Le point de non-retour a été dépassé pour l’humanité. Nous ne pourrons pas plus faire marche arrière en matière de réchauffement climatique, qu’en matière d’épuisement des terres rares, ou de recul de nos vertus les plus anciennes. Tout est à revoir de fond en comble, sans quoi la fin du monde interviendra « dans quelque temps » et ce ne sont pas les transhumanistes à la Elon Musk qui nous en sauveront. Un texte pessimiste et superbe du sociologue Alain Accardo pour QG
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la mondialisation capitaliste, avec tous ses effets, que les théoriciens du social avaient commencé à subodorer au XIXe sans pouvoir encore les imaginer en vraie grandeur, comme nous en avons le triste privilège.
En effet, tant que de par le monde, au long des siècles, l’état d’arriération et de sous-développement des populations premières, de morcellement et de désagrégation des royaumes et des empires, avait laissé encore une possibilité de confrontation entre fractions « barbares » (moins évoluées) et fractions « civilisées » (plus évoluées) de l’espèce humaine, ce processus dialectique avait entretenu l’apparence d’un « progrès » civilisationnel lié à une diversité effective des modes de vie et d’organisation des peuples. Il y avait toujours, quelque part dans l’oekoumène, des populations décrétées « primitives », qu’il convenait de tirer de leur « primitivité » (ou de leur « sauvagerie », ou de leur « retard » de développement), en profitant de l’occasion pour les spolier de leurs biens, de leur liberté et de leur identité, pour le plus grand bonheur des impérialistes et esclavagistes, de toute envergure.
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Alain Accardo
Sociologue, professeur émérite à l’université de Bordeaux, proche de la pensée de Pierre Bourdieu, Alain Accardo a notamment participé aux côtés de celui-ci à « La Misère du monde ». Collaborateur régulier du Monde Diplomatique et de La Décroissance, il est notamment l’auteur de : « Le Petit-Bourgeois gentilhomme » et « Pour une socioanalyse du journalisme », parus aux éditions Agone