contribué à façonner nos villes. Pendant des siècles, l’un des enjeux majeurs de l’architecture et de la conception des villes a été de permettre la circulation de l’air, jugé coupable de porter avec lui les mauvaises odeurs la peste, le choléra ou la tuberculose.
Le boulevard Saint Germain à Paris lors des travaux haussmanniens en 1887 (gravure) Haussmann a changé la physionomie de Paris, son but était de faire disparaître le choléra. © Getty / Apic
Nous en parlons avec Philippe Rahm, architecte suisse, diplômé de l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne en 1993.
Il est l'auteur de Le jardin météorologique et autres constructions climatiques (ed. B2).
Hippocrate disait « si on est malade tout seul, c’est qu’on a mangé quelque chose de mauvais. Mais si on est malades à plusieurs c’est que l’air n’est pas bon. Donc il faut changer l’air, le faire circuler ».
Pour tous les médecins du Moyen-Âge, la corruption de l’atmosphère est la cause première de la peste, comme l’affirme par exemple Aldobrandini à Sienne ou Ibn Khatimah à Grenade.
En 1853 Napoléon III et Haussmann font le projet d’assainir Paris grâce à des réalisations architecturales et d’urbanisme mieux adaptées aux contraintes de l’hygiène publique.
Ainsi les transformations urbaines à Paris sont essentiellement dues au choléra.
En l’absence de compréhension des mécanismes épidémiques du cholera qui se propage en réalité dans l’eau, et ignorant l’existence des bactéries, c’est l’air que l’on rend responsable jusqu’en 1883 de la maladie. Mais c’est en fait grâce aux travaux d’Haussmann en sous-sol avec la construction des égouts, la gestion de l’eau potable et des eaux usées que les grandes épidémies de choléra ont disparu dans la capitale.
Pour aller plus loin :
- AOC media : Coronavirus ou le retour à la normale https://aoc.media/opinion/2020/03/09/coronavirus-ou-le-retour-a-la-normale/
- Le Monde : Peste, choléra, tuberculose… les épidémies ont modelé nos villeshttps://www.lemonde.fr/smart-cities/article/2020/03/30/comment-les-epidemies-ont-modele-nos-villes_6034868_4811534.html
Ndlr: intuition de l'air vicié
Reportage – Vidéo 30’03
Macron, quand tu tires la chasse, pense à eux !
« Misérables égoutiers ! » C’est comme ça que l’avocat Richard Malka qualifie ceux qui ont publié les photos de son client Benjamin Griveaux [1]. Une insulte pour les égoutiers, au moment même où ils se battent contre la réforme des retraites qui va repousser l’âge du départ, alors que les risques et la pénibilité de leur métier sont depuis longtemps reconnus. Un reportage avec les égoutiers en lutte contre ce mépris révoltant.
Cette délicate comparaison a beaucoup choqué les égoutiers. Et nous aussi : rarement le mépris de classe s’est montré aussi franchement, sans retenue.
Les égoutiers, ou « agents d’assainissement », sont 4 700 en France, dont 2 000 dans la fonction publique. Ils ont pour mission d’assurer le bon écoulement de l’eau dans les égouts, qu’ils nettoient le plus souvent à la pelle et au seau, dans une odeur pestilentielle, au milieu des cafards, des rats et des bactéries. Selon une étude de l’Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles, la surmortalité est importante chez les égoutiers, à cause des gaz mortels, des produits chimiques, et des déchets radioactifs qu’ils respirent.
Du fait de cette insalubrité, les égoutiers du secteur public ont obtenu de partir à la retraite à partir de 52 ans, c’est-à-dire dix ans avant l’âge minimum, à condition qu’ils aient travaillé au moins vingt ans dans les égouts.
Depuis début décembre, ils se battent pour garder leur système de retraite
Avec la réforme des retraites, ils vont devoir travailler 8 ans ou 10 ans de plus ! Un amendement précise que les égoutiers recrutés avant le 1er janvier 2022 pourront partir à la retraite à 52 ans. Mais avec une retraite de quel montant ? Sous quelles conditions ? Et à l’avenir, qui acceptera de faire ce métier s’il n’y a plus de contreparties, si les égoutiers sont condamnés à mourir au travail ?
Les égoutiers travaillent de 6h30 à 13h, dont 4 heures dans les égouts, les pieds dans la merde. Nous espérons qu’au moins, après avoir regardé notre reportage avec les égoutiers du Val-de-Marne, Emmanuel Macron y pensera à chaque fois qu’il tirera la chasse.
reportage : Anaëlle Verzaux et Jonathan Duong
montage : Aurélie Martin - mixage : Jérôme Chelius
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Depuis le 5 décembre, un grand nombre d’entre eux sont en grève. Mais leur combat est invisibilisé. Ils sont égoutiers, éboueurs ou font plus largement partie de la Filière Traitement des Déchets Nettoiement Eau Egoûts Assainissement - FTDNEEA). La réforme des retraites les touchera de plein fouet, car elle remet en cause leurs âges de départ, alors même que la pénibilité de leurs métiers réduit considérablement leur espérance de vie.
Christophe Farinet, de la CGT FTDNEEA, témoigne de leurs combats - mais aussi de l’ambiguïté d’Anne Hidalgo, maire de Paris, qui utilise le privé et la force publique pour affaiblir une mobilisation qui se voit désormais avec les sacs d’ordures qui s’amoncellent dans les rues de la capitale.
Dans ce “Marche ou grève”, nous évoquons aussi la montée de la mobilisation au sein de professions qui n’ont pas l’habitude de battre le pavé : les médecins et paramédicaux exerçant en libéral, et les travailleurs de l’informatique.
.#MarcheOuGrève #GrèveGénérale
Catégorie Actualités et politique 197 commentaires